Extraits d'un point de presse de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les aides de l'Union européenne aux régions et collectivités locales françaises, à Marseille le 7 juillet 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement à Marseille (Bouches du Rhône) le 7 juillet 2006

Texte intégral

Comme vous l'avez vu, nous avons mis derrière nous, non pas un drapeau français et un drapeau italien mais un drapeau français et un drapeau européen. Parce que c'est forcément un Européen qui va gagner ! Tout cela pour vous dire que je ne vais pas vous parler de football, mais bien d'Europe. Et comme nous avons bien réfléchi aux choses avec le sénateur-maire, que je remercie de son invitation et de son accueil, on s'est mis dans le petit créneau qui était juste entre deux matches, pour être sûrs que vous vous intéressiez à cette visite. Merci de votre invitation Monsieur le Maire, et merci aussi, Monsieur le Préfet, de votre aide pour l'organisation et le bon déroulement de cette visite.
Je suis venue à Marseille dans le cadre de déplacements que je fais régulièrement dans nos régions, pour voir comment les choses se passent sur le terrain, pour écouter aussi ce qu'on me dit sur l'Europe, ce qu'elle fait bien, ce qu'elle pourrait faire encore mieux, ce qu'elle ne fait pas. Au passage, elle n'est pas là non plus pour tout faire. Et aujourd'hui nous avons choisi de mettre l'accent sur ce qu'elle fait pour l'emploi et pour les technologies d'avenir. Parce que l'emploi et la préparation de l'avenir, cela fait aussi partie de ce que fait l'Union européenne quand elle nous aide, et cela correspond aux priorités de l'action du gouvernement.
On ne sait pas suffisamment le rôle très important qui est joué par les fonds européens, que l'on appelle des fonds structurels, pour le développement économique et social de nos régions. Alors, on a voulu voir comment les choses se passaient dans la région PACA, qui a toujours été beaucoup aidée par l'Europe, et qui a beaucoup de projets, plus que des projets des réalisations même, qui bénéficient, en co-financement, de fonds européens. Ce sont toujours des co-financements, l'Europe ne fait pas les choses seule. C'est vraiment le bon principe "aide-toi, le ciel t'aidera" et c'est comme cela que ça marche. Mais 10 %, 15 % et parfois jusqu'à 50 %, on sait tous dans la vie, quand on achète une machine à laver ou une voiture ou autre chose, que cela peut faire la différence. Et souvent, cela fait la différence.
Au cours de cette visite, on a donné un petit coup de projecteur sur trois activités, toutes liées à ce fil directeur ; l'école de la deuxième chance, parce qu'on ne peut venir à Marseille sans saluer cette magnifique réalisation qu'est l'école de la deuxième chance, le pôle média qui nous accueille maintenant, et puis la cité des métiers que j'irai voir cet après-midi.
Je vous dis cela en introduction pour situer l'esprit dans lequel je suis venue vous voir et vous écouter. Parce qu'une partie de ma lourde tâche et une partie de mon travail consiste à mieux expliquer les choses. L'Europe, ce n'est pas que des négociations ou des directives, même s'il en faut, parce qu'un cadre pour la prise de décision est nécessaire, comme dans nos pays, comme dans nos villes. Mais ce n'est pas que cela. C'est aussi, et on ne le sait pas suffisamment, beaucoup de choses concrètes. Des projets qui sont aidés dans de nombreux domaines, qui vont des grandes infrastructures - on est près de la gare Saint Charles, on en parle tout le temps mais il faut en parler, c'est grâce à l'Europe qu'on a pu vraiment passer à la phase de réalisation de ce projets dont on parlait depuis si longtemps - à des actions d'insertion, à des pôles sur les nouvelles technologies avec, à la clef, aussi la défense de la diversité culturelle. Beaucoup de choses, et pas seulement celles-la parce que dans notre vie quotidienne, c'est aussi la protection de l'environnement avec des normes européennes qu'il faut faire respecter, les pavillons bleus, la qualité des eaux de baignade : j'en parle parce que l'on connaît bien cette question en Méditerranée et puis c'est l'été, c'est un label européen, ce sont des actions de l'Europe. Il y a aussi la lutte contre les pollutions et l'élimination des navires-poubelle, c'est une action de l'Union Européenne. Et puis la baisse des prix du téléphone - on parlait des portables tout à l'heure - là-aussi cela ne vient pas tout à fait tout seul ni tout à fait par hasard, c'est l'Europe qui nous a aidés à faire cela. Pensons aussi à tout cela quand on parle d'Europe.
Juste quelques mots sur ces trois projets. L'école de la deuxième chance, vous la connaissez parce que tout le monde à Marseille la connaît. Elle a été la première en Europe, c'est une magnifique idée de l'Union européenne qui est venue d'une idée française, et le sénateur-maire n'est pas pour rien dans la mise sur pied de cette idée. Cela donne, comme son nom l'indique, à des jeunes qui sont sortis du dispositif scolaire et qui courent le risque d'une désocialisation, une deuxième chance. En leur redonnant une formation, en leur mettant le pied à l'étrier par des stages, cela débouche très souvent sur un emploi puisqu'il y a un taux d'insertion qui est formidable, qui est égal ou supérieur à celui d'études supérieures. Et là, l'Union européenne a été présente parce que, pour les magnifiques locaux que vous avez vus mais aussi pour le fonctionnement, il y a des fonds européens. Ce sont 8 millions d'euros, cela commence à faire des sommes conséquentes, 8 millions d'euros qui sont venus de l'Union européenne.
Le pôle média, on l'a visité. J'ai été très impressionnée et je crois que l'idée est bonne d'intégrer, de fédérer l'ensemble de la chaîne des activités média, audio-visuelles, multimédias, numériques. C'est évidemment ce qu'il faut faire pour rester compétitifs. C'est 5 millions d'euros de la part de l'Union européenne. Là aussi, pas en financement seul mais en co-financement et cela peut faire la différence. Cela sert l'emploi : il va y avoir 1 000 emplois à la clef très prochainement grâce à ce pôle, cela sert la diversité culturelle pour que l'on fasse des belles productions, pour que l'on puisse les exporter, pour que l'on défende notre langue et puis notre savoir-faire, parce qu'il existe.
La cité des métiers que je visiterai tout à l'heure a été inaugurée l'an dernier, et avec des fonds européens là-aussi, 50 %. Le total du projet s'élève à presque 3 millions d'euros dont la moitié en fonds européens, et cette cité des métiers intervient pour orienter sur une activité qui aide à l'emploi.
Les fonds structurels, ce n'est pas que cela. Nous avons choisi trois exemples mais il y en a beaucoup en région PACA. On vient d'ailleurs de boucler le budget européen pour les sept années qui viennent. Les budgets européens sont des budgets pluriannuels, parce qu'on essaye d'avoir une visibilité qui nous permet de construire des projets à long terme et d'avoir des investissements sur plusieurs années. On vient de terminer les négociations entre Européens et donc de définir les enveloppes qu'auront chaque pays, y compris pour la politique régionale, et vous devrez, sous l'autorité du préfet de région, procéder à la répartition de ces fonds régionaux.
Pour votre région, parce que l'Europe y a toujours été active, c'est un beau budget. Sur la période précédente 2000-2006 c'était 603 millions d'euros. Je ne veux pas vous assommer avec des chiffres mais je veux en donner quelques-uns parce que les gens ne le savent pas suffisamment et s'ils ne le savent pas, ils ne peuvent pas juger. 603 millions d'euros que l'on a à notre disposition, avec un pilotage local, sous l'autorité du préfet mais en pleine concertation avec les élus et avec les opérateurs de chaque projet. Pour le prochain budget, PACA s'en est bien sortie. Il y aura 520 millions d'euros ; on change le dispositif, cela va donner beaucoup de souplesse, et je pense que chaque euro devra être investi sur ce qui est vraiment utile et sur ce qui a un effet de levier en termes de compétitivité et d'emplois. C'est pour cela qu'on agit et c'est notre responsabilité. Chaque année cela veut dire que ce ne sont pas des dizaines et des dizaines de projets qui sont aidés, mais des centaines de projets de tous ordres. Des infrastructures lourdes, le rail, la route, les aéroports, la gare, mais aussi des activités culturelles, mais aussi sociales, de l'insertion ; et c'est vrai dans toutes les régions de France.
Il y a le port autonome. C'est 25 ou 26 millions d'euros. La gare Saint Charles, on en parlait beaucoup grâce à l'Europe et grâce au préfet qui a su identifier la bonne filière pour utiliser les fonds européens. Voilà, c'est lancé. La Seyne-sur-mer, j'y étais allée il y a un an, un gros équipement sportif et culturel, le centre nautique, 3 millions d'euros. La ligne pour le ferroutage, c'est cela que j'étais allée visiter, pour relier Toulon, la Seyne, Rome, vous savez qu'il y a des financements européens. Parlez-en, je vous dis les choses simplement, aidez-nous à en faire parler, parlez-en et les gens bougeront. Je ne suis pas là pour dire aux Françaises et aux Français ce qu'il faut qu'ils pensent sur l'Europe, mais je viens pour leur expliquer ce qu'elle fait et ce qu'elle pourrait faire encore mieux.
M. Jean-Claude Gaudin - Si vous me permettez, Madame la Ministre, pour les Arlésiens qui se trouveraient là, l'indemnisation et la reconstruction après les graves inondations d'Arles de 2003, c'est très largement l'Europe.
C'est vrai. Michel Barnier qui était à l'époque le commissaire avait suivi ce dossier avec beaucoup d'attention. Alors on va se tourner un peu vers l'avenir parce qu'il faudra utiliser efficacement ces fonds, mais je suis sûre, mon cher Jean-Claude, que vous avez des idées. J'ai même entendu parler de quelques-unes d'entres elles. Il y a le pôle de compétitivité OPTITEC, situé sur le technopôle de Château-Gombert, Marseille est tête de réseau. La répartition n'est pas faite mais cela fait typiquement partie des grands projets synonymes en plus de développement économique et d'emplois qui peuvent, qui sont de nature à être aidés. Je ne me substitue pas aux autorités qui procèderont à cette répartition, mais c'est tout à fait dans la cible.
Le soutien européen ne se limite pas non plus aux seuls fonds structurels. Là, les 500 millions d'euros vous allez voir comment vous les répartissez mais il n'y a pas que cela. Il y a des fonds pour les grands réseaux européens et la semaine dernière, le 22 juin, lors d'un comité interministériel sur l'Europe, sous la présidence du Premier ministre à Matignon et avec les ministres compétents, transports, aménagement du territoire, et d'autres, nous avons fixé la liste des projets prioritaires, pour lesquels nous demandions à la Commission européenne des financements. Et j'ai le plaisir de vous dire, de vous annoncer ou de vous confirmer, si vous le saviez déjà, que parmi ces projets prioritaires nous avons mis les études préalables à la réalisation de la ligne LGV en PACA.
Il y aurait beaucoup d'autres choses, et je veux remercier de sa présence Mme Pellistrandi - qui ne nous quitte pas car on était il y a une semaine à Antibes pour une conférence maritime - qui fait beaucoup pour aider à mieux faire connaître l'action concrète de l'Union européenne, pour les citoyennes et les citoyens, parce qu'elle est là pour cela et elle le fait. Elle va vous présenter l'une des brochures qu'elle vient de réaliser. L'été arrive, il est même engagé, et elle a fait quelque chose de très bien sur tous les sites touristiques, les chemins, les villages, les infrastructures, les équipements culturels qui sont aidés avec des fonds européens. Et puis vous verrez même sur la petite brochure que non seulement ce n'est pas que les fonds régionaux, non seulement ce n'est pas que les fonds structurels et c'est aussi le site touristique, mais ça nous aide même à défendre les AOC Côtes de Provence et le Banon. Et elle a eu la bonne idée de l'écrire ! Félicitations !
Et puis bravo et merci à toute l'équipe municipale et aux équipes de la préfecture parce que j'ai vu aujourd'hui des gens tellement mobilisés et je sais que vous l'êtes, Jean-Claude, pour la candidature de Marseille au titre de capitale européenne de la culture de 2013. Il y a plusieurs villes candidates, je ne dis rien, mais je sais qu'ici la culture c'est une réalité de tous les jours et que Marseille a tous les titres pour être une candidate d'excellente qualité.
Voilà ce que je voulais vous dire en introduction, avant de répondre à vos questions sur l'Europe, parce que l'Europe c'est une réalité concrète et une réalité positive. Il ne faut pas oublier de le dire. Les responsables politiques, on en est coupable, on ne le fait pas suffisamment, on en parle souvent, trop souvent, de façon théorique, un peu lointaine ou trop dans nos discussions de négociations et le résultat est que beaucoup de nos compatriotes ignorent ce que fait l'Europe. Et ils l'ignorent, ce n'est pas de leur faute, c'est parce qu'on ne l'a pas dit suffisamment. Il faut que cela cesse et que chacun sache un peu mieux ce que fait l'Europe. Et je dois vous dire qu'avec mon collègue Christian Estrosi, ministre de l'Aménagement du Territoire, je souhaite que des dispositions soient prises, et elles le seront cet automne, pour que lorsque des fonds européens viennent aider un projet, que ce soit écrit, que ce soit su, que cela figure sur un panneau, parce que tous les pays européens le font, sauf le nôtre qui le faisait trop peu. Nous souhaitons que ce soit obligatoire de mieux communiquer sur ces sujets pour que les citoyennes et les citoyens soient mieux informés, et après ils jugeront.
(...)
Q - Au sujet des fonds structurels dont vous avez parlé, les 520 millions d'euros qui sont dévolus à la région. Seront-ils dédiés à des projets particuliers et faudra-t-il les rendre s'ils n'ont pas été utilisés entièrement ?
R - Les choses sont simples. Là on part des 603 millions. Ce sont des enveloppes allouées à notre pays et par notre pays aux différentes régions. Il faut les dépenser, et donc il faut des bons projets. Des projets orientés, autant que possible vers le développement de l'activité, de l'emploi, tout ce qui va faire l'avenir de notre pays. Si on ne les dépense pas, c'est soit que les projets sont mal montés, soit qu'on s'y prend trop tard. Il y a parfois des crédits qui ne sont pas consommés et qu'il faut rendre. On a beaucoup amélioré les choses - et je rends hommage au préfet qui est à mes côtés comme chaque fois que je vais en région - parce que dans le passé, nous avions des taux de consommation de crédits qui n'étaient pas aussi bons qu'ils devaient être, ce qui fait que nous devions rendre une partie des sommes pour lesquelles nous nous étions durement battus, croyez-moi, chèrement battus. Et les négociations ne sont pas toujours faciles.
Q - Justement, ces taux de consommation sont passés de combien à combien ?
R - On en est à 90 % et l'année n'est pas finie, cela va jusqu'à fin 2006. Il faut donc se dépêcher.
(...)
Q - Et au niveau national quel est le taux de consommation de ces crédits ?
R - Ce doit être un peu en-dessous de 90 % à la date des dernières statistiques disponibles. On espère être au-delà du chiffre au 31 décembre 2006.
(...)
Q - Vous organisez des voyages d'élus à Bruxelles. J'ai eu connaissance de la liste et j'ai honte pour la région parce qu'il n'y a qu'un seul député qui a fait ce voyage. Comment se fait-il qu'il n'y ait pas plus de réponse ?
R - Nous avons lancé ses journées de sensibilisation à Bruxelles et à Strasbourg et elles marchent très bien. Les parlementaires sont libres, par définition et ce n'est pas l'exécutif qui va leur dicter leur conduite. Mais on va demander un petit coup de pouce au maire ! Ils s'inscrivent librement, je ne vais pas les prendre par la main.
Q - Avez-vous le sentiment que la ville et la région ont appris à se servir de l'Europe ?
R - Elles ont toujours su s'en servir. C'est cela le paradoxe. Cela marche bien. Comme c'est une région qui avait besoin, sur un certain nombre de choses, de coups de pouce, elle a toujours eu la chance de bénéficier de l'attention de l'Etat, cela va sans dire, et de toutes ses autorités, mais aussi de l'Europe, qui est faite pour cela, pour aider. Le paradoxe est qu'elle a toujours su très bien s'en servir, avec une gamme d'activités quasiment complète, mais qu'elle ne l'a pas toujours réalisé. Le vote des électeurs - et pas seulement l'an dernier - en témoigne. Je crois qu'il y a un défi à relever dans la constatation de ce décalage entre une Europe réelle et une Europe telle qu'on l'imagine. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on en a pas fait très fort dans les années passées et qu'il va falloir essayer de faire mieux pour que la perception, localement et dans toutes nos régions, soit plus proche de la réalité par rapport à ce qu'elle est aujourd'hui. Parce que l'Europe fait vraiment du bon boulot, avec l'aide des élus locaux, de tout le monde.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juillet 2006