Texte intégral
DNA : Quelles réflexions vous inspire la situation du pays ?
François Bayrou : L'impression d'un grand vide. Le même parti a tous les pouvoirs, la présidence de la République, Matignon, le gouvernement, la majorité absolue à l'Assemblée, au Sénat, toutes les fonctions de contrôle, et il n'est même pas capable d'éviter la confusion du lundi de Pentecôte. Si vous y ajoutez l'amnistie de Guy Drut, proposée par le gouvernement, décidée à l'Élysée, ou la valse hésitation sur GDF et Suez, alors vous avez un pays démotivé. La seule bonne nouvelle dont paraît-il le gouvernement se réjouisse, c'est l'arrivée de la Coupe du monde, qui fera penser le pays à autre chose... Je n'ai rien à ajouter : vous voyez où nous en sommes.
DNA : Que pensez-vous des principales propositions du projet socialiste ?
François Bayrou : L'opinion n'en a retenu qu'une, c'est le SMIC à 1500 euros dans cinq ans. Cela mérite deux remarques : ou bien, comme les syndicats l'ont dit, on y arrive dans cinq ans, ce qui correspond exactement à l'inflation. Dans ce cas, c'est un coup d'épée dans l'eau. Ou on le fait avant, et cela signifie que de plus en plus de Français seront payés au SMIC. On vit cela depuis des années : les salaires moyens d'hier deviennent aujourd'hui des bas salaires. Le problème, en France, c'est la crise des salaires moyens. Hier, avec un salaire moyen, on pouvait vivre et même mettre de l'argent de côté. Aujourd'hui, on n'y arrive plus. Pour moi, la priorité est de débloquer les salaires moyens, en agissant sur les charges sociales.
DNA : Sur le plan institutionnel, le PS propose une République parlementaire.
François Bayrou : Moi, je suis pour réécrire la Constitution. Il faut des règles nouvelles, un Parlement qui représente tous les Français, tous les courants politiques, même ceux que j'ai toujours combattus, qui contrôle vraiment l'action du gouvernement, et la possibilité de constituer des majorités plus larges que les habituelles majorités PS ou UMP. Ces majorités uniquement partisanes conduisent à l'échec. Il faudra un jour en France une majorité centrale qui réussisse à faire travailler ensemble le centre droit et le centre gauche et qui ne coupe pas artificiellement le pays en deux. Les lignes sont en train de bouger. Voyez ce qui se passe avec le putsch de Ségolène Royal, même si tous les jours elle fait un pas en arrière. Le pays attend que les lignes bougent.
DNA : Cela vous gêne-t-il que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal jouent des rôles à contre-emploi sur l'immigration et la sécurité ?
François Bayrou : Au contraire, c'est la preuve absolue de ce que j'avance. Ils cherchent à se doubler à gauche pour l'un, à droite pour l'autre. Même si c'est artificiel, ils sentent bien que le pays attend que l'on sorte des vieux clivages.
DNA : Vous avez souvent dit non à la majorité de droite. Comment envisagez-vous de vous situer au second tour de la présidentielle ?
François Bayrou : En rassembleur. Les Français veulent du courage. L'UDF a fait le choix de dire non quand ça ne va pas. Cette manière de gouverner, avec un seul parti aux commandes, est dépassée. Nous proposons un paysage politique nouveau qui refuse de faire du clivage droite-gauche la clé de tous les problèmes. L'UDF incarne le socle commun de la société française à partir duquel on pourra rassembler largement.
DNA : Comment comptez-vous réduire la fracture interne à l'UDF, y compris en Alsace ?
François Bayrou : Vous verrez qu'il n'y a pas de fracture. L'UDF a choisi d'avoir son autonomie, de refuser la soumission. C'est ce que veulent ses militants et j'y veillerai jusqu'au bout. Et je sais, en Alsace, l'attente des électeurs de base pour un vrai centre, capable de faire travailler ensemble des gens du centre gauche et des gens du centre droit, comme c'est le cas de l'autre côté du Rhin.
Propos recueillis par Claude Keiflin source http://www.udf.org, le 9 juin 2006
François Bayrou : L'impression d'un grand vide. Le même parti a tous les pouvoirs, la présidence de la République, Matignon, le gouvernement, la majorité absolue à l'Assemblée, au Sénat, toutes les fonctions de contrôle, et il n'est même pas capable d'éviter la confusion du lundi de Pentecôte. Si vous y ajoutez l'amnistie de Guy Drut, proposée par le gouvernement, décidée à l'Élysée, ou la valse hésitation sur GDF et Suez, alors vous avez un pays démotivé. La seule bonne nouvelle dont paraît-il le gouvernement se réjouisse, c'est l'arrivée de la Coupe du monde, qui fera penser le pays à autre chose... Je n'ai rien à ajouter : vous voyez où nous en sommes.
DNA : Que pensez-vous des principales propositions du projet socialiste ?
François Bayrou : L'opinion n'en a retenu qu'une, c'est le SMIC à 1500 euros dans cinq ans. Cela mérite deux remarques : ou bien, comme les syndicats l'ont dit, on y arrive dans cinq ans, ce qui correspond exactement à l'inflation. Dans ce cas, c'est un coup d'épée dans l'eau. Ou on le fait avant, et cela signifie que de plus en plus de Français seront payés au SMIC. On vit cela depuis des années : les salaires moyens d'hier deviennent aujourd'hui des bas salaires. Le problème, en France, c'est la crise des salaires moyens. Hier, avec un salaire moyen, on pouvait vivre et même mettre de l'argent de côté. Aujourd'hui, on n'y arrive plus. Pour moi, la priorité est de débloquer les salaires moyens, en agissant sur les charges sociales.
DNA : Sur le plan institutionnel, le PS propose une République parlementaire.
François Bayrou : Moi, je suis pour réécrire la Constitution. Il faut des règles nouvelles, un Parlement qui représente tous les Français, tous les courants politiques, même ceux que j'ai toujours combattus, qui contrôle vraiment l'action du gouvernement, et la possibilité de constituer des majorités plus larges que les habituelles majorités PS ou UMP. Ces majorités uniquement partisanes conduisent à l'échec. Il faudra un jour en France une majorité centrale qui réussisse à faire travailler ensemble le centre droit et le centre gauche et qui ne coupe pas artificiellement le pays en deux. Les lignes sont en train de bouger. Voyez ce qui se passe avec le putsch de Ségolène Royal, même si tous les jours elle fait un pas en arrière. Le pays attend que les lignes bougent.
DNA : Cela vous gêne-t-il que Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal jouent des rôles à contre-emploi sur l'immigration et la sécurité ?
François Bayrou : Au contraire, c'est la preuve absolue de ce que j'avance. Ils cherchent à se doubler à gauche pour l'un, à droite pour l'autre. Même si c'est artificiel, ils sentent bien que le pays attend que l'on sorte des vieux clivages.
DNA : Vous avez souvent dit non à la majorité de droite. Comment envisagez-vous de vous situer au second tour de la présidentielle ?
François Bayrou : En rassembleur. Les Français veulent du courage. L'UDF a fait le choix de dire non quand ça ne va pas. Cette manière de gouverner, avec un seul parti aux commandes, est dépassée. Nous proposons un paysage politique nouveau qui refuse de faire du clivage droite-gauche la clé de tous les problèmes. L'UDF incarne le socle commun de la société française à partir duquel on pourra rassembler largement.
DNA : Comment comptez-vous réduire la fracture interne à l'UDF, y compris en Alsace ?
François Bayrou : Vous verrez qu'il n'y a pas de fracture. L'UDF a choisi d'avoir son autonomie, de refuser la soumission. C'est ce que veulent ses militants et j'y veillerai jusqu'au bout. Et je sais, en Alsace, l'attente des électeurs de base pour un vrai centre, capable de faire travailler ensemble des gens du centre gauche et des gens du centre droit, comme c'est le cas de l'autre côté du Rhin.
Propos recueillis par Claude Keiflin source http://www.udf.org, le 9 juin 2006