Texte intégral
Monsieur le Président de la République,
C'est à la fois un honneur et un réel plaisir pour moi de vous accueillir aujourd'hui au Palais des Affaires étrangères, dans le cadre de la visite officielle que vous effectuez dans notre pays. Je conserve en effet un souvenir fort de ma visite en Haïti en septembre 2005, au cours de laquelle j'étais venue rappeler le soutien résolu de la France à un processus électoral qui soit démocratique et pacifié.
Tel a bien été le cas, Monsieur le Président, et la France a salué votre élection et a apprécié les conditions dans lesquelles elle a été acquise - je pense notamment à la forte participation. Nous relevons également avec satisfaction le consensus dont vous bénéficiez depuis votre élection, et qui n'a, je crois, guère d'équivalent dans l'histoire de votre pays, en tout cas dans son histoire contemporaine. Il est effectivement essentiel que tous les Haïtiens unissent leurs efforts, dans un esprit d'ouverture et de responsabilité.
Votre pays est confronté à de grands défis. Je pense, en particulier, aux difficultés sociales qui affectent votre peuple dont l'attente est forte. Comme vous-même, je suis consciente de l'importance et de l'urgence de cette question sociale. Je pense aussi à l'insécurité, qui est largement la conséquence de cette misère, mais qui développe également sa logique propre. Je mesure la difficulté de la situation, mais il est indispensable de combattre cette insécurité et cette violence avec détermination.
Ce que je souhaite surtout vous dire, c'est que la France est déterminée à vous apporter tout le soutien possible pour vous aider dans la tâche immense qui vous attend.
Car notre histoire commune, bien que mouvementée, a créé des liens très forts entre nous : nous partageons la même langue, avec tout ce que cela implique - je pense notamment au grand débat sur la diversité culturelle. Des valeurs qui nous sont communes ont forgé l'identité haïtienne. J'ajoute que la France a aussi un intérêt particulier à la stabilité et au développement d'Haïti, de par la proximité géographique de ses départements des Antilles et de la Guyane.
C'est donc pour toutes ces raisons que la France est résolument à vos côtés, et pas seulement au niveau de l'Etat.
Je ne doute pas que nos entreprises, dès que l'amélioration constatée en matière de sécurité apparaîtra consolidée, apporteront, à l'instar de celles qui sont déjà engagées, leur contribution à l'investissement privé qui constitue l'une de vos priorités et sans lequel il n'y aura ni développement durable, ni solution aux problèmes sociaux que j'évoquais précédemment. Or, les secteurs dans lesquels Haïti aura besoin d'investissements dans les années à venir, sont aussi les domaines d'excellence des entreprises françaises : tourisme, travaux publics et infrastructures, services publics, télécommunications, agroalimentaire.
Par ailleurs, je m'efforcerai de faciliter l'action des villes et régions qui souhaitent développer des coopérations décentralisées, mais aussi les projets des ONG et des nombreuses institutions universitaires ou de recherche qui veulent s'engager à vos côtés en Haïti. C'est, me semble-t-il, la spécificité de la coopération française - héritage, sans nul doute, de notre passé commun - que de pouvoir ainsi mobiliser toutes les forces vives de notre société.
Je considère également qu'il est essentiel de vous aider à mobiliser votre diaspora de haut niveau de formation, qui doit constituer un réel atout pour votre pays. Je sais que c'est l'une de vos principales préoccupations, Monsieur le Président. Sachez donc que c'est une nouvelle priorité du gouvernement français, confirmée par le comité interministériel que le Premier ministre a présidé la semaine dernière, et qui a fait de cette mobilisation des migrants au service de leur pays d'origine, un axe essentiel de notre coopération au développement.
Bien entendu, la France demeurera également, comme elle l'a toujours été, l'avocate d'Haïti auprès des autres bailleurs de fonds. Auprès de l'Union européenne, bien sûr, qui est désormais en Haïti le premier bailleur de fonds, et dont nous finançons les programmes pour près du quart. Mais aussi auprès des grandes organisations multilatérales, Banque mondiale et FMI en particulier - et je crois important à cet égard que vous soyez éligibles à l'initiative sur la dette.
Au-delà, vous savez que vous pouvez compter sur le soutien de la communauté internationale, et que celle-ci est déterminée à s'engager dans la durée à vos côtés. Quand j'évoque une nécessaire continuité, je ne pense pas seulement au maintien de la MINUSTAH que vous avez demandé à juste titre, mais également à l'aide au développement.
Monsieur le Président de la République,
Comme vous, je crois profondément que c'est d'abord aux Haïtiens de prendre en charge leur développement. Ceux-ci doivent être en mesure de définir le "plan de la maison Haïti" que vous évoquiez il y a quelques jours.
Mais il faut que vous sachiez que la France est prête à vous apporter son aide et son concours, dans le respect de la stratégie de développement que vous aurez choisie. Et c'est pourquoi je vous propose que nous nous attelions rapidement, ensemble, à la rédaction d'un document-cadre de partenariat qui nous permette de définir pour les cinq prochaines années les axes prioritaires sur lesquels vous souhaitez que la France concentre ses moyens de coopération. Il s'agit ainsi de marquer avec force et détermination, le renouveau de nos relations bilatérales. Et pour ce faire, le volume de notre coopération augmentera sensiblement dans les mois et les années à venir.
C'est donc ce renouveau que j'appelle de mes voeux ce soir, Monsieur le Président, mais c'est aussi au plein succès dans l'exercice de vos éminentes fonctions et à l'amitié entre nos deux pays que je souhaite lever mon verre.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juillet 2006