Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les conventions techniques et financières signées entre la France et Djibouti, Djibouti le 21 janvier 1999.

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Intervenant(s) : 
  • Charles Josselin - Ministre délégué à la coopération et à la francophonie

Circonstance : Voyage de M. Josselin à Djibouti les 21 et 22 janvier 1999-signature des conventions de financement le 21

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale,
Messieurs les Ministres,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,

Nous venons de procéder à un échange de signatures tout à fait substantiel. Je n'ai pas compté mais nos collaborateurs auront vérifié que ni vous ni moi n'en ayons oublié une seule. Je crois que nous avons bien travaillé. Le plaisir et la fierté que javais en venant ici, pour la première fois, sen trouvent augmentés d'autant. Je voudrais, en quelques mots, revenir sur la nature des conventions que nous venons de parapher :

  • deux conventions techniques sur l'utilisation des équipements publics djiboutiens par les forces françaises stationnées dans votre pays ;
  • trois conventions de financement de projets de développement ; une convention d'aide exceptionnelle, destinée à financer différents projets d'équipement.

I - Les conventions techniques tout d'abord :
Elles s'inscrivent dans la logique de l'accord signé entre nos deux pays en 1998 sur l'utilisation par la Marine française du port autonome de Djibouti. Leur signature conclut le cycle des discussions que nous avions entamées en novembre dernier à Paris. La première concerne l'emploi par les forces françaises de la plate-forme aéroportuaire de Djibouti-Ambouli. La seconde est relative à l'utilisation du réseau de transmissions des FFDJ.
En cohérence avec les termes de l'accord de défense qui lie nos deux pays depuis près de 22 ans, ces textes précisent les relations des FFDJ avec les différentes administrations de votre pays.
Je tiens à saluer le climat de cordialité et de franchise qui a constamment prévalu pendant les longues discussions menées par les deux délégations sur des sujets souvent épineux. Grâce à la volonté d'aboutir des deux parties et en dépit des difficultés rencontrées, un accord global a été trouvé sur les dossiers débattus. Les termes de cet accord, que nos deux délégations ont arrêtés la semaine dernière, trouvent donc dès aujourd'hui une traduction dans les conventions que nous venons de signer et l'examen des questions encore partiellement en suspens sera terminé d'ici à notre prochaine commission mixte.
Je me réjouis très sincèrement de cet accord au nom de l'ensemble du gouvernement français, et en particulier de mon collègue Alain Richard, ministre de la Défense.

II - J'en viens aux projets de coopération financés sur crédits du fonds d'aide et de coopération (FAC)
Nous venons de signer trois conventions de financement qui intéressent des secteurs essentiels : l'une d'elle concerne les transports, les deux autres la santé, domaine qui, par son impact social, constitue une priorité de notre politique de coopération.
En matière de santé, de nombreuses actions ont déjà été entreprises : un projet d'appui à la Santé publique, d'un montant de 20 millions FF, signé pour la période 1993-1997, et de nombreuses réalisations comme :

  • l'agrandissement du centre de formation des personnels de Santé ;
  • la réhabilitation de la maternité de Dar El Hanan, du centre Paul Faure et du service des urgences de l'hôpital Peltier ;
  • la construction du dispensaire d'Einguéla.

Je rappelle également le projet de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le Sida, en cours de réalisation pour un montant de 6,8 millions de FF.
Avec la première convention que nous signons aujourd'hui, un nouveau projet d'appui à la santé publique va être mis en oeuvre, concrétisant la volonté de Djibouti d'améliorer, avec laide de la France, le sort des populations en leur facilitant l'accès aux soins médicaments essentiels.
D'un montant de 6,1 Millions de FF et étalé sur 2 ans, ce projet comporte deux volets :

Le premier, intitulé « Appui Institutionnel à la réforme du système de santé permettra de mettre en place :

  • un Bureau d'étude et de planification, outil indispensable à l'élaboration et au suivi des plans directeurs de développement sanitaire ainsi qu'à la création de la carte sanitaire ;
  • une véritable politique du médicament qui devrait permettre aux populations d'accéder plus facilement aux médicaments essentiels ;
  • une gestion hospitalière modernisée tendant vers l'autonomie administrative et financière des établissements, marquée par la rénovation et la restructuration du Service des hospitalisations et soins externes (S.H.S.E).

Enfin, la formation sera prise en compte puisqu'il est prévu de financer le suivi des étudiants boursiers, tant à l'étranger qu'au cours de leur stage pratique effectué à Djibouti.
Le second volet « Appui à la lutte contre la Tuberculose », tout en assurant la poursuite de la lutte contre une maladie qui affecte particulièrement votre région, permettra de mener à bien la transformation du régime financier du centre Paul Faure.
La deuxième convention que nous allons signer, possède un caractère régional et concerne outre Djibouti, 5 autres pays de l'Océan : Madagascar, Maurice, les Seychelles, Les Comores et le Mozambique.
L'objectif de ce projet de développement de l'Anesthésie-Réanimation et de la médecine d'urgence (PARMU) est d'aider les différents pays à résoudre leurs difficultés communes dans la prise en charge des pathologies médico-chirurgicales et des détresses vitales.
Il permettra notamment d'offrir un appui technique au service Anesthésie-Réanimation de l'hôpital Peltier, et de prendre en charge la formation de médecins (4) à Maurice, et d'infirmiers (6) à Madagascar (Tananarive).
Enfin, Monsieur le Ministre, j'attache beaucoup d'importance à signer avec vous la troisième convention de financement, destinée à appuyer la mise en uvre dun programme de facilitation des transports sur le corridor djibouto-éthiopien. Et cette importance ne tient pas seulement au titre ronflant que nos collaborateurs ont infligé à ce projet.
C'est plutôt parce qu'il revêt, à bien des égards, un caractère exemplaire. C'est la première fois, en effet, que la France, dans la Corne de l'Afrique, finance sur les crédits du Fonds d'aide et de Coopération une opération à caractère régional dans un secteur où, généralement, notre département ministériel n'intervient pas. C'est donc dune action complémentaire et cohérente avec les projets que vous conduisez avec l'Agence française de développement que nous parlons.
Nous sommes, comme vous, persuadés que le développement économique et social de votre pays dépend très largement du niveau de son commerce extérieur et de sa capacité à s'insérer dans l'économie mondiale. Or les transports constituent un élément essentiel dans les échanges internationaux de biens et de services.
Djibouti, avec son port autonome doté d'équipements performants, son aéroport aux normes internationales, sa participation dans la compagnie des chemins de fer djibouto-éthiopienne, occupe en ce domaine une position régionale stratégique.
Cependant, au-delà des infrastructures, il faut absolument promouvoir l'application d'un cadre réglementaire et de règles de procédures adaptées pour faciliter les mouvements des marchandises.
En construisant avec vos voisins et amis éthiopiens ce programme de facilitation des transports, vous avez parfaitement mesuré l'enjeu que représente la dimension institutionnelle qui permettra, grâce aux avancées technologiques intervenues récemment dans le domaine des transports internationaux, d'améliorer notablement l'efficacité de la chaîne de transport entre les deux pays. En répondant favorablement à votre demande d'appui, la France entend contribuer au développement de Djibouti que l'on sait très dépendant de l'efficacité de son système de transport. Elle espère également, par cette action, favoriser l'intégration régionale indispensable au développement harmonieux et durable de l'ensemble de la Corne de l'Afrique.
Avec ces trois projets, Mesdames et Messieurs, nous traçons des pistes ou nous approfondissons les sillons, selon les cas, dans des secteurs au potentiel considérable. Nos efforts conjugués pour les mener à bien sont attendus par vos citoyens et par vos entreprises. Je crois pouvoir dire qu'il s'agit là de bonnes coopérations !

III - La dernière convention, enfin, est dune autre nature et, je le souligne, dune autre ampleur. C'est, je crois, le point d'orgue du programme de signatures.
En effet nous avons signé un protocole d'accord entre nos deux gouvernements, permettant d'affecter une aide civile exceptionnelle de 65 millions de francs à la République de Djibouti. Elle s'inscrit dans la logique des travaux d'analyse que nous avons conduits ces derniers mois et témoigne de la très bonne connaissance mutuelle de nos intérêts respectifs.
Au final, nos impératifs militaires respectifs en sortent renforcés, notre accord de défense réaffirmé et nos finances publiques consolidées. Ceci est d'autant plus important que votre pays conduit une négociation avec le Fonds monétaire international sur la mise en place prochaine dune Facilité d'ajustement structurel renforcé (FASR).

La Convention que nous venons de signer est exceptionnelle, non dans ses objectifs, mais par l'effort financier consenti - 65 millions de francs français -. Aucun Etat partenaire en coopération de la France ne disposera en 1999 dune telle enveloppe d'aide-projet. Cette aide financera des projets sociaux et des infrastructures que vous avez jugés prioritaires : autant de secteurs qui concourent au développement économique et social de Djibouti. Nous croyons en effet en l'avenir de Djibouti, au développement de ses atouts : chaîne des transports ferroviaires et routiers, porte ouverte sur le monde maritime avec le Port autonome de Djibouti. Le protocole d'affectation de laide civile porte ainsi sur 7 dossiers prioritaires :

  • la santé, bien sûr, sans laquelle la population ne saurait progresser sur la voie du développement,l'électricité et l'eau qui accompagnent la vie quotidienne mais permettent aussi l'essor des entreprises,
  • la réfection de la route d'Arta à Diktil qui garantira pendant plusieurs années le transport régulier des marchandises par camions la réhabilitation d'équipements du Port autonome international, un dossier d'urbanisme concernant l'assainissement de 2 quartiers insalubres de Djibouti enfin une aide directe aux dépenses prioritaires de l'Etat de 10 millions de Francs. Voilà, à mon sens, du grain à moudre pour nos services qui mettront en oeuvre ces projets.

Au travers de ces différentes conventions, Monsieur le Premier ministre, Mesdames et Messieurs, transparaissent clairement nos objectifs communs : l'essor économique de Djibouti, par le développement de ses infrastructures de base, et l'amélioration des conditions de vie des populations.
C'est un long chemin. Il peut être rendu difficile par des crises ou des à coups extérieurs, économiques, politiques, sociaux. Les exemples ne manquent pas aujourd'hui. Au nom du gouvernement français, je vous propose que nous continuions de marcher, ensemble, en regardant dans une même direction, celle de la paix, de la démocratie et du développement. Sur ce chemin, nous serons solidaires.
Vive la République de Djibouti, Vive la République française, Vive la coopération franco-djiboutienne !
Je vous remercie.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)