Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'aide française au Bénin, à Paris le 28 juin 2006.

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Intervenant(s) : 
  • Brigitte Girardin - Ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie

Circonstance : Diner offert en l'honneur du Président de la République du Bénin, M. Thomas Boni Yayi, à Paris le 28 juin 2006

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,

Je suis heureuse de vous accueillir ce soir au Palais des Affaires étrangères, ainsi que tous les membres de votre délégation. Permettez-moi de vous souhaiter une chaleureuse bienvenue dans notre pays où, compte tenu des liens qui unissent depuis si longtemps nos deux peuples, vous êtes un peu chez vous.
Pour votre premier déplacement officiel hors du continent africain, vous avez choisi de répondre à l'invitation du président de la République. J'y vois la marque évidente de la qualité particulière des relations qu'entretiennent nos deux pays, marquées du sceau de l'amitié, de la confiance et de la solidarité.
Monsieur le Président, vous venez d'être porté à la magistrature suprême au terme d'un processus électoral qui, en dépit de quelques vicissitudes, a connu un heureux dénouement grâce à la maturité politique de vos concitoyens et à leur attachement à la démocratie. Le résultat que vous avez obtenu vous confère une légitimité incontestable et a clairement exprimé l'aspiration au changement du peuple béninois. Cette élection réussie, qui s'est déroulée dans des conditions très satisfaisantes, a donc marqué une nouvelle étape de l'enracinement de la démocratie dans votre pays et sur le continent africain. Une fois de plus, le Bénin a fait figure d'exemple.
C'est au Bénin, en effet, que fut donné en 1990 le signal de la démocratisation en Afrique, avec la tenue de la première conférence nationale des forces vives de la Nation qui allait aboutir à l'instauration d'un régime démocratique. Cet exemple devait être suivi par bien d'autres pays sur le continent avec, il est vrai, des fortunes diverses.

Mais tout au long de ces quinze dernières années, vos compatriotes ont montré leur attachement sans faille à un processus, désormais irréversible, qui a fait du Bénin un Etat de droit :

  • où les libertés publiques et individuelles sont respectées,
  • où la liberté de la presse est une réalité,
  • où la société civile joue un rôle important et peut s'exprimer sans entrave.

Nous avons assisté à l'émergence d'une véritable conscience citoyenne, qui s'est notamment manifestée lors de la dernière élection présidentielle.
Naturellement, de nombreux défis restent à relever, et particulièrement dans le domaine économique. Cette exigence, vous l'avez bien comprise car vous avez fait du développement économique et social de votre pays la priorité de votre gouvernement.
D'ores et déjà, vous vous êtes attaqué de front aux problèmes les plus urgents, notamment à ceux de la filière cotonnière et du port de Cotonou qui constituent les deux poumons de l'économie béninoise. Vous oeuvrez pour l'assainissement des finances publiques, l'instauration d'une bonne gouvernance, et la restauration de la confiance dans l'Etat.
La tâche est immense, Monsieur le Président, et les aspirations de votre peuple à un avenir meilleur ne le sont pas moins, mais nous connaissons votre détermination, vos compétences, votre ardeur au travail et votre dévouement sans faille pour le Bénin.
Je ne doute pas que vous réussirez dans cette difficile et exaltante mission. La France, attentive à vos efforts, entend être à vos côtés et soutenir l'action de votre gouvernement dans les priorités que vous vous êtes fixées.
Comme vous le savez, notre coopération s'articule désormais suivant les priorités définies d'un commun accord dans le Document cadre de partenariat signé ici-même, l'an passé, lors de la dernière visite de votre prédécesseur. La réalisation des objectifs de développement pour le millénaire constitue pour nous tous une ardente obligation.
Trois d'entre eux ont été retenus comme secteurs prioritaires de notre coopération : l'éducation, le développement rural et les infrastructures. C'est donc en parfaite cohérence avec notre Document cadre de partenariat que nous venons d'assister à la signature avec l'AFD de deux conventions de financement d'un montant total de 26 millions d'euros, et concernant des projets d'infrastructures de base devant être réalisés à Cotonou, ainsi que le programme " éducation pour tous ".

Ces deux conventions s'inscrivent parfaitement dans le cadre de notre partenariat rénové. Par ailleurs, afin d'appuyer les efforts de redressement de votre gouvernement, l'aide budgétaire consentie par la France au titre de l'année 2006 sera substantiellement augmentée. Et au-delà, notre coopération poursuit ses programmes dans de nombreux secteurs :

  • le domaine agricole, et notamment la filière coton,
  • l'hydraulique villageoise,
  • l'enseignement supérieur et la recherche,
  • l'appui aux réformes des administrations financières,
  • la décentralisation,
  • la sécurité intérieure et la santé.

Je rappelle également que de nombreuses collectivités locales françaises entretiennent des liens étroits avec les municipalités béninoises, issues des élections municipales de 2002. Cette coopération de proximité, particulièrement active au Bénin, est appelée à se développer encore.
Comme vous le savez, l'aide publique ne saurait, à elle seule, subvenir à tous vos besoins. Une croissance économique soutenue est donc nécessaire pour accéder à un développement durable. A cet égard, les entreprises françaises, dont vous rencontrerez des représentants au MEDEF, sont disposées à renforcer leur présence dans votre pays dès que sera confirmée la volonté de votre gouvernement d'avancer dans les indispensables réformes économiques structurelles, et dans l'amélioration de la sécurité juridique des investissements.
Monsieur le Président, parce que nous partageons la même langue, la même culture et sommes attachés aux même valeurs, la relation entre nos deux pays revêt un caractère particulier. La France est particulièrement attentive au devenir de votre pays qui a su préserver la paix et conserver son unité dans un environnement régional troublé.
Je n'oublie pas notamment l'engagement du Bénin dans les opérations de maintien de la paix de l'ONU, de la CEDEAO, mais aussi le rôle important joué par votre contingent en Côte d'Ivoire où, aux côtés de la force Licorne, vous oeuvrez au quotidien pour restaurer la paix dans ce pays meurtri.
Monsieur le Président, avec votre accession au pouvoir, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour le Bénin. A cette occasion, je souhaite donc vous renouveler l'engagement de la France à vos côtés, et je forme le voeu que vous réussissiez dans l'importante mission qui vous a été confiée par vos compatriotes.
Je lève mon verre à la coopération et à l'amitié entre nos deux pays.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juin 2006