Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la préservation et la modernisation des relations avec Djibouti, notamment en matière d'accords militaires et sur la nécessité de prévenir un nouveau conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée, Djibouti le 21 janvier 1999.

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Intervenant(s) : 
  • Charles Josselin - Ministre délégué à la coopération et à la francophonie

Circonstance : Voyage de M. Josselin à Djibouti les 21 et 22 janvier 1999-réception a la résidence de France le 21

Texte intégral

Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux d'être ici et de m'adresser à vous ce soir à l'occasion de ma première visite dans ce pays, afin de souligner la volonté de la France de développer ses relations traditionnelles d'amitié et de solidarité avec Djibouti. Il est bon aussi, me semble-t-il, que dans les circonstances actuelles, Djiboutiens et Français se concertent étroitement sur la situation dans la région.
Ma visite marque sans ambiguïté la volonté de la France de préserver et de moderniser ses rapports confiants et étroits de coopération avec Djibouti.
L'annonce, l'an passé, du reformatage de la présence militaire française à Djibouti, avait en effet soulevé des interrogations et des inquiétudes sur l'avenir et la qualité des relations entre les deux pays. Mon collègue Alain Richard, ministre de la Défense, était venu informer les autorités djiboutiennes de cette évolution.
Les discussions engagées depuis lors, pour délicates et parfois difficiles quelles aient pu être, ont toujours été franches et amicales. Je tiens d'ailleurs à remercier publiquement ceux qui les ont conduites, Djiboutiens et Français, avec persévérance et conscience de l'importance de leur tâche. Par leur travail, ils ont permis la concrétisation dune série d'accords que j'ai eu le plaisir de signer aujourd'hui avec M. Moussa Chehem, ministre des Affaires étrangères, en présence des ministres plus directement intéressés au plan technique.
Deux d'entre eux intéressent directement les forces françaises stationnées à Djibouti. Il s'agit d'un protocole sur l'utilisation de l'aéroport international de Djibouti et d'un accord sur les postes et télécommunications.
Trois projets de développement du Fonds d'aide à la coopération seront ensuite mis en oeuvre, pour un montant total de 10 millions de francs. Ils financeront des programmes dans le domaine de l'appui à la santé publique, l'anesthésie-réanimation et la médecine d'urgence, et dans le domaine des transports avec le renforcement des capacités du corridor djibouto-éthiopien.
Enfin, nous mettons en place un programme d'aide civile exceptionnelle d'un montant de 65 millions de francs, qui intéresse avant tout la vie de tous les jours des populations et des entreprises. L'eau, l'électricité, l'assainissement de quartiers insalubres, la réfection de la route d'Arta à Diktil, la rénovation d'équipements du port en seront les principaux secteurs bénéficiaires.
Ces accords ont un double mérite. Ils précisent les modalités du stationnement des troupes françaises et de l'utilisation quelles font des services et équipements publics de Djibouti dune part, et ils confirment l'appui de la France aux efforts des autorités Djiboutiennes pour le redressement économique et social du pays.
Ils marquent la volonté résolue des deux pays de donner un nouvel élan à leur coopération tout en réaffirmant la confiance et la solidité de leur relation. La France modifie le format de ses troupes stationnées à Djibouti mais elle y demeure fortement présente. Elle appuie résolument le processus d'ajustement économique en cours. Elle soutient la consolidation d'Etat de droit et des mécanismes démocratiques, particulièrement vitaux pour le développement du pays et sa cohésion nationale.
Notre attachement à Djibouti, mais aussi notre souhait général de paix et de sécurité pour l'ensemble du continent africain, et la Corne de l'Afrique en particulier, motivent nos inquiétudes devant la montée des tensions entre l'Ethiopie et l'Erythrée, deux voisins importants de ce pays.
Une reprise des hostilités serait désastreuse pour ces deux Etats et pour l'ensemble de la zone. Elle générerait sans doute des pertes humaines importantes et inacceptables mais aussi un risque grave de déstabilisation de la région. Elle porterait un coup d'arrêt, peut-être fatal, à l'enracinement des principes de paix et au développement dune coopération pourtant prometteuse dans la région.
La France appelle de ce fait les deux pays à tout mettre en oeuvre pour éviter de nouvelles hostilités, et à s'accorder d'urgence sur la mise en oeuvre des recommandations de lOUA, dont la France soutient les efforts, afin qu'une issue pacifique à ce conflit puisse être trouvée sans délai.
La France est également préoccupée par les conséquences éventuelles pour Djibouti, dune reprise des affrontements entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Ses responsabilités, en tant que partenaire fidèle de Djibouti, mais aussi que pays attaché à la paix et à la sécurité en Afrique, et enfin en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, lui font une obligation d'appeler tous les Etats concernés par ce différend à la modération et à la raison. L'appel vaut évidemment aussi pour Djibouti, à qui nous préconisons une neutralité vigilante et le maintien de relations de bon voisinage et de coopération.
Ces préoccupations, nous les partageons avec nos amis Djiboutiens. Ensemble, nous oeuvrons à la stabilité régionale ; ensemble, nous verrons nos efforts couronnés de succès.Dans cette attente, que la joie de nous retrouver l'emporte ! Permettez-moi de terminer ce propos sur le nouvel élan que nous donnons aujourd'hui aux relations franco-djiboutiennes et sur mon invitation à célébrer tous ensemble notre amitié.
Vive Djibouti, vive la France !
Vive l'amitié franco-djiboutienne !

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)