Texte intégral
P. Weill - Après plusieurs tours de scrutin sur fond de contestations et de querelles intestines, les Verts ont donc désigné hier D. Voynet pour défendre leur projet lors de la présidentielle de 2007... Jamais les inquiétudes sur la santé de notre planète n'ont été aussi fortes, jamais le parti censé le mieux alerter sur ces inquiétudes, le vôtre, n'a paru aussi affaibli, peu audible, miné par des rivalités de courants et de personnes - on l'a vu avec votre élection chaotique. Comment retrouver la crédibilité ?
R - La démarche choisie pour procéder au choix du candidat Vert était un peu complexe, mais il n'y a pas eu de querelles intestines, comme vous dites mais une campagne de bon aloi où les projets des uns et des autres on été défendus dans un assez bon climat. Et donc c'est pour une autre raison qu'il faut peut-être expliquer la difficulté du parti des Verts à s'enraciner dans la vie politique française, ou plutôt à s'enraciner au niveau national. Au niveau local, nous avons beaucoup d'élus en situation de responsabilité dans les régions notamment, et je crois qu'ils font un bon travail, un travail qui est reconnu. Alors au niveau national, quelle est la difficulté ? Chacun sait qu'il va falloir changer de modèle de développement, le plus tôt sera le mieux, le plus tôt sera le moins douloureux pour l'ensemble de la société française et pour la planète en général. Notre difficulté, c'est de passer à l'acte. Et ceux qui valident l'analyse du jeune parti qui alerte ne sont pas forcément prêts à changer leurs comportements et leurs habitudes.
Q - Il y a quand même une drôle d'ambiance dans votre parti. Dans le journal de 8h00, on a entendu le témoignage d'un conseiller régional d'Ile de France, L. Ferrier, qui disait que votre élection est le résultat d'arrangements entre courants. C'est toujours un peu schizophrénique chez vous ?
R - Je crois que c'est un peu dégradant de ne pas reconnaître le résultat et les conditions finalement assez pacifiées dans lequel il a été acquis. Je n'ai pas discuté avec ce monsieur, je ne sais pas quel rôle il a joué dans cette campagne, mais franchement, moi j'ai envie de regarder devant moi. Les Verts ont voté, ils ont voté plus massivement encore pour ce dernier tour de scrutin que pour les deux précédents et franchement l'ambiance qui régnait hier au siège national des Verts était une ambiance excellente. Si je comprends les attaques des lobbys - les lobbys de la construction automobile, du nucléaire, de la chasse, de l'agriculture intensive et productiviste - je comprends moins les attaques qui viennent de l'intérieur de mon parti.
Q - Quelles seront les mesures prioritaires essentielles de votre programme, vous la candidate des Verts maintenant ?
R - Je n'ai pas envie de réduire ce programme à des mesures qu'il suffirait d'adopter comme autant de recettes de cuisine pour changer la donne au niveau planétaire. Pour l'essentiel, nous avons besoin de consommer moins mais de consommer mieux et de consommer dans des secteurs où on va améliorer la qualité de vie des hommes en réduisant l'impact sur l'environnement et en créant de l'emploi. Je vais vous donner un exemple très concret : nous souffrons en ce moment d'une chaleur excessive, un plan national d'isolation des logements permettant de réduire la facture pétrolière en hiver et de réduire le besoin de climatisation en été serait créateur de 200.000 emplois par an et ça ce sont des emplois qui ne sont pas délocalisables et qui sont accessibles à des catégories très différentes de professionnels.
Q - Votre réponse aux appels du Parti socialiste qui dit que si la gauche est divisée au premier tour de la présidentielle en 2007, elle risque de ne pas participer au second tour comme en avril 2002 ?
R - Si le candidat socialiste passe son temps à culpabiliser les électeurs des autres familles politiques de gauche, sans lesquels il ne peut pas y avoir de mobilisation au second tour pour l'emporter, il n'y aura pas non plus de candidat socialiste à l'Elysée en 2007. Moi je crois que chacun doit mobiliser sa famille politique et que le candidat socialiste devra avoir à coeur au premier tour de mobiliser les socialistes autour d'un projet socialiste, au lieu de parler en permanence aux candidats des autres partis. Mon travail à moi, c'est de mobiliser les écologistes et de faire en sorte que dans le projet de la gauche, il n'y ait pas seulement une petite cuillère à café d'écologie mais une énorme louche pour changer la donne. Franchement, la gauche a déçu en 2002, notamment parce qu'elle n'avait pas réussi à prendre en compte le changement de la donne au niveau mondial, et la nécessité de nouvelles régulations internationales, de plan massif de recul de la pauvreté et un changement des politiques énergétiques et des transports.
Q - Mais pourquoi n'est-il pas possible d'élaborer avec les socialistes une sorte de programme commun de gouvernement socialiste/Vert ? On a du mal à comprendre.
R - Quand les socialistes mesurent le poids électoral des Verts, ils sont tout à fait capables d'entendre ce que nous avons à dire. Quand ils pressentent que les Verts pourraient être affaiblis, ils y sont moins attentifs. J'en veux pour preuve que le projet adopté par les socialistes ne comporte que très marginalement des mesures très tièdes pour permettre de réduire la facture énergétique, de réduire la dépendance au pétrole et de sortir du nucléaire. Ce sont des points tout à fait élémentaires. Il faut que nous donnions à voir aussi le poids de l'écologie dans la société, pas seulement le parti des Verts mais aussi tout ce peuple de l'écologie qui innove, qui crée, qui expérimente, qui fait vivre des luttes sur le terrain et dont nous avons besoin aussi pour convaincre en 2007.
Q - Ce matin, dans Libération, J. Dray le porte-parole du PS dit : "je ne suis pas convaincu que D. Voynet ira jusqu'au bout".
R - Méthode Coué ! Moi je suis convaincue d'aller jusqu'au bout. Tout simplement, parce que si je ne tiens pas bon, il n'y aura personne pour porter les idées de l'écologie politique et pour inciter sur l'urgence de changer de mode de développement. Réduire, effectivement, notre impact sur la planète, ce n'est pas seulement indispensable sur le plan environnemental, c'est aussi indispensable sur le plan social, parce que partout à travers le monde, ce sont les pauvres qui vivent dans les environnements les plus dégradés, qui souffrent les premiers de la dégradation et de la donne en matière énergétique, par exemple. Le prix de la facture de fuel, ne baisse pas de la même façon sur une personne précaire en Seine-Saint-Denis ou sur un cadre de l'industrie.
Q - Retour sur l'actualité immédiate avec ce qui se passe au Proche-Orient : est-ce vous, candidate à la présidentielle de 2007 pour les Verts, vous approuvez la position actuelle de la France dans le conflit entre Israël et le Hezbollah ? Je rappelle ce qu'a dit J. Chirac : "appel à le retenue israélienne d'un côté, et puis, détermination à en finir avec le problème du Hezbollah de l'autre".
R - La France se contente d'appeler à la raison, elle rapatrie ses ressortissants ; c'est un programme minimum. Je suis frappée, effectivement, de voir, qu'après n'avoir rien fait de concret pour aider la jeune démocratie libanaise à se consolider sans la présence syrienne, après n'avoir rien fait pour concrètement contribuer à désarmer les milices sur le territoire libanais pendant dix-huit mois, on se contente aujourd'hui d'appeler au calme. Je souhaite que nous répondions aux attentes de la société civile et que nous répondions aux angoisses des populations civiles, qu'elles soient celles des villes israéliennes qui craignent les roquettes du Hezbollah ou que ce soit celles des villes libanaises qui, aujourd'hui, meurent sous les bombes.
Q - Mais de quelle façon ?
R - Je constate une fois de plus la faiblesse du nain européen en la matière. Je crois indispensable que les grands Etats se mobilisent pour appeler à un cessez-le-feu bilatéral et pour proposer une force d'interposition, des forces civiles, qui permettent de séparer les belligérants et qui permettent de rassurer les populations civiles. Il n'y a pas de solution simple. Simplement, je ne pense pas que l'on puisse se contenter de renvoyer dos à dos les belligérants. Je crois que l'on doit se donner les moyens, à la fois, d'amener Israël à négocier à nouveau avec ses voisins palestiniens, d'amener la Syrie et l'Iran à cesser d'intervenir dans la vie politique libanaise, via les milices du Hezbollah qu'elles arment et qu'elles soutiennent toute l'année. La situation est complexe dans cette région depuis cinquante ans. Mais si une chose est certaine, c'est que la guerre n'a permis de résoudre aucun des problèmes qui étaient posés.
Q - Pour vous, le Hezbollah est-il un mouvement terroriste ?
R - C'est à la fois un mouvement terroriste et un mouvement qui est très impliqué dans la vie civile parce qu'on lui a laissé un espace considérable. Donc, c'est aussi un mouvement politique, c'est aussi un mouvement social, avec des centres sociaux, avec un accompagnement des populations, qui explique finalement cette espèce de tolérance, de compréhension de la population à l'égard du Hezbollah. Je ne crois pas que ce soit une compréhension à l'égard des thèses terroristes, je ne crois pas que ce soit un amour de la guerre ou de la violence mais c'est malheureusement un constat : le Hezbollah a occupé une place que le pouvoir civil n'a pas su occuper pendant très longtemps au Liban.
Q - Retour, d'un mot, à l'élection présidentielle en France. J'évoquais la position de J. Chirac sur le conflit au Proche Orient. La présidence de J. Chirac : un septennat, un quinquennat, douze ans de pouvoir. Quel bilan faites-vous de la présidence de J. Chirac ?
R - Un bilan très médiocre sur le terrain social, inexistant au plan environnemental, en dépit de discours généreux et remarqués parce que remarquable aux tribunes onusiennes. Mais ce que je retiendrais par-dessus tout, c'est le sentiment d'inutilité qui frappe, finalement, au-delà de J. Chirac, l'essentiel de la classe politique dans un contexte de délabrement démocratique, d'épuisement des institutions, de doute des Français par rapport à la vitalité de leur démocratie. Et donc, je pense qu'il porte une assez lourde part de responsabilité, notamment pour avoir constamment tenu des discours décalés par rapport aux actes, qui étaient conduits par les Gouvernements qu'il a mis en place.
Q - Par exemple ?
R - Par exemple, le discours sur la fracture sociale et dans la pratique l'augmentation des inégalités, l'aggravation de cette fracture, et l'enrichissement cynique de ceux qui étaient de moins en moins appelés à faire oeuvre de solidarité et de justice.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 19 juillet 2006
R - La démarche choisie pour procéder au choix du candidat Vert était un peu complexe, mais il n'y a pas eu de querelles intestines, comme vous dites mais une campagne de bon aloi où les projets des uns et des autres on été défendus dans un assez bon climat. Et donc c'est pour une autre raison qu'il faut peut-être expliquer la difficulté du parti des Verts à s'enraciner dans la vie politique française, ou plutôt à s'enraciner au niveau national. Au niveau local, nous avons beaucoup d'élus en situation de responsabilité dans les régions notamment, et je crois qu'ils font un bon travail, un travail qui est reconnu. Alors au niveau national, quelle est la difficulté ? Chacun sait qu'il va falloir changer de modèle de développement, le plus tôt sera le mieux, le plus tôt sera le moins douloureux pour l'ensemble de la société française et pour la planète en général. Notre difficulté, c'est de passer à l'acte. Et ceux qui valident l'analyse du jeune parti qui alerte ne sont pas forcément prêts à changer leurs comportements et leurs habitudes.
Q - Il y a quand même une drôle d'ambiance dans votre parti. Dans le journal de 8h00, on a entendu le témoignage d'un conseiller régional d'Ile de France, L. Ferrier, qui disait que votre élection est le résultat d'arrangements entre courants. C'est toujours un peu schizophrénique chez vous ?
R - Je crois que c'est un peu dégradant de ne pas reconnaître le résultat et les conditions finalement assez pacifiées dans lequel il a été acquis. Je n'ai pas discuté avec ce monsieur, je ne sais pas quel rôle il a joué dans cette campagne, mais franchement, moi j'ai envie de regarder devant moi. Les Verts ont voté, ils ont voté plus massivement encore pour ce dernier tour de scrutin que pour les deux précédents et franchement l'ambiance qui régnait hier au siège national des Verts était une ambiance excellente. Si je comprends les attaques des lobbys - les lobbys de la construction automobile, du nucléaire, de la chasse, de l'agriculture intensive et productiviste - je comprends moins les attaques qui viennent de l'intérieur de mon parti.
Q - Quelles seront les mesures prioritaires essentielles de votre programme, vous la candidate des Verts maintenant ?
R - Je n'ai pas envie de réduire ce programme à des mesures qu'il suffirait d'adopter comme autant de recettes de cuisine pour changer la donne au niveau planétaire. Pour l'essentiel, nous avons besoin de consommer moins mais de consommer mieux et de consommer dans des secteurs où on va améliorer la qualité de vie des hommes en réduisant l'impact sur l'environnement et en créant de l'emploi. Je vais vous donner un exemple très concret : nous souffrons en ce moment d'une chaleur excessive, un plan national d'isolation des logements permettant de réduire la facture pétrolière en hiver et de réduire le besoin de climatisation en été serait créateur de 200.000 emplois par an et ça ce sont des emplois qui ne sont pas délocalisables et qui sont accessibles à des catégories très différentes de professionnels.
Q - Votre réponse aux appels du Parti socialiste qui dit que si la gauche est divisée au premier tour de la présidentielle en 2007, elle risque de ne pas participer au second tour comme en avril 2002 ?
R - Si le candidat socialiste passe son temps à culpabiliser les électeurs des autres familles politiques de gauche, sans lesquels il ne peut pas y avoir de mobilisation au second tour pour l'emporter, il n'y aura pas non plus de candidat socialiste à l'Elysée en 2007. Moi je crois que chacun doit mobiliser sa famille politique et que le candidat socialiste devra avoir à coeur au premier tour de mobiliser les socialistes autour d'un projet socialiste, au lieu de parler en permanence aux candidats des autres partis. Mon travail à moi, c'est de mobiliser les écologistes et de faire en sorte que dans le projet de la gauche, il n'y ait pas seulement une petite cuillère à café d'écologie mais une énorme louche pour changer la donne. Franchement, la gauche a déçu en 2002, notamment parce qu'elle n'avait pas réussi à prendre en compte le changement de la donne au niveau mondial, et la nécessité de nouvelles régulations internationales, de plan massif de recul de la pauvreté et un changement des politiques énergétiques et des transports.
Q - Mais pourquoi n'est-il pas possible d'élaborer avec les socialistes une sorte de programme commun de gouvernement socialiste/Vert ? On a du mal à comprendre.
R - Quand les socialistes mesurent le poids électoral des Verts, ils sont tout à fait capables d'entendre ce que nous avons à dire. Quand ils pressentent que les Verts pourraient être affaiblis, ils y sont moins attentifs. J'en veux pour preuve que le projet adopté par les socialistes ne comporte que très marginalement des mesures très tièdes pour permettre de réduire la facture énergétique, de réduire la dépendance au pétrole et de sortir du nucléaire. Ce sont des points tout à fait élémentaires. Il faut que nous donnions à voir aussi le poids de l'écologie dans la société, pas seulement le parti des Verts mais aussi tout ce peuple de l'écologie qui innove, qui crée, qui expérimente, qui fait vivre des luttes sur le terrain et dont nous avons besoin aussi pour convaincre en 2007.
Q - Ce matin, dans Libération, J. Dray le porte-parole du PS dit : "je ne suis pas convaincu que D. Voynet ira jusqu'au bout".
R - Méthode Coué ! Moi je suis convaincue d'aller jusqu'au bout. Tout simplement, parce que si je ne tiens pas bon, il n'y aura personne pour porter les idées de l'écologie politique et pour inciter sur l'urgence de changer de mode de développement. Réduire, effectivement, notre impact sur la planète, ce n'est pas seulement indispensable sur le plan environnemental, c'est aussi indispensable sur le plan social, parce que partout à travers le monde, ce sont les pauvres qui vivent dans les environnements les plus dégradés, qui souffrent les premiers de la dégradation et de la donne en matière énergétique, par exemple. Le prix de la facture de fuel, ne baisse pas de la même façon sur une personne précaire en Seine-Saint-Denis ou sur un cadre de l'industrie.
Q - Retour sur l'actualité immédiate avec ce qui se passe au Proche-Orient : est-ce vous, candidate à la présidentielle de 2007 pour les Verts, vous approuvez la position actuelle de la France dans le conflit entre Israël et le Hezbollah ? Je rappelle ce qu'a dit J. Chirac : "appel à le retenue israélienne d'un côté, et puis, détermination à en finir avec le problème du Hezbollah de l'autre".
R - La France se contente d'appeler à la raison, elle rapatrie ses ressortissants ; c'est un programme minimum. Je suis frappée, effectivement, de voir, qu'après n'avoir rien fait de concret pour aider la jeune démocratie libanaise à se consolider sans la présence syrienne, après n'avoir rien fait pour concrètement contribuer à désarmer les milices sur le territoire libanais pendant dix-huit mois, on se contente aujourd'hui d'appeler au calme. Je souhaite que nous répondions aux attentes de la société civile et que nous répondions aux angoisses des populations civiles, qu'elles soient celles des villes israéliennes qui craignent les roquettes du Hezbollah ou que ce soit celles des villes libanaises qui, aujourd'hui, meurent sous les bombes.
Q - Mais de quelle façon ?
R - Je constate une fois de plus la faiblesse du nain européen en la matière. Je crois indispensable que les grands Etats se mobilisent pour appeler à un cessez-le-feu bilatéral et pour proposer une force d'interposition, des forces civiles, qui permettent de séparer les belligérants et qui permettent de rassurer les populations civiles. Il n'y a pas de solution simple. Simplement, je ne pense pas que l'on puisse se contenter de renvoyer dos à dos les belligérants. Je crois que l'on doit se donner les moyens, à la fois, d'amener Israël à négocier à nouveau avec ses voisins palestiniens, d'amener la Syrie et l'Iran à cesser d'intervenir dans la vie politique libanaise, via les milices du Hezbollah qu'elles arment et qu'elles soutiennent toute l'année. La situation est complexe dans cette région depuis cinquante ans. Mais si une chose est certaine, c'est que la guerre n'a permis de résoudre aucun des problèmes qui étaient posés.
Q - Pour vous, le Hezbollah est-il un mouvement terroriste ?
R - C'est à la fois un mouvement terroriste et un mouvement qui est très impliqué dans la vie civile parce qu'on lui a laissé un espace considérable. Donc, c'est aussi un mouvement politique, c'est aussi un mouvement social, avec des centres sociaux, avec un accompagnement des populations, qui explique finalement cette espèce de tolérance, de compréhension de la population à l'égard du Hezbollah. Je ne crois pas que ce soit une compréhension à l'égard des thèses terroristes, je ne crois pas que ce soit un amour de la guerre ou de la violence mais c'est malheureusement un constat : le Hezbollah a occupé une place que le pouvoir civil n'a pas su occuper pendant très longtemps au Liban.
Q - Retour, d'un mot, à l'élection présidentielle en France. J'évoquais la position de J. Chirac sur le conflit au Proche Orient. La présidence de J. Chirac : un septennat, un quinquennat, douze ans de pouvoir. Quel bilan faites-vous de la présidence de J. Chirac ?
R - Un bilan très médiocre sur le terrain social, inexistant au plan environnemental, en dépit de discours généreux et remarqués parce que remarquable aux tribunes onusiennes. Mais ce que je retiendrais par-dessus tout, c'est le sentiment d'inutilité qui frappe, finalement, au-delà de J. Chirac, l'essentiel de la classe politique dans un contexte de délabrement démocratique, d'épuisement des institutions, de doute des Français par rapport à la vitalité de leur démocratie. Et donc, je pense qu'il porte une assez lourde part de responsabilité, notamment pour avoir constamment tenu des discours décalés par rapport aux actes, qui étaient conduits par les Gouvernements qu'il a mis en place.
Q - Par exemple ?
R - Par exemple, le discours sur la fracture sociale et dans la pratique l'augmentation des inégalités, l'aggravation de cette fracture, et l'enrichissement cynique de ceux qui étaient de moins en moins appelés à faire oeuvre de solidarité et de justice.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 19 juillet 2006