Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, lors de la conférence de presse conjointe avec le prince Saud Al Faysal Al Saoud, ministre saoudien des affaires étrangères, sur la crise au Proche-Orient avec la poursuite des hostilités entre Israël et le Liban et l'action de la France au Conseil de sécurité de l'ONU pour sortir du conflit, Paris le 20 juillet 2006.

Prononcé le

Circonstance : Visite en France du prince Saud Al Faysal Al Saoud, ministre saoudien des affaires étrangères, le 20 juillet 2006 à Paris

Texte intégral

Votre Altesse royale,
Mesdames,
Messieurs,
Je voudrais d'abord vous dire combien je suis heureux d'avoir pu recevoir ici son Altesse royale, le Prince Saud Al Faysal.
Le rythme de nos rencontres et de nos échanges, et la convergence de nos points de vue sur l'ensemble des questions régionales et internationales, témoignent du caractère exemplaire de la relation entre nos deux pays amis.
Lors de notre entretien, j'ai tenu, tout d'abord, à saluer la politique éclairée du Royaume en matière de réformes économiques et sociales. Je réitère ici le souhait de la France d'encourager ce mouvement, de l'accompagner à travers des programmes de coopération adaptés et d'actions des entreprises.
Nous avons également abordé, avec Son Altesse royale, certains dossiers de l'actualité régionale et internationale. Outre l'Iran, si important pour la stabilité du Royaume et du Moyen-Orient dans son ensemble, nous avons surtout parlé de la crise au Proche-Orient sur laquelle nous avons pu constater, encore une fois, combien nos analyses étaient proches.
Sur ce point, je souhaite vous dire combien la France est gravement préoccupée par la poursuite, une semaine après l'enlèvement par le Hezbollah de deux soldats israéliens, des violences entre Israël et le Liban qui ont fait de très nombreuses victimes civiles et qui ont entraînées la destruction de nombreuses infrastructures.
La France apporte tout son soutien aux efforts en cours dans le cadre des Nations unies pour établir les conditions d'un cessez-le-feu. Elle a soutenu le principe de la mission de M. Javier Solana dans la région, en appui de ses efforts. Assurant en ce moment la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies pour le mois de juillet, la France travaille également à ce que cette enceinte puisse prendre position sur ce dossier. En tant que membre du Conseil de sécurité, elle a fait circuler un non papier sur la base des conclusions du G8. Aujourd'hui même, le Conseil de sécurité va entendre la mission des Nations unies, de retour de la région, et un débat public sera organisé demain au Conseil de sécurité.
La France rappelle son attachement à la pleine mise en oeuvre de la résolution 1559 et à l'affirmation de la souveraineté et de l'indépendance du Liban. A ce titre, nous condamnons le bombardement de l'armée libanaise. La France rappelle l'importance qui s'attache notamment au déploiement de l'armée libanaise sur l'ensemble du territoire de ce pays, déploiement qui constitue l'un des éléments de la sortie de crise.
Comme le Premier ministre l'a rappelé lors de son déplacement à Beyrouth, le président du Conseil des ministres libanais, M. Fouad Siniora, bénéficie du plein soutien de la France et de la communauté internationale. Nous soulignons la nécessité de préserver les institutions, les infrastructures, les capacités d'action du gouvernement libanais qui aura à jouer un rôle central dans l'élaboration de toute solution durable à cette crise. Nous appelons les autorités israéliennes à faire preuve de la plus grande retenue dans leurs opérations afin de protéger les populations civiles et les infrastructures libanaises, ainsi que la présence internationale, notamment la FINUL. Je vous remercie.
Q - Monsieur le Ministre, vous avez parlé de la sortie de crise qui serait le déploiement de l'armée libanaise jusqu'aux frontières. Pouvez-vous nous dire comment la France et l'Arabie Saoudite et les pays amis peuvent-ils aider le gouvernement de M. Siniora dans ces circonstances à déployer son armée jusqu'au frontières et quelle est l'idée de la France et de l'Arabie Saoudite sur comment devrait être la force internationale dont a parlé aujourd'hui le Prince héritier d'Arabie Saoudite ?
R - Je voudrais dire combien je partage ce que vient de dire son Altesse royale et je me permettrai de rajouter, en tant que membre du gouvernement français, à quel point nous croyons à l'avenir du Liban, combien nous aimons ce pays, combien les Français se sentent proches des Libanais et combien il est important pour nous de nous associer, certes politiquement, mais aussi économiquement, à la reconstruction du Liban.
Nous réfléchissons aux modalités de déploiement d'une force internationale qui représente, comme l'a dit le président de la République, la seule garantie de sortie de crise pour stabiliser durablement la frontière israélo-libanaise et permettre la mise en place de la résolution 1559 des Nations unies.
Le débat sur le renouvellement de la FINUL, prévu dans les prochaines semaines, nous donnera l'occasion d'échanger notre vue sur ce point avec d'autres délégations du Conseil. Nous attendons également l'intervention du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité, demain.
Q - Monsieur le Ministre, la France préside le Conseil de sécurité pour le mois de juillet. Aujourd'hui, il y a l'unanimité concernant le déploiement de forces internationales et demain, comme vous l'avez dit, le Conseil de sécurité va se réunir pour discuter de ce problème. Y a-t-il une recommandation justement afin de déployer des forces internationales et quand est-ce que cela pourrait se faire étant donné la crise actuelle au Liban ?
R - Les membres du Conseil de sécurité ont été informés de manière très régulière par les responsables du Secrétariat général des Nations unies de l'évolution de la situation au Liban. La poursuite des hostilités et l'aggravation de la situation humanitaire suscite une très vive préoccupation au sein du Conseil.
Le G8 a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu'il travaille à un plan susceptible de favoriser une sortie de crise notamment via les résolutions 1559 et 1680 qu'il s'agit de mettre en oeuvre de manière pleine et entière. La France, en sa qualité de membre du G8 et de présidente du Conseil de sécurité, en ce mois de juillet, a soumis aux autres membres du Conseil des éléments destinés à engager une réflexion concrète.
Il ne s'agit pas d'un projet de résolution ou de déclaration du Conseil. Il s'agit de rassembler les éléments qui vont favoriser les discussions au sein du Conseil. Ces éléments vont pouvoir être examinés ces prochains jours, à la lumière de l'exposé, comme je viens de le dire, que fera le Secrétaire général des Nations unies, demain, devant les membres du Conseil et, surtout, à la lumière des résultats des missions diplomatiques en cours, notamment celle de M. Roed Larsen. Quant à moi, je vais me rendre ce soir dans la région.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2006