Texte intégral
Q- Merci d'être venu ce matin après ce long week-end chargé à La Rochelle. Avez-vous une question à poser aux auditeurs de RMC ?
R- Une question de rentrée. Voilà. Il y a une reprise, faible mais réelle de la croissance. Il y a un pouvoir d'achat qui souffre. Je fais la proposition, au nom du PS, que le Gouvernement rencontre dans une conférence les partenaires sociaux, les syndicats, pour voir comment on peut répartir les gains le plus justement possible, et permettre de consolider la croissance, surtout par rapport au choc pétrolier, au choc du prix des carburants. Eh bien, est-ce qu'on est pour ou est-ce qu'on est contre cette conférence sur le pouvoir d'achat de rentrée ?
Q- ... Dites-moi, le ticket transport est-ce une bonne idée ou une mauvaise idée ?
R- Cela avait été promis par D. de Villepin Premier ministre il y a un an. Cela n'a toujours pas été fait. L'idée pouvait être finalement : l'employeur rembourse une partie des frais de transport - cela existe d'ailleurs - à ses salariés. Pourquoi pas ? Mais est-ce que là, on peut aussi augmenter les salaires ? Ce serait plus direct dans une certaine mesure, et cela toucherait à la fois ceux qui paient le transport collectif comme ceux qui prennent les transports individuels, notamment la voiture. L'autre idée, c'est qu'il y a une fiscalité pétrolière - 70 % du prix du litre d'essence ou de gasoil. Si l'Etat veut faire un geste, et je demande qu'il le fasse, qu'il baisse légèrement la TIPP, plutôt que d'inventer une machinerie qui va se perdre, si je puis dire, dans les sables, sans qu'on ait la moindre odeur d'augmentation du pouvoir d'achat.
Q- Et l'idée de L. Fabius d'augmenter le SMIC de 100 euros ?
R- Il faut augmenter le SMIC. Nous avons dit, tous ensemble les socialistes, que si nous revenons au pouvoir en 2007, nous porterons le SMIC d'ici 2012 à 1.500 euros. Le plus vite sera le mieux. Cela dépendra aussi des fruits de la croissance, justement, de la dynamique économique qu'on sera capable de créer. Alors, après, est-ce qu'il faut donner un chiffre pour le lendemain des élections ?
Q- Vous imaginez les bas salaires, ceux qui sont légèrement au-dessus du SMIC ! Vous les entendez déjà.
R- Vous avez parfaitement raison. Le problème, aujourd'hui, n'est pas simplement d'augmenter le SMIC, il est d'augmenter l'ensemble des salaires. Je vais vous donner un chiffre : aujourd'hui, il y a un salarié sur deux qui est payé entre 1 SMIC et 1,5 SMIC. Alors si on augmente le SMIC - et il faut augmenter le SMIC - sans se préoccuper des autres salaires, dans cinq ans, dans dix ans, cela veut dire quoi ? En plus, il y a 50 % des Français qui sont payés entre 1 et 1,5 SMIC mais il y aura 60 ou 70 % ? Il faut maintenir ce qu'on appelle les hiérarchies salariales, et en même temps, il
faut permettre à tout le monde de profiter de la croissance, les bas salaires etpuis les salaires qui sont au-dessus du SMIC.
Q- On va revenir sur vos propositions. Je voudrais quand même revenir ce sur ce qui s'est passé pendant trois jours à la Rochelle. Je vous lis ce mail de Laurent : "Je suis responsable de l'UMP à la Sorbonne. C'est clair que j'ai regardé avec attention ce qui se passait à La Rochelle. Rien ne m'a étonné, rien de nouveau. Entre une Royal toujours aussi creuse, qui se dit intervenir comme présidente de région, et Fabius qui utilise "Voici" pour parler de Ségolène et un DSK qui affirme ne pas vouloir faire une présidence à la mitterrandienne, et Jospin qui a craqué sur scène en invoquant les coups bas qu'il a reçus en tant que général vaincu - c'est la raison invoqué pour justifier son départ ; OK, mais je n'ai jamais vu un général vaincu revenir pour prendre les armes d'une autre armée - tout ce que je vois, c'est un PS qui ne sait pas où il va, qui se cherche, c'est normal, avec un premier secrétaire qui n'ose pas affronter sa femme ou la défendre. En tout cas, je ne voudrais pas être à la place des militants".
R- Il a tort. Et d'ailleurs, il est à l'UMP, donc je ne vois pas comment il pourrait être à la place des militants socialistes. Il a tort, parce que dans son parti, il y en a qu'un, on a bien compris, même s'il n'est pas aimé de tous, et notamment de J. Chirac ou de D. de Villepin, c'est Sarkozy. C'est leur
affaire...
Q- Vous ne l'avez pas raté, Sarkozy.
R- Oui, parce qu'il le mérite. Il ne peut pas à la fois revendiquer d'être responsable de tout, et devant les Français d'être responsable de rien. Alors, nous, les militants socialistes - et je me compte parmi eux, même si je suis le premier d'entre eux - nous avons plusieurs candidats éventuels qui se présentent à nous. Nous verrons bien, parce que pour la pédagogie, peut-être, de vos auditeurs, c'est le 3 octobre qu'il y aura le dépôt des candidatures, et le 16 novembre qu'il y aura le vote des militants.
Q- La liste des candidats, on la connaîtra le 3 octobre et en novembre, le vote des militants.
R- Jusqu'à présent, on peut former des hypothèses, donner ses préférences, afficher ses intentions. Moi, j'attendrai le 3 octobre. Mais il va y avoir donc, après le 3 octobre, un débat. C'est bien qu'il y ait un débat. Il sera sans doute devant les Français et on l'a bien vu, tout doit être transparent. Mais c'est un débat qui doit renforcer, qui doit enrichir de façon à ce que celui ou celle que l'on va désigner soit véritablement stimulé par cette épreuve démocratique que nous avons voulu organiser. Ce sont les militants socialistes qui vont voter. Ils ne vont pas se tromper. Ils vont rechercher celui ou celle qui à la fois peut les rassembler, peut aussi les faire gagner, parce qu'on n'est pas dans une affaire où c'est simplement pour régler les préséances entre les uns ou les autres, c'est pour choisir, je le dis avec solennité, peut-être le prochain ou la prochaine président de la République. Donc, ils vont choisir celui ou celle qui peut les faire gagner, puis ensuite, qui peut réussir. En plus j'ai donné ce message à La Rochelle dans mon discours de conclusion : de la République française, telle que je la conçois avec les socialistes, ce n'est pas l'un ou l'une d'entre nous qui va régler tous les problèmes du pays. Certes il faut un chef de l'Etat et il faut qu'il soit le plus efficace, qu'il soit le plus honnête, qu'il soit le plus engageant possible pour mobiliser le pays. Et en même temps, il faut qu'il soit capable ou qu'elle soit capable de rassembler, de faire un travail en équipe, et d'organiser les actions différemment d'aujourd'hui.
Q- Est-ce ce que vous dites à S. Royal lorsque vous êtes en tête à tête avec elle ?
R- Oui, je dis ce propos qui est celui du premier secrétaire du PS. Donc, je le lui dis de plus près qu'à d'autres.
Q- Connaissez-vous Mélanie ?
R- Pas encore.
Q- Mélanie est devenue une vedette, samedi, à La Rochelle. C'est elle qui a interpellé L. Jospin. Elle est avec nous, en direct. Bonjour Mélanie. Vous avez fait craquer Jospin, samedi.
R- Mélanie : Oui.
Q- Vous êtes une jeune militante socialiste de l'Aude. Qu'est-ce que vous
avez envie de dire à F. Hollande ce matin ?
R- Mélanie : Je voudrais savoir ce qu'il avait pensé de la réaction d'une part de L. Jospin, et d'une second part de la [réaction de la] salle et des militants.
Mélanie, d'abord, bonjour. Je pense que ta question, beaucoup avaient envie de la poser depuis 2002. Et on n'avait pas l'occasion - peut-être que moi je l'avais, mais à titre personnel - mais toi tu as pu le faire publiquement et devant les militants et au-delà des militants, devant les Français qui nous regardaient. Donc, merci pour la question que tu as posée. La réponse : c'est vrai que cela a été un moment d'émotion, et on l'a tous partagé. Je crois que nous étions tous conscients que pour L. Jospin, cela avait été une épreuve cruelle. Et en même temps, je crois qu'aujourd'hui, il faut tirer toutes les leçons de 2002, faire en sorte que ce qui a été fait qui a été un progrès pour le pays soit valorisé, parce que c'est un crédit pour nous tous. Et puis, nous engager résolument vers 2007, préparer l'avenir, et éviter donc d'avoir à supporter d'autres épreuves cruelles. Je ne voudrais pas qu'il y ait d'autres confessions après 2007.
Q- Mélanie, tu as choisi ? Toi qui es militante, sans indiscrétion, tu as choisi qui ?
R- Mélanie : C'est difficile. Je ne peux pas me positionner encore, déjà pour plusieurs raisons : parce qu'on attend aussi le candidat qui sera nommé par les militants, donc nous tous. Ensuite, je suis rentrée de La Rochemme, pas pour soutenir une candidature mais pour des idées, des valeurs...
Q- Mais si tu votais aujourd'hui, toi militante, tu voterais pour qui ?
R- Mélanie : C'est difficile de se positionner, déjà parce que vous savez que cela a été intense, on a appris beaucoup de choses. Il y a des choses à prendre, des choses à laisser. On a pu voir le respect des personnes qui sont venues. Vraiment, il y a eu un respect de cette organisation, [de la part des personnes] qui sont venues débattre avec nous, qui nous ont rencontré en toute simplicité. Cela a été quelque chose de très agréable à vivre aussi. De toute façon, nous on ne se cache pas à l'... On attend.
Q- F. Hollande, est-ce que le parti se laisse abuser par les intentions de vote que l'on prête à tel ou tel ?
R- Je pense que les intentions de vote révèlent forcément une situation dans le pays. Ce serait finalement être tout à fait sourd ou aveugle - je ne veux vexer personne - en tout cas [ce serait] être incapable de comprendre à un moment une société que d'ignorer ce qu'elle peut révéler. Mais en même temps, les sondages, puisque c'est de cela dont il s'agit...
Q- C'est L. Jospin qui a prononcé cette phrase.
R- Oui. En même temps, les sondages, ils n'indiquent pas le résultat final, ils n'indiquent finalement, à un moment, qu'une aspiration. Ils n'indiquent pas encore le mouvement. Je crois que les militants socialistes, en tout cas je sais qu'ils sont conscients de l'enjeu qui leur est posé, vont se déterminer par rapport à un ensemble de critères. Bien sûr, qui est capable de gagner à un moment mais qui est capable aussi de rassembler, qui est capable de diriger et puis surtout, et je veux aussi rassurer celles et ceux qui s'inquiètent, il y a la question du candidat et c'est une question légitime et il faudra la traiter. Je crois qu'on a des hommes et des femmes de qualité et de talent. Et moi je n'ai aucune inquiétude. Que ce soit l'un ou l'une de ceux que l'on connaît, je peux le dire comme Premier secrétaire, ce sera forcément un homme ou une femme de qualité. Et d'ailleurs, l'épreuve qui [est] finalement celle de la démocratie interne, devant les français confirmera mon propos : on ne sort pas d'une sélection de cette importance, de cette intensité, sans avoir quand même les ressources personnelles. Et puis, deuxièmement, nous sommes au service d'un projet. Nous avons adopté à l'unanimité notre projet avec des propositions dont on a parlé sur le pouvoir d'achat, la lutte contre la précarité, le logement, on va y revenir. Et donc le candidat ou la candidate bien sûr doit avoir son propre talent pour les présenter, mais finalement les Français ne vont pas avoir simplement un choix de personnes - ce serait tellement simple et tellement réducteur. Finalement, ce n'est pas seulement pour mettre quelqu'un à l'Elysée que nous faisons un vote. Si on veut donner à la politique toute sa dignité et si on veut qu'elle soit respectée, c'est bien pour que ça change quotidiennement pour nos concitoyens. Pour que l'Europe puisse avancer d'une autre façon, pour que le monde soit maîtrisé. Donc, être là dans cette confrontation électorale, ce n'est pas pour mettre un parti par rapport à un autre, un homme ou une femme par rapport à un autre. C'est de mettre un projet face à un autre et que les Français choisissent.
Q- Est-ce que vous allez réunir les candidats une nouvelle fois avant le 3 octobre, pour leur demander qui veut rester dans la course ?
R- Non, je les verrai.
Q- Vous allez les voir collectivement, individuellement ?
R- Je pense qu'il vaut mieux faire les choses individuellement. On ne se dit pas les même confidences ou réflexions quand on est en tête à tête que lorsqu'il y a un collectif. Mais je les verrai, c'est normal. Et je le fais de manière intelligente, c'est-à-dire pas de manière vexatoire. Chacun peut aller dans la compétition, je l'ai dit, c'est jusqu'au 3 octobre. Après le 3, on dépose sa candidature puis c'est le vote des militants. Mais est-ce que l'on peut se rassembler avant le dépôt des candidatures ? De toute manière, on se rassemblera après le vote. Donc je fais tout, parce que c'est ma propre responsabilité, je suis Premier secrétaire du Parti socialiste, c'est moi qui dois obliger au rassemblement le moment venu pour gagner l'élection. Parce que moi je n'ai qu'un seul objectif et notamment après ce qui s'est passé en 2002, et finalement l'émotion de L. Jospin nous y contraint, et puis l'état du pays nous y oblige : c'est de faire gagner la gauche et je m'engage là-dessus. Je veux le dire à tous les auditeurs de RMC - ils aiment ou ils n'aiment pas le PS, ils attendent ou ils n'attendent pas, mais je veux dire ici qu'il faut qu'on ait un choix clair en 2007, on l'aura et le Parti socialiste sera rassemblé et nous aurons, nous les socialistes, la volonté de faire gagner la gauche.
Q- Jospin est revenu. Ses confessions signifient-elles un vrai retour ?
R- Comme il l'a dit lui-même, est-ce qu'il était vraiment parti ? Il avait dit cette phrase forte, qui demeure dans toutes les mémoires mais il n'avait jamais été complètement indifférent à la vie des socialistes. Donc moi je pense que de toute manière on a besoin de tout le monde. Il faudra tous se mettre dans ce combat là. Alors après, on peut s'y mettre sans pour autant être dans la place de candidat.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 août 2006
R- Une question de rentrée. Voilà. Il y a une reprise, faible mais réelle de la croissance. Il y a un pouvoir d'achat qui souffre. Je fais la proposition, au nom du PS, que le Gouvernement rencontre dans une conférence les partenaires sociaux, les syndicats, pour voir comment on peut répartir les gains le plus justement possible, et permettre de consolider la croissance, surtout par rapport au choc pétrolier, au choc du prix des carburants. Eh bien, est-ce qu'on est pour ou est-ce qu'on est contre cette conférence sur le pouvoir d'achat de rentrée ?
Q- ... Dites-moi, le ticket transport est-ce une bonne idée ou une mauvaise idée ?
R- Cela avait été promis par D. de Villepin Premier ministre il y a un an. Cela n'a toujours pas été fait. L'idée pouvait être finalement : l'employeur rembourse une partie des frais de transport - cela existe d'ailleurs - à ses salariés. Pourquoi pas ? Mais est-ce que là, on peut aussi augmenter les salaires ? Ce serait plus direct dans une certaine mesure, et cela toucherait à la fois ceux qui paient le transport collectif comme ceux qui prennent les transports individuels, notamment la voiture. L'autre idée, c'est qu'il y a une fiscalité pétrolière - 70 % du prix du litre d'essence ou de gasoil. Si l'Etat veut faire un geste, et je demande qu'il le fasse, qu'il baisse légèrement la TIPP, plutôt que d'inventer une machinerie qui va se perdre, si je puis dire, dans les sables, sans qu'on ait la moindre odeur d'augmentation du pouvoir d'achat.
Q- Et l'idée de L. Fabius d'augmenter le SMIC de 100 euros ?
R- Il faut augmenter le SMIC. Nous avons dit, tous ensemble les socialistes, que si nous revenons au pouvoir en 2007, nous porterons le SMIC d'ici 2012 à 1.500 euros. Le plus vite sera le mieux. Cela dépendra aussi des fruits de la croissance, justement, de la dynamique économique qu'on sera capable de créer. Alors, après, est-ce qu'il faut donner un chiffre pour le lendemain des élections ?
Q- Vous imaginez les bas salaires, ceux qui sont légèrement au-dessus du SMIC ! Vous les entendez déjà.
R- Vous avez parfaitement raison. Le problème, aujourd'hui, n'est pas simplement d'augmenter le SMIC, il est d'augmenter l'ensemble des salaires. Je vais vous donner un chiffre : aujourd'hui, il y a un salarié sur deux qui est payé entre 1 SMIC et 1,5 SMIC. Alors si on augmente le SMIC - et il faut augmenter le SMIC - sans se préoccuper des autres salaires, dans cinq ans, dans dix ans, cela veut dire quoi ? En plus, il y a 50 % des Français qui sont payés entre 1 et 1,5 SMIC mais il y aura 60 ou 70 % ? Il faut maintenir ce qu'on appelle les hiérarchies salariales, et en même temps, il
faut permettre à tout le monde de profiter de la croissance, les bas salaires etpuis les salaires qui sont au-dessus du SMIC.
Q- On va revenir sur vos propositions. Je voudrais quand même revenir ce sur ce qui s'est passé pendant trois jours à la Rochelle. Je vous lis ce mail de Laurent : "Je suis responsable de l'UMP à la Sorbonne. C'est clair que j'ai regardé avec attention ce qui se passait à La Rochelle. Rien ne m'a étonné, rien de nouveau. Entre une Royal toujours aussi creuse, qui se dit intervenir comme présidente de région, et Fabius qui utilise "Voici" pour parler de Ségolène et un DSK qui affirme ne pas vouloir faire une présidence à la mitterrandienne, et Jospin qui a craqué sur scène en invoquant les coups bas qu'il a reçus en tant que général vaincu - c'est la raison invoqué pour justifier son départ ; OK, mais je n'ai jamais vu un général vaincu revenir pour prendre les armes d'une autre armée - tout ce que je vois, c'est un PS qui ne sait pas où il va, qui se cherche, c'est normal, avec un premier secrétaire qui n'ose pas affronter sa femme ou la défendre. En tout cas, je ne voudrais pas être à la place des militants".
R- Il a tort. Et d'ailleurs, il est à l'UMP, donc je ne vois pas comment il pourrait être à la place des militants socialistes. Il a tort, parce que dans son parti, il y en a qu'un, on a bien compris, même s'il n'est pas aimé de tous, et notamment de J. Chirac ou de D. de Villepin, c'est Sarkozy. C'est leur
affaire...
Q- Vous ne l'avez pas raté, Sarkozy.
R- Oui, parce qu'il le mérite. Il ne peut pas à la fois revendiquer d'être responsable de tout, et devant les Français d'être responsable de rien. Alors, nous, les militants socialistes - et je me compte parmi eux, même si je suis le premier d'entre eux - nous avons plusieurs candidats éventuels qui se présentent à nous. Nous verrons bien, parce que pour la pédagogie, peut-être, de vos auditeurs, c'est le 3 octobre qu'il y aura le dépôt des candidatures, et le 16 novembre qu'il y aura le vote des militants.
Q- La liste des candidats, on la connaîtra le 3 octobre et en novembre, le vote des militants.
R- Jusqu'à présent, on peut former des hypothèses, donner ses préférences, afficher ses intentions. Moi, j'attendrai le 3 octobre. Mais il va y avoir donc, après le 3 octobre, un débat. C'est bien qu'il y ait un débat. Il sera sans doute devant les Français et on l'a bien vu, tout doit être transparent. Mais c'est un débat qui doit renforcer, qui doit enrichir de façon à ce que celui ou celle que l'on va désigner soit véritablement stimulé par cette épreuve démocratique que nous avons voulu organiser. Ce sont les militants socialistes qui vont voter. Ils ne vont pas se tromper. Ils vont rechercher celui ou celle qui à la fois peut les rassembler, peut aussi les faire gagner, parce qu'on n'est pas dans une affaire où c'est simplement pour régler les préséances entre les uns ou les autres, c'est pour choisir, je le dis avec solennité, peut-être le prochain ou la prochaine président de la République. Donc, ils vont choisir celui ou celle qui peut les faire gagner, puis ensuite, qui peut réussir. En plus j'ai donné ce message à La Rochelle dans mon discours de conclusion : de la République française, telle que je la conçois avec les socialistes, ce n'est pas l'un ou l'une d'entre nous qui va régler tous les problèmes du pays. Certes il faut un chef de l'Etat et il faut qu'il soit le plus efficace, qu'il soit le plus honnête, qu'il soit le plus engageant possible pour mobiliser le pays. Et en même temps, il faut qu'il soit capable ou qu'elle soit capable de rassembler, de faire un travail en équipe, et d'organiser les actions différemment d'aujourd'hui.
Q- Est-ce ce que vous dites à S. Royal lorsque vous êtes en tête à tête avec elle ?
R- Oui, je dis ce propos qui est celui du premier secrétaire du PS. Donc, je le lui dis de plus près qu'à d'autres.
Q- Connaissez-vous Mélanie ?
R- Pas encore.
Q- Mélanie est devenue une vedette, samedi, à La Rochelle. C'est elle qui a interpellé L. Jospin. Elle est avec nous, en direct. Bonjour Mélanie. Vous avez fait craquer Jospin, samedi.
R- Mélanie : Oui.
Q- Vous êtes une jeune militante socialiste de l'Aude. Qu'est-ce que vous
avez envie de dire à F. Hollande ce matin ?
R- Mélanie : Je voudrais savoir ce qu'il avait pensé de la réaction d'une part de L. Jospin, et d'une second part de la [réaction de la] salle et des militants.
Mélanie, d'abord, bonjour. Je pense que ta question, beaucoup avaient envie de la poser depuis 2002. Et on n'avait pas l'occasion - peut-être que moi je l'avais, mais à titre personnel - mais toi tu as pu le faire publiquement et devant les militants et au-delà des militants, devant les Français qui nous regardaient. Donc, merci pour la question que tu as posée. La réponse : c'est vrai que cela a été un moment d'émotion, et on l'a tous partagé. Je crois que nous étions tous conscients que pour L. Jospin, cela avait été une épreuve cruelle. Et en même temps, je crois qu'aujourd'hui, il faut tirer toutes les leçons de 2002, faire en sorte que ce qui a été fait qui a été un progrès pour le pays soit valorisé, parce que c'est un crédit pour nous tous. Et puis, nous engager résolument vers 2007, préparer l'avenir, et éviter donc d'avoir à supporter d'autres épreuves cruelles. Je ne voudrais pas qu'il y ait d'autres confessions après 2007.
Q- Mélanie, tu as choisi ? Toi qui es militante, sans indiscrétion, tu as choisi qui ?
R- Mélanie : C'est difficile. Je ne peux pas me positionner encore, déjà pour plusieurs raisons : parce qu'on attend aussi le candidat qui sera nommé par les militants, donc nous tous. Ensuite, je suis rentrée de La Rochemme, pas pour soutenir une candidature mais pour des idées, des valeurs...
Q- Mais si tu votais aujourd'hui, toi militante, tu voterais pour qui ?
R- Mélanie : C'est difficile de se positionner, déjà parce que vous savez que cela a été intense, on a appris beaucoup de choses. Il y a des choses à prendre, des choses à laisser. On a pu voir le respect des personnes qui sont venues. Vraiment, il y a eu un respect de cette organisation, [de la part des personnes] qui sont venues débattre avec nous, qui nous ont rencontré en toute simplicité. Cela a été quelque chose de très agréable à vivre aussi. De toute façon, nous on ne se cache pas à l'... On attend.
Q- F. Hollande, est-ce que le parti se laisse abuser par les intentions de vote que l'on prête à tel ou tel ?
R- Je pense que les intentions de vote révèlent forcément une situation dans le pays. Ce serait finalement être tout à fait sourd ou aveugle - je ne veux vexer personne - en tout cas [ce serait] être incapable de comprendre à un moment une société que d'ignorer ce qu'elle peut révéler. Mais en même temps, les sondages, puisque c'est de cela dont il s'agit...
Q- C'est L. Jospin qui a prononcé cette phrase.
R- Oui. En même temps, les sondages, ils n'indiquent pas le résultat final, ils n'indiquent finalement, à un moment, qu'une aspiration. Ils n'indiquent pas encore le mouvement. Je crois que les militants socialistes, en tout cas je sais qu'ils sont conscients de l'enjeu qui leur est posé, vont se déterminer par rapport à un ensemble de critères. Bien sûr, qui est capable de gagner à un moment mais qui est capable aussi de rassembler, qui est capable de diriger et puis surtout, et je veux aussi rassurer celles et ceux qui s'inquiètent, il y a la question du candidat et c'est une question légitime et il faudra la traiter. Je crois qu'on a des hommes et des femmes de qualité et de talent. Et moi je n'ai aucune inquiétude. Que ce soit l'un ou l'une de ceux que l'on connaît, je peux le dire comme Premier secrétaire, ce sera forcément un homme ou une femme de qualité. Et d'ailleurs, l'épreuve qui [est] finalement celle de la démocratie interne, devant les français confirmera mon propos : on ne sort pas d'une sélection de cette importance, de cette intensité, sans avoir quand même les ressources personnelles. Et puis, deuxièmement, nous sommes au service d'un projet. Nous avons adopté à l'unanimité notre projet avec des propositions dont on a parlé sur le pouvoir d'achat, la lutte contre la précarité, le logement, on va y revenir. Et donc le candidat ou la candidate bien sûr doit avoir son propre talent pour les présenter, mais finalement les Français ne vont pas avoir simplement un choix de personnes - ce serait tellement simple et tellement réducteur. Finalement, ce n'est pas seulement pour mettre quelqu'un à l'Elysée que nous faisons un vote. Si on veut donner à la politique toute sa dignité et si on veut qu'elle soit respectée, c'est bien pour que ça change quotidiennement pour nos concitoyens. Pour que l'Europe puisse avancer d'une autre façon, pour que le monde soit maîtrisé. Donc, être là dans cette confrontation électorale, ce n'est pas pour mettre un parti par rapport à un autre, un homme ou une femme par rapport à un autre. C'est de mettre un projet face à un autre et que les Français choisissent.
Q- Est-ce que vous allez réunir les candidats une nouvelle fois avant le 3 octobre, pour leur demander qui veut rester dans la course ?
R- Non, je les verrai.
Q- Vous allez les voir collectivement, individuellement ?
R- Je pense qu'il vaut mieux faire les choses individuellement. On ne se dit pas les même confidences ou réflexions quand on est en tête à tête que lorsqu'il y a un collectif. Mais je les verrai, c'est normal. Et je le fais de manière intelligente, c'est-à-dire pas de manière vexatoire. Chacun peut aller dans la compétition, je l'ai dit, c'est jusqu'au 3 octobre. Après le 3, on dépose sa candidature puis c'est le vote des militants. Mais est-ce que l'on peut se rassembler avant le dépôt des candidatures ? De toute manière, on se rassemblera après le vote. Donc je fais tout, parce que c'est ma propre responsabilité, je suis Premier secrétaire du Parti socialiste, c'est moi qui dois obliger au rassemblement le moment venu pour gagner l'élection. Parce que moi je n'ai qu'un seul objectif et notamment après ce qui s'est passé en 2002, et finalement l'émotion de L. Jospin nous y contraint, et puis l'état du pays nous y oblige : c'est de faire gagner la gauche et je m'engage là-dessus. Je veux le dire à tous les auditeurs de RMC - ils aiment ou ils n'aiment pas le PS, ils attendent ou ils n'attendent pas, mais je veux dire ici qu'il faut qu'on ait un choix clair en 2007, on l'aura et le Parti socialiste sera rassemblé et nous aurons, nous les socialistes, la volonté de faire gagner la gauche.
Q- Jospin est revenu. Ses confessions signifient-elles un vrai retour ?
R- Comme il l'a dit lui-même, est-ce qu'il était vraiment parti ? Il avait dit cette phrase forte, qui demeure dans toutes les mémoires mais il n'avait jamais été complètement indifférent à la vie des socialistes. Donc moi je pense que de toute manière on a besoin de tout le monde. Il faudra tous se mettre dans ce combat là. Alors après, on peut s'y mettre sans pour autant être dans la place de candidat.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 août 2006