Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec Radio France Internationale, sur l'aide internationale en faveur de la reconstruction du Liban, à Stockholm le 1er septembre 2006.

Prononcé le 1er septembre 2006

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence internationale sur la réhabilitation du Liban, à Stockholm (Suède) le 31 août 2006

Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Q - A quelle hauteur la France va-t-elle contribuer lors de cette conférence pour le Liban ?
R - La France a annoncé aujourd'hui qu'elle accorderait 20 millions d'euros supplémentaires pour la reconstruction du Liban. Ceci concerne la première phase de reconstruction du pays, pour ses besoins prioritaires et en réponse aux besoins exprimés par le gouvernement libanais. Je dois rappeler que notre pays s'était déjà beaucoup engagé - et très vite - dans l'urgence. D'abord pour répondre aux besoins les plus pressants : apporter de l'aide alimentaire, des médicaments, des produits de première nécessité. Puis, il avait augmenté cette aide pour en arriver à pratiquement 20 millions d'euros jusqu'à maintenant. Aujourd'hui, nous doublons cette somme destinée plutôt à l'aide à la reconstruction : le secteur de la santé, les écoles, les logements, l'eau, l'électricité, et puis aussi la lutte contre la pollution ; il s'agit aussi d'aider les pêcheurs qui ne peuvent plus poursuivre leur activité, ou les ONG qui sont présentes auprès des populations.

Q - Est-ce que vous ressentez à Stockholm, ici, un véritable élan de générosité envers le Liban ?
R - Je le crois. Nous verrons ce soir quelles sont les sommes qui ont pu être recueillies aujourd'hui. Mais, d'ores et déjà, je crois que cette conférence est un succès, tout le monde a répondu présent à la mesure de ces moyens. J'insiste sur le fait qu'il faut ensuite une deuxième étape pour répondre aux besoins plus fondamentaux du pays, l'aider à se redresser, l'aider à poursuivre ses réformes. Il en va de sa stabilité et de la stabilité de la région.

Q - C'est également le rôle de l'Union européenne de reprendre une casquette de leader dans la région ?
R - Elle l'a été sur le plan politique et, avec un petit peu plus de temps, elle l'a été aussi sur le plan militaire. Il est important qu'elle donne l'exemple.

Q - Pour revenir à l'aide accorder au gouvernement libanais, votre priorité, c'est l'aide d'urgence, c'est reconstruire, donc vous dîtes qu'il faut une aide à plus long terme, là est-ce que vous avez des chiffres, est-ce que vous avez déjà une idée , une vision pour le Liban ?
R - Je crois que les estimations concordent et conduisent à considérer que les pertes en vie humaines ont été trop nombreuses mais que les destructions matérielles aussi ont été considérables. Le chiffrage définitif n'est pas achevé et il faudra des années et des années pour aider le Liban à se remettre sur pied. Le plus vite nous ferons, le mieux ce pays se portera. Il en va aussi de notre intérêt.

Q - Concernant le blocus israélien, est-ce que vous appelez aujourd'hui à ce qu'il soit levé ?
R - Oui, la poursuite du blocus israélien maritime et aérien empêche le retour à une situation normale et empêche aussi le redressement économique du pays. Donc nous avons souhaité qu'Israël y mette un terme et le Secrétaire général des Nations unies, M. Kofi Annan, l'a souhaité également.

Q - Est-ce que vous avez des garanties sur l'utilisation des fonds, qu'ils seront bien alloués aux populations et est-ce qu'il n'y a pas une course à l'aide financière pour concurrencer le Hezbollah ?
R - Il est très important que les fonds qui seront donnés par les amis, les partenaires du Liban, soient dépensés le plus utilement possible et, en effet, que le bénéficiaire final, ce soit bien les populations libanaises et nul autre.
Le programme de travail qui est présenté par le gouvernement libanais est satisfaisant, même très satisfaisant. Il a été fait sérieusement. Il ne vise que la première étape, que la première phase de la reconstruction et je crois que si l'on regarde les réformes qui ont été faites dans le passé par le gouvernement libanais, nous avons des garanties qui nous permettent de continuer très sérieusement avec lui.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 septembre 2006