Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui dans ce cadre prestigieux de l'Université nationale du Vietnam, qui a fêté cette année son centenaire. Et je voudrais vous remercier du fonds du coeur pour votre accueil si chaleureux. Je me réjouis d'être dans votre beau pays auquel tant de liens nous attachent, pour partager avec vous ma conviction que la francophonie est une idée à la fois utile et moderne.
La Francophonie rassemble aujourd'hui 63 Etats et gouvernements, et elle est en cela une parfaite illustration de la diversité culturelle que la France cherche à promouvoir sur la scène internationale. C'est un espace de solidarité entre les peuples, un lieu de dialogue entre les cultures, elle incarne l'espoir d'une mondialisation respectueuse de toutes les identités, et elle est une belle réponse au "choc des civilisations". Elle reste enfin une force attractive, puisque de nouveaux États souhaitent la rejoindre. Ainsi la Thaïlande a-t-elle récemment déposé sa candidature pour adhérer, en qualité de membre observateur, à l'Organisation internationale de la Francophonie.
Vous l'avez compris, je souhaiterais vous parler aujourd'hui de la vitalité et même du caractère nécessaire de la francophonie dans notre monde actuel. Votre génération, celle de la mondialisation et des nouvelles technologies, peut en effet parfois se poser la question de savoir à quoi sert la francophonie au XXIème siècle.
Une partie de la réponse est apportée par vous-mêmes, les jeunes : à la question de savoir quel est le meilleur atout pour trouver un emploi valorisant, beaucoup d'entre vous répondent qu'il s'agit d'abord de posséder parfaitement deux langues étrangères. Bien sûr, force est de constater, chez ceux qui apprennent deux langues étrangères, une nette prédominance de la pratique de l'anglais, le français étant considéré parfois comme la langue de la culture et des arts, l'anglais comme celle des affaires et de la technique. C'est donc sur cette idée reçue que je voudrais m'attarder, car le français et la francophonie doivent être conçus comme des instruments de liberté, de modernité et de mobilité.
L'espace francophone est d'abord un espace de liberté
Car la liberté de s'exprimer en français, c'est aussi la liberté de s'exprimer dans d'autres langues. C'est tout le sens du combat de la Francophonie en faveur de la diversité culturelle et linguistique, qui doit permettre à chacun de pouvoir exercer son choix librement. Le premier des choix est de pouvoir parler ou promouvoir sa propre langue. Le premier de vos choix est évidemment de préserver et de faire vivre votre propre langue, le vietnamien.
C'est ce combat qui a été mené avec succès, sous l'impulsion de l'Organisation internationale de la Francophonie, lors de la négociation de la convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Cette convention constitue une avancée majeure, dans la mesure où le texte garantit le droit souverain des Etats de décider de leurs propres politiques culturelles, consacre la valeur spécifique des biens et services culturels, et affirme l'importance de la solidarité culturelle internationale.
Je voudrais d'ailleurs vous dire combien j'ai été heureuse d'inaugurer, au musée Guimet, à Paris, à la fin de l'année dernière, avec votre ministre de la Culture, la très belle exposition sur la sculpture du Champa. Cette magnifique exposition a permis au public français et européen de découvrir un aspect particulièrement original et mal connu de l'histoire ancienne du Vietnam et de l'Asie du Sud-Est. L'art et la sculpture du Champa sont incontestablement une contribution majeure à l'histoire et à l'identité du Vietnam et un bel exemple de la diversité culturelle de votre pays, fort de ses 54 ethnies et de sa civilisation millénaire.
Paris reste aujourd'hui dans le monde un des hauts lieux de cette diversité culturelle et des échanges artistiques. La multiplication des institutions culturelles ou des manifestations consacrées aux civilisations non-européennes - je pense en particulier au beau musée du Quai Branly voulu et inauguré par le président Jacques Chirac en juin dernier - témoigne de la volonté de notre pays de rester ouvert et attentif à un monde qui change.
A cet égard, je suis particulièrement heureuse et fière des liens concrets qui nous unissent. En effet, la signature, le 21 août dernier, du mémorandum relatif à la mise en oeuvre du plan de valorisation du français en Asie du Sud-Est a permis de formaliser et de renforcer notre engagement francophone commun.
C'est le premier exemple de partenariat de cette envergure dans le domaine de la promotion de la langue française. Il réunit en effet l'ensemble des partenaires francophones bilatéraux et multilatéraux actifs sur le terrain. Mêlant réalisme et ambition, ce plan se propose de prendre le relais du programme des classes bilingues en capitalisant leurs résultats et en promouvant une continuité entre l'école, le collège, le lycée, l'université, et jusqu'à l'emploi.
Dès le mois prochain, à Hanoï et Ho Chi Minh Ville, les nouveaux "pôles universitaires français" vont accueillir leurs premiers étudiants. Il s'agit là d'une autre démonstration de la francophonie ouverte telle que nous la concevons. En effet, il ne s'agit pas pour nous de recruter des étudiants sur le seul critère de leur maîtrise de la langue française, mais bien de permettre à ceux qui le souhaitent de rejoindre un cursus d'excellence où la langue française côtoie l'anglais et, bien sûr, le vietnamien. Il s'agit moins de délocaliser des formations, que de renforcer des partenariats universitaires multilingues et, à ce titre, tournés vers l'avenir.
Ce n'est pas à l'époque du respect et de la restauration des cultures et langues locales et minoritaires que nous pouvons accepter l'uniformité linguistique. Tout simplement parce que la diversité culturelle et linguistique est aussi un facteur essentiel de modernité.
L'espace francophone est aussi un espace de modernité
Pour s'en convaincre, comment pourrait-on concevoir les formidables progrès techniques accomplis par l'Europe sans l'apport primordial de la France et des chercheurs francophones dans la fantastique aventure des nouvelles technologies ?
La France est bien au coeur de l'Europe technologique et de ses grandes réalisations, avec par exemple Airbus dans l'aéronautique commerciale, avec les fusées Ariane dans le lancement des satellites lourds, avec le programme ITER dans le développement de la fusion nucléaire, ou encore avec la conception de Galileo, concurrent du système GPS pour la radio-navigation par satellite.
Si j'évoque ces secteurs de pointe, c'est qu'ils sont toujours moteurs de découvertes utiles dans d'autres activités plus courantes comme la banque, l'agroalimentaire, l'automobile, etc. La France, à cet égard, a su développer des entreprises majeures ou chefs de file dans leurs domaines, et qui sont souvent présentes au Vietnam : je pense notamment aux télécommunications - avec Alcatel et Orange France Télécom -, au BTP - avec Vinci et Lafarge -, à la grande distribution - avec Casino -, ou encore au pétrole - avec Total.
Tout ceci, afin de bien vous montrer que le français et la francophonie ne sont pas seulement porteurs de culture et d'histoire, mais sont aussi un élément de votre vie quotidienne, et de votre économie. La France reste le premier investisseur occidental au Vietnam, et nos investissements y dépassent les 2 milliards de dollars depuis 1988. Avec 223 implantations, les firmes françaises sont devenues, dans des secteurs très variés, des acteurs importants au Vietnam où elles emploient plus de 24.000 Vietnamiens.
Cette modernité technique, industrielle et commerciale, que nous vivons avec beaucoup de nos partenaires francophones, nous sommes prêts à la partager. Ainsi, le prochain Sommet des chefs d'Etats et de gouvernements francophones qui aura lieu dans quelques jours à Bucarest sera consacré au thème des nouvelles technologies dans l'éducation. D'ores et déjà notre pays soutient le projet d'Université numérique francophone mondiale qui vise à former, en ayant recours aux nouvelles technologies, du personnel médical afin de pallier la carence de nombreux pays africains en personnel de santé. La France cherche également à réduire de manière concrète la fracture numérique entre pays du Nord et du Sud, avec le projet d'appui au désenclavement numérique mis en oeuvre en Afrique et qui permet la création de points d'accès public à Internet dans des lieux enclavés.
L'espace francophone est enfin un espace de mobilité
Dans le monde d'aujourd'hui, les nations ne peuvent plus se suffire à elles-mêmes. Elles sont certes indispensables à notre identité, voire à notre épanouissement, mais elles ont besoin d'échanges et de complémentarités.
La vie internationale impose la formation de grands ensembles capables de répondre aux défis du monde contemporain. Nous-mêmes, Français, nous cherchons à répondre à ce besoin de communauté dans deux cadres : l'Union européenne et la Francophonie. Ces deux organisations internationales, chacune à sa façon, incarnent à nos yeux ce que Malraux appelait si joliment "notre communauté de destin".
Au sein de ces ensembles, nous cherchons donc à développer une connaissance réciproque avec nos partenaires. Et cela principalement par l'échange des hommes et des savoirs.
En 2006, 212.000 Vietnamiens apprennent ainsi le français. Au niveau de l'enseignement supérieur, 7.000 étudiants poursuivent leurs études pour partie au moins en français, notamment au sein des 37 filières universitaires francophones qui couvrent des domaines aussi variés que les formations d'ingénieurs, la médecine, les nouvelles technologies ou l'environnement. Je voudrais également mentionner le Programme de formation des Ingénieurs d'excellence au Vietnam et le Centre franco-vietnamien de gestion, dont je sais que les promotions sont particulièrement appréciées par les entreprises françaises.
Ce dispositif est renforcé par une politique d'accueil en France, où près de 5.000 étudiants vietnamiens, dont près de 750 boursiers du gouvernement français et plus de cent du gouvernement vietnamien, complètent leur formation dans nos universités ou nos Grandes Ecoles. A cela s'ajoute l'offre de bourses de mobilité de l'Agence universitaire de la Francophonie.
Nous nous employons également, à la demande conjuguée des autorités vietnamiennes et des entreprises, à mettre en place des formations en français de spécialité pour les étudiants et pour les professionnels, notamment avec le centre de français de spécialité, ici à Hanoï, créé en 1990 et qui a déjà formé près de 7.000 personnes.
Pour conclure, j'espère vous avoir convaincus de la modernité et de l'utilité de la francophonie aujourd'hui.
Vous l'aurez compris, l'enjeu va naturellement bien au-delà des relations bilatérales franco-vietnamiennes : il faut bien voir que la Francophonie est pour vous la clef qui peut vous permettre d'accéder à 180 millions de locuteurs, dans 63 pays, répartis sur les 5 continents. Les pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie représentent 11 % de la population mondiale, avec près de 715 millions d'habitants, et ils génèrent 12 % de la production mondiale et 15 % du commerce international. C'est par conséquent un instrument incomparable de développement, d'échanges et de communication que nous devons cultiver et renforcer ensemble.
C'est à cela que je vous invite, et c'est de cela que je serais très heureuse de pouvoir à présent discuter avec vous, en répondant à vos questions.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2006
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui dans ce cadre prestigieux de l'Université nationale du Vietnam, qui a fêté cette année son centenaire. Et je voudrais vous remercier du fonds du coeur pour votre accueil si chaleureux. Je me réjouis d'être dans votre beau pays auquel tant de liens nous attachent, pour partager avec vous ma conviction que la francophonie est une idée à la fois utile et moderne.
La Francophonie rassemble aujourd'hui 63 Etats et gouvernements, et elle est en cela une parfaite illustration de la diversité culturelle que la France cherche à promouvoir sur la scène internationale. C'est un espace de solidarité entre les peuples, un lieu de dialogue entre les cultures, elle incarne l'espoir d'une mondialisation respectueuse de toutes les identités, et elle est une belle réponse au "choc des civilisations". Elle reste enfin une force attractive, puisque de nouveaux États souhaitent la rejoindre. Ainsi la Thaïlande a-t-elle récemment déposé sa candidature pour adhérer, en qualité de membre observateur, à l'Organisation internationale de la Francophonie.
Vous l'avez compris, je souhaiterais vous parler aujourd'hui de la vitalité et même du caractère nécessaire de la francophonie dans notre monde actuel. Votre génération, celle de la mondialisation et des nouvelles technologies, peut en effet parfois se poser la question de savoir à quoi sert la francophonie au XXIème siècle.
Une partie de la réponse est apportée par vous-mêmes, les jeunes : à la question de savoir quel est le meilleur atout pour trouver un emploi valorisant, beaucoup d'entre vous répondent qu'il s'agit d'abord de posséder parfaitement deux langues étrangères. Bien sûr, force est de constater, chez ceux qui apprennent deux langues étrangères, une nette prédominance de la pratique de l'anglais, le français étant considéré parfois comme la langue de la culture et des arts, l'anglais comme celle des affaires et de la technique. C'est donc sur cette idée reçue que je voudrais m'attarder, car le français et la francophonie doivent être conçus comme des instruments de liberté, de modernité et de mobilité.
L'espace francophone est d'abord un espace de liberté
Car la liberté de s'exprimer en français, c'est aussi la liberté de s'exprimer dans d'autres langues. C'est tout le sens du combat de la Francophonie en faveur de la diversité culturelle et linguistique, qui doit permettre à chacun de pouvoir exercer son choix librement. Le premier des choix est de pouvoir parler ou promouvoir sa propre langue. Le premier de vos choix est évidemment de préserver et de faire vivre votre propre langue, le vietnamien.
C'est ce combat qui a été mené avec succès, sous l'impulsion de l'Organisation internationale de la Francophonie, lors de la négociation de la convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Cette convention constitue une avancée majeure, dans la mesure où le texte garantit le droit souverain des Etats de décider de leurs propres politiques culturelles, consacre la valeur spécifique des biens et services culturels, et affirme l'importance de la solidarité culturelle internationale.
Je voudrais d'ailleurs vous dire combien j'ai été heureuse d'inaugurer, au musée Guimet, à Paris, à la fin de l'année dernière, avec votre ministre de la Culture, la très belle exposition sur la sculpture du Champa. Cette magnifique exposition a permis au public français et européen de découvrir un aspect particulièrement original et mal connu de l'histoire ancienne du Vietnam et de l'Asie du Sud-Est. L'art et la sculpture du Champa sont incontestablement une contribution majeure à l'histoire et à l'identité du Vietnam et un bel exemple de la diversité culturelle de votre pays, fort de ses 54 ethnies et de sa civilisation millénaire.
Paris reste aujourd'hui dans le monde un des hauts lieux de cette diversité culturelle et des échanges artistiques. La multiplication des institutions culturelles ou des manifestations consacrées aux civilisations non-européennes - je pense en particulier au beau musée du Quai Branly voulu et inauguré par le président Jacques Chirac en juin dernier - témoigne de la volonté de notre pays de rester ouvert et attentif à un monde qui change.
A cet égard, je suis particulièrement heureuse et fière des liens concrets qui nous unissent. En effet, la signature, le 21 août dernier, du mémorandum relatif à la mise en oeuvre du plan de valorisation du français en Asie du Sud-Est a permis de formaliser et de renforcer notre engagement francophone commun.
C'est le premier exemple de partenariat de cette envergure dans le domaine de la promotion de la langue française. Il réunit en effet l'ensemble des partenaires francophones bilatéraux et multilatéraux actifs sur le terrain. Mêlant réalisme et ambition, ce plan se propose de prendre le relais du programme des classes bilingues en capitalisant leurs résultats et en promouvant une continuité entre l'école, le collège, le lycée, l'université, et jusqu'à l'emploi.
Dès le mois prochain, à Hanoï et Ho Chi Minh Ville, les nouveaux "pôles universitaires français" vont accueillir leurs premiers étudiants. Il s'agit là d'une autre démonstration de la francophonie ouverte telle que nous la concevons. En effet, il ne s'agit pas pour nous de recruter des étudiants sur le seul critère de leur maîtrise de la langue française, mais bien de permettre à ceux qui le souhaitent de rejoindre un cursus d'excellence où la langue française côtoie l'anglais et, bien sûr, le vietnamien. Il s'agit moins de délocaliser des formations, que de renforcer des partenariats universitaires multilingues et, à ce titre, tournés vers l'avenir.
Ce n'est pas à l'époque du respect et de la restauration des cultures et langues locales et minoritaires que nous pouvons accepter l'uniformité linguistique. Tout simplement parce que la diversité culturelle et linguistique est aussi un facteur essentiel de modernité.
L'espace francophone est aussi un espace de modernité
Pour s'en convaincre, comment pourrait-on concevoir les formidables progrès techniques accomplis par l'Europe sans l'apport primordial de la France et des chercheurs francophones dans la fantastique aventure des nouvelles technologies ?
La France est bien au coeur de l'Europe technologique et de ses grandes réalisations, avec par exemple Airbus dans l'aéronautique commerciale, avec les fusées Ariane dans le lancement des satellites lourds, avec le programme ITER dans le développement de la fusion nucléaire, ou encore avec la conception de Galileo, concurrent du système GPS pour la radio-navigation par satellite.
Si j'évoque ces secteurs de pointe, c'est qu'ils sont toujours moteurs de découvertes utiles dans d'autres activités plus courantes comme la banque, l'agroalimentaire, l'automobile, etc. La France, à cet égard, a su développer des entreprises majeures ou chefs de file dans leurs domaines, et qui sont souvent présentes au Vietnam : je pense notamment aux télécommunications - avec Alcatel et Orange France Télécom -, au BTP - avec Vinci et Lafarge -, à la grande distribution - avec Casino -, ou encore au pétrole - avec Total.
Tout ceci, afin de bien vous montrer que le français et la francophonie ne sont pas seulement porteurs de culture et d'histoire, mais sont aussi un élément de votre vie quotidienne, et de votre économie. La France reste le premier investisseur occidental au Vietnam, et nos investissements y dépassent les 2 milliards de dollars depuis 1988. Avec 223 implantations, les firmes françaises sont devenues, dans des secteurs très variés, des acteurs importants au Vietnam où elles emploient plus de 24.000 Vietnamiens.
Cette modernité technique, industrielle et commerciale, que nous vivons avec beaucoup de nos partenaires francophones, nous sommes prêts à la partager. Ainsi, le prochain Sommet des chefs d'Etats et de gouvernements francophones qui aura lieu dans quelques jours à Bucarest sera consacré au thème des nouvelles technologies dans l'éducation. D'ores et déjà notre pays soutient le projet d'Université numérique francophone mondiale qui vise à former, en ayant recours aux nouvelles technologies, du personnel médical afin de pallier la carence de nombreux pays africains en personnel de santé. La France cherche également à réduire de manière concrète la fracture numérique entre pays du Nord et du Sud, avec le projet d'appui au désenclavement numérique mis en oeuvre en Afrique et qui permet la création de points d'accès public à Internet dans des lieux enclavés.
L'espace francophone est enfin un espace de mobilité
Dans le monde d'aujourd'hui, les nations ne peuvent plus se suffire à elles-mêmes. Elles sont certes indispensables à notre identité, voire à notre épanouissement, mais elles ont besoin d'échanges et de complémentarités.
La vie internationale impose la formation de grands ensembles capables de répondre aux défis du monde contemporain. Nous-mêmes, Français, nous cherchons à répondre à ce besoin de communauté dans deux cadres : l'Union européenne et la Francophonie. Ces deux organisations internationales, chacune à sa façon, incarnent à nos yeux ce que Malraux appelait si joliment "notre communauté de destin".
Au sein de ces ensembles, nous cherchons donc à développer une connaissance réciproque avec nos partenaires. Et cela principalement par l'échange des hommes et des savoirs.
En 2006, 212.000 Vietnamiens apprennent ainsi le français. Au niveau de l'enseignement supérieur, 7.000 étudiants poursuivent leurs études pour partie au moins en français, notamment au sein des 37 filières universitaires francophones qui couvrent des domaines aussi variés que les formations d'ingénieurs, la médecine, les nouvelles technologies ou l'environnement. Je voudrais également mentionner le Programme de formation des Ingénieurs d'excellence au Vietnam et le Centre franco-vietnamien de gestion, dont je sais que les promotions sont particulièrement appréciées par les entreprises françaises.
Ce dispositif est renforcé par une politique d'accueil en France, où près de 5.000 étudiants vietnamiens, dont près de 750 boursiers du gouvernement français et plus de cent du gouvernement vietnamien, complètent leur formation dans nos universités ou nos Grandes Ecoles. A cela s'ajoute l'offre de bourses de mobilité de l'Agence universitaire de la Francophonie.
Nous nous employons également, à la demande conjuguée des autorités vietnamiennes et des entreprises, à mettre en place des formations en français de spécialité pour les étudiants et pour les professionnels, notamment avec le centre de français de spécialité, ici à Hanoï, créé en 1990 et qui a déjà formé près de 7.000 personnes.
Pour conclure, j'espère vous avoir convaincus de la modernité et de l'utilité de la francophonie aujourd'hui.
Vous l'aurez compris, l'enjeu va naturellement bien au-delà des relations bilatérales franco-vietnamiennes : il faut bien voir que la Francophonie est pour vous la clef qui peut vous permettre d'accéder à 180 millions de locuteurs, dans 63 pays, répartis sur les 5 continents. Les pays membres de l'Organisation internationale de la Francophonie représentent 11 % de la population mondiale, avec près de 715 millions d'habitants, et ils génèrent 12 % de la production mondiale et 15 % du commerce international. C'est par conséquent un instrument incomparable de développement, d'échanges et de communication que nous devons cultiver et renforcer ensemble.
C'est à cela que je vous invite, et c'est de cela que je serais très heureuse de pouvoir à présent discuter avec vous, en répondant à vos questions.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 septembre 2006