Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur le programme Rubis (système de télécommunications pour la gendarmerie), Paris le 20 mars 2001.

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Circonstance : Cérrémonie de clôture du programme Rubis, à Paris le 20 mars 2001

Texte intégral

Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Représentants de l'Autorité Judiciaire,
Monsieur le Délégué Général pour l'Armement,
Monsieur le Directeur Général de la gendarmerie Nationale,
Messieurs les Ingénieurs et Officiers Généraux,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux d'être parmi vous pour cette cérémonie de clôture du programme Rubis, aux côtés du délégué général pour l'armement, du directeur général de la gendarmerie nationale, de messieurs Camus et Payer du groupe EADS, en présence de délégations utilisatrices du produit Rubis.
Nous sommes réunis pour célébrer l'aboutissement d'un programme exemplaire à plusieurs titres, qui marque notre maîtrise des systèmes de télécommunication numérique. La qualité de notre technologie a d'ailleurs été reconnue à l'étranger puisque la norme TETRAPOL, issue de Rubis, a donné lieu à la vente de près de 50 réseaux de télécommunication dans le monde.
Le programme Rubis, comme vous le savez, a été lancé officiellement en août 1987. Il s'agissait alors de concevoir un réseau national de télécommunication de nouvelle génération, capable de remplacer le système Saphir et de répondre aux besoins opérationnels de plus en plus exigeants des forces de gendarmerie, dans un environnement complexe.
Aujourd'hui, le déploiement national des 97 réseaux départementaux est effectif, et Rubis constitue le plus grand réseau opérationnel de radiocommunication professionnelle numérique au monde.
[La réussite de Rubis en matière de conduite de programme]
Je tiens à souligner d'abord le caractère exemplaire de la conduite de ce programme. En effet, la mise en uvre de ce projet s'est effectuée dans un esprit de coopération et de complémentarité remarquable entre la gendarmerie, la DGA et les industriels concernés. Il est vrai que l'ampleur et la complexité du programme, le nombre important d'intervenants imposaient une organisation rigoureuse et un partage efficace des responsabilités de maîtrise d'ouvrage.
La qualité de cette coopération, ainsi qu'une politique volontariste de réduction des coûts ont permis le respect des contraintes financières initiales, et ce malgré une extension du nombre de relais, de terminaux et de faisceaux hertziens. Le coût global du système Rubis s'élève à environ 3 MdF. Ce qui illustre l'importance de ce système de télécommunication pour la gendarmerie nationale.
Dès le lancement du programme, l'expression des besoins opérationnels a été confiée à des officiers de gendarmerie ayant l'expérience du terrain et des connaissances techniques sérieuses. Dès les phases amont du programme, la prise en compte de demandes d'évolution suggérées par les premiers utilisateurs du système a permis de l'adapter avec encore plus d'efficacité aux nécessités opérationnelles rencontrées par les unités.
Par la suite, la réussite du déploiement complet de Rubis a été rendue possible grâce à l'engagement de tous les participants à ce programme.
[Les participants]
La DGA a garanti la cohérence d'ensemble du projet, déterminé la programmation financière à partir d'un schéma de déploiement souhaité par la gendarmerie, et assuré la maîtrise des coûts. Elle a été l'interface privilégiée entre la direction générale de la gendarmerie nationale, et les industriels en procédant au choix des constructeurs retenus et en passant les contrats.
La DGGN a assuré la maîtrise d'ouvrage des sous-systèmes infrastructure et ingénierie. Ses équipes techniques ont joué un rôle essentiel en assurant l'installation et la mise en service des matériels, notamment des réseaux de base.
Enfin, la société EDSN a organisé la mise en place du sous-système radio-commutation, SAGEM celle du sous-système transmission, tandis que CEGELEC et CMB fournissaient les pylônes.
[Une réponse aux besoins opérationnels de la gendarmerie]
Si le bon déroulement de ce programme résulte de l'action pleinement réussie des différents intervenants, sa réussite tient avant tout à l'adéquation du système Rubis aux besoins opérationnels de la gendarmerie.
Ce réseau de nouvelle génération constitue en effet un outil d'une grande fiabilité et d'une efficacité exceptionnelle, qui devrait contribuer grandement à la qualité du service rendu par la gendarmerie nationale. Celle-ci exerçant sa compétence sur 95% du territoire national, la qualité des télécommunications revêt une importance déterminante.
Or, l'utilisation d'un réseau analogique ne permettait plus de garantir la confidentialité des communications car la diffusion de scanners sur le marché rend les interceptions plus aisées. Les gendarmes utilisateurs de Rubis ont désormais la certitude de communiquer en toute confidentialité. De plus, la disponibilité du système en toute circonstance garantit aux forces de sécurité de pouvoir passer des communications ou de recevoir en temps utile les informations indispensables à leurs missions. Et ceci, même dans l'hypothèse d'une saturation des réseaux civils.
D'autre part, Rubis offre des services spécifiques propres aux forces de la gendarmerie nationale qui ne sont pas rendus possibles par les réseaux GSM actuels. Le système se caractérise par une excellente interopérabilité et une grande capacité d'ouverture. Il fédère l'ensemble des réseaux de commandement des unités de gendarmerie départementale dans un réseau national unique. Il autorise, en outre, une interconnexion avec d'autres réseaux de télécommunication, en particulier avec le réseau ACROPOL, dont le déploiement se poursuit dans la police nationale.
On doit relever que le choix qui a été fait dès le début de mettre en place un réseau de télécommunication numérique était aussi judicieux que visionnaire, car cette technologie n'était pas encore consolidée. Ce choix a permis de développer les produits de la gamme TETRAPOL qui connaissent un grand succès commercial chez nos partenaires.
L'architecture retenue permet d'assurer le caractère évolutif du réseau Rubis. Comme tout grand système de défense, Rubis est appelé à rester en service pendant de longues années, et fera l'objet d'ajustements permanents pour répondre aux évolutions technologiques.
Toutes ces raisons, ajoutées à une grande simplicité d'emploi, font de Rubis un outil particulièrement apprécié par les forces de gendarmerie.
[Ce programme illustre 3 volets de l'action du ministère]
Rubis est un programme exemplaire qui illustre trois volets importants de l'action du ministère de la Défense : le développement des capacités dites C3R (commandement, conduite, communication, renseignement), l'accompagnement des opérations d'exportation de matériels militaires, et la préparation du futur système de défense au moyen d'une politique de recherche scientifique et technologique rénovée.
[Le développement des C3R]
Le développement des C3R d'abord. Les évolutions géopolitiques et stratégiques contemporaines rendent les menaces pesant sur nos intérêts plus diffuses, plus complexes à analyser et à prévenir. Les formes de notre action doivent par conséquent évoluer, en particulier dans la maîtrise de l'information nécessaire à la prise de décision.
Ceci a justifié la mise en place, dans toutes les armées modernes, d'un système de forces dit C3R qui vise à unir et coordonner les activités de commandement, conduite, communication et de renseignement. Le développement du système C3R au sein des forces armées françaises répond au souci d'améliorer la maîtrise de l'information afin d'obtenir une meilleure coordination interarmées et interalliée, ainsi qu'une plus grande efficacité de nos forces.
L'importance du C3R est encore renforcée par la volonté politique de la France d'être en mesure de commander une coalition multinationale. Cela suppose notamment d'être en mesure de fournir les données de renseignement stratégiques et tactiques et de bâtir une structure d'information entre les divers niveaux de commandement. Notre effort porte en particulier sur l'acquisition de capacités d'observation et de télécommunications, ainsi que le développement de réseaux cryptés mobiles permettant la transmission des informations à tous les niveaux de commandement.
[l'accompagnement des opérations d'exportation de matériels militaires]
Le deuxième volet de notre action qu'illustre le programme Rubis porte sur l'exportation et le développement des relations avec les forces de sécurité partenaires. 47 réseaux TETRAPOL, issus de la technologie Rubis, sont aujourd'hui déployés ou en cours de déploiement dans 25 pays dans le monde, dont 13 en Europe. Il faut noter que le ministère de la défense a organisé le soutien efficace des opérations d'exportation de ces matériels. Cet accompagnement explique en partie le succès à l'exportation des systèmes TETRAPOL.
Les exportations s'inscrivent dans la relation internationale de défense. Ils en sont une composante majeure, à côté de la coopération militaire et du dialogue stratégique. Ces transferts ont une signification politique forte ; ils nécessitent une excellente qualité des relations bilatérales et contribuent d'ailleurs à les renforcer.
Je me réjouis de la réussite remportée à l'étranger par les réseaux de télécommunication issus de Rubis. Ce succès commercial constitue la reconnaissance de notre maîtrise technologique et contribue au renforcement des relations avec certains de nos partenaires.
[Le fruit d'une politique d'innovation technologique]
Enfin, il ne faut pas oublier que le programme Rubis est aussi le fruit d'une politique d'innovation scientifique et technique menée par le secteur de la défense. C'est là encore l'un de nos engagements forts. Depuis 1997, nous avons largement modernisé et rénové nos méthodes de préparation de l'avenir, en matière de prospective opérationnelle et technologique et de recherche de défense.
La recherche joue en effet un rôle essentiel dans la préparation de l'avenir de notre outil de défense. Sa finalité est de permettre de réaliser demain les systèmes d'armes dans les meilleures conditions de coût, de délai et de performances.
J'ai fixé, dans ce domaine, trois priorités pour la période à venir. En premier lieu, recourir plus souvent à des démonstrateurs technologiques permettant aux programmes d'armement de bénéficier des avancées technologiques au moment opportun et d'apporter la meilleure réponse possible au besoin opérationnel. Ensuite, consolider la coopération entre les structures civiles et militaires, dans les secteurs, comme celui de la communication et des hautes technologies, où elle est mutuellement bénéfique. Enfin, développer la coopération européenne en matière de recherche de défense. Je sais pouvoir compter sur le professionnalisme et la compétence des personnels de la délégation générale pour l'armement, pour atteindre ces objectifs.
[Conclusion]
Je tenais, par ma visite, à féliciter les équipes de la DGA, de la DGGN et de l'industrie pour le grand succès commun qu'est le programme Rubis.
Je remercie les hautes autorités françaises et les délégations étrangères qui nous font l'amitié de participer à cette cérémonie de clôture du programme Rubis, et qui pourront tout à l'heure assister devant cet amphithéâtre à des démonstrations de moyens de la gendarmerie utilisant le produit Rubis.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 mars 2001)