Interview de M. Christian Jacob, ministre de la fonction publique, dans "Le Républicain lorrain" le 14 septembre 2006, sur la gestion des ressources humaines dans l'administration et la réforme de la scolarité des IRA.

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Circonstance : Délacement à Metz, visite de l'Institut régional d'administration (IRA) le 14 septembre 2006

Média : Le Républicain lorrain

Texte intégral

Pourriez-vous nous présenter les grandes lignes de la réforme des Instituts régionaux d'administration ?
Il faut diversifier les profils : on avait tendance à recruter trop de juristes et pas suffisamment de gestionnaires. Par ailleurs, on a aujourd'hui un système de concours qui est national. On va donc régionaliser : les élèves qui décideront de passer le concours de TIRA le feront à celui de Bastia, de Metz, de Lille, de Lyon ou de Nantes. Pour ce qui est de la scolarité, jusqu'à maintenant on avait un même socle. Là, il va y avoir un tronc commun au départ, puis on va se spécialiser dans trois orientations, ce qui donnera une approche correspondant mieux aux métiers que les fonctionnaires exerceront par la suite : administration territoriale d'Etat, administration centrale ou administration scolaire et universitaire où l'on forme les gestionnaires de lycées et de collèges. Toujours dans cet esprit, on renforce les stages en fonction de l'orientation choisie. L'idée est d'avoir une approche par métiers, moins généraliste, plus opérationnelle.
Et concernant les fonctionnaires de catégorie A ?
Nous cherchons à rendre les carrières plus fluides et plus motivantes. D'abord, on fait bouger la grille. Ainsi, pour des attachés ayant déjà une vingtaine d'années de carrière, cela va se traduire par une augmentation de près de neuf cents euros par an. Ensuite, on supprime les quotas. En fonction de ses besoins réels, chaque ministère pourra s'adapter en ouvrant plus de postes. Pour faire court, on augmente le nombre de promotions possibles.
Autrement dit, ce qui est économisé par les gains de productivité et par non compensation de tous les départs à la retraite est réutilisé en partie pour rendre les carrières plus fluides et mieux rémunérées...
Lorsqu'il y a réduction des effectifs, 50% du budget sont réaffectés à la gestion des ressources humaines. Ce qui permet par exemple d'augmenter les promotions. Ceci étant, ce qui est important, dans le service public, c'est la qualité du service rendu. Il faut y aller de manière pragmatique, poste par poste, ministère par ministère, en fonction des besoins et des priorités. C'est ce que le gouvernement a fait sur les effectifs de 2007.
Que pensez-vous des propos de François Fillon sur l'inéluctabilité d'une réforme des régimes spéciaux de retraite en cas de victoire de l'actuelle majorité en 2007 ?
Il faut avancer de manière pragmatique, dans le dialogue, en raisonnant sur les enjeux de démographie. C'est un vrai sujet qui doit être pris dans sa globalité : financement des retraites, durée du travail, allongement de la durée de vie, politique familiale. Sur la forme, je suis opposé à cette manière de toujours désigner un bouc émissaire, de monter les gens les uns contre les autres. Cela peut faire plaisir au moment où on le dit, mais ça génère plus de blocages que ça ne fait avancer les choses.
Quelle appréciation portez-vous sur la cohésion de la majorité avec les dissonances entendues sur Gaz de France, la carte scolaire, le service civil, les régimes spéciaux ?
La majorité, ce n'est pas une garnison. On ne va pas empêcher les gens de s'exprimer. Mais il y a le temps de la parole et le temps de l'action. Le gouvernement est dans le temps de l'action. Cela consiste à avancer vers notre objectif de réforme, de le faire dans la concertation et, surtout, avec beaucoup de sérénité. Source http://www.fonction-publique.gouv.fr, le 19 septembre 2006