Texte intégral
F. Beaudonnet - La canicule en France dure maintenant depuis trois semaines et sur le front de la sécheresse, la situation se détériore, êtes-vous inquiète ?
R - La situation devient extrêmement inquiétante parce qu'elle s'est dégradée très rapidement. En janvier, nous étions préoccupés ; en mars, beaucoup moins mais heureusement que nous avions déclenché tous les comités sécheresse depuis le mois de janvier et pris les mesures qui s'imposaient parce que, effectivement, la dégradation rapide nous inquiète. Aujourd'hui, sur les régions, nous avons d'abord 43 régions en restriction, c'est-à-dire frappées par des arrêtés, avec interdiction d'arroser, des plages horaires pour le faire. Ensuite, nous avons sur la région PACA et le côté Atlantique des déficits extrêmement importants qui nous ramènent à la période de 1976, que l'on a peut-être oubliée mais qui n'est pas si loin. Nous avons des déficits de pluviométrie qui s'affichent entre moins 20 % à moins 50 %.
Q - Tous les ans, on dit qu'il y a de la sécheresse : on l'avait dit l'an dernier, on l'avait dit il y a deux, on l'avait dit évidemment, en 2003. Est-ce que cette année, la sécheresse est plus grave que les années précédentes ?
R - Pour le moment, elle est aussi grave qu'en 2003 et 2005, mais je reste très préoccupée parce que s'il ne pleut pas dans les trois, quatre semaines à venir, les nappes phréatiques sont au plus bas. En région Ile-de-France, les nappes n'ont jamais été aussi basses que depuis vingt ans. Donc s'il ne pleut pas - je ne dis pas que cela va recharger les nappes - beaucoup de choses seront abîmées. Les cultures, je n'en parle même plus parce qu'on voit déjà les effets ravageurs. Aujourd'hui, compte tenu du déficit des nappes, nous n'arriverons pas à rattraper tout ce retard qui s'est accumulé depuis trois ans.
Q - Météo France nous annonce quelques orages pour les heures et les jours à venir ; c'est insuffisant, évidemment ?
R - Les orages dans cette période sont extrêmement violents. Cela fait plutôt du mal à tout, y compris aux coulées. Il y a de la provocation de coulées de boue quand il y a des orages très forts, cela abîme les cultures, cela endommage. Nous avons vu les grêlons, l'autre jour, qui était gros comme des oeufs de pigeon, qui ont endommagé des toitures, etc. Donc, il faudrait plutôt qu'il pleuve sans orage, ce serait la situation idéale et je pense qu'on n'en est pas là aujourd'hui.
Q - Que va-t-il se passer si, par exemple - on ne le souhaite pas, évidemment - dans quinze jours, trois semaines, il continue à faire aussi chaud et à ne pas pleuvoir ? Est-ce qu'il va falloir couper les robinets, faire des restrictions ?
R - L'eau potable reste une priorité. Il faut en tout cas économiser l'eau qui est devenu un bien rare, tout le monde le sait. Nous demandons à chacun de se mobiliser, les petits gestes ce n'est pas grand-chose : interdiction de laver les voitures, et si vraiment, c'est indispensable, ce que je ne crois d'ailleurs pas, on va à la station, c'est 60 litres au lieu de 150 litres ou 200 litres au jet. On prend une douche au lieu d'un bain, c'est 60 litres au lieu de 150 litres, on ferme les robinets quand on se lave les dents. Ce sont de tout petits gestes, mais comme on est 60 millions à les faire, cela apporte beaucoup. Si l'on respecte tout cela, cela nous économisera trois milliards de litres d'eau par jour, ce qui correspond à la consommation journalière de Paris. Et donc, que chacun soit vraiment préoccupé par cette situation, et qu'il ne pense pas, surtout, que ce soit l'affaire du voisin.
Q - Demain, vous présentez une campagne de communication, c'est une première...
R - C'est la grande première, effectivement.
Q - ... qui reprend ces thèmes et qui invite à faire des économies d'eau. Quand on voit, par exemple, que ce sont quand même les agriculteurs qui sont les plus gros consommateurs d'eau en France, est-ce que le fait soit de fermer son robinet ou de prendre une douche plutôt qu'un bain est suffisant par rapport à la situation ?
R - Chaque petit geste compte. Si chacun se dit "je le fais moi-même et les autres le feront aussi", on économisera de l'eau. Les agriculteurs se sont montrés quand même raisonnables, parce que par rapport à l'année dernière, nous constatons environ 10 % de surfaces cultivées en moins sur le maïs. On a besoin aussi de maïs, il faut le savoir. Ce n'est pas une culture sur laquelle on peut tirer un grand trait. Mais je crois que les agriculteurs se sont montrés responsables, donc, ne les stigmatisons pas comme on l'a fait fréquemment tous les ans. Chacun doit faire des efforts. Les collectivités locales qui consomment beaucoup d'eau, ne serait-ce que par l'arrosage des plantes, des fleurs, des pelouses, etc., cette fois-ci, elles doivent faire très attention. C'est tout le monde. Ce sont les agriculteurs, les industriels, les citoyens et les collectivités locales. Il faudra bien un jour que l'on pense à ne pas utiliser l'eau potable au niveau des collectivités locales notamment, pour arroser les espaces publics, parce que je pense qu'il va falloir que l'on commence à penser à pouvoir récupérer les eaux des stations d'épuration pour arroser ce genre de chose. On a passé ce stade de dire "l'eau coule et on en aura toute la vie".
Q - Autre dossier d'actualité cet été avec la canicule, celui des centrales nucléaires. Cette année encore, comme en 2003, elles rejettent de l'eau plus chaude qu'autorisé dans les rivières. N'était-ce pas quelque chose que l'on pouvait prévoir ? Est-il normal que trois ans après, on se retrouve dans la même situation qu'en 2003 ?
R - Il y a quand même depuis trois ans des mesures prises pour ce qui concerne les rejets. Les centrales rejettent des eaux, effectivement, mais c'est normal, on a besoin du nucléaire. Heureusement que la France a choisi cette option, pardonnez-moi de le dire, parce qu'aujourd'hui nous serions certainement fortement pénalisés sur d'autres problèmes. Je dirais simplement qu'il y a des dérogations qui sont raisonnables ; je les ai durcies parce que je pense qu'aujourd'hui, nous devons faire attention à la faune et à la flore, et particulièrement aux poissons. Il est important pour nous d'avoir des poissons, mais la qualité de l'eau, si l'on rejette des eaux trop chaudes, permettra, malheureusement, d'avoir des pollutions.
Q - Vous pensez que c'est une polémique qui n'a pas lieu d'être ?
R - C'est une polémique qui n'a pas lieu d'être parce que les restrictions qui ont été prises et les dérogations qui ont été faites ont toujours été faites avec beaucoup de raison. Je les ai un peu durcies cette fois-ci parce qu'il est important, compte tenu de la canicule et des cours d'eau qui sont extrêmement chauds aujourd'hui, d'avoir un peu redurci le système mais la polémique n'a pas lieu d'être.
Q - Comment cela va-t-il se passer dans les jours qui viennent ? Restez-vous mobilisée ? On voit que votre confrère de la Santé est également sur le pont. Vous faites des points réguliers sur la situation, à la fois sur la sécheresse...
R - Je fais des points jour par jour sur la sécheresse et c'est là qu'on s'aperçoit quand même qu'aujourd'hui, nous avons quand même 43 départements qui sont sous arrêtés, ce qui est quand même énorme. Et puis je ne pense pas que cela s'arrêtera là. Si les jours continuent comme cela, tous les jours, nous enregistrons de nouveaux départements. En tout cas, la situation est fort inquiétante et j'appelle à la mobilisation de chacun parce que tous les petits gestes comptent, on ne peut pas se dire que c'est l'affaire des autres.
Q - Et là, encore une fois, ces petits gestes vont-il suffire ?
R - Vous vous rendez compte que ces petits gestes là se font au niveau de 60 millions de personnes, c'est 3 milliards de litres d'eau par jour que nous allons économiser, la consommation d'un jour de Paris. Trois milliards d'eau, c'est énorme, mais on en a vraiment besoin.
Q - Est-ce qu'il ne faut pas aller plus en profondeur ?
R - Dans la loi sur l'eau qui va être votée en deuxième lecture dans les semaines qui viennent d'ailleurs, prévoit aussi des aménagements par bassin versant parce qu'on sait très bien que ces périodes de sécheresse vont se multiplier. Par conséquent, il faut aussi prévoir des réserves d'eau.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 juillet 2006
R - La situation devient extrêmement inquiétante parce qu'elle s'est dégradée très rapidement. En janvier, nous étions préoccupés ; en mars, beaucoup moins mais heureusement que nous avions déclenché tous les comités sécheresse depuis le mois de janvier et pris les mesures qui s'imposaient parce que, effectivement, la dégradation rapide nous inquiète. Aujourd'hui, sur les régions, nous avons d'abord 43 régions en restriction, c'est-à-dire frappées par des arrêtés, avec interdiction d'arroser, des plages horaires pour le faire. Ensuite, nous avons sur la région PACA et le côté Atlantique des déficits extrêmement importants qui nous ramènent à la période de 1976, que l'on a peut-être oubliée mais qui n'est pas si loin. Nous avons des déficits de pluviométrie qui s'affichent entre moins 20 % à moins 50 %.
Q - Tous les ans, on dit qu'il y a de la sécheresse : on l'avait dit l'an dernier, on l'avait dit il y a deux, on l'avait dit évidemment, en 2003. Est-ce que cette année, la sécheresse est plus grave que les années précédentes ?
R - Pour le moment, elle est aussi grave qu'en 2003 et 2005, mais je reste très préoccupée parce que s'il ne pleut pas dans les trois, quatre semaines à venir, les nappes phréatiques sont au plus bas. En région Ile-de-France, les nappes n'ont jamais été aussi basses que depuis vingt ans. Donc s'il ne pleut pas - je ne dis pas que cela va recharger les nappes - beaucoup de choses seront abîmées. Les cultures, je n'en parle même plus parce qu'on voit déjà les effets ravageurs. Aujourd'hui, compte tenu du déficit des nappes, nous n'arriverons pas à rattraper tout ce retard qui s'est accumulé depuis trois ans.
Q - Météo France nous annonce quelques orages pour les heures et les jours à venir ; c'est insuffisant, évidemment ?
R - Les orages dans cette période sont extrêmement violents. Cela fait plutôt du mal à tout, y compris aux coulées. Il y a de la provocation de coulées de boue quand il y a des orages très forts, cela abîme les cultures, cela endommage. Nous avons vu les grêlons, l'autre jour, qui était gros comme des oeufs de pigeon, qui ont endommagé des toitures, etc. Donc, il faudrait plutôt qu'il pleuve sans orage, ce serait la situation idéale et je pense qu'on n'en est pas là aujourd'hui.
Q - Que va-t-il se passer si, par exemple - on ne le souhaite pas, évidemment - dans quinze jours, trois semaines, il continue à faire aussi chaud et à ne pas pleuvoir ? Est-ce qu'il va falloir couper les robinets, faire des restrictions ?
R - L'eau potable reste une priorité. Il faut en tout cas économiser l'eau qui est devenu un bien rare, tout le monde le sait. Nous demandons à chacun de se mobiliser, les petits gestes ce n'est pas grand-chose : interdiction de laver les voitures, et si vraiment, c'est indispensable, ce que je ne crois d'ailleurs pas, on va à la station, c'est 60 litres au lieu de 150 litres ou 200 litres au jet. On prend une douche au lieu d'un bain, c'est 60 litres au lieu de 150 litres, on ferme les robinets quand on se lave les dents. Ce sont de tout petits gestes, mais comme on est 60 millions à les faire, cela apporte beaucoup. Si l'on respecte tout cela, cela nous économisera trois milliards de litres d'eau par jour, ce qui correspond à la consommation journalière de Paris. Et donc, que chacun soit vraiment préoccupé par cette situation, et qu'il ne pense pas, surtout, que ce soit l'affaire du voisin.
Q - Demain, vous présentez une campagne de communication, c'est une première...
R - C'est la grande première, effectivement.
Q - ... qui reprend ces thèmes et qui invite à faire des économies d'eau. Quand on voit, par exemple, que ce sont quand même les agriculteurs qui sont les plus gros consommateurs d'eau en France, est-ce que le fait soit de fermer son robinet ou de prendre une douche plutôt qu'un bain est suffisant par rapport à la situation ?
R - Chaque petit geste compte. Si chacun se dit "je le fais moi-même et les autres le feront aussi", on économisera de l'eau. Les agriculteurs se sont montrés quand même raisonnables, parce que par rapport à l'année dernière, nous constatons environ 10 % de surfaces cultivées en moins sur le maïs. On a besoin aussi de maïs, il faut le savoir. Ce n'est pas une culture sur laquelle on peut tirer un grand trait. Mais je crois que les agriculteurs se sont montrés responsables, donc, ne les stigmatisons pas comme on l'a fait fréquemment tous les ans. Chacun doit faire des efforts. Les collectivités locales qui consomment beaucoup d'eau, ne serait-ce que par l'arrosage des plantes, des fleurs, des pelouses, etc., cette fois-ci, elles doivent faire très attention. C'est tout le monde. Ce sont les agriculteurs, les industriels, les citoyens et les collectivités locales. Il faudra bien un jour que l'on pense à ne pas utiliser l'eau potable au niveau des collectivités locales notamment, pour arroser les espaces publics, parce que je pense qu'il va falloir que l'on commence à penser à pouvoir récupérer les eaux des stations d'épuration pour arroser ce genre de chose. On a passé ce stade de dire "l'eau coule et on en aura toute la vie".
Q - Autre dossier d'actualité cet été avec la canicule, celui des centrales nucléaires. Cette année encore, comme en 2003, elles rejettent de l'eau plus chaude qu'autorisé dans les rivières. N'était-ce pas quelque chose que l'on pouvait prévoir ? Est-il normal que trois ans après, on se retrouve dans la même situation qu'en 2003 ?
R - Il y a quand même depuis trois ans des mesures prises pour ce qui concerne les rejets. Les centrales rejettent des eaux, effectivement, mais c'est normal, on a besoin du nucléaire. Heureusement que la France a choisi cette option, pardonnez-moi de le dire, parce qu'aujourd'hui nous serions certainement fortement pénalisés sur d'autres problèmes. Je dirais simplement qu'il y a des dérogations qui sont raisonnables ; je les ai durcies parce que je pense qu'aujourd'hui, nous devons faire attention à la faune et à la flore, et particulièrement aux poissons. Il est important pour nous d'avoir des poissons, mais la qualité de l'eau, si l'on rejette des eaux trop chaudes, permettra, malheureusement, d'avoir des pollutions.
Q - Vous pensez que c'est une polémique qui n'a pas lieu d'être ?
R - C'est une polémique qui n'a pas lieu d'être parce que les restrictions qui ont été prises et les dérogations qui ont été faites ont toujours été faites avec beaucoup de raison. Je les ai un peu durcies cette fois-ci parce qu'il est important, compte tenu de la canicule et des cours d'eau qui sont extrêmement chauds aujourd'hui, d'avoir un peu redurci le système mais la polémique n'a pas lieu d'être.
Q - Comment cela va-t-il se passer dans les jours qui viennent ? Restez-vous mobilisée ? On voit que votre confrère de la Santé est également sur le pont. Vous faites des points réguliers sur la situation, à la fois sur la sécheresse...
R - Je fais des points jour par jour sur la sécheresse et c'est là qu'on s'aperçoit quand même qu'aujourd'hui, nous avons quand même 43 départements qui sont sous arrêtés, ce qui est quand même énorme. Et puis je ne pense pas que cela s'arrêtera là. Si les jours continuent comme cela, tous les jours, nous enregistrons de nouveaux départements. En tout cas, la situation est fort inquiétante et j'appelle à la mobilisation de chacun parce que tous les petits gestes comptent, on ne peut pas se dire que c'est l'affaire des autres.
Q - Et là, encore une fois, ces petits gestes vont-il suffire ?
R - Vous vous rendez compte que ces petits gestes là se font au niveau de 60 millions de personnes, c'est 3 milliards de litres d'eau par jour que nous allons économiser, la consommation d'un jour de Paris. Trois milliards d'eau, c'est énorme, mais on en a vraiment besoin.
Q - Est-ce qu'il ne faut pas aller plus en profondeur ?
R - Dans la loi sur l'eau qui va être votée en deuxième lecture dans les semaines qui viennent d'ailleurs, prévoit aussi des aménagements par bassin versant parce qu'on sait très bien que ces périodes de sécheresse vont se multiplier. Par conséquent, il faut aussi prévoir des réserves d'eau.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 juillet 2006