Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le rôle de la Défense dans la lutte contre le terrorisme, à Satory ,le 11 septembre 2009.

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Circonstance : Remise à la gendarmerie de Satory (Yvelines)du véhicule Biotox/Piratox, le 11 septembre 2006

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Le 11 septembre demeurera à jamais dans nos mémoires. Il marque un tournant dans l'histoire de la menace terroriste. Il lui donne une dimension stratégique nouvelle, une dimension mondiale.
A cette menace nous devons opposer une action continue, coordonnée, efficace.
Ce 11 septembre me permet de rappeler le soutien que j'apporte à la Gendarmerie dans sa lutte contre le terrorisme.
C'est pour cela que je suis ici à Satory, pour la remise du véhicule d'intervention Biotox/Piratox, qui contribuera par sa technologie à augmenter les moyens de la lutte anti-terroriste.
La prise de conscience de cet environnement nouveau nous conduit à envisager la lutte contre le terrorisme sous un angle global et actualisé.
Le Ministère de la Défense est totalement engagé dans cette voie par tous les moyens.
La sécurité globale doit être une préoccupation constante qu'il nous faut envisager sous tous ses aspects.
L'actualité nous rappelle sans répit la réalité des menaces multiples et globales qui nous entourent, leur évolution et leur caractère inattendu.
Un changement radical des enjeux de sécurité est intervenu ces dernières années.
Les formes prises par le terrorisme sont « multiformes » et toujours plus variées.
Les attaques terroristes visent des effets divers : des victimes nombreuses, des destructions considérables, une paralysie généralisée des réseaux.
Ces actes impliquent une désorganisation de la société en suscitant des effets de panique ou de psychose et ont aussi un impact économique majeur.
Au final, le but est de fragiliser les institutions et les systèmes démocratiques.
Il n'y a plus de frontière claire entre sécurité intérieure et sécurité extérieure.
Le terrorisme a atteint une dimension transnationale.
Ancré dans une dimension politique, religieuse ou sociale, il possède des ressources économiques et financières.
Transnational, le terrorisme l'est par ses implantations comme par ses cibles.
La facilité de déplacement, les transferts de fonds, les échanges de techniques et de moyens d'information, comme l'Internet, rendus possibles par la mondialisation, augmentent ce phénomène qui fait du terrorisme une menace globale.
Cette mondialisation augmente par là même l'impact de ces attentats sur les populations civiles.
Par leur complexité, les transformations rapides qu'elles subissent et les nombreuses failles qu'elles présentent, nos sociétés modernes sont vulnérables.
Cette vulnérabilité prend elle aussi racine dans l'explosion et la banalisation des nouvelles technologies : internet, wifi, biotechnologies, qui caractérisent nos sociétés.
Des extrémismes et des modes d'agression nouveaux, une interdépendance toujours plus prégnante et vitale entre les différents secteurs technologiques peuvent engendrer des réactions en cascade en cas de catastrophes.
Pour répondre à ces nouveaux défis, un changement radical de méthode est nécessaire.
Elles appellent des mesures dépassant le périmètre strict de la Défense et s'inscrivant dans un cadre résolument interministériel.
Il n'y a de sécurité que globale.
La sécurité globale appelle des réponses qui le sont tout autant, associant militaires et civils, que ce soit au niveau opérationnel ou technique, impliquant acteurs publics et privés.
La lutte contre le terrorisme commence à l'extérieur de nos frontières, avec les activités de renseignement, de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive ou les opérations menées par exemple en Afghanistan.
Les Etats mettent en oeuvre des moyens conséquents pour assurer la protection de leurs ressortissants à l'étranger, comme l'a fait souvent la France en Afrique, et plus récemment au Liban.
Sécurité et défense s'inscrivent dans une même continuité de missions et de moyens et s'appuient sur les mêmes technologies.
Il s'agit donc d'investir et de s'équiper de moyens modernes adaptés aux nouvelles menaces.
Cela suppose une démarche structurée et fédérée d'identification des besoins.
Cela suppose que la Défense continue à donner l'exemple dans ce domaine qu'est la sécurité et la lutte anti-terroriste.
La Défense est un acteur majeur de la lutte anti-terroriste.
La sécurité et la protection contre les risques d'attentats terroristes est l'affaire de tous.
Tous les citoyens sont impliqués.
Tous les ministères aussi. Le livre blanc du gouvernement sur le terrorisme met en évidence les domaines où des efforts doivent être faits.
Entre tous, la Défense joue un rôle essentiel.
La lutte et la protection de nos concitoyens contre le terrorisme est une priorité du ministère de la défense, une priorité de chaque jour.
Ses responsabilités particulières le conduisent à jouer un rôle majeur, complémentaire à celui des forces de sécurité intérieure.
Nous sommes en effet dotés de capacités spécifiques dans les domaines de protection nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique ( NRBC), de sécurité des approches maritimes et aériennes, du renseignement.
Nous avons développé au cours de ces années les moyens, en cas d'attentats, de soutien logistique aux populations, d'assistance médicale d'urgence.
La Défense dispose, par ailleurs et plus généralement, d'une expérience et de capacités uniques, fruits de sa mission d'adaptation permanente à la menace, pour développer les technologies et les systèmes nécessaires à la lutte contre le terrorisme.
Elle est le premier investisseur, tant public que privé, dans ces domaines.
Elle constitue surtout la seule institution publique capable de déployer une réponse forte et rapide, appuyée sur une logistique et une organisation rodées.
Dans le cas d'attentats de masse, elle peut déployer des moyens conséquents très rapidement.
Elle est surtout le seul acteur étatique qui conduit une approche de préparation de l'avenir.
Sur les 600 millions d'euro de recherche et technologie contractualisés en 2005 par la Délégation générale pour l'armement, environ 15% contribuent à la sécurité.
Un grand programme de recherche en sécurité ( PERS) se prépare au niveau européen, sous l'impulsion du Secrétariat général de la Défense Nationale.
Il offre une opportunité de renforcer la coordination sur les besoins et la recherche de sécurité.
Enfin, elle sait mobiliser toutes ses composantes, pour atteindre des réponses plus globales, des résultats plus sûrs.
Dans le domaine de la protection nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique, les laboratoires et experts de la Délégation Générale pour l'armement, sont en coopération avec le Service de Santé des armées.
Dans le cadre de la prévention de la menace, ce sont la DGSE, la Direction du Renseignement militaire, la Direction de la Protection et de la sécurité de la Défense ainsi que la Direction générale de la gendarmerie nationale, qui participent au recueil et à l'analyse de nombreuses informations relatives à la menace terroriste.
Je salue ici tout particulièrement le travail accompli quotidiennement dans sa lutte antiterroriste par la Gendarmerie.
Déployées à un niveau national, les forces de la Gendarmerie se rendent disponibles au quotidien auprès de leurs concitoyens.
En portant secours aux populations, en assurant une présence constante sur le terrain, en menant avec efficacité leurs actions de police administrative et judiciaire, les gendarmes ont répondu à l'appel des Français en matière de sécurité intérieure.
Je veux cependant augmenter vos moyens dans cette lutte que vous menez et vous assurer de tout le soutien que je vous apporte.
La lutte contre les effets des agents bactériologiques et chimiques fournit un exemple frappant, avec le véhicule Biotox/Piratox, de la compétence et des capacités de la défense dans son soutien à la Gendarmerie Nationale.
Nous avons une posture active de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, et naturellement sur le chimique et le biologique.
Le véhicule d'intervention Biotox/Piratox, laboratoire mobile, que je suis venue inaugurer aujourd'hui, en est l'illustration.
Ce véhicule a été décidé en commun entre la Délégation Générale pour l'Armement et la Gendarmerie dans le contexte post 2001pour la gestion de crises nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques civiles.
Il apportera dans cette éventualité la capacité, aérotransportable, d'assurer le prélèvement, la première analyse et le transport d'échantillons en toute sécurité et dans le respect des règles de procédure judiciaire.
Cette compétence unique repose sur un savoir faire incontournable en matière de défense contre les agents bactériologiques et chimiques.
Elle est au coeur d'un réseau de partenaires étendu, réunis par la prise en compte de cette menace bactériologique et chimique.
L'implication de la défense dans la prise en compte civile du risque nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique est une bonne illustration de l'approche transverse que requière la sécurité globale.
Avec cet équipement répondant au mieux au besoin, la défense, et plus spécifiquement la Gendarmerie qui le mettra en oeuvre, apporte une contribution majeure au dispositif de lutte contre les effets du terrorisme chimique et bactériologique.
La sécurité et la protection des Français sont toujours au centre des préoccupations de la Défense.Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 septembre 2006