Interview de M. Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités à Europe 1 le 2 août 2006, sur la grève des chirurgiens et anesthésistes des cliniques privées, la revalorisation des honoraires médicaux et les primes d'assurances des professions médicales.

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Média : Europe 1

Texte intégral

X. Bertrand
Europe 1
8h00
G. Biet
le 2 août 2006
Q- Après une semaine de grève, les chirurgiens, les anesthésistes et les obstétriciens des cliniques privées ont rendez-vous tout à l'heure, à 9 heures, au ministère de la Santé. Ils protestent contre la flambée de leurs primes d'assurance ; ils réclament également une revalorisation de leurs honoraires. Leurs représentants seront donc tout à l'heure dans le bureau du ministre de la Santé, X. Bertrand. J. Chirac souhaite que l'on trouve une solution rapide à ce problème ; qu'allez-vous leur proposer ?
R- Je vais leur présenter, dans le détail, un projet de décret, qui va leur être mis sous les yeux de façon à confirmer tout ce sur quoi nous travaillons depuis des semaines et des semaines, et que je leur ai indiqué vendredi dernier. L'idée, c'est, comme l'a souhaité le président de la République, non seulement que l'on puisse régler la situation pour aujourd'hui, mais que l'on puisse aussi leur donner des garanties pour l'avenir et, d'année après année, les chirurgiens, les obstétriciens, les anesthésistes, ne se demandent pas quelle va être la flambée des prix de leurs tarifs d'assurance. Parce que si cela continue comme ça, c'est vrai que les jeunes ne vont plus aller vers ces spécialités et qu'à terme, on n'aura plus suffisamment de ces professionnels de santé. Donc, il faut régler le problème, non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les années qui viennent. L'idée, c'est que c'est maintenant l'Etat, l'assurance maladie directement, qui va être face aux assureurs et qui va obtenir des assureurs qu'ils soient davantage transparents. Quant aux professionnels de santé, ils auront, eux, la garantie que leurs primes d'assurance ne flamberont plus comme cela a été le cas cette année, avec + 20 %.
Q- Donc, l'idée, c'est de faire entrer dans le jeu l'assurance maladie. Mais est-ce que c'est à elle de prendre en charge une partie du coût de ces primes d'assurance ?
R- Il faut savoir aussi très clairement ce que nous voulons. Nous voulons aujourd'hui obtenir une stabilité des primes. Entre les chirurgiens et les assureurs, on n'a pas réussi à régler ce problème depuis maintenant quelques années. Ce qui veut dire que c'est à nous de garantir à ces professionnels de santé, et donc aux patients, l'exercice médical. Mais c'est à nous maintenant aussi, en même temps, de voir pour que les règles du jeu soient plus transparentes, qu'elles soient plus claires, peut-être aussi plus fermes avec les assureurs, pour que l'on sache précisément ce qui est versé comme sinistre et ce qui est encaissé comme primes. Cette exigence de transparence, elle est due. Mais une chose est certaine, c'est que nous allons pouvoir donner cette garantie aux professionnels de santé, de ne plus connaître d'explosion des primes comme par le passé.
Q- Les syndicats de médecins réclament des propositions écrites et applicables immédiatement. C'est ce que vous comptez mettre en place ?
R- Ce qui nous a toujours été demandé, c'est d'avoir un projet de décret. J'y travaille depuis des semaines, ils le savent ; nous les avons rencontrés pas seulement vendredi dernier, à différentes reprises. On sait que ce problème est marquant. Pour quand ? Pour le 1er janvier, parce qu'au 1er janvier, nous savons qu'un assureur risquait de se retirer du marché. Il n'est d'ailleurs pas impossible que cet assureur change d'avis, compte tenu des nouvelles propositions du Gouvernement. Donc, en tout état de cause, ce sera prêt en temps et en heure, et ce projet de décret sera transmis au Conseil de l'assurance maladie - c'est une formalité obligatoire - au plus tard au tout début du mois de septembre, et il sera publié en temps et en heure, comme je m'y suis engagé, de façon à pouvoir régler ce qui est leur revendication principale.
Q- Est-ce que vous avez chiffré le coût des mesures de ce décret ?
R- Nous allons voir avec eux tout à l'heure. Pour les obstétriciens, on sait que tous les obstétriciens sont concernés ; pour les spécialités chirurgicales, j'ai besoin qu'ils me disent - ils s'y sont engagés - quelles sont les spécialités chirurgicales qui sont les plus précisément visées ou est-ce que ce sont toutes les spécialités. Ce chiffrage, que je donnerai tout à l'heure, sera fonction de la réunion.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 août 2006