Déclaration de M. Azouz Begag, ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances, sur la promotion des valeurs de la démocratie dans le cadre de la globalisation, Doha le 12 avril 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Séance d'ouverture de la 6e conférence sur la démocratie et le libre-échange, à Doha (Qatar) le 12 avril 2006

Texte intégral

Altesse, cheikh Hamad bin Khalifa Bin Hamad al Thani, Emir de l'Etat du Qatar,
M. le Premier vice-Premier ministre, Ministre des Affaires étrangères, Cheikh Hamad bin Jassem bin Jabor al Thani,
Mesdames et messieurs les ministres,
Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et messieurs,
Je suis très honoré de participer à cette conférence consacrée à la démocratie et au libre échange, qui sont des thèmes auxquels la France attache une grande importance. C'est la raison pour laquelle les participants français, sont nombreux et venus d'horizons très divers, membres du Sénat, de l'Assemblée nationale, hommes et femmes politiques, universitaires, chercheurs, représentants des médias.
Au nom du Gouvernement français, je voudrais saluer l'initiative prise par le Qatar, il y a maintenant cinq ans, d'organiser cette rencontre annuelle autour du thème de la démocratie et du libre échange ainsi que l'engagement des plus hautes autorités qatariennes à les promouvoir par une réflexion commune, ouverte et constructive.
Dans un environnement qui recherche ses nouveaux équilibres, le Qatar offre l'exemple édifiant de le mise en pratique, dans le respect de ses traditions, des réformes nécessaires pour s'adapter aux exigences d'une nouvelle donne économique et sociale. Il partage avec notre pays cette même conviction de défendre et d'encourager les valeurs de liberté, de solidarité, de tolérance et de justice.
Grâce à la vision éclairée de ses dirigeants, le Qatar a mis en avant la nécessité d'accompagner son processus de réformes démocratiques par la modernisation de l'enseignement dispensé dans ses écoles et dans ses universités. Ce mouvement a permis l'émergence d'une génération de citoyens capable d'assumer leurs responsabilités dans un monde de plus en plus exigeant.
La démocratie resterait un concept abstrait et un mot vide de sens si elle ne se traduisait pas dans les faits par l'association de toutes les composantes de la société à la prise de la décision politique. Cela passe par la représentation nationale dont c'est la fonction première et par le dialogue avec les forces représentatives de la société civile. Le respect de la dignité humaine et la primauté du droit doivent se situer en tête de toutes nos préoccupations. La dignité humaine c'est aussi d'assurer au plus grand nombre les moyens économiques qui leur permettront de subvenir à leurs besoins pour se loger, se vêtir, se nourrir et permettre à leurs enfants l'accès à l'éducation.
Altesse
Mesdames, messieurs,
Au plan international, le Qatar a été investi d'une responsabilité accrue. En siégeant au Conseil de Sécurité des Nations unies, depuis janvier dernier, l'Emirat confirme ainsi son engagement dans la résolution des crises et des conflits régionaux. Devant une situation régionale pleine d'incertitudes et chargée de menaces, nous nous devons d'intensifier notre concertation et nos efforts, comme aujourd'hui, pour oeuvrer à maintenir des équilibres parfois fragiles. La participation active des Etats reste la condition indispensable pour conjuguer la pratique de la démocratie aux impératifs de sécurité.
Il nous faut ici rendre hommage à la diplomatie qatarienne qui a pris conscience des dangers et des menaces qui pèsent sur la région. Elle a également su prendre en compte les nouvelles exigences qui s'imposent. Les peuples du Moyen-orient aspirent à davantage de sécurité et à s'insérer dans un monde qui évolue rapidement. L'action internationale doit promouvoir une culture de tolérance et de paix et refuser la fatalité de la haine et de la violence terroriste.
La France est convaincue que ce changement peut et doit s'opérer dans le respect de l'identité spécifique des pays et des peuples et dans la paix. Notre approche des reformes n'est pas d'imposer de l'extérieur un seul modèle de démocratie "clés en mains". Il faut en effet se garder de toute approche globalisante. Il est nécessaire d'accompagner les projets de reformes institutionnelles, économiques et sociales et c'est pourquoi nous soutenons toutes les initiatives des gouvernements et des sociétés civiles pour l'instauration d'un Etat de droit, ou le citoyen est représenté, écouté et respecté. Les peuples de la région aspirent à des coopérations équilibrées et confiantes avec le reste du monde. La France, comme l'Europe, entendent y répondre à travers un véritable partenariat.
Le partenariat euro-mediterranéen en est un exemple. A cet égard, le renforcement de la concertation avec les sociétés civiles est essentiel. C'est pourquoi la France a invité des représentants de la société civile de nombreux pays de la méditerranée et du Golfe à participer en septembre prochain à un atelier culturel au sein duquel ils pourront dialoguer librement sur des sujets qui les concernent. Je profite de cette occasion pour remercier tous les pays en général et le Qatar en particulier qui ont répondu favorablement a cette invitation.
Altesse
Mesdames, messieurs
Le monde change, nous assistons à l'émergence de nouvelles puissances économiques dont le dynamisme et la croissance nous étonnent tous les jours un peu plus. La libéralisation du commerce et l'ouverture aux investissements stimulent le développement et l'innovation. Mais prenons garde à ne pas abandonner à elles-mêmes, les forces du marché. Celles-ci sont aveugles et aggravent le sort des plus faibles.
Mais le dialogue seul ne saurait suffire sans l'action et la liberté doit s'accompagner d'une plus grande solidarité. Au moment ou l'ouverture des échanges, la circulation des hommes et des idées génèrent une prospérité sans précédent, les inégalités se creusent et la croissance démographique, qui se concentre dans les régions les plus défavorisées, aggrave ce phénomène. La jeunesse ne doit pas être un problème pour le développement des sociétés mais elle doit représenter la richesse sur laquelle l'avenir doit être construit.
Altesse
Mesdames, messieurs
L'année dernière à cette même tribune, dans le message qu'il vous avait adressé, le Président de la République rappelait avec force qu'il n'y avait pas de développement possible sans prise en compte des aspirations des peuples à une existence meilleure. En février dernier, à Paris, le Président de la République a convoqué une conférence sur les sources innovantes de financement pour le développement et pour lutter contre les pandémies. Les conclusions de cette conférence étaient que l'on ne pourrait atteindre les objectifs du millénaire fixés par les Nations unies en 2015 qu'à la condition de la mise en oeuvre d'une mondialisation plus solidaire. Au-delà des engagements déjà souscrits l'aide publique au développement doit être à la fois augmentée et rendue plus prévisible. La prospérité crée des obligations qui doivent prendre en compte une plus grande solidarité. La communauté internationale dispose depuis le Sommet du Millénaire, d'une stratégie commune de lutte contre la pauvreté.
Altesse,
Mesdames et messieurs,
La France soutient les multiples initiatives du Qatar qui, par l'organisation de conférences, de rencontres régionales et internationales, de séminaires, contribuent au dialogue entre les peuples, a une réflexion commune sur l'évolution de notre monde et les conséquences de la globalisation ainsi qu'à la promotion de valeurs de démocratie, de justice, d'équité que nous partageons et sans le respect desquelles il ne peut y avoir de développement durable.
Je voudrais terminer ces quelques mots en exprimant des voeux de succès aux travaux de la 6e conférence sur la démocratie et le libre échange et en remerciant les autorités du Qatar pour leur accueil si chaleureux.
Merci.
Source http://www.egalitedeschances.gouv.fr, le 4 juillet 2006