Texte intégral
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, Cheikh Khalifa Bin Jassem Al Thani,
Monsieur le Président de Qatar Businessmen Association, Cheikh Faycal Bin Qassem Al Thani,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'être au Qatar en visite aujourd'hui pour des entretiens non seulement politiques qui permettront un échange de vues approfondi sur les problèmes de la région. Ces problèmes nous préoccupent tous, que ce soit la situation en Palestine, le conflit israélo-palestinien, le dossier nucléaire iranien ou encore l'Irak. Je suis très honoré d'être reçu, au cours de cette matinée, en audience par Son Altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, Emir de l'Etat du Qatar, et d'avoir des entretiens avec Cheikh Hamad Bin Jassem Al Thani, Premier vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères.
Mais j'ai tenu à ce que ma visite ait également une dimension économique forte. Dès ma prise de fonctions, j'ai entamé une réflexion sur la présence économique de la France dans une région du monde ou elle compte de nombreux amis et des intérêts vitaux pour son économie. J'ai réuni autour de moi, le 24 novembre dernier, les chefs des plus grandes entreprises françaises pour entamer une réflexion en profondeur sur les atouts sur lesquels la France pourrait s'appuyer et les déficits qui les entravent.
De cette réflexion nous avons pu dégager des axes qui guideront notre action future dans la région :
- Il s'agit avant tout de définir une vision stratégique à notre présence dans la région. De définir nos priorités et de veiller à ce qu'elles soient en accord avec les besoins de développement de nos partenaires et je voudrais insister sur ce sujet.
- Dans un deuxième temps nous devons réfléchir à notre action sur les marchés de la région en trouvant les moyens de mieux associer les PME à notre stratégie commerciale.
- Il nous faut enfin donner un signal fort aux investisseurs du Golfe et leur offrir des opportunités pour investir dans certaines entreprises françaises.
Le Qatar ambitionne d'investir 130 milliards de dollars dans les huit prochaines années pour renforcer ses infrastructures. La France, l'un des premiers partenaires commerciaux de votre pays, accompagne son développement depuis de nombreuses années. Dans le domaine des hydrocarbures, le groupe Total présent depuis soixante dix ans au Qatar, nous en parlions à l'instant Monsieur le Président, développe ses activités dans l'exploration, la production et l'aval du secteur du pétrole, du GNL et de la pétrochimie. Sur les cinq grands projets hors hydrocarbures - 40 milliards de dollars américains d'investissements sur les cinq prochaines années -, les groupes français sont de plus en plus motivés. En témoignent les contrats remportés - FCB Ciment, AREVA, DEGREMONT - en 2005 et la présence française sur les projets à l'étude ou en cours d'appels d'offres - aéroport international, port de Doha, centrale électrique de Messaeid, fonderie d'aluminium, transports urbains et ferroviaires, Causeway Bahrein/Qatar, hôpital militaire. Par ailleurs, les institutions financières françaises sont intéressées à l'ouverture progressive du Qatar : la récente création du centre financier international présente de réelles opportunités ; la réorganisation de l'autorité des investissements qatariens à l'étranger et de son bureau à Paris profite à l'accroissement des investissements qatariens en France.
La France est également présente sur les grands chantiers qatariens de sécurité. Ces domaines peuvent être autant d'opportunités commerciales pour nos entreprises. Le Salon MILIPOL qui se tient alternativement au Qatar et en France depuis 1996 est la preuve de la vitalité de ce secteur.
Il est également un domaine où nos amis qatariens nous demandent d'être plus présents : c'est celui des PME/PMI. Cette dimension a été rappelée notamment lors de la récente visite du Premier ministre qatarien à Paris, en avril dernier. A un moment ou votre pays connaît un taux de croissance exceptionnel, nos entreprises doivent accompagner ce développement dans tous les secteurs. Je sais que de nombreuses entreprises se sont implantées au Qatar depuis des décennies. Elles ont su nouer des relations historiques avec votre pays. Je souhaite que d'autres, dans des secteurs nouveaux, les rejoignent. Plus que jamais, à l'heure de la mondialisation, nous devons travailler ensemble.
C'est pourquoi je suis venu accompagné de chefs d'entreprises, représentatifs de secteurs d'intérêt commun, porteurs pour le développement de notre relation bilatérale et particulièrement adaptés pour accompagner et contribuer au développement des infrastructures, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Sur ces deux derniers points, je suis également très heureux de rencontrer également Son Altesse Cheikha Moza Bint Nasser Al Misnad, présidente de la Fondation du Qatar pour l'éducation, la science et le développement social, pour évoquer les projets dans ce secteur et les moyens de renforcer la relation avec les institutions françaises de recherche et d'enseignement.
Je tiens particulièrement à signaler la présence dans ma délégation de représentants :
- du secteur des biotechnologies, dans son aspect recherche et développement, qui ont déjà effectué une première mission exploratoire il y a deux semaines au Qatar ;
- du secteur pharmaceutique, où les grands groupes français sont bien positionnés dans la compétition mondiale ;
- du secteur des transports urbains et ferroviaires. La France a une grande expérience dans ce domaine, qu'il s'agisse de transports métropolitains ou de trains à grande vitesse ;
- du secteur des télécommunications, bien représenté au Qatar au sein de la compagnie Q-Tel et dans lequel il existe de réelles opportunités de partenariat entre nos deux sociétés de télécommunication ;
- du secteur des grands projets d'infrastructures et de la construction. Il y a de nombreux projets au Qatar dans ce domaine, qui intéressent les sociétés françaises.
La France est bien consciente de la croissance exponentielle que connaissent actuellement l'économie et l'industrie du Qatar. Les entreprises françaises souhaitent vivement participer à ce fort développement qui concerne tous les secteurs. Depuis plusieurs mois, les pouvoirs publics et les associations professionnelles sont mobilisés, sachez-le, pour accroître substantiellement les échanges économiques et commerciaux entre nos deux pays. Je suis personnellement convaincu que nous devons ensemble faire mieux et c'est la raison pour laquelle j'ai souhaité réunir il y a quelques mois à Paris les grands groupes industriels et de service français pour réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre dans cette perspective. La zone du Golfe doit, à mon sens, être prioritaire et les partenariats stratégiques déjà établis avec quelques grands groupes - je pense à Total, Eads, Air Liquide, Technip -, doivent être des exemples à suivre pour de nouveaux partenariats dans les secteurs hors hydrocarbures. Comme ministre des Affaires étrangères, je me considère à votre disposition pour développer ces relations économiques.
Je voudrais pour terminer souligner un aspect qui me paraît fondamental : les entreprises doivent s'adapter aux évolutions du pays et des conditions d'implantation. La clé du succès passe très souvent par une association étroite avec des entreprises locales. Je suis heureux de constater que le mouvement est bien engagé et commence à porter ses fruits. Il y a quelques jours, une entreprise française, la société Bourbon, spécialisée dans le domaine des services maritimes pour les plate-formes offshore, a inauguré son implantation locale avec un partenaire qatarien. De façon plus générale, nous avons enregistré depuis 2005 un accroissement sensible du nombre de grands contrats remportés par des sociétés françaises.
Pour toutes ces nouvelles initiatives, les institutions locales ont joué un rôle fondamental d'accueil et de conseil : je pense bien sûr à la Qatari Businessmen Association, à la Chambre de commerce et d'industrie de Doha et au Club d'affaires France-Qatar.
Pour terminer, je voudrais vous dire que nous sommes heureux bien sûr d'être ici pour développer nos relations, bien sûr cela va sans dire, politiques, et aussi économiques. Enfin je voudrais vous dire que nous considérons que notre relation économique doit être basée sur des partenariats. Il ne s'agit pas de venir ici sans se soucier de ce qui s'y passe. Il faut au contraire se tendre la main mutuellement pour développer les sociétés françaises au Qatar et pour recevoir les Qatariens en France.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 juin 2006