Texte intégral
C. Barbier - C'est la rentrée..vous proposez un contrat national pour l'éducation, avec résultat garanti, dites-vous dans ce contrat national. Est-ce que vous approuvez l'idée de N. Sarkozy , pas de passage en sixième, si on ne sait pas lire correctement ?
R - C'est une idée que j'ai exprimée depuis cinq ans et au cours de la campagne présidentielle en demandant qu'on en fasse l'article premier du contrat pour l'éducation.
Q - Et celle de S. Royal, un deuxième adulte présent dans les classes difficiles ?
R - J'y crois peu. Je pense qu'il est nécessaire, si on veut faire de l'éducation la priorité, de garantir les moyens de l'éducation, mais surcharger à perpétuité en mettant constamment des emplois supplémentaires, non affectés à l'éducation j'y crois peu. Je pense qu'il est bon d'avoir des surveillants, il est bon d'avoir des éducateurs même dans certains établissements difficiles, mais qu'il y ait un surveillant par classe, difficile, j'y crois peu.
Q - Alors la droite et la gauche, vous le disiez, vous volent souvent des idées, ça tombe bien, vous proposez un Gouvernement d'entente nationale, ça s'appelle la cohabitation non ?
R - Pas du tout, la cohabitation c'est la majorité parlementaire qui est opposée à la majorité présidentielle, et qui lui fait la guerre, ce n'est pas du tout ce que je vois. Les problèmes qui se posent à la France aujourd'hui, et d'ailleurs le vol perpétuel des idées des uns par les autres, et des mots des uns par les autres, comme vous y assistez tous les jours avec le regard narquois qui vous caractérise, et j'espère que vous le garderez longtemps, ce vol à l'étalage et le fait qu'on se masque, on met toujours sur sa figure le masque de l'autre pour être pris pour ce qu'on n'est pas. Tout ça montre bien une chose, c'est qu'il y a aujourd'hui en France des valeurs partagées et qui dépassent les frontières des partis. Prenons-en acte, et considérons qu'il y a un certain nombre de choses que nous devons faire ensemble. Je vais prendre un exemple dans l'actualité. N. Sarkozy s'est rallié hier à une idée que j'ai proposée depuis 2001 et que le PS a lui-même repris en 2004 c'est un service civique. C'est même le mot que j'ai utilisé depuis 2001, ça veut dire à 18 ans, tous les jeunes de France, garçons et filles ont un temps où ils sont au service des autres pour se rencontrer, le brassage, et pour apprendre que je reçois, mais je donne, très bien. Alors désormais l'UDF est pour, depuis le début, le PS est pour depuis deux ans et l'UMP désormais est pour.
Q - Faisons-le.
R - N'attendons pas l'élection présidentielle, faisons-le. On a une session parlementaire, je propose qu'on tire la leçon de ce consensus qui a mis du mal à se construire, qu'on discute ensemble des conditions concrètes et au lieu d'en parler et de faire de tout cela des arguments électoraux, faisons-le. Alors faisons-le peut-être pas pour l'appliquer dans six mois, mais faisons-le avec un calendrier.
Q - Si au bout de ce combat pour les valeurs partagées, vous êtes élu président de la République, quels seraient vos ministres d'ouverture, notamment à gauche un Rocard, comme on l'a vu ce week-end, un Kouchner ?
R - Je ne veux pas dire des noms, ça n'est pas le moment, et ça serait détourner l'attention de l'essentiel. J'ai invité à notre université d'été N. Hulot écologiste, M. Barnier, UMP, M. Rocard, PS et social démocrate.
Q - Certains de vos élus se sont un peu inquiétés. Ca peut créer des confusions dans l'électorat.
R - Non personne ne s'est inquiété parce que les Français comprennent très bien quand ils voient sur leurs écrans, comprennent très bien que ces gens ont infiniment plus de choses en commun que de choses qui les séparent.
Q - Mais Barnier votera UMP et puis Rocard votera PS, vous êtes le perdant dans l'affaire, quel intérêt pour vous ?
R - Vous m'interrogez sur la suite, vous dîtes : si vous êtes élu, comment fait-on l'ouverture ? Si je suis élu, on fait un contrat de Gouvernement, proposer à l'ensemble, je ne dis même pas des partis parce que ce n'est plus une affaire de partis, des sensibilités et des personnalités qui ont en France une expérience et des convictions. Eh bien ces hommes là vous avez cité Kouchner, vous avez cité Rocard, on pourrait en citer d'autres ,Strauss-Kahn et d'autres. Vous voyez bien que leurs valeurs ne sont pas éloignées de celles que d'autres personnes, au centre, au centre droit défendent, réunissons-les.
Q - Une valeur éloignée visiblement des vôtres, c'est l'argent, vous accusez N. Sarkozy d'être trop près des puissances d'argent, qu'est ce à dire, il est corrompu ? Il travaille pour les patrons ?
R - Ecoutez, c'est écrit dans tous les journaux, jusqu'à maintenant en France, on avait su garder la distance entre la politique et les puissances économiques et financières. La nouveauté avec N. Sarkozy c'est qu'il revendique une proximité intime avec précisément ceux qui incarnent ces puissances économiques et financières et médiatiques.
Q - Alors justement, vous accusez les grands groupes industriels par leur possession des médias d'influencer et de pousser le duo Sarkozy - Royal vous visez qui Dassault - Bouygues - Lagardère ?
R - Je ne cite pas de noms c'est vous qui le faites, et peut-être êtes vous mieux placé que d'autres pour le faire. Et donc en tout cas, moi j'observe qu'il n'y a aucune démocratie dans le monde qui ait accepté ce système, d'intimité pesante, d'intimité intimidante entre les grands groupes économico-financiers et le pouvoir.
Q - Il faut donc une loi contre ça ?
R - Et moi je suis pour qu'on réimplante en France le grand principe républicain qui veut que le pouvoir ne peut pas être sous la domination, intimité des grands intérêts financiers.
Q - Alors restons dans l'économie, vous voterez contre la fusion SUEZ - GDF, pourquoi ?
R - Parce que s'il y a un domaine où l'action publique mérite d'être défendue, c'est ce domaine de l'énergie sur lequel plane une épée de Damoclès, menace une épée de Damoclès énorme avec la crise du pétrole et du gaz et la crise du climat. Dans ce domaine là, vous le savez bien on va vers des perturbations énormes de marchés. Eh bien il faut qu'il y ait un instrument de la puissance publique qui soit capable de garantir aux Français qu'au moins ils auront le moyen de peser, de jouer leur rôle si la crise vient. Si l'on privatise GDF, on disparaît dans le domaine du gaz.
Q - Pour arriver au second tour de la présidentielle, quel candidat de l'UMP préférez-vous affronter Chirac - de Villepin - Alliot-Marie ?
R - Pour arriver au second tour de la présidentielle, on a besoin que d'une seule chose, de l'attention des Français.
Q - Et pour gagner au second tour il vous faudra quand même un allié, c'est- à-dire vous vous tournerez vers la gauche ou la droite selon le battu du premier tour ?
R - Et pour gagner... exactement comme Chirac l'a fait en 2002, excusez- moi de vous le dire. Pour J. Chirac en 2002 le nombre de voix de gauche était supérieur au nombre de voix de droite, assez nettement vous le savez bien. L'élection présidentielle c'est une élection dans laquelle les Français ont une liberté qu'ils n'ont pas autrement, qui est celle de redessiner le paysage politique, eh bien on va leur donner l'occasion d'exercer cette liberté.
Q - Eh bien commencez par du local, pourquoi à Bordeaux vous ne présentez pas de liste UDF contre celle d'A. Juppé à la municipale partielle, puisqu'il incarne aussi le monopole...
R - Eh bien excusez-moi, il se trouve qu'à Bordeaux, j'ai de l'estime pour A. Juppé, je trouve qu'il a été, qu'il est, un bon maire de Bordeaux, qu'il a tracé des bonnes orientations pour la ville. Et le fait que j'ai eu des affrontements politiques avec lui, sur l'UMP en particulier au moment où elle a été créée, ne n'empêche pas ou ne me prive pas, de la liberté de dire que cet homme est un homme estimable. Et donc, je le dis, avec cette idée qui est la mienne depuis longtemps, selon laquelle on n'est pas obligé de transformer chaque collectivité locale en champ de batailles des étiquettes nationales.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 4 septembre 2006
R - C'est une idée que j'ai exprimée depuis cinq ans et au cours de la campagne présidentielle en demandant qu'on en fasse l'article premier du contrat pour l'éducation.
Q - Et celle de S. Royal, un deuxième adulte présent dans les classes difficiles ?
R - J'y crois peu. Je pense qu'il est nécessaire, si on veut faire de l'éducation la priorité, de garantir les moyens de l'éducation, mais surcharger à perpétuité en mettant constamment des emplois supplémentaires, non affectés à l'éducation j'y crois peu. Je pense qu'il est bon d'avoir des surveillants, il est bon d'avoir des éducateurs même dans certains établissements difficiles, mais qu'il y ait un surveillant par classe, difficile, j'y crois peu.
Q - Alors la droite et la gauche, vous le disiez, vous volent souvent des idées, ça tombe bien, vous proposez un Gouvernement d'entente nationale, ça s'appelle la cohabitation non ?
R - Pas du tout, la cohabitation c'est la majorité parlementaire qui est opposée à la majorité présidentielle, et qui lui fait la guerre, ce n'est pas du tout ce que je vois. Les problèmes qui se posent à la France aujourd'hui, et d'ailleurs le vol perpétuel des idées des uns par les autres, et des mots des uns par les autres, comme vous y assistez tous les jours avec le regard narquois qui vous caractérise, et j'espère que vous le garderez longtemps, ce vol à l'étalage et le fait qu'on se masque, on met toujours sur sa figure le masque de l'autre pour être pris pour ce qu'on n'est pas. Tout ça montre bien une chose, c'est qu'il y a aujourd'hui en France des valeurs partagées et qui dépassent les frontières des partis. Prenons-en acte, et considérons qu'il y a un certain nombre de choses que nous devons faire ensemble. Je vais prendre un exemple dans l'actualité. N. Sarkozy s'est rallié hier à une idée que j'ai proposée depuis 2001 et que le PS a lui-même repris en 2004 c'est un service civique. C'est même le mot que j'ai utilisé depuis 2001, ça veut dire à 18 ans, tous les jeunes de France, garçons et filles ont un temps où ils sont au service des autres pour se rencontrer, le brassage, et pour apprendre que je reçois, mais je donne, très bien. Alors désormais l'UDF est pour, depuis le début, le PS est pour depuis deux ans et l'UMP désormais est pour.
Q - Faisons-le.
R - N'attendons pas l'élection présidentielle, faisons-le. On a une session parlementaire, je propose qu'on tire la leçon de ce consensus qui a mis du mal à se construire, qu'on discute ensemble des conditions concrètes et au lieu d'en parler et de faire de tout cela des arguments électoraux, faisons-le. Alors faisons-le peut-être pas pour l'appliquer dans six mois, mais faisons-le avec un calendrier.
Q - Si au bout de ce combat pour les valeurs partagées, vous êtes élu président de la République, quels seraient vos ministres d'ouverture, notamment à gauche un Rocard, comme on l'a vu ce week-end, un Kouchner ?
R - Je ne veux pas dire des noms, ça n'est pas le moment, et ça serait détourner l'attention de l'essentiel. J'ai invité à notre université d'été N. Hulot écologiste, M. Barnier, UMP, M. Rocard, PS et social démocrate.
Q - Certains de vos élus se sont un peu inquiétés. Ca peut créer des confusions dans l'électorat.
R - Non personne ne s'est inquiété parce que les Français comprennent très bien quand ils voient sur leurs écrans, comprennent très bien que ces gens ont infiniment plus de choses en commun que de choses qui les séparent.
Q - Mais Barnier votera UMP et puis Rocard votera PS, vous êtes le perdant dans l'affaire, quel intérêt pour vous ?
R - Vous m'interrogez sur la suite, vous dîtes : si vous êtes élu, comment fait-on l'ouverture ? Si je suis élu, on fait un contrat de Gouvernement, proposer à l'ensemble, je ne dis même pas des partis parce que ce n'est plus une affaire de partis, des sensibilités et des personnalités qui ont en France une expérience et des convictions. Eh bien ces hommes là vous avez cité Kouchner, vous avez cité Rocard, on pourrait en citer d'autres ,Strauss-Kahn et d'autres. Vous voyez bien que leurs valeurs ne sont pas éloignées de celles que d'autres personnes, au centre, au centre droit défendent, réunissons-les.
Q - Une valeur éloignée visiblement des vôtres, c'est l'argent, vous accusez N. Sarkozy d'être trop près des puissances d'argent, qu'est ce à dire, il est corrompu ? Il travaille pour les patrons ?
R - Ecoutez, c'est écrit dans tous les journaux, jusqu'à maintenant en France, on avait su garder la distance entre la politique et les puissances économiques et financières. La nouveauté avec N. Sarkozy c'est qu'il revendique une proximité intime avec précisément ceux qui incarnent ces puissances économiques et financières et médiatiques.
Q - Alors justement, vous accusez les grands groupes industriels par leur possession des médias d'influencer et de pousser le duo Sarkozy - Royal vous visez qui Dassault - Bouygues - Lagardère ?
R - Je ne cite pas de noms c'est vous qui le faites, et peut-être êtes vous mieux placé que d'autres pour le faire. Et donc en tout cas, moi j'observe qu'il n'y a aucune démocratie dans le monde qui ait accepté ce système, d'intimité pesante, d'intimité intimidante entre les grands groupes économico-financiers et le pouvoir.
Q - Il faut donc une loi contre ça ?
R - Et moi je suis pour qu'on réimplante en France le grand principe républicain qui veut que le pouvoir ne peut pas être sous la domination, intimité des grands intérêts financiers.
Q - Alors restons dans l'économie, vous voterez contre la fusion SUEZ - GDF, pourquoi ?
R - Parce que s'il y a un domaine où l'action publique mérite d'être défendue, c'est ce domaine de l'énergie sur lequel plane une épée de Damoclès, menace une épée de Damoclès énorme avec la crise du pétrole et du gaz et la crise du climat. Dans ce domaine là, vous le savez bien on va vers des perturbations énormes de marchés. Eh bien il faut qu'il y ait un instrument de la puissance publique qui soit capable de garantir aux Français qu'au moins ils auront le moyen de peser, de jouer leur rôle si la crise vient. Si l'on privatise GDF, on disparaît dans le domaine du gaz.
Q - Pour arriver au second tour de la présidentielle, quel candidat de l'UMP préférez-vous affronter Chirac - de Villepin - Alliot-Marie ?
R - Pour arriver au second tour de la présidentielle, on a besoin que d'une seule chose, de l'attention des Français.
Q - Et pour gagner au second tour il vous faudra quand même un allié, c'est- à-dire vous vous tournerez vers la gauche ou la droite selon le battu du premier tour ?
R - Et pour gagner... exactement comme Chirac l'a fait en 2002, excusez- moi de vous le dire. Pour J. Chirac en 2002 le nombre de voix de gauche était supérieur au nombre de voix de droite, assez nettement vous le savez bien. L'élection présidentielle c'est une élection dans laquelle les Français ont une liberté qu'ils n'ont pas autrement, qui est celle de redessiner le paysage politique, eh bien on va leur donner l'occasion d'exercer cette liberté.
Q - Eh bien commencez par du local, pourquoi à Bordeaux vous ne présentez pas de liste UDF contre celle d'A. Juppé à la municipale partielle, puisqu'il incarne aussi le monopole...
R - Eh bien excusez-moi, il se trouve qu'à Bordeaux, j'ai de l'estime pour A. Juppé, je trouve qu'il a été, qu'il est, un bon maire de Bordeaux, qu'il a tracé des bonnes orientations pour la ville. Et le fait que j'ai eu des affrontements politiques avec lui, sur l'UMP en particulier au moment où elle a été créée, ne n'empêche pas ou ne me prive pas, de la liberté de dire que cet homme est un homme estimable. Et donc, je le dis, avec cette idée qui est la mienne depuis longtemps, selon laquelle on n'est pas obligé de transformer chaque collectivité locale en champ de batailles des étiquettes nationales.Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 4 septembre 2006