Texte intégral
Q - Concernant la Conférence des ambassadeurs, quelles sont les priorités de la France pour
l'avenir ?
R - La Conférence des ambassadeurs, c'est l'occasion pour le président de la République et pour moi de donner le cap aux ambassadeurs pour un an. Nous avons parlé des principes et des valeurs qui sont aujourd'hui ceux de la France et qui sont remis en cause dans beaucoup d'endroits dans le monde, en particulier en défendant ces principes que nous sommes en train de réussir à imposer au Proche et au Moyen-Orient.
Nous sommes en train de monter les premiers financements nouveaux pour payer les médicaments aux pays les plus pauvres, nous sommes également en train de travailler, dans l'Union européenne pour que nous puissions ensemble, construire une Europe politique qui ait un sens comme celle qui renforce aujourd'hui la FINUL au Liban.
Bref, nous avons donné le cap à tous les ambassadeurs qui reviendront dans deux jours.
Q - Il y a le Liban mais aussi d'autres situations dans le monde où la France, la diplomatie française est tenue en échec et notamment l'Europe est assez sévère sur le bilan français ?
R - La Conférence des ambassadeurs, c'est l'occasion de voir tous les ambassadeurs, de parler, continent par continent, de la place, de l'influence et de l'action de la France au nom de principes qui sont toujours la primauté du droit sur la force, qui sont le dialogue et l'écoute par rapport à ceux qui ont plutôt le discours de la haine. Nous sommes ensemble pour parler entre nous, nous avons l'un des plus gros réseaux du monde avec les Américains et les Britanniques. C'est l'occasion pour nous de faire le point sur le cap à tenir cette année.
Q - Certains ambassadeurs parlent d'un certain malaise, du manque de moyens, comprenez-vous ce malaise ?
R - Bien sûr et c'est la raison pour laquelle j'ai voulu que le ministère des Affaires étrangères cette année soit le premier ministère à faire un contrat avec Bercy pour que nos ressources puissent augmenter. Nous ne pourrons pas continuer à avoir une diplomatie influente dans le monde si les budgets baissent. Pour les années à venir, il faut redonner de la force, de la vigueur par un budget, à condition qu'il soit élaboré à bon escient. C'est le cadre de cette nouvelle mesure du contrat de modernisation que j'ai mis en place avec Bercy et j'y insiste, car c'est une nouveauté, une grande première que j'ai annoncée ce matin.
Q - Concernant l'Iran, vous appelez à un dialogue mais pouvez-vous en dire un peu plus ?
R - La réponse de l'Iran à la proposition que nous avons faite avec les Européens, les Américains, les Russes et les Chinois le 6 juin dernier vient d'arriver. Cette réponse est insuffisante, elle est même ambiguë car, d'un côté, les Iraniens nous disent qu'ils sont prêts à négocier et de l'autre, ils font comme s'ils n'avaient pas vu les demandes de suspension des activités nucléaires sensibles, en particulier concernant l'enrichissement de l'uranium. Je note que les Iraniens sont prêts à négocier, je regrette leurs insuffisances et l'ambiguïté de leur réponse, car ils ne parlent pas de suspension de ces activités nucléaires sensibles.
Je voudrais redire que la France est prête à un vrai dialogue, que la France est prête à entamer ce dialogue avec les Iraniens. Comme moi, ils savent que la suspension de l'activité nucléaire sensible est un élément majeur pour négocier et il est important de tout faire pour éviter qu'il y ait un choc, une incompréhension, pour éviter qu'il y ait aussi, une cassure en deux de la communauté internationale vis-à-vis des Iraniens car ce serait alors, la victoire du terrorisme.
Q - Quelle échéance pour ce dialogue ?
R - Non, je n'ai pas de date pour l'instant.
Q - Concernant le Liban, que demandez-vous à Israël pour le blocus ?
R - Je demande la levée du blocus israélien à la fois au niveau de l'aéroport de Beyrouth et également au niveau des ports. Cette levée du blocus est inscrite dans la résolution 1701 pour laquelle la France a beaucoup contribué, à écrire et à faire voter.
Notre diplomatie s'est énormément employée à travailler, la diplomatie s'est énormément mobilisée pour obtenir cette résolution 1701 au Conseil de sécurité des Nations unies. La diplomatie continue de se mobiliser sur le terrain pour obtenir, de part et d'autre, la mise en oeuvre de cette résolution. Ce qui veut dire, la levée du blocus israélien, maritime et aérien, sans laquelle on ne peut pas faire repartir le Liban, c'est impossible. Cela veut dire la mise en place de l'embargo sur la livraison d'armes au niveau de toutes les frontières du pays, également, cela veut dire que l'accord politique qui est inscrit dans la résolution 1701 puisse se mettre en place.
Je rappelle qu'il s'agit du désarmement d'une milice et que nous souhaitons, par des méthodes politiques, ouvrir un discours entre les Libanais. Cela veut dire également le règlement de la question des fermes de Chebaa et le règlement des problèmes des prisonniers israéliens qui sont aujourd'hui retenus par le Hezbollah et le problème des prisonniers libanais qui sont dans les prisons israéliennes.
Q - Et concernant la tenue d'une conférence pour la paix ?
R - J'aurai l'occasion de faire un point là-dessus en temps utile.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 août 2006