Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'aide française au Cameroun, à Yaoundé le 22 juin 2006.

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Intervenant(s) : 
  • Brigitte Girardin - Ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie

Circonstance : Déplacement au Cameroun, les 21 et 22 juin-signature du document-cadre de partenariat et du contrat de désendettement et de développement, à Yaoundé le 22 juin 2006

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse de pouvoir signer aujourd'hui avec vous, à Yaoundé, le Document-Cadre de Partenariat (DCP) et le C2D (Contrat de désendettement et de développement) camerounais qui vont couvrir la période 2006-2010.
Cette signature inaugure en effet une nouvelle ère dans les relations de coopération entre nos deux pays, et ce à plusieurs titres.
Je pense tout d'abord à l'ampleur des montants concernés. Le seul C2D porte sur un montant de plus de 500 millions d'euros sur cinq ans, auxquels viendront s'ajouter les autres financements de l'aide française que sont notamment l'assistance technique et le Fonds de solidarité prioritaire (FSP). Il s'agit d'ailleurs du C2D le plus important jamais signé par la France, et qui permettra au Cameroun de disposer de volumes d'aide sans précédent, de l'ordre de 65 à 70 milliards de FCFA par an.
Le C2D camerounais va donc pouvoir contribuer de manière significative au développement du Cameroun. Je pense notamment aux constructions d'infrastructures ou à la conduite des politiques d'enseignement, de santé ou de développement agricole. Son ampleur nous obligera d'ailleurs à une coordination renforcée avec les autres bailleurs de fonds, en prenant en compte tous les financements disponibles. Je pense notamment à l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) - à laquelle la France participe pour un 1/3 environ - mais aussi à l'initiative d'annulation de la dette multilatérale (IADM) : ces deux initiatives représentent chacune 60 milliards de FCFA par an d'allègements pour le budget de l'Etat. Au total, le Cameroun va donc bénéficier de financements supplémentaires de l'ordre de 300 millions d'euros par an, soit 200 milliards de FCFA. Ces sommes sont considérables, et il importe donc que tous ces financements, qu'il s'agisse d'allègements de dette ou d'interventions des autres bailleurs multilatéraux et bilatéraux, soient bien complémentaires, et qu'ils interviennent en synergie. Tous ces financements doivent être mis au service de la réalisation des objectifs du Document stratégique de réduction de la pauvreté que votre pays a adopté en 2003.
Mais si cette signature inaugure une ère nouvelle, c'est aussi en raison de la recherche d'une plus forte concentration de notre aide. Ce souci correspond aux orientations voulues par la réforme de notre politique de coopération : nous cherchons désormais à concentrer nos appuis, pour plus d'efficacité et de visibilité. Le DCP répond donc à cette préoccupation, en limitant notre intervention aux domaines prioritaires suivants :
Tout d'abord, l'amélioration de la gouvernance et le renforcement institutionnel qui constitue une thématique transversale ;

Ensuite, quatre programmes sectoriels de concentration, qui concernent plus particulièrement le C2D, pour aider à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement :

  • la santé et la lutte contre le Sida ;
  • l'éducation de base ;
  • les infrastructures ;
  • l'agriculture et la sécurité alimentaire.

Enfin, un programme sectoriel hors concentration et deux programmes transversaux :

  • l'environnement et la protection de la biodiversité ;
  • l'enseignement supérieur et la recherche ;
  • la promotion de la diversité culturelle.

Si cette signature inaugure une ère nouvelle entre nous, c'est encore en raison de la plus grande prévisibilité de l'aide française. Jusqu'ici, notre coopération a en effet régulièrement souffert de son manque de prévisibilité. Dorénavant, le mécanisme de refinancement prévu par le C2D, dont les volumes sont connus par avance avec précision, permet une programmation sereine dans un horizon de moyen terme. Cette prévisibilité est appréciable pour la bonne mise en oeuvre des documents de politiques économiques et de développement. Je pense notamment au Document stratégique de réduction de la pauvreté et à ses déclinaisons que sont les stratégies sectorielles.
Bien entendu, la mise en place de ces nouveaux instruments ne signifie pas pour autant la fin de nos interventions plus traditionnelles dans le domaine de la promotion de la diversité culturelle ou du soutien à la francophonie. Nous continuerons donc à soutenir la promotion de la diversité culturelle à travers notre réseau, particulièrement important au Cameroun, avec deux centres culturels et quatre alliances franco-camerounaises. Nous poursuivrons également notre politique de soutien à l'amélioration de l'offre culturelle, au développement de la lecture publique, et à l'enseignement du français.

Mais je ne vous cacherai pas, Monsieur le Premier ministre, que la réussite du DCP comme celle du C2D reste fondée sur au moins deux paris :

  • d'abord sur l'engagement des autorités du Cameroun à créer les conditions nécessaires au retour d'une croissance économique saine par la dynamisation du secteur privé formel, seul "vrai moteur" d'un développement durable, ce qui suppose la création d'un cadre fiscal et juridique sécurisé indispensable à l'amélioration du climat des affaires ;
  • ensuite, sur la volonté réelle des autorités d'améliorer la gestion des finances publiques et de lutter contre la corruption. Nous vous faisons confiance pour agir en ce sens, en vous rappelant notre vigilance.

Pour ma part, j'ai le sentiment que les autorités camerounaises ont désormais à la fois les moyens :

  • de mieux répondre aux préoccupations sociales des populations ;
  • et de mieux tirer parti, à travers le développement des infrastructures routières, de l'atout que constitue la CEMAC (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale), a fortiori dans un contexte politique régional qui s'apaise.

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Pour conclure, je voudrais souligner notre souhait partagé de transparence dans la mise en oeuvre de ce nouveau cadre de partenariat. Avec vous, nous avons prévu la mise en place de dispositifs de suivi qui associeront toutes les parties (autorités camerounaises et françaises, sociétés civiles camerounaises et françaises, parlementaires, secteur privé).
Au total, j'ai la conviction que cette double signature consacre bien la mise en place de ce nouveau cadre de coopération entre nos deux pays. En cela, elle est aussi le témoignage concret du prix et de l'importance que la France attache à sa relation avec le Cameroun.
Je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 juin 2006