Toast de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les relations franco-mozambicaines, à Paris le 21 juillet 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Diner offert en l'honneur du Président de la République du Mozambique, M. Armando Guebuza, à Paris le 21 juillet 2006

Texte intégral

Monsieur le Président de la République,
C'est au nom du gouvernement français que l'honneur me revient de vous accueillir de nouveau à Paris : vous étiez venu en France au mois de septembre 2004 comme secrétaire général du FRELIMO, vous y revenez aujourd'hui en Chef de l'Etat.
Je m'en félicite tout particulièrement, car je sais que vous avez tenu vous-même à inscrire cette étape parisienne dans le programme de votre premier déplacement officiel en Europe. Cette décision personnelle marque, s'il le fallait, l'importance de vous accordez à notre relation bilatérale.
Soyez-en assuré, Monsieur le Président, la France attache également une grande importance à l'amitié qui lie nos deux pays depuis votre accession à l'indépendance.
Nous célébrons en effet, cette année, le trentenaire de l'établissement de nos relations diplomatiques. Depuis 1976, la France accompagne le Mozambique sur la voie du développement - un pays qu'elle a tout naturellement inclus dans sa zone de solidarité prioritaire et avec lequel elle entend développer davantage ses relations de voisinage dans l'océan Indien, où elle est elle-même présente avec La Réunion et Mayotte.
La page de la guerre "fratricide" qui a marqué les premiers pas de la jeune nation mozambicaine est désormais tournée. Elle vous a permis de mesurer, sans doute plus cruellement que d'autres, la valeur de la stabilité politique et de la paix sociale. Elle donne sa pleine mesure à votre volonté d'assurer maintenant la reconstruction et le développement de votre pays.
Vous donnez vous-même l'exemple de votre détermination à "continuer la lutte" ("a lutta continua !", la lutte continue, est la devise nationale), par les voyages que vous effectuez régulièrement en province dans le cadre de cette "présidence ouverte" qui vous est chère. Vous y montrez le souci d'être à l'écoute du Mozambique, et d'examiner sur le terrain la meilleure façon d'améliorer les conditions de vie de vos concitoyens.
Vous le manifestez encore avec ces assises que vous avez tenues au mois de février dernier, avec tous les éléments de la société mozambicaine, sur la pandémie du Sida qui frappe si cruellement votre pays.
Tous ces efforts consentis commencent à porter leurs fruits. La communauté internationale ne s'y est pas trompée, qui apprécie le chemin parcouru en se tenant avec constance et détermination à vos côtés.
La clairvoyance de ses dirigeants fait en effet du Mozambique un exemple de sortie de crise réussie, en Afrique, et au-delà.
Votre pays est aussi exemplaire pour la manière dont il gère l'aide publique au développement et ses relations avec ses multiples partenaires extérieurs. Il est en effet devenu un pays pilote de la mise en oeuvre au quotidien de la Déclaration de Paris sur l'harmonisation, la coordination et la prévisibilité de l'aide.
Vous connaissez, Monsieur le Président, la relation ancienne et fraternelle que la France entretient avec l'Afrique. La France est fière de se voir parfois présentée sur le continent africain comme "le porte-voix des sans-voix".
Sur bon nombre de questions internationales, nous partageons ainsi une même approche, ainsi que votre entretien de ce matin avec le président Chirac l'a confirmé :
- Comme vous, nous sommes attachés au maintien d'un monde multipolaire où la diversité culturelle est une réalité ;
- Comme vous, nous sommes convaincus que la paix et la stabilité sont possibles par le dialogue, et qu'elles sont les conditions indispensables d'un développement durable.
- Comme vous, nous sommes convaincus de la nécessité de promouvoir des financements innovants pour le développement, et nous vous sommes reconnaissants de votre participation au Groupe pilote sur les contributions de solidarité sur les billets d'avion.
Monsieur le Président, la France entend rester fidèle à son engagement envers l'Afrique. Elle continuera à augmenter son aide en veillant à ce qu'elle soit plus moderne, plus prévisible, plus transparente, en un mot plus efficace, au travers de la mise en oeuvre d'un instrument nouveau qu'est le Document-cadre de partenariat.
C'est ce DCP que nous venons de signer avec Mme Abreu. Il permettra de concentrer nos moyens sur des secteurs prioritaires qui ont été définis avec vous, en tenant compte de vos attentes.
Au titre de ce DCP, la France mobilisera de 60 à 80 millions d'euros entre 2006 et 2010, dont les trois quarts au profit des secteurs de la santé, en particulier la lutte contre le sida, et de la protection de l'environnement et de la valorisation de la biodiversité.
Parallèlement, la France poursuivra sa participation à l'aide budgétaire au sein du groupe des 18 bailleurs internationaux, ainsi que son action dans les domaines de l'eau, de la diversité culturelle, de la gouvernance et du renforcement des capacités.
Ce dispositif vient en appui du financement par la France d'un cinquième du 10ème Fonds européen de Développement, et de notre importante contribution volontaire au Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Mais au-delà de notre partenariat pour le développement, nos relations doivent aussi connaître un nouvel élan dans le domaine économique, par un approfondissement de nos échanges commerciaux. C'est tout le sens de la présence ce soir, à nos côtés, de représentants de grandes entreprises françaises, dont plusieurs sont déjà présentes de longue date dans votre pays.
Je sais, Monsieur le Président, l'importance que vous accordez à l'amélioration de l'environnement des affaires et je crois que c'est effectivement l'une des clefs pour accroître l'investissement dans votre pays. De nombreuses opportunités existent, notamment dans le secteur de l'énergie, du tourisme ou encore de l'agriculture.
La récente prise de participation du groupe TEREOS dans la sucrerie de Marroméou est très encourageante, car elle témoigne de la confiance que suscite votre pays et de son important potentiel de développement.
Dans ce contexte, la proximité de la France, votre voisine de l'océan Indien, constitue également un atout, non seulement en matière commerciale mais aussi dans les domaines de la coopération culturelle, technique et universitaire. La France attache une importance toute particulière au développement économique et au renforcement des échanges dans le sud de l'océan Indien.
Pour conclure, je voudrais vous exprimer la sympathie avec laquelle nous accueillons la décision que vous venez de prendre de rejoindre, comme observateur, la grande famille de la francophonie.
Soyez assuré que la France appuiera votre candidature lors du prochain sommet de l'Organisation à Bucarest. Cette adhésion sera un gage supplémentaire de la qualité d'une relation que la France souhaite encore plus intense à l'avenir.
Je lève mon verre à l'amitié entre nos deux pays.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juillet 2006