Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur l'insertion professionnelle des jeunes issus des quartiers sensibles, Châtenay-Malabry le 1er juin 2006.

Prononcé le 1er juin 2006

Intervenant(s) : 

Circonstance : Installation de la première promotion du "Parcours Animation Sport"

Texte intégral

Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs,
Cher parrain, cher Mahyar,
Le 14 décembre 2005, nous étions réunis dans cette même salle, au CREPS de CHATENAY, après les troubles graves qui, quelques semaines auparavant, avaient touché certains quartiers urbains sensibles.
Nous avions pris l'initiative de réunir des élus, des responsables associatifs et les services du ministère pour analyser ces événements et définir un plan d'actions.
Les réflexions issues de ce séminaire de travail avaient mis en évidence les facteurs clé de cohésion pour notre société : la question du logement, l'éducation et la formation, l'emploi et les discriminations. Nous avions abordé, ensemble, la manière dont nous pouvions, dans les champs de la jeunesse et des sports, contribuer à répondre à ces enjeux majeurs.
Ces travaux, comme j'en avais pris l'engagement, ont été intégrés dans la politique que j'impulse. J'ai eu l'occasion d'en faire état lors du dernier Comité interministériel des villes, en indiquant que j'avais retenu deux propositions.
La première vise à encourager les jeunes des quartiers à s'investir avec régularité dans une activité culturelle, sportive ou de loisirs, afin qu'ils puissent bénéficier d'un accompagnement éducatif, dans la durée.
Je suis conscient que le succès de cette démarche repose sur une exigence de qualité dans le choix des projets soutenus.
C'est la raison pour laquelle, j'ai demandé aux services déconcentrés du ministère, de faire émerger les initiatives les plus structurantes afin de centrer les aides sur les associations les plus efficaces dans ce domaine. Ce ciblage qualitatif est effectué sur la base d'un cahier des charges et ceci en étroite liaison avec les maires.
Il permet un accompagnement des associations sur trois ans, au plan financier et technique, afin que les associations soient déchargées de formalités souvent jugées lourdes et bénéficient de formations pour leurs équipes.
D'autre part, afin de professionnaliser l'offre sportive dans les quartiers sensibles, 350 emplois seront par ailleurs proposés à des jeunes issus notamment des filières universitaires STAPS.
Ces emplois qualifiés seront intégralement pris en charge par l'Etat, pendant une durée de deux ans, et viendront ainsi en soutien de cette politique associative de proximité. Ils permettront, d'une part, de renforcer l'encadrement des activités et, d'autre part, de conduire des actions complémentaires comme du soutien scolaire.
La deuxième proposition vise l'insertion professionnelle des jeunes des quartiers qui nourrissent une passion pour le sport ou l'animation. Elle prend appui sur la mise en place d'un dispositif, le « Parcours Animation Sport ».
C'est le projet qui nous réunit aujourd'hui.
L'installation de la première promotion francilienne du « Parcours Animation Sport » prend une signification particulière.
Je tenais à être parmi vous car c'est un premier pas important qui est franchi. Il est fait par l'Etat à l'égard des jeunes, pour leur marquer sa confiance, pour leur dire que notre société a besoin de leur talent et de leur enthousiasme, mais aussi pour leur donner une chance.
Tous, nous avons dû mener un travail intensif et je tiens ici à saluer l'engagement des services et des établissements qui se sont mobilisés pour que ce dispositif soit une réussite. Je crois sincèrement que l'enjeu en vaut la peine.
Je suis, en effet, convaincu que les métiers de l'animation et du sport sont susceptibles, pour un nombre important de jeunes, d'offrir une chance d'insertion professionnelle dont le moteur est la passion.
La dernière enquête génération du CEREQ montre que les diplômes délivrés par le Ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Vie Associative, sont caractérisés par un très bon taux d'employabilité. 95 % des diplômés, dans les champs sportifs et de l'animation, trouvent un emploi en moins de sept mois et 82 % d'entre eux n'avaient aucune phase de chômage pendant ces sept mois.
M'appuyant sur cette étude qui porte sur une génération de diplômés et sur le besoin de professionnalisation du secteur associatif, j'ai décidé de lancer un programme national d'accès aux métiers de l'animation et du sport.
Ce dispositif propose d'offrir un parcours de formation, un statut et une première expérience professionnelle à 2500 jeunes issus des quartiers urbains sensibles.
Le dispositif repose sur le triptyque :
* un jeune présentant des difficultés d'insertion et issu d'un quartier sensible. Le programme s'adresse à des bénéficiaires âgés de 16 à 30 ans, prioritairement détectés dans les clubs et dans les associations qu'ils fréquentent.
* une formation en alternance conduisant à l'obtention d'un diplôme délivré par le ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative : brevets professionnels ou brevet d'Etat, le coût de cette formation étant adapté aux situations d'insertion des jeunes. La première promotion du P.A.S est essentiellement à connotation sportive, avec des formations en boxe, judo ou football, un secteur sur lequel des besoins d'emplois ont été relevés en Ile de France.
Le dispositif concernera bientôt plus largement les métiers de l'animation qui présentent un réel potentiel de développement. L'idée est ici, comme pour toutes les formations proposées par le ministère, de garantir la meilleure adéquation possible entre les formations proposées et le marché de l'emploi.
* un emploi pendant la durée du parcours, identifié par les services déconcentrés du ministère de la jeunesse, des sports et de la vie associative, en particulier dans le secteur associatif.
L'Etat et les collectivités locales jouent également, ici, un rôle déterminant en mobilisant les contrats aidés qui permettent d'offrir aux jeunes une véritable première chance d'insertion professionnelle. C'est dans les ressources proposées par le plan de cohésion sociale, et tous les dispositifs gérés par le service public de l'emploi, que les solutions sont recherchées pour chacun des jeunes appelés à intégrer le P.A.S. La présence, aujourd'hui du Directeur Général adjoint de l'ANPE et du Secrétaire Général du Conseil National des Missions Locales témoignent du partenariat indispensable au montage d'un tel programme.
Je tiens à les remercier chaleureusement pour leur collaboration qui contribue, de façon déterminante, à la réussite du P.A.S. [ La présence également de Madame la Vice-Présidente du conseil régional d'Ile de France témoigne du partenariat susceptible d'être noué pour le développement de ce programme].
Mais ce dispositif d'ensemble ne prendra tout son sens et ne constituera une véritable chance qu'à partir du moment où le jeune, une fois détecté, sera accompagné individuellement pour le placer dans les conditions de réussite optimales. Chaque jeune aura donc un référent, au sein de son établissement de formation, le CREPS, ou au sein d'un service déconcentré du ministère.
C'est cet accompagnement dans la durée et individualisé, allié à la qualité de la formation, qui lui offrira des perspectives d'emploi durables.
La mobilisation de l'ensemble de partenaires, y compris des jeunes eux-mêmes, des associations, des organismes de formation ou des partenaires sociaux fera la réussite du programme dont la phase expérimentale est aujourd'hui lancée à Châtenay Malabry.
Une présentation détaillée du « parcours animation sport » va maintenant être faite par ses acteurs. Mais je souhaiterais avant cela vous présenter Mahyar MONSHIPOUR, le parrain de la première promotion.
Il s'agit d'un champion d'exception qui a toujours su allier les qualités humaines et sportives. Sa carrière en atteste et ses engagements aussi. C'est un honneur pour moi de lui confier ce rôle. Il saura veiller et éclairer les jeunes de ses conseils.
Qu'il en soit remercié, du fond du coeur.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 6 juin 2006