Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec France 3 le 30 juin 2006, sur les pays participants au projet UNITAID et sur l'offensive militaire israélienne à Gaza et les arrestations de dirigeants politiques du Hamas.

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Média : France 3

Texte intégral

Q - On a bien compris l'objectif humanitaire d'UNITAID mais finalement dans le monde, peu de pays vous suivent, même pas l'Union européenne, pourquoi ?
R - Ce n'est pas vrai. Nous en sommes maintenant à 43 pays et non pas 14, comme vous venez de le dire. En particulier, dans l'Union européenne, il y a le Luxembourg, le Royaume-Uni et l'Espagne, qui a décidé maintenant de venir nous rejoindre. Et puis, je suis sûr que très bientôt l'Autriche, l'Italie et d'autres pays vont venir. L'Allemagne est en train de délibérer pour savoir si le produit de la taxe sur les billets d'avion sera entièrement versé à UNITAID ou s'il sera affecté à l'Aide publique au développement.
Ce n'est pas seulement une question humanitaire ou une question éthique et morale, c'est une question politique. Si vous voulez aujourd'hui comprendre quelque chose dans le monde, c'est qu'il est menacé d'instabilité par la pauvreté de plus en plus importante dans les pays du Sud. Cela va créer, si on n'y prend pas garde, une immigration énorme vers les pays du Nord. Ce ne sont pas les lois, ce ne seront pas les militaires qui arrêteront des centaines de milliers de gens, qui viendront parce qu'ils mourront faute de médicaments, de faim ou de soif.
Il faut s'occuper des pays pauvres, c'est un élément majeur. Lorsqu'on prend un billet d'avion, un euro - parce que je voudrais dire que c'est un euro pour aller en France, un euro pour aller en Europe et quatre euros pour faire les grands voyages internationaux -, c'est peu.
Je crois qu'on peut le faire à condition que cela serve à l'achat de médicaments auprès de l'industrie pharmaceutique qui pourra ainsi casser les prix.

Q - Monsieur le Ministre, j'aimerais que vous réagissez à présent à l'offensive militaire à Gaza, l'enlèvement d'un soldat israélien justifie-t-il toutes ces arrestations qui décapitent le Hamas pourtant issu des urnes ?
R - Nous avons dit, comme le Secrétaire général des Nations unies, qu'il fallait maintenant entamer une négociation politique pour amorcer un processus de désescalade. La violence ne servira strictement à rien. Nous pensons que l'armée israélienne devrait avoir plus de retenue, et en tout cas éviter qu'il y ait des morts civils. Mais nous avons également demandé à l'Autorité palestinienne de tout faire pour qu'il n'y ait pas de tirs de roquette. Enfin nous avons condamné les arrestations de personnel politique : membres du gouvernement et parlementaires palestiniens.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 juillet 2006