Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec LCM La chaine Marseille sur les aides européennes à la région PACA et la réglementation européenne en matière de pêche, à Marseille le 7 juillet 2006.

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Circonstance : Déplacement à Marseille (Bouches du Rhône), le 7 juillet 2006

Texte intégral

Q - Vous êtes chargée de reconquérir le coeur européen des Marseillais, vous faites un peu le tour du propriétaire et on sait qu'ici notamment sur le référendum sur la Constitution européenne le "non" a atteint des scores très élevés notamment dans les quartiers nord où vous êtes allée ce matin ...
R - Disons qu'il y a eu un problème, c'est clair, alors que l'Europe fait beaucoup de choses concrètes pour favoriser le développement économique et social de la ville, de la région, pour réhabiliter des quartiers, pour rénover la gare Saint Charles, pour développer des zones d'activités. Les gens ne le savent pas. Ils ne le savent pas car on ne le leur dit pas assez et ensuite, si on leur demande leur avis sur l'Europe, ce n'est pas toujours positif. Ce que j'essaie de faire, c'est de montrer ce qui se fait réellement, ce qui crée de l'emploi et de l'activité. Croyez-moi : on va mieux avec que sans car, seuls, dans notre coin, on ne s'en sortirait pas bien. On ne l'a pas suffisamment expliqué dans le passé donc je le fais !

Q - Marseille a eu beaucoup d'argent de la part de l'Europe ?
R - Non seulement Marseille mais aussi le département et la région PACA. La région, par exemple, reçoit 600 millions d'euros de l'Europe. Cela aide des centaines et des centaines de projets, des infrastructures, des associations d'insertion, la culture, le pôle multimédia ici qui a reçu cinq millions d'euros de la part de l'Europe. C'est normal, c'est bien mais il faut le savoir et le faire savoir.

Q - Dernière question : je suis allé voir les marins pêcheurs ; c'est peut être les plus anti-européens de la liste notamment sur le fonds d'aide qui vient d'être voté, il y a deux semaines environ, à Bruxelles ; on peut être plutôt content pour eux car ils vont toucher de l'argent sauf que sur ces milliards d'euros, un tiers va être englobé par la seule Espagne... Est-ce que l'Europe compte sur les pêcheurs français ?
R - Les pêcheurs sont traditionnellement méfiants à l'égard des réglementations et de la réglementation européenne en particulier. Pourtant il faut bien arriver à régler les rapports entre la mer et les activités humaines.
Il est normal que l'Europe essaie de trouver le bon équilibre entre les différentes préoccupations pour qu'il n'y ait pas de sur-pêche, de pêche de poissons de trop petite taille. Je sais que c'est une question difficile pour les marins pêcheurs mais il faut savoir que s'il n'y avait pas du tout de réglementation, l'activité s'éteindrait et cela n'est pas de l'intérêt des pêcheurs. On progresse, on tâtonne, on cherche. Les dernières décisions qui viennent d'être prises augmentent considérablement les aides et ils en avaient besoin car on sait que ce sont des métiers très difficiles. Donc, on progresse quand même...
Sur ce manque à gagner des petits poissons hors taille, moi j'ai passé la journée sur un chalutier, ce sont des centaines de kilos de petits poissons qui sont rejetés à la mer donc c'est un manque à gagner pour les pêcheurs mais aussi pour les clients car ces poissons sont moins chers.

Q - Ne marche-t-on pas sur la tête ? Voir que des gens travaillent seize heures par jour pour que leur pêche reparte au gavion c'est-à-dire à la mer et aux mouettes ?
R - Pas tout à fait car si on pêche des poissons trop petits, on les empêche de se développer et on a rapidement une situation de sur-pêche. La nécessité de la préservation de la survie d'une espèce doit aussi être intégrée. Si on pêche des petits poissons, nous n'aurons plus de gros poissons ! On est en contentieux avec l'Union européenne là-dessus et cela fait des années que cela dure. On s'adapte progressivement mais nous ne sommes pas, d'ailleurs, tout à fait satisfaits de cette approche qu'à l'Europe mais elle a, malgré tout, une logique à dire ''ne pêchons pas de poissons trop petits''.

Q - Mais, en Espagne, ils ne se posent pas de questions, eux, ils pêchent de jour de nuit par tout temps ...
R - Vous savez que si des infractions sont remarquées, elle sont sanctionnées. La loi est la même partout.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juillet 2006