Texte intégral
Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Jean-François Lamour. Le tour de France démarre samedi, à Strasbourg. Ses responsables attendent les documents officiels provenant de la justice.
Jean-François Lamour : Venant du côté espagnol, évidemment.
Q- Que vous avez ?
R- Je ne les ai pas, bien évidemment.
Q- Vous les aurez dans la journée ?
R- Oui. Mais je pense que les organisateurs ne vont pas tarder à les avoir en mains. Alors, on dit liste, ou pas, d'ailleurs. Information, en tout cas, utilisable, officielle. Aujourd'hui, sur quoi se base-t-on ? Uniquement sur des informations qui transitent par la presse. Et on a vu, d'ailleurs, les organisateurs du Tour vouloir interdire, à l'équipe Astana, le départ du tour de France. Et puis, le tribunal arbitral du sport leur a dit qu'il comprenait bien qu'ils souhaitaient protéger le tour, mais les informations ne sont pas suffisamment officielles, crédibles, pour interdire. Donc, ils ont été réintégrés. Ce que nous attendons, maintenant, ce sont des documents officiels.
Q- Vous les aurez dans la journée, parce que vous avez un contact régulier avec votre homologue espagnol.
R- Avec mon collègue, Jaime Lissavetsky, qui a fait un travail remarquable en matière de lutte contre le dopage.
Q- Aurez-vous les documents dans la journée ?
R- Je pense que ces documents sont en train d'arriver, non pas au ministère des Sports, mais là où ils sont utiles, au travers de l'action de la fédération espagnole de cyclisme. C'est-à-dire, d'une part vers les organisateurs du Tour et, d'autre par, vers l'U.C.I. Ensuite, quand ces documents auront été expertisés, analysés - pour voir exactement ce qu'il y a dedans - je pense que ce sera aux directeurs des équipes concernées de voir si, oui ou non, les coureurs respectent la charte d'éthique qui a été établie, rédigée par ces équipes. Et puis, deuxièmement, aussi, c'est à l'U.C.I de prendre ses responsabilités. A dire, avec les organisateurs du Tour, si vraiment les éléments sont tangibles, que ces coureurs n'ont pas à prendre le départ du tour.
Q- Que souhaitez-vous, Jean-François Lamour ?
R- Je vais vous dire surtout ce que j'ai fait, avant les Jeux Olympiques de 2004.
Q- Non ! Que souhaitez-vous pour ce Tour de France ? On ne va pas parler des Jeux Olympiques 2004 !
R- Si, je vais vous en parler, justement. J'ai interdit à des athlètes de participer aux Jeux Olympiques, parce qu'ils étaient mis en examen dans des affaires de lutte contre le trafic de produits dopants. Je pense que les organisateurs, évidemment - et j'en suis convaincu - prendront leurs responsabilités, prendront les bonnes décisions. Voilà ! J'en ai assez que ce Tour soit malmené ! A chaque fois, on montre du doigt cette magnifique épreuve, qui est un spectacle gratuit pour tous les Français, et tous les amoureux de sport. Donc, il faut que ce Tour parte dans de bonnes conditions. C'est-à-dire que la charge d'éthique soit respectée par tous les coureurs, en fonction des éléments qui seront transmis aux organisateurs.
Q- Un Tour propre : ce n'est pas le Tour qui est en cause, ce sont certains champions cyclistes.
R- Oui, bien sûr ! Et puis, je crois qu'il faut maintenant que les instances internationales prennent leurs responsabilités. Mais, d'ailleurs, pas simplement eux. L'ensemble des intervenants dans le champ du cyclisme international prennent leurs responsabilités et, qu'enfin, on ait un tour comme on l'aime. C'est-à-dire un tour qui soit une grande fête où les coureurs puissent s'exprimer, mais à égalité.
Q- Irez-vous sur le tour ?
R- Oui, j'irai, bien sûr. J'irai voir une étape, évidemment.
Q- Sans condition ? Même si ces champions, suspectés de dopage, sont dans le peloton ? Irez-vous ?
R- Je suis convaincu que les organisateurs du Tour et l'U.C.I prendront les bonnes décisions. En tout cas, je peux vous assurer que nous y veillerons. Et j'irai, bien évidemment, sur le Tour. La chaise vide, ce n'est jamais la bonne politique dans cette affaire. Il faut être là. Il faut les accompagner, mais il faut être déterminé et efficace.
Q- On parle beaucoup du dopage dans le cyclisme. On n'en parle jamais dans le football. C'est la coupe du monde. Richard Virenque était l'invité de Marc-Olivier Fogiel, jeudi. Il disait qu'il était très étonné qu'il n'y ait aucun contrôle sanguin dans le football.
R- C'est une évolution majeure que doit, maintenant, prendre en charge le football international. Il y a des contrôles. D'ailleurs, les résultats ont été annoncés.
Q- Mais pas de contrôle sanguin !
R- Pas encore de contrôle sanguin. Il y a eu des contrôles sanguins faits juste avant le Tour, ils ont été tous négatifs. Vous voyez bien la limite de l'exercice, en matière de contrôle sanguin, juste avant une compétition. Ce qu'il faut faire, c'est aller chercher les tricheurs là où ils sont pendant leur entraînement. Et je tiens encore une fois à saluer ce qui a été fait au niveau espagnol, parce que, là, enfin, nous allons pouvoir coordonner notre travail au niveau international, ce qu'il n'était pas encore possible de faire. On a maintenant un outil fantastique, c'est le code mondial anti-dopage, et l'Agence Mondiale Anti-dopage. Les mêmes règles pour tout le monde, quel que soit le sport et quels que soient leurs lieux d'entraînement et de compétition. Voilà une avancée majeure. Il faut maintenant la mettre en application.
Q- Il y a quelquefois des tabous. C'était une émission diffusée sur Canal+, en octobre 2003. Johnny Hallyday avait raconté qu'il avait séjourné dans une clinique suisse, spécialisée dans l'oxygénation du sang. Et Johnny Hallyday disait que c'était une clinique qui lui avait été recommandée par Zinedine Zidane : "Il y va deux fois par an, et je le comprends ! "Moi, disait Johnny, ça m'a fait un bien fou". C'est extraordinaire !
R- Je ne sais pas ce qu'a fait Johnny de ses vacances de cette semaine.
Q- Et Zidane non plus ? On ne sait pas. Le dopage dans le foot existe-t-il ?
R- Bien sûr que le dopage existe dans n'importe quel sport, à la marge ou pas. Mais là, on a eu un vrai souci ; c'est qu'en 98, je pense que, dans le cyclisme, on a eu un vrai coup de tonnerre. On nous a dit que c'était terminé, qu'il n'y avait plus de problème. On se rend compte, malheureusement, avec un certain nombre d'affaires, que ça continue. Et, semble-t-il - d'après les informations qui nous viennent d'Espagne - que cela reste encore très organisé.
Q- Et, si cela se trouve, cela existe dans d'autres sports ?
R- Peut-être. Mais, pour l'instant, on n'a pas encore eu les informations nécessaires, malgré les efforts. C'est pour cela qu'est née l'Agence Mondiale Anti-dopage. Son but : être capable d'aller faire des contrôles inopinés sur les lieux d'entraînement des sportifs. Tant que l'on n'est pas capable de faire cela, alors, effectivement, on peut tout suspecter. Alors, basons-nous sur les informations officielles que nous avons, et continuons à avancer. C'est la seule façon d'être efficace en matière de lutte anti-dopage.
Q- Vous serez à Francfort, samedi soir. Un pronostic pour Brésil-France ?
R- La grande fête ! J'espère bien que cette belle équipe de France va continuer son chemin, évidemment. Elle nous a montré quelque chose de fantastique, mardi dernier. Une vraie équipe ! Celle que l'on aime, de 98 et de 2000, avec cette transmission de témoin entre Zidane et Ribéry, qui est un peu le symbole de cette équipe. On l'attendait, cette France. On était un peu déboussolé. On les attendait, ces Bleus. Ils nous ont montré quelque chose de fantastique, en huitième de finale. Alors, il faut que ce soit la fête contre le Brésil et puis, je l'espère, un résultat positif pour les Français.
Q- Une dernière question désagréable, Jean-François Lamour. C'était Amélie Mauresmo, dans "Le Parisien", le 28 mai : "La Suisse, c'est un choix que j'ai fait à cause des impôts". Quand on lit cela, ça fait un peu mal.
R- Oui, bien sûr. Mais il faut, effectivement, faire en sorte que la pression fiscale, dans notre pays, baisse, évidemment.
Q- Et le patriotisme des champions ?
R- Pas simplement pour les hauts revenus, mais pour tous les Français, c'est un des objectifs du gouvernement de Dominique de Villepin.
Q- Non, non ! Le patriotisme des champions ?
R- Le patriotisme s'exprime aussi sur le terrain. On le voit, d'ailleurs, avec nos grands champions. Et sur tous les terrains du monde. On est une nation sportive.
Q- Vous slalomez à travers la question ! On vous croirait champion de ski et non pas champion d'escrime !
R- On attaque et on touche, Monsieur Aphatie !
On attaque et on touche ! Là, il a surtout slalomé, Jean-François Lamour, sur la dernière question. Bonne journée !
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 juillet 2006
Jean-François Lamour : Venant du côté espagnol, évidemment.
Q- Que vous avez ?
R- Je ne les ai pas, bien évidemment.
Q- Vous les aurez dans la journée ?
R- Oui. Mais je pense que les organisateurs ne vont pas tarder à les avoir en mains. Alors, on dit liste, ou pas, d'ailleurs. Information, en tout cas, utilisable, officielle. Aujourd'hui, sur quoi se base-t-on ? Uniquement sur des informations qui transitent par la presse. Et on a vu, d'ailleurs, les organisateurs du Tour vouloir interdire, à l'équipe Astana, le départ du tour de France. Et puis, le tribunal arbitral du sport leur a dit qu'il comprenait bien qu'ils souhaitaient protéger le tour, mais les informations ne sont pas suffisamment officielles, crédibles, pour interdire. Donc, ils ont été réintégrés. Ce que nous attendons, maintenant, ce sont des documents officiels.
Q- Vous les aurez dans la journée, parce que vous avez un contact régulier avec votre homologue espagnol.
R- Avec mon collègue, Jaime Lissavetsky, qui a fait un travail remarquable en matière de lutte contre le dopage.
Q- Aurez-vous les documents dans la journée ?
R- Je pense que ces documents sont en train d'arriver, non pas au ministère des Sports, mais là où ils sont utiles, au travers de l'action de la fédération espagnole de cyclisme. C'est-à-dire, d'une part vers les organisateurs du Tour et, d'autre par, vers l'U.C.I. Ensuite, quand ces documents auront été expertisés, analysés - pour voir exactement ce qu'il y a dedans - je pense que ce sera aux directeurs des équipes concernées de voir si, oui ou non, les coureurs respectent la charte d'éthique qui a été établie, rédigée par ces équipes. Et puis, deuxièmement, aussi, c'est à l'U.C.I de prendre ses responsabilités. A dire, avec les organisateurs du Tour, si vraiment les éléments sont tangibles, que ces coureurs n'ont pas à prendre le départ du tour.
Q- Que souhaitez-vous, Jean-François Lamour ?
R- Je vais vous dire surtout ce que j'ai fait, avant les Jeux Olympiques de 2004.
Q- Non ! Que souhaitez-vous pour ce Tour de France ? On ne va pas parler des Jeux Olympiques 2004 !
R- Si, je vais vous en parler, justement. J'ai interdit à des athlètes de participer aux Jeux Olympiques, parce qu'ils étaient mis en examen dans des affaires de lutte contre le trafic de produits dopants. Je pense que les organisateurs, évidemment - et j'en suis convaincu - prendront leurs responsabilités, prendront les bonnes décisions. Voilà ! J'en ai assez que ce Tour soit malmené ! A chaque fois, on montre du doigt cette magnifique épreuve, qui est un spectacle gratuit pour tous les Français, et tous les amoureux de sport. Donc, il faut que ce Tour parte dans de bonnes conditions. C'est-à-dire que la charge d'éthique soit respectée par tous les coureurs, en fonction des éléments qui seront transmis aux organisateurs.
Q- Un Tour propre : ce n'est pas le Tour qui est en cause, ce sont certains champions cyclistes.
R- Oui, bien sûr ! Et puis, je crois qu'il faut maintenant que les instances internationales prennent leurs responsabilités. Mais, d'ailleurs, pas simplement eux. L'ensemble des intervenants dans le champ du cyclisme international prennent leurs responsabilités et, qu'enfin, on ait un tour comme on l'aime. C'est-à-dire un tour qui soit une grande fête où les coureurs puissent s'exprimer, mais à égalité.
Q- Irez-vous sur le tour ?
R- Oui, j'irai, bien sûr. J'irai voir une étape, évidemment.
Q- Sans condition ? Même si ces champions, suspectés de dopage, sont dans le peloton ? Irez-vous ?
R- Je suis convaincu que les organisateurs du Tour et l'U.C.I prendront les bonnes décisions. En tout cas, je peux vous assurer que nous y veillerons. Et j'irai, bien évidemment, sur le Tour. La chaise vide, ce n'est jamais la bonne politique dans cette affaire. Il faut être là. Il faut les accompagner, mais il faut être déterminé et efficace.
Q- On parle beaucoup du dopage dans le cyclisme. On n'en parle jamais dans le football. C'est la coupe du monde. Richard Virenque était l'invité de Marc-Olivier Fogiel, jeudi. Il disait qu'il était très étonné qu'il n'y ait aucun contrôle sanguin dans le football.
R- C'est une évolution majeure que doit, maintenant, prendre en charge le football international. Il y a des contrôles. D'ailleurs, les résultats ont été annoncés.
Q- Mais pas de contrôle sanguin !
R- Pas encore de contrôle sanguin. Il y a eu des contrôles sanguins faits juste avant le Tour, ils ont été tous négatifs. Vous voyez bien la limite de l'exercice, en matière de contrôle sanguin, juste avant une compétition. Ce qu'il faut faire, c'est aller chercher les tricheurs là où ils sont pendant leur entraînement. Et je tiens encore une fois à saluer ce qui a été fait au niveau espagnol, parce que, là, enfin, nous allons pouvoir coordonner notre travail au niveau international, ce qu'il n'était pas encore possible de faire. On a maintenant un outil fantastique, c'est le code mondial anti-dopage, et l'Agence Mondiale Anti-dopage. Les mêmes règles pour tout le monde, quel que soit le sport et quels que soient leurs lieux d'entraînement et de compétition. Voilà une avancée majeure. Il faut maintenant la mettre en application.
Q- Il y a quelquefois des tabous. C'était une émission diffusée sur Canal+, en octobre 2003. Johnny Hallyday avait raconté qu'il avait séjourné dans une clinique suisse, spécialisée dans l'oxygénation du sang. Et Johnny Hallyday disait que c'était une clinique qui lui avait été recommandée par Zinedine Zidane : "Il y va deux fois par an, et je le comprends ! "Moi, disait Johnny, ça m'a fait un bien fou". C'est extraordinaire !
R- Je ne sais pas ce qu'a fait Johnny de ses vacances de cette semaine.
Q- Et Zidane non plus ? On ne sait pas. Le dopage dans le foot existe-t-il ?
R- Bien sûr que le dopage existe dans n'importe quel sport, à la marge ou pas. Mais là, on a eu un vrai souci ; c'est qu'en 98, je pense que, dans le cyclisme, on a eu un vrai coup de tonnerre. On nous a dit que c'était terminé, qu'il n'y avait plus de problème. On se rend compte, malheureusement, avec un certain nombre d'affaires, que ça continue. Et, semble-t-il - d'après les informations qui nous viennent d'Espagne - que cela reste encore très organisé.
Q- Et, si cela se trouve, cela existe dans d'autres sports ?
R- Peut-être. Mais, pour l'instant, on n'a pas encore eu les informations nécessaires, malgré les efforts. C'est pour cela qu'est née l'Agence Mondiale Anti-dopage. Son but : être capable d'aller faire des contrôles inopinés sur les lieux d'entraînement des sportifs. Tant que l'on n'est pas capable de faire cela, alors, effectivement, on peut tout suspecter. Alors, basons-nous sur les informations officielles que nous avons, et continuons à avancer. C'est la seule façon d'être efficace en matière de lutte anti-dopage.
Q- Vous serez à Francfort, samedi soir. Un pronostic pour Brésil-France ?
R- La grande fête ! J'espère bien que cette belle équipe de France va continuer son chemin, évidemment. Elle nous a montré quelque chose de fantastique, mardi dernier. Une vraie équipe ! Celle que l'on aime, de 98 et de 2000, avec cette transmission de témoin entre Zidane et Ribéry, qui est un peu le symbole de cette équipe. On l'attendait, cette France. On était un peu déboussolé. On les attendait, ces Bleus. Ils nous ont montré quelque chose de fantastique, en huitième de finale. Alors, il faut que ce soit la fête contre le Brésil et puis, je l'espère, un résultat positif pour les Français.
Q- Une dernière question désagréable, Jean-François Lamour. C'était Amélie Mauresmo, dans "Le Parisien", le 28 mai : "La Suisse, c'est un choix que j'ai fait à cause des impôts". Quand on lit cela, ça fait un peu mal.
R- Oui, bien sûr. Mais il faut, effectivement, faire en sorte que la pression fiscale, dans notre pays, baisse, évidemment.
Q- Et le patriotisme des champions ?
R- Pas simplement pour les hauts revenus, mais pour tous les Français, c'est un des objectifs du gouvernement de Dominique de Villepin.
Q- Non, non ! Le patriotisme des champions ?
R- Le patriotisme s'exprime aussi sur le terrain. On le voit, d'ailleurs, avec nos grands champions. Et sur tous les terrains du monde. On est une nation sportive.
Q- Vous slalomez à travers la question ! On vous croirait champion de ski et non pas champion d'escrime !
R- On attaque et on touche, Monsieur Aphatie !
On attaque et on touche ! Là, il a surtout slalomé, Jean-François Lamour, sur la dernière question. Bonne journée !
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 3 juillet 2006