Déclaration de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, sur les échanges culturels et artistiques et le rayonnement culturel à l'étranger, Rome le 9 septembre 2006.

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Circonstance : Déplacement à la villa Médicis, Rome le 9 septembre 2006

Texte intégral


Monsieur le Directeur, Cher Richard Peduzzi,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureux d'être présent parmi vous aujourd'hui, en ces murs chargés d'histoire, du souvenir de tous les grands hommes qui y ont vécu, de tous les grands artistes qui y ont séjourné, animés de vos talents, de vos projets, de vos énergies créatrices.
S'ils pouvaient parler, ces murs nous conteraient la longue histoire de l'amitié franco-italienne, une amitié fondée sur l'art, et la culture, une amitié forgée par les échanges, et l'enrichissement mutuels. Hector Berlioz, Georges Bizet, Claude Debussy, Charles Garnier, Jean-Baptiste Carpeaux, Charles Gounod, Eric Tanguy, François Bon, Jean-Michel Othoniel et tant d'autres ont puisé en ces lieux leur inspiration.
Compositeurs, peintres, graveurs, sculpteurs, architectes, et, plus récemment, écrivains, cinéastes, plasticiens, designers, photographes, scénographes, restaurateurs d'oeuvres d'art et historiens de l'art, ont parfait ici leur formation, dans cet esprit de partage et d'ouverture qui est depuis l'origine celui de cette prestigieuse Académie.
Ces riches heures des artistes français à Rome, vous en écrivez vous-même chaque année de nouvelles pages, en accomplissant à votre tour ce « Voyage en Italie », dans les pas de vos illustres prédécesseurs.
Perchée sur la colline du Pincio, la Villa Médicis n'est pas une simple vitrine de la création française. Si je devais choisir une métaphore verrière, je préférerais celle de l'alambic, où l'alchimiste réalise ses transmutations.
Oui, la Villa Médicis est le lieu de tous les possibles, de toutes les synergies, de toutes les rencontres.
Rencontres fécondes entre les artistes de toutes les disciplines, propices à faire naître les oeuvres les plus originales, les créations les plus fortes. Oui, vous démontrez ici que l'interdisciplinarité est une richesse.
Rencontres, ensuite, entre les artistes français et les artistes italiens. Des rencontres qui s'inscrivent dans une longue tradition d'échanges qui ont nourri l'amitié entre nos deux pays, et forgé une Europe humaniste, l'Europe de la culture.
Rencontres, enfin, entre les siècles, puisque la Villa Médicis est le symbole par excellence de l'alliance du patrimoine et de la création, de l'histoire et de la modernité, de notre héritage le plus prestigieux et de nos talents les plus contemporains.
Je tiens à rendre hommage à l'action de Richard Peduzzi, digne successeur d'Ingres et de Balthus, à la tête de cette si belle institution, navire amiral des échanges artistiques entre la France et l'Italie, que vous avez su placer au coeur de la vie culturelle romaine et européenne.
Vos expositions marquent les esprits et l'esprit de ce lieu. Je pense, par exemple, à l'exposition que vous avez consacrée l'an dernier à l'oeuvre d'Anselm Kieffer, dont l'univers était magnifiquement mis en valeur dans les galeries de la Villa Médicis, et le sera prochainement sous la verrière du Grand Palais ; et à la très belle exposition que vous avez consacrée cette année aux costumes de scène et aux esquisses de trois grands précurseurs de l'espace théâtral et cinématographique, Luciano Damiani, Lila De Nobili et Piero Tosi.
Vous savez que mon soutien actif vous est acquis, au service du patrimoine exceptionnel dont vous avez la charge, et vous menez une oeuvre remarquable et de longue haleine en faveur du réaménagement et de la rénovation de l'ensemble des bâtiments et des jardins. Je soutiens également avec enthousiasme l'action que vous menez, avec l'ensemble de votre équipe, des pensionnaires et des artistes que vous associez au rayonnement de ce lieu unique, en faveur de la création.
Dans l'esprit de la mission Malraux, qui modernisa la Villa en 1971, en lui donnant le double objectif de « participer aux échanges culturels et artistiques », par « des expositions, des concerts, des projections cinématographiques, des colloques ou séminaires sur des sujets relevant des arts, des lettres et de leur histoire », et d'accueillir « de jeunes artistes ou chercheurs pour leur permettre de poursuivre leurs travaux, études et recherches et d'acquérir un complément d'information », vous en avez fait un lieu idéal pour favoriser les confrontations, les expressions, et réfléchir sur les évolutions de nos sociétés. Vous en avez fait un lieu ouvert sur Rome et ouvert aux Romains. Vous en faites un laboratoire vivant de l'Europe de la culture.
Je suis heureux que Jérôme Bascher, qui a brillamment piloté au sein de mon cabinet le budget, la LOLF et la modernisation, prenne place aujourd'hui à vos côtés en qualité de Secrétaire général, et vous accompagne dans vos nobles missions, au service de la création.
J'étais ce matin à Venise, où Patrick Bouchain porte haut les couleurs nationales dans le pavillon français de la Biennale d'architecture.
Ce soir, je participerai, ici-même, à Rome, à la Notte Bianca, version transalpine de notre Nuit Blanche parisienne, et je me réjouis que la Villa Médicis participe à cette grande manifestation, en présentant dans ses galeries les oeuvres Paesaggio del viso, et Quasi una rivoluzione, de Jérôme Lagarrigue et Xavier Noiret-Thomé, ainsi que, depuis la fenêtre d'une chambre, l'installation lumineuse visible depuis l'extérieur, Che fare, d'un autre pensionnaire, Jean-Baptiste Ganne.
Lundi, à Paris, le Président de la République italienne, ainsi que le vice-président du conseil et ministre des biens et activités culturelles inaugureront à mes côtés au Sénat la magnifique exposition « Titien, le pouvoir en face. »
C'est ainsi que je conçois l'amitié franco-italienne, une amitié qui puise dans ses illustres racines la force de liens nouveaux, une amitié qui se nourrit de la vigueur et du talent des créateurs que vous êtes, une amitié dont cette Villa, grâce à vous tous, est à la fois le puissant moteur et l'ardent symbole.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 13 septembre 2006