Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les relations franco-burkinabées, Paris le 2 juin 2006.

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Circonstance : Déjeuner offert en l'honneur du Président du Burkina Faso, M. Blaise Compaore, à Paris le 2 juin 2006

Texte intégral

Monsieur le Président du Burkina Faso,
C'est un grand honneur pour moi de vous accueillir aujourd'hui à Paris au ministère des Affaires étrangères. C'est aussi un réel plaisir de vous revoir six mois après avoir assisté aux cérémonies de votre investiture à Ouagadougou.
L'occasion m'est ainsi offerte de rendre hommage à la stabilité politique qui caractérise votre pays, et que les récentes élections municipales d'avril dernier sont venues conforter. Je tiens également à saluer les bonnes performances économiques du Burkina Faso, dont la croissance est soutenue par une production record de coton. Vous bénéficiez ainsi de la confiance des bailleurs de fonds au premier rang desquels figure notre pays.
Je veux donc vous redire avec solennité que la France est naturellement à vos côtés, pour vous apporter tout son soutien dans cette voie exigeante mais nécessaire, du développement économique durable.
Aujourd'hui, votre visite en France illustre une nouvelle fois la vigueur de la relation d'estime et d'amitié entre nos deux pays. Vous effectuez à cette occasion un véritable périple, qui vous conduit sur des lieux où vous avez séjourné, comme le Larzac, ou auprès d'élus locaux particulièrement attachés au Burkina Faso par d'importants projets de coopération décentralisée. Avec vous, je me réjouis de cet intérêt manifesté par les collectivités territoriales de nos deux pays pour nouer entre elles des liens de partenariat, au service du développement. La coopération décentralisée est en effet un complément indispensable aux efforts conduits par les Etats et les organisations internationales, et votre visite dans nos régions est un encouragement apprécié à la poursuite et au renforcement de ce type de partenariat.
Ce partenariat local est l'une des nombreuses manifestations de la coopération entre nos deux pays. Et c'est précisément pour mieux coordonner nos différentes formes de coopération que nous venons de signer, il y a quelques instants, le document-cadre de partenariat qui fixe les orientations de l'ensemble de notre politique de coopération pour les cinq prochaines années, et qui illustre la confiance de la France dans les perspectives de développement de votre pays.
Il s'agit d'une confiance renouvelée, puisque c'est avec le Burkina Faso que nous avions déjà signé, en 2000, un accord qui inaugurait une volonté commune de renforcer la cohérence de nos actions, et d'en assurer une meilleure visibilité. Votre pays a ainsi été un précurseur, notamment en matière d'harmonisation des concours des différents bailleurs de fonds.
Au-delà de cette confiance renouvelée, il s'agit plus encore d'une confiance renforcée, par l'introduction dans ce document-cadre de partenariat d'exigences supplémentaires en matière de concentration et de prévisibilité, gages d'efficacité :
- concentration d'abord, dans le choix des secteurs prioritaires sur lesquels nous entendons intensifier nos interventions, en leur réservant 80 % de notre effort financier : en accord avec vous, et en cohérence avec les choix retenus dans votre Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, nous avons ainsi retenu trois secteurs prioritaires que sont l'éducation de base, les infrastructures, et enfin l'eau et l'assainissement ;
- prévisibilité ensuite, en veillant à mentionner dans ce document les enveloppes financières qui seront consacrées à la réalisation de nos objectifs, ainsi qu'une liste des projets concrets que nous entendons mener. Pour l'ensemble de la période 2006-2010, ce sont ainsi 300 millions d'euros que la France consacrera sur le plan bilatéral au développement du Burkina Faso.
En complément de ces trois grands secteurs de concentration, la France continuera également à intervenir dans trois autres secteurs transversaux : la gouvernance (notamment pour appuyer vos efforts de modernisation en matière de finances publiques, de justice, et de décentralisation), la promotion de l'enseignement supérieur et de la recherche, et enfin l'appui au français et à la diversité culturelle.
En veillant à concentrer nos interventions, en inscrivant notre action dans la durée, en intégrant votre stratégie de développement, mais aussi en nous coordonnant avec vos autres partenaires, il s'agit pour notre coopération d'être plus cohérente, plus pertinente, en un mot plus efficace.
Au-delà de cette amélioration de notre aide au développement, je sais tous les efforts que vous mettez en oeuvre pour favoriser la venue d'investisseurs étrangers au Burkina Faso. Il n'est en effet de développement durable qui ne repose sur la confiance du secteur privé dans l'avenir d'un pays, et sur l'environnement des affaires qui y prévaut. Vous avez eu ce matin, au siège du MEDEF, d'intéressants contacts avec des entreprises françaises susceptibles de répondre à vos attentes. Je relève pour ma part l'intérêt manifesté pour votre pays par France Télécom - dans le cadre de la privatisation en cours de votre opérateur téléphonique, et par Dagris - dans le secteur du coton. S'agissant du secteur cotonnier dont chacun sait l'importance pour votre pays, je tiens aussi à souligner les efforts actuellement entrepris par l'AFD pour développer un mécanisme de gestion des fluctuations des cours, afin de parvenir à moyen terme à une stabilisation des revenus des producteurs.
C'est donc forts de tous ces liens noués dans la durée, et en partageant une même approche des questions de développement, que nos deux pays doivent aussi avoir à coeur de participer de manière constructive au règlement des conflits régionaux.
A cet égard, la position géographique et la stabilité politique dont jouit votre pays, mais aussi votre volonté de contribuer à la résolution des crises africaines, sans oublier votre actuelle présidence de la communauté des Etats sahélo-sahariens (CENSAD) - qui vous a conduit hier à Tripoli - vous confèrent un rôle et une responsabilité de première importance.
Je tiens d'abord à saluer votre initiative pour la reprise du dialogue politique au Togo ; avec vous, je fonde l'espoir qu'elle permette aux parties togolaises de trouver les bases du consensus, indispensable à la bonne organisation d'élections démocratiques. Nous soutenons également vos efforts, au sein des différentes Organisations africaines, afin que des élections transparentes et incontestables sortent la Côte d'Ivoire de la crise, mais aussi pour que le Libéria se réintègre harmonieusement dans son environnement régional. Enfin, j'émets le souhait que nous puissions agir de concert pour résoudre le conflit du Darfour, en veillant à ce qu'il ne déstabilise pas l'ensemble de l'Afrique centrale.
Monsieur le Président du Burkina Faso,
Au moment de conclure, je veux voir dans votre visite en France, au commencement du nouveau mandat qui vous a été confié par vos compatriotes, une nouvelle étape dans l'affermissement de relations confiantes et sereines entre nos deux pays.
Au nom du gouvernement français, je vous souhaite ainsi qu'à la délégation qui vous accompagne un excellent séjour dans notre pays. La diversité des rencontres prévues à votre programme fait de ce déplacement une occasion importante d'approfondissement de notre partenariat dans toutes ses différentes composantes, politique, économique, commerciale et de coopération inter-étatique ou décentralisée.
Qu'il me soit donc permis de vous exprimer, Monsieur le Président, mes voeux les plus sincères pour votre action dans l'exercice des hautes fonctions qui sont les vôtres. Et qu'il me soit permis d'y ajouter un message d'estime et d'amitié à l'intention de l'ensemble du peuple burkinabé.
Je lève mon verre à notre coopération commune et à l'amitié entre nos deux pays.Source http://www;diplomatie.gouv.fr, le 7 juin 2006