Texte intégral
Q- Merci d'être avec nous ce matin, d'abord la question que vous avez à poser aux auditeurs de RMC.
R- Eh bien nous allons parler de parité. Je voudrais leur demander ce qu'ils vont faire pour la parité. Mesdames, qu'allez-vous faire pour vous engager ? Messieurs, comment allez-vous aider les femmes à jouer la parité ?
Q- Parce qu'on manque de femmes, en politique ?
R- On a besoin d'augmenter nos viviers.
Q- Oui, bien, C. Vautrin vous a posé une question, vous répondez au 32-16, rmcinfo.fr. Est-ce que vous pardonnez à Z. Zidane, vous C. Vautrin ?
R- Moi Z. Zidane, d'abord je lui dis merci. Je lui dis merci d'avoir fait vibrer,
rêver de très nombreux Français. Le ministre de la Cohésion sociale, c'est
aussi le ministre des quartiers. Quand on voit son parcours, cela donne espoir
à beaucoup et cette équipe de France c'est un vrai et bel exemple. On parle
beaucoup de Zidane, moi je voudrais dire aussi un mot de Thuram. Thuram, il
est engagé à nos côtés sur tout ce qui est intégration. Donc des joueurs qui ont
une vraie implication dans le pays, bravo à eux.
Q- Oui, mais vous savez très bien C. Vautrin, qu'on a beaucoup dit que la victoire de 1998, finalement, avait révélé une France multicolore, multi ethnique.
R- Black, blanc, beur.
Q- Black, blanc, beur et tout... Et puis, finalement, dans les années qui ont suivi, rien n'a changé, franchement. Le football à ses limites.
R- Mais il faut continuer, ça c'est un travail de tous les jours. Alors c'est vrai, je crois que ce qui est important, c'est qu'une Coupe du monde, c'est un vrai moment. Depuis une semaine, toute la France était derrière son équipe. Moi ce que j'espère, c'est que ces grands moments de cohésion... Moi je suis allée à Berlin avec des copains, j'étais dimanche soir à Berlin et quand on voit tous ces Français qui sont là, la Marseillaise qui devient le chant d'encouragement, je crois que ce qui est important aujourd'hui, c'est qu'effectivement les Français sachent se rassembler à un certain moment - et cet élan là, il ne faut pas le briser.
Q- Mais pour vous, le geste de Zizou est totalement pardonnable ?
R- Ecoutez, moi...
Q- Vous le comprenez...
R- J'attends. Zizou, on le sait, il l'a dit, il va l'expliquer. Moi je ne sais pas liresur les lèvres, je n'ai pas quelques descriptifs que ce soit qui m'aient donné quelques explications. J'attends l'explication de Zizou, j'imagine la pression qui était celle qu'il [joue] son dernier match. Il a sûrement rêvé de sortir autrement. Donc s'il l'a fait, il va nous expliquer pourquoi, ce n'est pas à moi de juger aujourd'hui.
Q- Il doit s'expliquer selon vous ?
R- Il a dit qu'il allait le faire, donc qu'il le fasse et nous pourrons en parler, mais dans tous les cas, merci à eux.
Q- Merci à eux, c'est vrai, c'est formidable, tout le monde s'est mis à l'unisson de cette équipe, même s'il y a eu quelques fausses notes, ici ou là, sur la couleur de peau, notamment des joueurs de l'Equipe de France, vous avez entendu ça.
R- J'ai entendu ça, j'ai trouvé cela absolument lamentable, ce sont vraiment des commentaires qui n'ont pas lieu d'être.
Q- C. Vautrin, cela dit, c'est bien beau tout ça, mais une fois retombée, la Coupe du monde, eh bien on retombe dans notre quotidien et le quotidien c'est la cohésion sociale qui... je ne dirais pas qui est en panne en France, mais qui souffre, qui souffre.
R- Vous savez la cohésion sociale, c'est quelque chose qui se construit tous les
jours. Qu'est-ce qu'on met... finalement, cela veut dire quoi ?
Q- On va voir les initiatives que vous êtes en train de prendre...
R- Cela veut dire quoi la cohésion sociale ? Cela veut dire, travailler dans les villes, dans les quartiers, c'est la grande idée de Borloo 2002. C'est, un : « je reconstruis parce qu'il y a des endroits qui sont de vrais endroits de ghettoïsation » et c'est, derrière, ce fameux Plan de cohésion sociale dont on a tant parlé. Je travaille sur trois sujets : le premier c'est l'emploi, parce qu'aujourd'hui la première inquiétude de nos concitoyens cela reste l'emploi, même si on le voit, mois après mois, le Gouvernement obtient des résultats très encourageants. Vous avez vu le mois dernier, 50.000 chômeurs de moins, on sent qu'on est sur une tendance baissière forte et qu'on a effectivement des réponses. Deuxième sujet c'est le logement, le logement parce qu'aujourd'hui il y a une crise. Vous savez, il n'y a pas de secret, en France, pour répondre aux besoins de logement social, il faut créer 85.000 logements sociaux par an. En 2000, on en faisait 39.000, alors ceux qui donnent des cours aujourd'hui auraient mieux fait à une certaine époque de construire et on n'aurait pas la pénurie qu'on a aujourd'hui. Troisième sujet, c'est justement l'égalité des chances, la façon dont on a d'accompagner les habitants des quartiers. C'est ce à quoi on travaille avec les équipes de réussite éducative, avec des approches dans les quartiers et c'est tout cet ensemble qui fait qu'effectivement on apprend à vivre ensemble et on utilise toute cette force. Vous savez, on parle beaucoup de démographie dans notre pays. Aujourd'hui, un jeune sur quatre qui naît en France naît dans un quartier. C'est dire si l'énergie dont on a besoin elle est là.
Q- Elle est là, bien, il va falloir la canaliser aussi cette énergie...
R- Il faut surtout l'optimiser, lui permettre de se réaliser.
Q- Mais bien sûr ! C. Vautrin, avant de parler de parité et de revenir sur la cohésion sociale - parce que c'est un sujet qui me tient à coeur - regardons ce qui se passe à Rabat actuellement. 57 pays d'Afrique sont réunis au Maroc pour parler d'immigration. « Aidez-nous, aidez-nous pour l'avenir de nos populations », c'est ce que crient les Africains, les gouvernements africains. Les Européens veulent-ils, peuvent-ils décourager les candidats à l'exile ? Franchement, quand on voit ce qui se passe, on voit l'Espagne et l'Italie qui régularise, on voit la France, qui dit « non, non, il ne faut pas régulariser ». L'Europe est en pleine contradiction. Comment voulez-vous avoir un langage commun face aux pays d'Afrique ?
R- Il y a effectivement aujourd'hui à Rabat, une réunion qui est extrêmement importante. La France vient d'avoir enfin un débat important. Ce débat, nous le devons à N. Sarkozy avec la loi sur l'immigration qui vient d'être votée. Parce qu'effectivement, il y a des règles et ces règles il faut les appliquer.
Q- C'est la énième loi sur l'immigration.
R- Non, non ce n'est pas la énième, c'est cette fois-ci l'accompagnement, le travail sur les familles. L'autre élément qu'il faut regarder : l'Espagne et l'Italie ne sont pas du tout dans la même tradition que nous, ce sont des pays, qui, il y a encore cinquante ans, étaient des pays qui eux-mêmes émigraient. Nous, nous sommes en France depuis un siècle, un pays dans lequel au contraire, nous recevons des immigrants. Aujourd'hui, la question c'est effectivement de travailler ensemble sur une seule vraie question et cela va être l'un des sujets également à Rabat aujourd'hui, c'est celui du co-développement. Parce que l'Europe ne va pas...
Q- Oui, mais les pays africains - j'ai vu A. Wade, la déclaration du Président sénégalais qui dit « mais vous venez nous prendre toutes nos élites ». L'autre jour, j'avais le témoignage d'un médecin camerounais qui nous disait « au Cameroun, il n'y a plus de médecins, pratiquement plus de médecins, ils ne veulent plus revenir, ils sont très mal payés dans notre pays, ils préfèrent évidemment exercer ailleurs ! ».
R- C'est bien pour ça - et c'est toute l'action du Président J. Chirac sur le sujet - que le premier des devoirs c'est d'aider chacun de ces pays d'Afrique à se développer. On ne va pas dresser une espèce de muraille autour de l'Europe. Il faut donc avoir capacité à aider ces pays à se développer. Vous croyez qu'on immigre par plaisir ? Les gens qui viennent vivre en France, c'est parce qu'ils n'ont pas d'autres choix. Donc la question c'est : un, comment on les aide à développer leurs économies localement ; secondement, comment est-ce que l'on forme des élites, parce que notre pays a besoin d'avoir partout dans le monde des élites francophiles et francophones. C'est ça aussi le rayonnement d'un pays qui fait que demain, les dirigeants font le choix de telle entreprise française, de tel produit français, c'est ça aujourd'hui la stratégie de la France.
Q- Mais quel cafouillage au Gouvernement, C. Vautrin ! Avec effectivement les dernières mesures concernant l'immigration et notamment les enfants de famille sans-papiers scolarisés, on nous dit qu'il n'y aura que 700, 800 familles dans un premier temps. Ensuite, on est à 2.000 ou 4.000 personnes. Et puis, maintenant, on parle de milliers de personnes qui vont être régularisées. Franchement !
R- Aujourd'hui le Gouvernement...
Q- Alors vos avez des chiffres ?
R- Le Gouvernement a repris l'ensemble du dossier immigration. C'est non seulement les sans papiers... Le vrai sujet des sans papiers...
Q- Je vous demande combien de familles seront régularisées ?
R- Le vrai sujet des sans-papiers aujourd'hui c'est la capacité à traiter rapidement les demandes. Il n'est pas acceptable que des gens attendent, deux, trois, quatre ans, pour être fixés sur leur sort. Parce qu'à ce moment là, effectivement, ils deviennent parents d'enfants nés en France, ils ont fait souche et ils se sont intégrés. Le travail du Gouvernement, aujourd'hui, c'est d'avoir des procédures beaucoup plus rapides. C'est pour ça, et ça c'est avec J.-L. Borloo qu'ont l'a fait, on a ralenti, il faut six mois maintenant, le délai moyen de l'OFRA c'est six mois pour regarder un dossier. Derrière, [il y a la] Commission de recours et, à ce moment là, on est fixé. L'autre élément c'est l'accompagnement pour le retour, parce qu'il y a un certain nombre de gens qui, s'ils ont un vrai projet, s'ils ont capacité dans leur pays à monter quelque chose, sont prêts effectivement à tenter leur chance. Là aussi, il y a capacité à faire les choses.
Q- Si j'ai bien compris, il y a deux politiques au Gouvernement : il y a celle de J.-L. Borloo et puis il y a celle de N. Sarkozy.
R- Elles sont parfaitement complémentaires. Dans un côté, on aide à raccompagner, de l'autre côté on édicte des règles, parce qu'il faut savoir qu'on n'arrive pas, n'importe comment, dans n'importe quelles conditions. C'est aussi pour cela que nous sommes revenus sur un point très important qui était celui du regroupement familial, qui posait difficultés. Quand on veut faire venir sa famille, eh bien on a effectivement une activité professionnelle, on a les moyens de faire vivre sa famille.
Q- Là d'accord !
R- Vous voyez qu'on est d'accord !
Q- Non, non on n'est pas d'accord sur tout C. Vautrin, et notamment sur - et j'y reviens - ce fameux débat qui agite aujourd'hui non seulement la vie politique, mais qui agite les Français, les citoyens, qui se sont engagés sur la question. Ce fameux débat autour des enfants sans papiers, scolarisés. Je vous repose la question : combien de familles vont être régularisées ?
R- Aujourd'hui, je ne vous donnerai pas de chiffre sur le sujet.
Q- Des milliers, des milliers ou pas ?
R- Je ne vous donnerai pas de chiffre. C'est un dossier, N. Sarkozy l'a redit, qui est examiné au cas par cas. On n'est pas là pour faire quelque pronostic que ce soit. On est là pour faire une chose qui s'appelle l'humanité et la fermeté. C'est-à-dire qu'on regarde chaque dossier et qu'à chaque dossier, on apporte la réponse la plus appropriée.
Q- Eh bien nous verrons si nous avons un bilan. C'est dommage d'ailleurs,
parce qu'il faut que l'on sache, on a besoin de savoir, C. Vautrin.
R- Mais est-ce que vous croyez qu'on a le droit de parler de gens avec
simplement des projections et des chiffres ?
Q- Non, non.
R- Il est quand même normal que ces dossiers fassent l'objet d'une analyse et d'une intention qui soit l'intention la plus humaine possible, c'est ce qui est fait actuellement.
Q- Eh bien nous verrons si effectivement l'intention la plus humaine possible est portée sur ces familles et sur ce dossier. C. Vautrin, parlons de la parité. Sur la parité, vous avez une vérité qui est louable, vous voulez absolument que les femmes soient plus présentes, notamment dans les régions, dans l'exécutif régional et plus présentes dans les municipalités. Parce que c'est vrai qu'il y a peu de femmes, malheureusement pas assez en tous les cas.
R- Je crois que ce qu'on peut dire, c'est que les lois de 99 et 2003 ont montré qu'effectivement avec les listes alternées, un homme, une femme, on a numériquement une présence pratiquement égalitaire entre les hommes et les femmes dans les communes de plus de 3.500 habitants et dans les régions. Par contre, où le bât blesse, c'est que les femmes aujourd'hui n'ont pas accès à ce qui est le quotidien de la responsabilité, ce qu'on appelle dans le jargon politique, l'exécutif. En d'autres termes, il y a trois femmes présidents de Conseils généraux et il y a une femme président de Conseil régional.
Q- S. Royal d'ailleurs.
R- Voilà et ce que nous voulons donc, c'est que les femmes...
Q- C'est votre amie S. Royal, C. Vautrin ?
R- S. Royal aujourd'hui est une femme de parti de gouvernement, candidate aux élections présidentielles. J'observe son parcours, je n'ai pas forcément ses idées. Le fait d'être une femme ne pardonne pas tout, mais en tout cas...
Q- Mais cela vous réjouit de voir une femme comme ça qui émerge et qui pourrait être la candidate importante de la gauche aux prochaines présidentielles ? D'abord elle y est... Est-ce que vous aimeriez qu'elle soit candidate, franchement ? Dites-moi, franchement, C. Vautrin ?
R- Je suis persuadée que personnellement, une femme membre d'un parti de Gouvernement puisse être candidate et c'est évidemment un signe fort.
Q- Vous aimeriez ? Dites-moi « oui j'aimerais, parce que c'est une femme ».
R- Attendez ! Cela ne suffit pas d'être une femme ! Pour autant, je crois que ce qui est important et c'est la première fois que nous avons cela, c'est la première fois, pour les présidentielles, on a parlé de femme issue de parti de Gouvernement. Il y a évidemment S. Royal. A un moment, on a pensé que M. Alliot-Marie pouvait aussi être un recours. Dans tous les cas, cela montre que pour la première fois, des femmes issues de partis de Gouvernement peuvent arriver aux fonctions les plus importantes.
Q- Moi j'aime bien quand on dépasse les clivages. J'aimerais vous entendre dire, ici - vous allez me dire que je vous force un peu -, mais j'aimerais vous entendre dire « eh bien oui, je suis heureuse que S. Royal soit candidate ! ».
R- Non, mais attendez, très franchement, moi qu'une femme soit candidate aux élections présidentielles c'est un signe fort dont je me réjouis. Si vous voulez que je vous le dise, je vous le dis aussi directement que ça. De là à dire que je partage toutes ses idées, sûrement pas ! Mais qu'une femme puisse aller à cette élection, je trouve ça très bien. Tout comme je pense que pour la France, on a eu à un moment des choses symboliques. Quand S. Veil a été la première présidente du Parlement européen, j'applaudis des deux mains, en plus c'est mon modèle politique, dont j'ai autant moins de mal à applaudir. Mais je crois que ce sont des signes importants. Donc aujourd'hui, moi ce que je cherche c'est quoi ? C'est qu'on ait effectivement plus de femmes présidentes d'exécutifs, plus de femmes maires. Il n'y a que 10 % des maires qui sont des femmes, ce n'est pas beaucoup quand même.
Q- Non, ce n'est pas suffisant !
R- Quand on connaît leur implication au quotidien, donc c'est ça qu'il faut faire
bouger.
Bien, on va reparler C. Vautrin dans deux minutes.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 juillet 2006
R- Eh bien nous allons parler de parité. Je voudrais leur demander ce qu'ils vont faire pour la parité. Mesdames, qu'allez-vous faire pour vous engager ? Messieurs, comment allez-vous aider les femmes à jouer la parité ?
Q- Parce qu'on manque de femmes, en politique ?
R- On a besoin d'augmenter nos viviers.
Q- Oui, bien, C. Vautrin vous a posé une question, vous répondez au 32-16, rmcinfo.fr. Est-ce que vous pardonnez à Z. Zidane, vous C. Vautrin ?
R- Moi Z. Zidane, d'abord je lui dis merci. Je lui dis merci d'avoir fait vibrer,
rêver de très nombreux Français. Le ministre de la Cohésion sociale, c'est
aussi le ministre des quartiers. Quand on voit son parcours, cela donne espoir
à beaucoup et cette équipe de France c'est un vrai et bel exemple. On parle
beaucoup de Zidane, moi je voudrais dire aussi un mot de Thuram. Thuram, il
est engagé à nos côtés sur tout ce qui est intégration. Donc des joueurs qui ont
une vraie implication dans le pays, bravo à eux.
Q- Oui, mais vous savez très bien C. Vautrin, qu'on a beaucoup dit que la victoire de 1998, finalement, avait révélé une France multicolore, multi ethnique.
R- Black, blanc, beur.
Q- Black, blanc, beur et tout... Et puis, finalement, dans les années qui ont suivi, rien n'a changé, franchement. Le football à ses limites.
R- Mais il faut continuer, ça c'est un travail de tous les jours. Alors c'est vrai, je crois que ce qui est important, c'est qu'une Coupe du monde, c'est un vrai moment. Depuis une semaine, toute la France était derrière son équipe. Moi ce que j'espère, c'est que ces grands moments de cohésion... Moi je suis allée à Berlin avec des copains, j'étais dimanche soir à Berlin et quand on voit tous ces Français qui sont là, la Marseillaise qui devient le chant d'encouragement, je crois que ce qui est important aujourd'hui, c'est qu'effectivement les Français sachent se rassembler à un certain moment - et cet élan là, il ne faut pas le briser.
Q- Mais pour vous, le geste de Zizou est totalement pardonnable ?
R- Ecoutez, moi...
Q- Vous le comprenez...
R- J'attends. Zizou, on le sait, il l'a dit, il va l'expliquer. Moi je ne sais pas liresur les lèvres, je n'ai pas quelques descriptifs que ce soit qui m'aient donné quelques explications. J'attends l'explication de Zizou, j'imagine la pression qui était celle qu'il [joue] son dernier match. Il a sûrement rêvé de sortir autrement. Donc s'il l'a fait, il va nous expliquer pourquoi, ce n'est pas à moi de juger aujourd'hui.
Q- Il doit s'expliquer selon vous ?
R- Il a dit qu'il allait le faire, donc qu'il le fasse et nous pourrons en parler, mais dans tous les cas, merci à eux.
Q- Merci à eux, c'est vrai, c'est formidable, tout le monde s'est mis à l'unisson de cette équipe, même s'il y a eu quelques fausses notes, ici ou là, sur la couleur de peau, notamment des joueurs de l'Equipe de France, vous avez entendu ça.
R- J'ai entendu ça, j'ai trouvé cela absolument lamentable, ce sont vraiment des commentaires qui n'ont pas lieu d'être.
Q- C. Vautrin, cela dit, c'est bien beau tout ça, mais une fois retombée, la Coupe du monde, eh bien on retombe dans notre quotidien et le quotidien c'est la cohésion sociale qui... je ne dirais pas qui est en panne en France, mais qui souffre, qui souffre.
R- Vous savez la cohésion sociale, c'est quelque chose qui se construit tous les
jours. Qu'est-ce qu'on met... finalement, cela veut dire quoi ?
Q- On va voir les initiatives que vous êtes en train de prendre...
R- Cela veut dire quoi la cohésion sociale ? Cela veut dire, travailler dans les villes, dans les quartiers, c'est la grande idée de Borloo 2002. C'est, un : « je reconstruis parce qu'il y a des endroits qui sont de vrais endroits de ghettoïsation » et c'est, derrière, ce fameux Plan de cohésion sociale dont on a tant parlé. Je travaille sur trois sujets : le premier c'est l'emploi, parce qu'aujourd'hui la première inquiétude de nos concitoyens cela reste l'emploi, même si on le voit, mois après mois, le Gouvernement obtient des résultats très encourageants. Vous avez vu le mois dernier, 50.000 chômeurs de moins, on sent qu'on est sur une tendance baissière forte et qu'on a effectivement des réponses. Deuxième sujet c'est le logement, le logement parce qu'aujourd'hui il y a une crise. Vous savez, il n'y a pas de secret, en France, pour répondre aux besoins de logement social, il faut créer 85.000 logements sociaux par an. En 2000, on en faisait 39.000, alors ceux qui donnent des cours aujourd'hui auraient mieux fait à une certaine époque de construire et on n'aurait pas la pénurie qu'on a aujourd'hui. Troisième sujet, c'est justement l'égalité des chances, la façon dont on a d'accompagner les habitants des quartiers. C'est ce à quoi on travaille avec les équipes de réussite éducative, avec des approches dans les quartiers et c'est tout cet ensemble qui fait qu'effectivement on apprend à vivre ensemble et on utilise toute cette force. Vous savez, on parle beaucoup de démographie dans notre pays. Aujourd'hui, un jeune sur quatre qui naît en France naît dans un quartier. C'est dire si l'énergie dont on a besoin elle est là.
Q- Elle est là, bien, il va falloir la canaliser aussi cette énergie...
R- Il faut surtout l'optimiser, lui permettre de se réaliser.
Q- Mais bien sûr ! C. Vautrin, avant de parler de parité et de revenir sur la cohésion sociale - parce que c'est un sujet qui me tient à coeur - regardons ce qui se passe à Rabat actuellement. 57 pays d'Afrique sont réunis au Maroc pour parler d'immigration. « Aidez-nous, aidez-nous pour l'avenir de nos populations », c'est ce que crient les Africains, les gouvernements africains. Les Européens veulent-ils, peuvent-ils décourager les candidats à l'exile ? Franchement, quand on voit ce qui se passe, on voit l'Espagne et l'Italie qui régularise, on voit la France, qui dit « non, non, il ne faut pas régulariser ». L'Europe est en pleine contradiction. Comment voulez-vous avoir un langage commun face aux pays d'Afrique ?
R- Il y a effectivement aujourd'hui à Rabat, une réunion qui est extrêmement importante. La France vient d'avoir enfin un débat important. Ce débat, nous le devons à N. Sarkozy avec la loi sur l'immigration qui vient d'être votée. Parce qu'effectivement, il y a des règles et ces règles il faut les appliquer.
Q- C'est la énième loi sur l'immigration.
R- Non, non ce n'est pas la énième, c'est cette fois-ci l'accompagnement, le travail sur les familles. L'autre élément qu'il faut regarder : l'Espagne et l'Italie ne sont pas du tout dans la même tradition que nous, ce sont des pays, qui, il y a encore cinquante ans, étaient des pays qui eux-mêmes émigraient. Nous, nous sommes en France depuis un siècle, un pays dans lequel au contraire, nous recevons des immigrants. Aujourd'hui, la question c'est effectivement de travailler ensemble sur une seule vraie question et cela va être l'un des sujets également à Rabat aujourd'hui, c'est celui du co-développement. Parce que l'Europe ne va pas...
Q- Oui, mais les pays africains - j'ai vu A. Wade, la déclaration du Président sénégalais qui dit « mais vous venez nous prendre toutes nos élites ». L'autre jour, j'avais le témoignage d'un médecin camerounais qui nous disait « au Cameroun, il n'y a plus de médecins, pratiquement plus de médecins, ils ne veulent plus revenir, ils sont très mal payés dans notre pays, ils préfèrent évidemment exercer ailleurs ! ».
R- C'est bien pour ça - et c'est toute l'action du Président J. Chirac sur le sujet - que le premier des devoirs c'est d'aider chacun de ces pays d'Afrique à se développer. On ne va pas dresser une espèce de muraille autour de l'Europe. Il faut donc avoir capacité à aider ces pays à se développer. Vous croyez qu'on immigre par plaisir ? Les gens qui viennent vivre en France, c'est parce qu'ils n'ont pas d'autres choix. Donc la question c'est : un, comment on les aide à développer leurs économies localement ; secondement, comment est-ce que l'on forme des élites, parce que notre pays a besoin d'avoir partout dans le monde des élites francophiles et francophones. C'est ça aussi le rayonnement d'un pays qui fait que demain, les dirigeants font le choix de telle entreprise française, de tel produit français, c'est ça aujourd'hui la stratégie de la France.
Q- Mais quel cafouillage au Gouvernement, C. Vautrin ! Avec effectivement les dernières mesures concernant l'immigration et notamment les enfants de famille sans-papiers scolarisés, on nous dit qu'il n'y aura que 700, 800 familles dans un premier temps. Ensuite, on est à 2.000 ou 4.000 personnes. Et puis, maintenant, on parle de milliers de personnes qui vont être régularisées. Franchement !
R- Aujourd'hui le Gouvernement...
Q- Alors vos avez des chiffres ?
R- Le Gouvernement a repris l'ensemble du dossier immigration. C'est non seulement les sans papiers... Le vrai sujet des sans papiers...
Q- Je vous demande combien de familles seront régularisées ?
R- Le vrai sujet des sans-papiers aujourd'hui c'est la capacité à traiter rapidement les demandes. Il n'est pas acceptable que des gens attendent, deux, trois, quatre ans, pour être fixés sur leur sort. Parce qu'à ce moment là, effectivement, ils deviennent parents d'enfants nés en France, ils ont fait souche et ils se sont intégrés. Le travail du Gouvernement, aujourd'hui, c'est d'avoir des procédures beaucoup plus rapides. C'est pour ça, et ça c'est avec J.-L. Borloo qu'ont l'a fait, on a ralenti, il faut six mois maintenant, le délai moyen de l'OFRA c'est six mois pour regarder un dossier. Derrière, [il y a la] Commission de recours et, à ce moment là, on est fixé. L'autre élément c'est l'accompagnement pour le retour, parce qu'il y a un certain nombre de gens qui, s'ils ont un vrai projet, s'ils ont capacité dans leur pays à monter quelque chose, sont prêts effectivement à tenter leur chance. Là aussi, il y a capacité à faire les choses.
Q- Si j'ai bien compris, il y a deux politiques au Gouvernement : il y a celle de J.-L. Borloo et puis il y a celle de N. Sarkozy.
R- Elles sont parfaitement complémentaires. Dans un côté, on aide à raccompagner, de l'autre côté on édicte des règles, parce qu'il faut savoir qu'on n'arrive pas, n'importe comment, dans n'importe quelles conditions. C'est aussi pour cela que nous sommes revenus sur un point très important qui était celui du regroupement familial, qui posait difficultés. Quand on veut faire venir sa famille, eh bien on a effectivement une activité professionnelle, on a les moyens de faire vivre sa famille.
Q- Là d'accord !
R- Vous voyez qu'on est d'accord !
Q- Non, non on n'est pas d'accord sur tout C. Vautrin, et notamment sur - et j'y reviens - ce fameux débat qui agite aujourd'hui non seulement la vie politique, mais qui agite les Français, les citoyens, qui se sont engagés sur la question. Ce fameux débat autour des enfants sans papiers, scolarisés. Je vous repose la question : combien de familles vont être régularisées ?
R- Aujourd'hui, je ne vous donnerai pas de chiffre sur le sujet.
Q- Des milliers, des milliers ou pas ?
R- Je ne vous donnerai pas de chiffre. C'est un dossier, N. Sarkozy l'a redit, qui est examiné au cas par cas. On n'est pas là pour faire quelque pronostic que ce soit. On est là pour faire une chose qui s'appelle l'humanité et la fermeté. C'est-à-dire qu'on regarde chaque dossier et qu'à chaque dossier, on apporte la réponse la plus appropriée.
Q- Eh bien nous verrons si nous avons un bilan. C'est dommage d'ailleurs,
parce qu'il faut que l'on sache, on a besoin de savoir, C. Vautrin.
R- Mais est-ce que vous croyez qu'on a le droit de parler de gens avec
simplement des projections et des chiffres ?
Q- Non, non.
R- Il est quand même normal que ces dossiers fassent l'objet d'une analyse et d'une intention qui soit l'intention la plus humaine possible, c'est ce qui est fait actuellement.
Q- Eh bien nous verrons si effectivement l'intention la plus humaine possible est portée sur ces familles et sur ce dossier. C. Vautrin, parlons de la parité. Sur la parité, vous avez une vérité qui est louable, vous voulez absolument que les femmes soient plus présentes, notamment dans les régions, dans l'exécutif régional et plus présentes dans les municipalités. Parce que c'est vrai qu'il y a peu de femmes, malheureusement pas assez en tous les cas.
R- Je crois que ce qu'on peut dire, c'est que les lois de 99 et 2003 ont montré qu'effectivement avec les listes alternées, un homme, une femme, on a numériquement une présence pratiquement égalitaire entre les hommes et les femmes dans les communes de plus de 3.500 habitants et dans les régions. Par contre, où le bât blesse, c'est que les femmes aujourd'hui n'ont pas accès à ce qui est le quotidien de la responsabilité, ce qu'on appelle dans le jargon politique, l'exécutif. En d'autres termes, il y a trois femmes présidents de Conseils généraux et il y a une femme président de Conseil régional.
Q- S. Royal d'ailleurs.
R- Voilà et ce que nous voulons donc, c'est que les femmes...
Q- C'est votre amie S. Royal, C. Vautrin ?
R- S. Royal aujourd'hui est une femme de parti de gouvernement, candidate aux élections présidentielles. J'observe son parcours, je n'ai pas forcément ses idées. Le fait d'être une femme ne pardonne pas tout, mais en tout cas...
Q- Mais cela vous réjouit de voir une femme comme ça qui émerge et qui pourrait être la candidate importante de la gauche aux prochaines présidentielles ? D'abord elle y est... Est-ce que vous aimeriez qu'elle soit candidate, franchement ? Dites-moi, franchement, C. Vautrin ?
R- Je suis persuadée que personnellement, une femme membre d'un parti de Gouvernement puisse être candidate et c'est évidemment un signe fort.
Q- Vous aimeriez ? Dites-moi « oui j'aimerais, parce que c'est une femme ».
R- Attendez ! Cela ne suffit pas d'être une femme ! Pour autant, je crois que ce qui est important et c'est la première fois que nous avons cela, c'est la première fois, pour les présidentielles, on a parlé de femme issue de parti de Gouvernement. Il y a évidemment S. Royal. A un moment, on a pensé que M. Alliot-Marie pouvait aussi être un recours. Dans tous les cas, cela montre que pour la première fois, des femmes issues de partis de Gouvernement peuvent arriver aux fonctions les plus importantes.
Q- Moi j'aime bien quand on dépasse les clivages. J'aimerais vous entendre dire, ici - vous allez me dire que je vous force un peu -, mais j'aimerais vous entendre dire « eh bien oui, je suis heureuse que S. Royal soit candidate ! ».
R- Non, mais attendez, très franchement, moi qu'une femme soit candidate aux élections présidentielles c'est un signe fort dont je me réjouis. Si vous voulez que je vous le dise, je vous le dis aussi directement que ça. De là à dire que je partage toutes ses idées, sûrement pas ! Mais qu'une femme puisse aller à cette élection, je trouve ça très bien. Tout comme je pense que pour la France, on a eu à un moment des choses symboliques. Quand S. Veil a été la première présidente du Parlement européen, j'applaudis des deux mains, en plus c'est mon modèle politique, dont j'ai autant moins de mal à applaudir. Mais je crois que ce sont des signes importants. Donc aujourd'hui, moi ce que je cherche c'est quoi ? C'est qu'on ait effectivement plus de femmes présidentes d'exécutifs, plus de femmes maires. Il n'y a que 10 % des maires qui sont des femmes, ce n'est pas beaucoup quand même.
Q- Non, ce n'est pas suffisant !
R- Quand on connaît leur implication au quotidien, donc c'est ça qu'il faut faire
bouger.
Bien, on va reparler C. Vautrin dans deux minutes.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 juillet 2006