Texte intégral
Hervé Favre : Comment vous situez-vous par rapport à votre prédécesseur, Jean-Luc Cazettes ?
Bernard van Craeynest : A la CFE-CGC, nous revendiquons d'être un partenaire difficile car nous avons la particularité d'être souvent, sur les cinq organisations confédérales, celle qui fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Nous poussons au maximum la négociation.
HF : La CFE-CGC reste-t-elle le premier syndicat chez les cadres ?
BVC : Les derniers chiffres connus, ceux de 2004, montrent que nous sommes toujours en tête dans le troisème collège et que nous nous renforçons dans le deuxième collège. Pour les adhésions, nous avons une progression de 3 % par an avec aujourd'hui environ 160 000 syndiqués. Je suis persuadé qu'on s'en sortira dans ce pays quand on aura des taux de syndicalisation convenables, d'au moins 30 % pour avoir une vraie représentativité.
HF : La CFE-CGC adhère-t-elle à l'idée de "patriotisme économique" ?
BVC : On ne peut pas d'un côté se réjouir quand Pernod-Ricard met la main sur Allied-Domecq et pleurer quand on est confronté à un phénomène inverse. Mais nous avons intérêt à défendre les entreprises françaises, en particulier le maintien des sièges sociaux sur le territoire. Quand les centres de décisions partent à l'étranger cela veut dire que les décisions risquent d'être moins favorables à la localisation de l'emploi en France.
HF : L'intervention de Dominique de Villepin pour sauver la Sogerma vous a-t-elle convaincu ?
BVC : Cette agitation politico-médiatique semble profiter aux salariés de la Sogerma. Mais il ne faut pas se leurrer. Cela ne corrigera pas la stratégie d'EADS qui a aujourd'hui besoin de toute sa trésorerie pour investir dans les programmes Airbus en cours et à venir.
HF : Après le retrait du CPE, voulez-vous aussi "la peau" du CNE ?
BVC : Si on ne corrige pas le CNE tel qu'il existe depuis le 4 août, il mourra de sa belle mort. Tout simplement parce qu'il a été vendu aux petites entreprises comme un contrat les mettant à l'abri d'une judiciarisation des ruptures du fait de l'employeur. Plutôt que de pratiquer la méthode Coué en disant "ça marche, ça marche" jusqu'à ce que ça ne marche plus, nous demandons l'examen de ce qui pose problème, à savoir les méthodes de rupture du fait de l'employeur.
HF : Quelle priorité aujourd'hui pour la CFE-CGC ?
BVC : La question salariale est majeure pour nous. L'encadrement est plus que jamais entre le marteau et l'enclume. Soumis à une pression quotidienne, il se sent de moins en moins rémunéré de ces efforts. Si on ne trouve pas le moyen de rééquilibrer le système, on verra de plus en plus de jeunes aller faire valoir leurs compétences à l'étranger.
Propos recueillis par Hervé Favre
source http://www.cfecgc.org, le 1 juin 2006
Bernard van Craeynest : A la CFE-CGC, nous revendiquons d'être un partenaire difficile car nous avons la particularité d'être souvent, sur les cinq organisations confédérales, celle qui fait pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Nous poussons au maximum la négociation.
HF : La CFE-CGC reste-t-elle le premier syndicat chez les cadres ?
BVC : Les derniers chiffres connus, ceux de 2004, montrent que nous sommes toujours en tête dans le troisème collège et que nous nous renforçons dans le deuxième collège. Pour les adhésions, nous avons une progression de 3 % par an avec aujourd'hui environ 160 000 syndiqués. Je suis persuadé qu'on s'en sortira dans ce pays quand on aura des taux de syndicalisation convenables, d'au moins 30 % pour avoir une vraie représentativité.
HF : La CFE-CGC adhère-t-elle à l'idée de "patriotisme économique" ?
BVC : On ne peut pas d'un côté se réjouir quand Pernod-Ricard met la main sur Allied-Domecq et pleurer quand on est confronté à un phénomène inverse. Mais nous avons intérêt à défendre les entreprises françaises, en particulier le maintien des sièges sociaux sur le territoire. Quand les centres de décisions partent à l'étranger cela veut dire que les décisions risquent d'être moins favorables à la localisation de l'emploi en France.
HF : L'intervention de Dominique de Villepin pour sauver la Sogerma vous a-t-elle convaincu ?
BVC : Cette agitation politico-médiatique semble profiter aux salariés de la Sogerma. Mais il ne faut pas se leurrer. Cela ne corrigera pas la stratégie d'EADS qui a aujourd'hui besoin de toute sa trésorerie pour investir dans les programmes Airbus en cours et à venir.
HF : Après le retrait du CPE, voulez-vous aussi "la peau" du CNE ?
BVC : Si on ne corrige pas le CNE tel qu'il existe depuis le 4 août, il mourra de sa belle mort. Tout simplement parce qu'il a été vendu aux petites entreprises comme un contrat les mettant à l'abri d'une judiciarisation des ruptures du fait de l'employeur. Plutôt que de pratiquer la méthode Coué en disant "ça marche, ça marche" jusqu'à ce que ça ne marche plus, nous demandons l'examen de ce qui pose problème, à savoir les méthodes de rupture du fait de l'employeur.
HF : Quelle priorité aujourd'hui pour la CFE-CGC ?
BVC : La question salariale est majeure pour nous. L'encadrement est plus que jamais entre le marteau et l'enclume. Soumis à une pression quotidienne, il se sent de moins en moins rémunéré de ces efforts. Si on ne trouve pas le moyen de rééquilibrer le système, on verra de plus en plus de jeunes aller faire valoir leurs compétences à l'étranger.
Propos recueillis par Hervé Favre
source http://www.cfecgc.org, le 1 juin 2006