Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de pouvoir procéder avec vous, à l'occasion de ce bref séjour à Ndjamena, à la signature du document-cadre de partenariat qui fixe les principales orientations de notre coopération pour les cinq prochaines années.
Cette signature est un aboutissement, celui du long processus d'échanges et de maturation qui a débuté, il y a plus de trois années, avec la 7ème session de la commission mixte qui s'était tenue en octobre 2002.
Avec ce document-cadre de partenariat, l'aide française se modernise, en répondant aux principaux objectifs recherchés dans le cadre de la réforme de notre politique de coopération :
- d'abord, le DCP apporte plus d'efficacité et de visibilité, en veillant à concentrer notre aide sur trois secteurs prioritaires choisis parmi les sept secteurs contribuant à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement : en évitant le saupoudrage, il s'agit de rendre notre aide plus percutante, et donc plus efficace ;
- ensuite, une meilleure complémentarité des interventions de la France avec celles de ses autres partenaires est recherchée, en privilégiant les cofinancements et les synergies susceptibles de démultiplier nos efforts conjoints ;
- par ailleurs, une meilleure cohérence des interventions françaises est également recherchée, puisque le DCP veille à coordonner l'ensemble des acteurs publics de l'aide française - l'Etat, l'Agence française de Développement, les collectivités territoriales, ou encore certains organismes de recherche -, ainsi que les ONG et les entreprises ;
- enfin, le DCP privilégie le dialogue avec le pays bénéficiaire, en veillant à la prise en compte de sa stratégie nationale de réduction de la pauvreté, et en faisant en sorte que les secteurs prioritaires soient fixés en accord avec lui, dans le cadre d'un véritable partenariat.
Le document-cadre de partenariat que nous allons signer dans quelques instants est donc tout cela à la fois : un instrument plus concentré, plus efficace, plus cohérent, plus prévisible, et plus partenarial.
Au total, il représente un engagement financier d'environ 130 millions d'euros que la France entend consacrer au développement du Tchad au cours de la période 2006-2010.
80 % de cet engagement sera consacré aux trois grands secteurs prioritaires sur lesquels nous sommes convenus de concentrer notre effort. Ces trois priorités sont l'éducation de base, l'eau et l'assainissement, et enfin la santé et la lutte contre le sida :
- au titre de l'éducation de base, il s'agira pour nous de vous aider au renforcement du pilotage de votre système éducatif, d'appuyer la formation de vos maîtres, ou encore de vous fournir des intrants pédagogiques. Ce faisant, nous souhaitons pouvoir améliorer le taux d'achèvement du cycle primaire qui n'est encore que de 38 % ;
- au titre de l'eau et de l'assainissement, notre effort portera à la fois sur la distribution d'eau potable à Ndjamena et sur l'hydraulique rurale, notamment en direction des éleveurs dans le cadre d'un Schéma directeur de l'eau et de l'assainissement. L'enjeu est essentiel, lorsque l'on sait que 30 % seulement de la population tchadienne bénéficie d'un accès permanent à l'eau potable. Dans la zone pastorale, la France se fixe donc pour objectif de franchir la barre des 1 000 points d'eau, et de réduire de plus de 20 % le nombre de conflits entre agriculteurs et éleveurs à échéance 2008 ;
- enfin, dans le domaine de la santé et de la lutte contre le sida, l'effort de la France portera à la fois sur les infrastructures, avec l'achèvement de la construction de deux hôpitaux de district et de centres de santé dans les régions du Lac et du Kanem, et sur les modes d'organisation, avec le renforcement de l'équipement et de l'organisation des urgences hospitalières ou le renforcement des réseaux de prévention et de prise en charge en santé maternelle. L'appui à la lutte contre le sida comprendra également une dimension opérationnelle, avec la création d'un hôpital de jour au sein de l'hôpital général de référence de Ndjamena, et une dimension d'appui institutionnel au fonctionnement du Fonds mondial.
Au-delà de ces secteurs prioritaires, l'aide française continuera également à intervenir dans deux domaines dits "transversaux" : la gouvernance et l'Etat de droit, d'une part, et la francophonie et l'enseignement supérieur, d'autre part.
Je souhaite en particulier insister sur la gouvernance, dont chacun sait qu'elle est une condition indispensable au développement. En la matière, nous faisons confiance à nos partenaires tchadiens pour mettre en oeuvre les mesures qui s'imposent. C'est de notre intérêt à tous, et je me permets de le dire avec toute la franchise qu'autorise notre amitié. La perspective prochaine de perception par le Tchad d'importants revenus pétroliers rend encore plus indispensable cette exigence de bonne gouvernance et de transparence. A l'instar des autres bailleurs de fonds, la France entend donc apporter sa contribution à la mise en place des instruments nécessaires - je pense en particulier au plan d'action pour la modernisation des finances publiques. Sachez que la France sera à vos côtés pour accompagner vos efforts de restructuration de certaines de vos administrations et de formation des cadres.
Car le document-cadre de partenariat que nous allons signer n'est pas un texte rigide qui fige notre coopération jusqu'en 2010. Au contraire, il s'agit d'une feuille de route dynamique, qui trace une perspective qu'il nous faudra évaluer au fur et à mesure de sa mise en oeuvre, afin de procéder le cas échéant aux ajustements qui pourraient s'avérer nécessaires.
Ces évaluations pourront aussi être l'occasion de compléter l'exercice, par exemple en y incluant la coopération militaire dont je connais l'importance au Tchad. Je forme aussi le voeu que les projets de coopération décentralisée, tout comme les actions portées par la société civile, soient mieux intégrés et pris en compte.
Je pense aussi au secteur rural et à la sécurité alimentaire, domaines pour lesquels le Tchad a souhaité nous confier la responsabilité de chef de file des bailleurs de fonds, et qui nécessiteront probablement des adaptations. S'agissant plus particulièrement de la filière coton, qui fait vivre deux millions de Tchadiens, je souhaite d'ores et déjà vous confirmer que l'Agence française de Développement est prête à intervenir dans votre pays, dès lors que seront remplies les conditions prévues par la feuille de route partagée avec l'ensemble des donateurs, au premier rang desquels figurent la Banque mondiale et la Commission européenne.
Mais afin de bien montrer que ce DCP est dès à présent un document concret et opérationnel, nous allons également signer ce matin ce qui peut être considéré comme l'une de ses toutes premières déclinaisons, en l'occurrence le protocole d'accord relatif à la nouvelle enveloppe du Fonds social de Développement (FSD) pour un montant de 2 millions d'euros, soit plus d'un milliard trois cents millions de FCFA.
Monsieur le Ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration africaine,
Je sais l'importance pour le Tchad de cet instrument en matière de lutte contre la pauvreté et de réponse aux besoins essentiels des populations, avec en corollaire l'objectif de renforcement des capacités des ONG, des groupements de quartiers, et des associations, notamment de femmes.
Messieurs les Ministres,
Pour conclure, ce nouveau cadre de partenariat que nous nous apprêtons à signer est révélateur de la confiance que la France place dans le Tchad, mais il est aussi à la hauteur de ses fortes attentes en matière de réformes politiques et économiques, indispensables au développement durable de votre pays.
Au-delà, c'est toute l'estime et l'amitié de la France que je suis venue vous redire aujourd'hui, et qui fonde son engagement à vos côtés.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 juin 2006