Texte intégral
Q- Richard Arzt : Bonjour Jean-Marie Le Pen. Il y a une dizaine de jours à l'ONU, la diplomatie française a largement contribué à la mise au point d'un texte qui a permis la cession des hostilités au Liban. Est-ce que la France doit maintenant à votre avis, s'engager plus en envoyant davantage de soldats dans la force de l'ONU ?
R- Jean-Marie Le Pen : On s'est fait une fois de plus piégé, comme on le fait d'habitude avec Mr Chirac. Mr Chirac s'est avancé à participer à la rédaction du document de l'ONU, et puis mis au pied du mur, il est dans l'incapacité de fournir les troupes qu'il a promis, comme un rodomont ordinaire. Et je suis personnellement d'avis de ne pas s'engager dans cette bataille où la France qui n'a déjà plus de moyens militaires, a tout à perdre, c'est-à-dire le reste.
Q- C'est-à-dire que les conditions posées par la France à l'ONU - enfin : les demandes de garanties pour cette force masquent à votre avis un manque de moyens ?
R- L'ONU n'est pas du tout en mesure de fournir quelque garantie que ce soit, puisque les gens dont il s'agit, c'est les USA et Israël, qui n'ont jamais respecté les décisions de l'ONU. Par conséquent, se mettre dans cette situation, c'est se condamner bien sûr à être entre le marteau et l'enclume, et je crois que la France n'a pas, n'a même pas les moyens militaires de ce qu'elle a affirmé.
Q- Manque de troupes ?
R- Manque de troupes. Nos troupes sont dispersées à peu près partout dans le monde. Et remplissant d'ailleurs ces rôles de policiers internationaux. Et je crois qu'une bonne chose à faire, c'est de se tenir à l'écart et sans doute de s'engager, sur la voie un petit peu humiliante, de la négociation avec les pays qui comptent dans la région. C'est-à-dire avec la Syrie, avec l'Iran.
Q- Ah oui, vous pensez que de ce coté-là, la France devrait avoir un dialogue, parce que l'Iran peut avoir un rôle stabilisateur ?
R- Comme disait Mr Douste-Blazy, il faut savoir de nécessité faire vertu. Puisque nous n'avons pas les moyens d'avoir une autre politique que celle-là, eh bien, il faut utiliser les moyens qui nous restent pour essayer d'amener un peu, de ramener un peu de calme dans cette région. Faute de quoi le tsunami peut un jour déferler sur toute cette région.
Q- Vous aviez visité l'Irak du temps de Saddam Hussein. Vous pourriez faire un voyage dans les pays comme la Syrie ou l'Iran ?
R- Je ne me l'interdis pas si c'était l'intérêt de la France, oui.
Q- Parlons un petit peu de la campagne. Vous avez dit à plusieurs reprises que vous pensez probable votre présence au deuxième tour, comme en 2002. Vous ne précisez pas qui sera l'autre candidat.
R- Non. Ce sera peut-être aucun de ceux dont on parle aujourd'hui d'ailleurs. C'est-à-dire ni Sarkozy ni Royal.
Q- Qu'est-ce qui pourrait affaiblir Nicolas Sarkozy, au point qu'il ne soit pas au deuxième tour ?
R- Ecoutez : la longue suite de ses échecs, que n'arrivent pas à masquer ses discours euphémistes. Ce n'est pas la première fois que Sarkozy annonce toute une série de mesures, émet toute une série de critiques, comme Jacques Chirac d'ailleurs. Comme s'ils n'étaient pas eux-mêmes responsables depuis des années et des années, de la situation actuelle. Mr Sarkozy a été plusieurs années ministre de l'Intérieur. A qui peut-il s'en prendre quand il porte une critique sur la situation actuelle ?
Q- Prenons le cas précis des décisions d'expulsions de sans papiers. Ça peut satisfaire peut-être un électorat de droite ?
R- Oui. C'est certainement fait pour cela. Mais ce sont des manoeuvres d'apparence. La réalité - vous le savez bien - passerait par la réforme du code de la nationalité, par - comment dirais-je ? - la récupération de notre souveraineté, notamment en matière d'immigration, qui a été confiée on le sait, à l'Europe. Et ça, c'est une politique tout à fait différente de celle qui est menée par Mr Chirac et par Mr Sarkozy. Qui bien que ça n'en ait pas l'air, ressemble à celle du chien crevé au fil de l'eau.
Q- Et dans le cas précis du squat, enfin de l'ex-squat de Cachan : tous ces gens qui dorment dans un gymnase. Quelle est la solution à votre avis ?
R- Il ne fallait pas les laisser entrer. Et comme ils continuent d'entrer...
Q- Entrer dans le gymnase ?
R- En France. En France, par dizaines de milliers, par centaines de milliers chaque année, il est bien évident que cette situation va s'aggraver. Ce squat était connu depuis des années, n'est-ce pas ? En tous les cas, depuis de nombreux mois, eh bien, le ministre de l'Intérieur n'avait rien fait. Il fait quelque chose maintenant parce qu'on est dans le cadre de la campagne électorale. On est dans une situation assez étonnante, et scandaleuse à mon avis, d'un ministre qui se sert de sa fonction quotidiennement pour occuper les médias et faire sa propre campagne électorale.
Q- Je reviens aux candidats. Ségolène Royal : elle est confortée à votre avis par sa campagne et sa détermination ? Je rappelle qu'en 2002, vous étiez le premier à dire qu'elle pourrait être candidate.
R- Oui, tout à fait. En effet, elle présentait selon moi les caractéristiques d'un candidat nouveau, moderne, qui pouvait servir au parti socialiste de gadget à défaut d'un programme électoral, qu'elle est incapable de mettre en oeuvre ; quand on a fait la retraite à 60 ans, et les 35 heures, on n'a plus grand chose à inventer n'est-ce pas ?
Q- Et elle aujourd'hui ?
R- Alors aujourd'hui en revanche, je crois, que je vois pointer un autre candidat probable sinon possible qui est Jospin, car devant la multiplicité des candidatures éléphantesques, eh bien : à un moment donné, le parti socialiste va bien devoir s'accorder sur un nom. Et celui qui est le plus petit commun diviseur, le plus grand commun dénominateur si vous voulez, c'est probablement encore Jospin.
Q- Sur cette antenne la semaine dernière, le numéro deux du Mouvement pour la France, Guillaume Pelletier a pronostiqué que Philippe de Villiers serait présent au deuxième tour de la présidentielle. Ce n'est peut-être pas votre hypothèse.
R- Ce que dit Mr Pelletier ou ce que dit Mr de Villiers n'a pas beaucoup d'importance. Je voudrais d'ailleurs rappeler à Mr de Villiers qu'il avait défilé dans Beyrouth avec un certain nombre de députés français en écharpe, réclamant la nationalité libanaise pour pouvoir se battre pour le Liban.
Q- C'était pendant la guerre civile.
R- C'est une bonne occasion : Mr de Villiers pourrait s'engager dans la Finul par exemple. Je ne suis pas sûr qu'il ait fait son service militaire. Mais enfin, ça ne fait rien.
Q- Vous revenez de Serbie où vous étiez invité à donner le départ d'une course de moto, une course qui compte pour le championnat de moto des Balkans. Au-delà des motards, vous êtes un familier de la Serbie ?
R- Oui, je suis, à leurs yeux, le Français qui n'a pas fait chorus avec tous ceux qui étaient d'accord pour les attaquer quand l'Otan s'est permis d'intervenir militairement contre la Serbie. Et, je dois dire qu'à cette occasion, j'ai rencontré Mme Seselj, qui est la femme du leader du parti radical serbe, qui vous le savez a 82 députés. Il s'est présenté lui-même au tribunal pénal international, et il est depuis quatre ans en prévention dans l'attente d'un jugement. Il semble que ces donneurs de leçons de démocratie et de droits de l'homme feraient bien de les respecter. D'autant qu'on veut lui imposer son avocat, Mr Seselj dit "je suis docteur en droit, je veux me défendre moi-même". On dit : Non, non. Non seulement vous devrez avoir un avocat, mais encore c'est nous qui le désignerons". Soviétiques, pas morts.
Q- A propos du tribunal de La Haye, Carla Del ponte qui est la procureur, trouve inadmissible, inexcusable que deux des anciens chefs du massacre de Srebrenica ne soient toujours pas arrêtés en Serbie ?
R- L'ONU n'a qu'à essayer de les arrêter n'est-ce pas. On a fait la guerre. Israël fait la guerre au Liban pour deux soldats qui ont été enlevés, et Mme Del Ponte se permet de violer les lois, le droit international, sous le prétexte qu'on n'arrête pas les gens qu'elle souhaiterait voir en prison.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 août 2006
R- Jean-Marie Le Pen : On s'est fait une fois de plus piégé, comme on le fait d'habitude avec Mr Chirac. Mr Chirac s'est avancé à participer à la rédaction du document de l'ONU, et puis mis au pied du mur, il est dans l'incapacité de fournir les troupes qu'il a promis, comme un rodomont ordinaire. Et je suis personnellement d'avis de ne pas s'engager dans cette bataille où la France qui n'a déjà plus de moyens militaires, a tout à perdre, c'est-à-dire le reste.
Q- C'est-à-dire que les conditions posées par la France à l'ONU - enfin : les demandes de garanties pour cette force masquent à votre avis un manque de moyens ?
R- L'ONU n'est pas du tout en mesure de fournir quelque garantie que ce soit, puisque les gens dont il s'agit, c'est les USA et Israël, qui n'ont jamais respecté les décisions de l'ONU. Par conséquent, se mettre dans cette situation, c'est se condamner bien sûr à être entre le marteau et l'enclume, et je crois que la France n'a pas, n'a même pas les moyens militaires de ce qu'elle a affirmé.
Q- Manque de troupes ?
R- Manque de troupes. Nos troupes sont dispersées à peu près partout dans le monde. Et remplissant d'ailleurs ces rôles de policiers internationaux. Et je crois qu'une bonne chose à faire, c'est de se tenir à l'écart et sans doute de s'engager, sur la voie un petit peu humiliante, de la négociation avec les pays qui comptent dans la région. C'est-à-dire avec la Syrie, avec l'Iran.
Q- Ah oui, vous pensez que de ce coté-là, la France devrait avoir un dialogue, parce que l'Iran peut avoir un rôle stabilisateur ?
R- Comme disait Mr Douste-Blazy, il faut savoir de nécessité faire vertu. Puisque nous n'avons pas les moyens d'avoir une autre politique que celle-là, eh bien, il faut utiliser les moyens qui nous restent pour essayer d'amener un peu, de ramener un peu de calme dans cette région. Faute de quoi le tsunami peut un jour déferler sur toute cette région.
Q- Vous aviez visité l'Irak du temps de Saddam Hussein. Vous pourriez faire un voyage dans les pays comme la Syrie ou l'Iran ?
R- Je ne me l'interdis pas si c'était l'intérêt de la France, oui.
Q- Parlons un petit peu de la campagne. Vous avez dit à plusieurs reprises que vous pensez probable votre présence au deuxième tour, comme en 2002. Vous ne précisez pas qui sera l'autre candidat.
R- Non. Ce sera peut-être aucun de ceux dont on parle aujourd'hui d'ailleurs. C'est-à-dire ni Sarkozy ni Royal.
Q- Qu'est-ce qui pourrait affaiblir Nicolas Sarkozy, au point qu'il ne soit pas au deuxième tour ?
R- Ecoutez : la longue suite de ses échecs, que n'arrivent pas à masquer ses discours euphémistes. Ce n'est pas la première fois que Sarkozy annonce toute une série de mesures, émet toute une série de critiques, comme Jacques Chirac d'ailleurs. Comme s'ils n'étaient pas eux-mêmes responsables depuis des années et des années, de la situation actuelle. Mr Sarkozy a été plusieurs années ministre de l'Intérieur. A qui peut-il s'en prendre quand il porte une critique sur la situation actuelle ?
Q- Prenons le cas précis des décisions d'expulsions de sans papiers. Ça peut satisfaire peut-être un électorat de droite ?
R- Oui. C'est certainement fait pour cela. Mais ce sont des manoeuvres d'apparence. La réalité - vous le savez bien - passerait par la réforme du code de la nationalité, par - comment dirais-je ? - la récupération de notre souveraineté, notamment en matière d'immigration, qui a été confiée on le sait, à l'Europe. Et ça, c'est une politique tout à fait différente de celle qui est menée par Mr Chirac et par Mr Sarkozy. Qui bien que ça n'en ait pas l'air, ressemble à celle du chien crevé au fil de l'eau.
Q- Et dans le cas précis du squat, enfin de l'ex-squat de Cachan : tous ces gens qui dorment dans un gymnase. Quelle est la solution à votre avis ?
R- Il ne fallait pas les laisser entrer. Et comme ils continuent d'entrer...
Q- Entrer dans le gymnase ?
R- En France. En France, par dizaines de milliers, par centaines de milliers chaque année, il est bien évident que cette situation va s'aggraver. Ce squat était connu depuis des années, n'est-ce pas ? En tous les cas, depuis de nombreux mois, eh bien, le ministre de l'Intérieur n'avait rien fait. Il fait quelque chose maintenant parce qu'on est dans le cadre de la campagne électorale. On est dans une situation assez étonnante, et scandaleuse à mon avis, d'un ministre qui se sert de sa fonction quotidiennement pour occuper les médias et faire sa propre campagne électorale.
Q- Je reviens aux candidats. Ségolène Royal : elle est confortée à votre avis par sa campagne et sa détermination ? Je rappelle qu'en 2002, vous étiez le premier à dire qu'elle pourrait être candidate.
R- Oui, tout à fait. En effet, elle présentait selon moi les caractéristiques d'un candidat nouveau, moderne, qui pouvait servir au parti socialiste de gadget à défaut d'un programme électoral, qu'elle est incapable de mettre en oeuvre ; quand on a fait la retraite à 60 ans, et les 35 heures, on n'a plus grand chose à inventer n'est-ce pas ?
Q- Et elle aujourd'hui ?
R- Alors aujourd'hui en revanche, je crois, que je vois pointer un autre candidat probable sinon possible qui est Jospin, car devant la multiplicité des candidatures éléphantesques, eh bien : à un moment donné, le parti socialiste va bien devoir s'accorder sur un nom. Et celui qui est le plus petit commun diviseur, le plus grand commun dénominateur si vous voulez, c'est probablement encore Jospin.
Q- Sur cette antenne la semaine dernière, le numéro deux du Mouvement pour la France, Guillaume Pelletier a pronostiqué que Philippe de Villiers serait présent au deuxième tour de la présidentielle. Ce n'est peut-être pas votre hypothèse.
R- Ce que dit Mr Pelletier ou ce que dit Mr de Villiers n'a pas beaucoup d'importance. Je voudrais d'ailleurs rappeler à Mr de Villiers qu'il avait défilé dans Beyrouth avec un certain nombre de députés français en écharpe, réclamant la nationalité libanaise pour pouvoir se battre pour le Liban.
Q- C'était pendant la guerre civile.
R- C'est une bonne occasion : Mr de Villiers pourrait s'engager dans la Finul par exemple. Je ne suis pas sûr qu'il ait fait son service militaire. Mais enfin, ça ne fait rien.
Q- Vous revenez de Serbie où vous étiez invité à donner le départ d'une course de moto, une course qui compte pour le championnat de moto des Balkans. Au-delà des motards, vous êtes un familier de la Serbie ?
R- Oui, je suis, à leurs yeux, le Français qui n'a pas fait chorus avec tous ceux qui étaient d'accord pour les attaquer quand l'Otan s'est permis d'intervenir militairement contre la Serbie. Et, je dois dire qu'à cette occasion, j'ai rencontré Mme Seselj, qui est la femme du leader du parti radical serbe, qui vous le savez a 82 députés. Il s'est présenté lui-même au tribunal pénal international, et il est depuis quatre ans en prévention dans l'attente d'un jugement. Il semble que ces donneurs de leçons de démocratie et de droits de l'homme feraient bien de les respecter. D'autant qu'on veut lui imposer son avocat, Mr Seselj dit "je suis docteur en droit, je veux me défendre moi-même". On dit : Non, non. Non seulement vous devrez avoir un avocat, mais encore c'est nous qui le désignerons". Soviétiques, pas morts.
Q- A propos du tribunal de La Haye, Carla Del ponte qui est la procureur, trouve inadmissible, inexcusable que deux des anciens chefs du massacre de Srebrenica ne soient toujours pas arrêtés en Serbie ?
R- L'ONU n'a qu'à essayer de les arrêter n'est-ce pas. On a fait la guerre. Israël fait la guerre au Liban pour deux soldats qui ont été enlevés, et Mme Del Ponte se permet de violer les lois, le droit international, sous le prétexte qu'on n'arrête pas les gens qu'elle souhaiterait voir en prison.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 23 août 2006