Texte intégral
Le Parisien : L'avocat des parties civiles et l'ancienne juge d'instruction vous reprochent de ne pas avoir déclassifié tous les documents nécessaires à la manifestation de la vérité...
Michèle Alliot-Marie : Tous les documents que la juge m'a demandé de déclassifier, et pour lesquels la commission consultative du secret de la défense nationale a estimé qu'ils avaient un lien avec l'affaire, l'ont été.
Accepteriez-vous d'être entendu par la juge d'instruction?
Depuis mon arrivée au ministère, je joue la totale transparence. Je suis à la disposition de la justice, mais je n'aurais rien à dire de plus que ce que je vous dis aujourd'hui.
Quinze individus d'origine slave ont été détenus pendant quatre jours après le bombardement sans que l'on sache aujourd'hui ce qu'ils ont dit...
Il s'agissait d'ouvriers de maintenance. Seuls des officiers de police judiciaire auraient pu les interroger, les militaires n'avaient pas le droit de le faire.
Les gendarmes saisis de l'enquête en flagrance ne les ont pas auditionnés ?
Ces individus ont été découverts pendant les combats, sur et autour de l'aéroport de Yamoussoukro. Après les combats, les militaires français sont arrivés avec les gendarmes. Ceux-ci ont procédé à l'identification de ces personnes dans le respect des procédures du droit international. Il n'y avait parmi elles ni pilote, ni militaire : elles ont donc été remises au consul de Russie en présence d'un représentant de la Croix Rouge.
Lors de son audition, le général Poncet, ex-commandant de l'opération Licorne, a expliqué que ces individus « connaissaient l'identité des pilotes slaves »...
Il est facile, longtemps après, d'avoir des remords. Le général Poncet étant mis en cause dans une procédure judiciaire, je ne souhaite pas m'exprimer sur ses propos.
Pendant quinze jours, le ministre de l'Intérieur togolais n'a eu de cesse de proposer à la France la remise de huit autres biélorusses. Pourquoi avoir refusé ?
Pour demander l'extradition de ces ressortissants, il aurait fallu qu'un mandat d'arrêt international soit délivré. Cela n'a pas été le cas. A l'époque, nous n'avions aucun élément de preuve, les photos, notamment, n'étaient pas déterminantes. Nous n'avions donc rien à leur reprocher. On n'a d'ailleurs jamais identifié les pilotes formellement.
Aujourd'hui, les éléments de l'enquête judiciaire laissent penser que les pilotes des avions ayant bombardé Bouaké étaient très probablement parmi ces ressortissants. N'avez-vous pas de regrets de les avoir «laissé filer» ?
Nos militaires doivent respecter le droit international. Cela pose parfois problème. Au départ, c'est sans doute parce que nous ne disposions pas d'un mandat de l'ONU suffisamment robuste - c'est à dire le droit d'agir fortement - que les forces françaises ont été attaquées. Si nous avions à l'époque interrogé ces individus, nous serions probablement traduits aujourd'hui devant un tribunal international. C'est très frustrant d'être empêché d'agir, mais c'est l'honneur des démocraties que de respecter le droit.
Pourtant les représentants français basés au Togo ne parlent pas de droit international...
Ces fonctionnaires sont extrêmement compétents et précieux car ils nous protègent. Mais ils n'ont peut-être pas répercuté les arguments de droit avec précision.
Tout a-t-il vraiment été fait pour identifier les responsables de la mort de nos soldats ?
Le ministère de la Défense est à l'origine de la procédure judiciaire ouverte immédiatement après les faits. J'ai été la première affectée par le drame. Je me souviendrai toujours de cette journée. Je n'ai aucune envie que les individus qui y ont participé puissent échapper à la justice.
Le bombardement était-il délibéré ?
J'ai rencontré plusieurs fois les blessés. Ils m'ont répété que le camp était signalé, et qu'il y avait eu deux passages d'avions. Je ne vois pas comment il aurait pu s'agir d'une erreur.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 14 juin 2006
Michèle Alliot-Marie : Tous les documents que la juge m'a demandé de déclassifier, et pour lesquels la commission consultative du secret de la défense nationale a estimé qu'ils avaient un lien avec l'affaire, l'ont été.
Accepteriez-vous d'être entendu par la juge d'instruction?
Depuis mon arrivée au ministère, je joue la totale transparence. Je suis à la disposition de la justice, mais je n'aurais rien à dire de plus que ce que je vous dis aujourd'hui.
Quinze individus d'origine slave ont été détenus pendant quatre jours après le bombardement sans que l'on sache aujourd'hui ce qu'ils ont dit...
Il s'agissait d'ouvriers de maintenance. Seuls des officiers de police judiciaire auraient pu les interroger, les militaires n'avaient pas le droit de le faire.
Les gendarmes saisis de l'enquête en flagrance ne les ont pas auditionnés ?
Ces individus ont été découverts pendant les combats, sur et autour de l'aéroport de Yamoussoukro. Après les combats, les militaires français sont arrivés avec les gendarmes. Ceux-ci ont procédé à l'identification de ces personnes dans le respect des procédures du droit international. Il n'y avait parmi elles ni pilote, ni militaire : elles ont donc été remises au consul de Russie en présence d'un représentant de la Croix Rouge.
Lors de son audition, le général Poncet, ex-commandant de l'opération Licorne, a expliqué que ces individus « connaissaient l'identité des pilotes slaves »...
Il est facile, longtemps après, d'avoir des remords. Le général Poncet étant mis en cause dans une procédure judiciaire, je ne souhaite pas m'exprimer sur ses propos.
Pendant quinze jours, le ministre de l'Intérieur togolais n'a eu de cesse de proposer à la France la remise de huit autres biélorusses. Pourquoi avoir refusé ?
Pour demander l'extradition de ces ressortissants, il aurait fallu qu'un mandat d'arrêt international soit délivré. Cela n'a pas été le cas. A l'époque, nous n'avions aucun élément de preuve, les photos, notamment, n'étaient pas déterminantes. Nous n'avions donc rien à leur reprocher. On n'a d'ailleurs jamais identifié les pilotes formellement.
Aujourd'hui, les éléments de l'enquête judiciaire laissent penser que les pilotes des avions ayant bombardé Bouaké étaient très probablement parmi ces ressortissants. N'avez-vous pas de regrets de les avoir «laissé filer» ?
Nos militaires doivent respecter le droit international. Cela pose parfois problème. Au départ, c'est sans doute parce que nous ne disposions pas d'un mandat de l'ONU suffisamment robuste - c'est à dire le droit d'agir fortement - que les forces françaises ont été attaquées. Si nous avions à l'époque interrogé ces individus, nous serions probablement traduits aujourd'hui devant un tribunal international. C'est très frustrant d'être empêché d'agir, mais c'est l'honneur des démocraties que de respecter le droit.
Pourtant les représentants français basés au Togo ne parlent pas de droit international...
Ces fonctionnaires sont extrêmement compétents et précieux car ils nous protègent. Mais ils n'ont peut-être pas répercuté les arguments de droit avec précision.
Tout a-t-il vraiment été fait pour identifier les responsables de la mort de nos soldats ?
Le ministère de la Défense est à l'origine de la procédure judiciaire ouverte immédiatement après les faits. J'ai été la première affectée par le drame. Je me souviendrai toujours de cette journée. Je n'ai aucune envie que les individus qui y ont participé puissent échapper à la justice.
Le bombardement était-il délibéré ?
J'ai rencontré plusieurs fois les blessés. Ils m'ont répété que le camp était signalé, et qu'il y avait eu deux passages d'avions. Je ne vois pas comment il aurait pu s'agir d'une erreur.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 14 juin 2006