Texte intégral
Q- Nous allons parler du pouvoir d'achat, avec de nouveaux chiffres qui contestent ceux de l'Insee. Nous reparlerons aussi de la fusion Suez/GDF et de l'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence. Mais d'abord, cette [affaire] qui ressemble à une crise politique : N. Sarkozy qui s'en prend violemment aux juges, qui est ensuite en grave désaccord avec le garde des Sceaux et D. de Villepin ; J. Chirac qui va recevoir le premier magistrat de France ce matin... Sentez-vous qu'une crise politique est en train de naître en France ?
R- Non, pas du tout. N. Sarkozy dit les choses qui sont les choses que tout le monde ressent. Il le dit avec ses mots, il le dit avec force, il le dit parce qu'il connaît le sujet, peut-être mieux que beaucoup. Alors, derrière, on utilise, on exploite ses propos. Moi, je l'écoute avec attention, je le connais depuis longtemps et je suis toujours très étonné de voir le décalage entre ce que dit N. Sarkozy, la profondeur de ce qu'il dit, la raison aussi pour laquelle il le dit, parce qu'il le vit tous les jours sur le terrain, dans son action auprès des Français, et puis la façon dont certains veulent déformer ses propos. Mais je crois que, in fine, les Français ne s'y trompent pas. C'est vrai que nous rentrons dans une période qui va être une période électorale, c'est vrai que l'on voit des jeux ici ou là, c'est vrai aussi, et je le dis avec beaucoup de force, nous avons la chance d'avoir avec N. Sarkozy un homme d'Etat qui connaît parfaitement les sujets dont il a la charge et je m'en réjouis tous les jours, et aussi tous les jours de travailler à ses côtés au Gouvernement.
Q- Est-ce que la méthode est la bonne, avec le risque de monter des fonctionnaires les uns contre les autres, les policiers contre les juges ?
R- Je n'ai pas entendu que N. Sarkozy montait les policiers contre les juges.
Q- C'est quand même la thématique de dire que les juges n'envoient pas suffisamment les délinquants en prison.
R- N. Sarkozy n'a fait que révéler - ce n'est pas lui qui le révèle du reste, c'est un certain nombre de personnes, dont les préfets entre autres, en l'occurrence -, n'a fait qu'expliquer aux Français les situations, et puis de discuter ensemble des moyens qu'il convient pour régler la situation du quotidien des Français. C'est quand même, pardon de le dire, le moins que l'on soit en mesure d'attendre d'un ministre chargé de s'intéresser à la sécurité des Français.
Q- On est bien d'accord qu'il met quand même son Gouvernement - il est numéro 2 du Gouvernement - dans une situation délicate, avec J. Chirac qui va devoir, aujourd'hui, soit soutenir les juges soit soutenir son ministre de l'Intérieur.
R- Non, monsieur Cahour. Je le dis, je suis membre du Gouvernement, je le dis : il ne met pas le Gouvernement en situation délicate. Je ne peux pas accepter vos propos. Le président de la République reçoit le premier magistrat de France, c'est normal, ils se voient souvent du reste, c'est la moindre des choses. Mais de grâce, ne rentrons pas dans les petits jeux électoraux et laissons les uns et les autres travailler selon leurs responsabilités. Et in fine, vous savez, les Français verront bien la différence et mesureront les bilans.
[...]
Q- L'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence et cette fusion Suez-GDF aura lieu le 3 octobre, pour vous cela a été un combat au corps à corps avec beaucoup de résistances, notamment du côté de l'UMP. On sait qu'il y a eu beaucoup de discussions, beaucoup de débats, des commissions à l'Assemblée nationale notamment, il y a eu aussi du côté de Suez, l'organisation de déjeuners, parfois de voyages pour le mondial de football à Berlin ; n'y a-t-il pas eu un petit mélange des genres ?
R- Avec F. Loos - qui est mon ministre délégué à l'Industrie, à qui je rends hommage parce qu'il fait dans l'équipe de Bercy un travail remarquable à mes côtés sur ce dossier -, nous avons tout rencontré l'été les parlementaires qui le souhaitaient, notre porte était ouverte, vous faisiez allusion à cela tout à l'heure...
Q- Vous avez même, parait-il, envoyé un SMS pour dire : "si vous voulez me joindre, voilà mon numéro" ; c'est vrai ?
R- Bien sûr, ça c'était à la fin, parce que certains n'avaient pas encore pu venir me voir et donc j'ai voulu que ceux qui avaient des questions...
Q- Vous ont-ils appelé ?
R- Bien sûr, il y en a beaucoup qui m'ont appelé. Ceux qui avaient des questions sur ce projet qui est un projet compliqué et important pour les Françaises et les Français, je l'ai toujours dit ; il fallait absolument avoir un temps pour le débat, et pour le débat démocratique. Cela ça se prépare et donc, on a dialogué, je n'ai pas cherché à convaincre, j'ai voulu instaurer les conditions du dialogue ; ce dialogue est indispensable pour pouvoir avoir un débat serein. On a rencontré 240, 250 députés, en discutant, en les écoutant, du coup en modifiant aussi le texte de loi tel qu'on voulait le présenter.
Q- Qu'est-ce qui leur faisait peur, c'était une hausse des tarifs justement, ils ne se voyaient pas aller ensuite en campagne électorale pour les législatives et que les Français leur disent : "Avec votre projet de loi, les tarifs ont augmenté !" ?
R- Le problème n'est pas de savoir ce qui leur faisait peur ou pas. Le problème c'est que lorsque l'on porte une loi au nom du peuple français, il faut savoir d'une part expliquer pourquoi on la porte et deuxièmement expliquer ce qu'elle change. Et le "pourquoi on la porte", c'est la compréhension de tout ce monde qui change dans le domaine de l'énergie, où tout s'accélère, où les prix du baril de pétrole sont multipliés par deux ou par trois et où il faut donc expliquer pourquoi, expliquer comment on peut faire pour se protéger ; c'est tout le contenu de ce texte. Je crois qu'aujourd'hui, nous avons une véritable majorité sur ce texte parce que les députés de la majorité, les députés UMP ont compris au plus profond d'eux-mêmes que c'était de l'intérêt des Français et de la France de transposer maintenant cette directive et de ne pas d'attendre à demain. De faire en sorte que, maintenant, Gaz de France puisse devenir plus grand pour acheter dans de meilleures conditions son gaz et faire en sorte que les tarifs du gaz soient donc plus bas pour les consommateurs. Ils l'ont compris, on le porte, on se bat. Oui, je suis convaincu que l'on finira par avoir un vote positif sur cette loi et ce sera l'intérêt des Français.
Q- L'intérêt des Français, cela reste à voir... On voit avec les entreprises depuis 2004, pour celles qui ont choisi des prix déréglementés, les prix ont augmenté de 75 % en cinq ans, cela ne fait pas vraiment rêver.
R- Est-ce que l'on peut ne pas faire d'amalgame...
Q- Allez-y, expliquez nous, parce que c'est quand même un chiffre qui revient régulièrement, donc clarifiez le !
R- Là, vous parlez de l'électricité. L'électricité, ce sont deux domaines : il y a d'abord le domaine des consommateurs, et la France est le seul pays à avoir pris une décision - il n'y en a pas d'autre - sur l'électricité pour les consommateurs, le prix n'aura pas le droit, ne pourra pas augmenter plus que l'inflation. Je rappelle que l'inflation en France est de l'ordre de 1,9 %. C'est-à-dire qu'au maximum, l'électricité pour les consommateurs, dans les cinq ans qui viennent, n'aura pas le droit, n'augmentera pas plus que l'inflation, 1,9 % maximum. On a vu, du reste, que cette année, c'était 1,7 %. Et puis, on rediscutera de ça...
Q- Même si je choisis un concurrent de ...
R- ...Cela a été décidé pour EDF aujourd'hui. Cela a été décidé, cela a été acté, c'est informé, tout le monde le sait. Donc, ça c'est la France.
Q- Pour être concret, si je choisis un concurrent d'EDF, là on verra...
R- Les concurrents font ce qu'ils veulent, je parle d'EDF. C'est quand même une décision extrêmement importante pour protéger, précisément, dans le cadre des tarifs régulés. C'est pour cela que je me bats tellement pour que ces tarifs régulés, on puisse les maintenir, parce que c'est très important. Si jamais cette loi n'est pas votée, on ne pourra pas les maintenir. A ce moment là, ce sera un tout et on pourra avoir à ce moment-là des explosions. Deuxièmement, vous faisiez allusion tout à l'heure au tarif pour les entreprises : celles qui ont voulu - elles sont très peu nombreuses - quitter le tarif régulé en 2003 et en 2004, effectivement, quand elles avaient la possibilité de le faire...
Q- Elles n'ont pas fait une très bonne affaire ?
R- Eh bien, elles ont d'abord fait une très bonne affaire pendant les deux premières années, et puis cela a été nettement moindre. Et puis là, comme il y a eu un pic de consommation et un pic de l'énergie pendant l'été, cela a augmenté. Et effectivement, cela a augmenté assez fort pendant quelques mois, donc elles s'en plaignent. Elles veulent pouvoir revenir, on leur propose donc un tarif de transition pour leur permettre de revenir mais le très, très gros des entreprises qui sont précisément restées au tarif régulé - et je me bats pour que l'on puisse le maintenir par la loi, justement, y compris après juillet 2007 - n'ont pas vécu ce phénomène. Donc je me bats pour que l'on puisse avoir, en France, une protection des consommateurs et des entreprises par le biais des tarifs régulés mais aussi que pour les approvisionnements en énergie et en gaz - parce qu'EDF fournit son électricité mais ce n'est pas le cas de GDF -, GDF puisse grandir de façon à ce que plus on est gros, meilleures sont les conditions d'achat et meilleurs sont les prix, in fine, pour le consommateur.
Q- Mais on a deux formidables entreprises en France, on a EDF et GDF, pourquoi ne pas avoir associé les deux plutôt que d'aller chercher Suez pour GDF ?
R- Ceci a vraiment été étudié dans le détail en 2004 par la commission qui avait été créée à l'époque par le Gouvernement de J.-P. Raffarin, qui a été présidée par M. Roulé (phon), qui était une personnalité bien connue de tout le monde. C'était une commission non partisane, une commission dans laquelle des hommes et des femmes, de toutes tendances politique et syndicale, ont siégé et qui a constaté une chose très simple, c'est que notre Europe, notre France, a établi des lois sur la concurrence qui font qu'aujourd'hui, deux monopoles ne peuvent se marier entre eux. Ce qui aurait été le cas, sauf à mettre en oeuvre un démantèlement massif de EDF. Or, démantèlement massif de EDF veut dire...
Q- ...Vous avez la France dans la rue.
R- ...Démantèlement du parc de nos centrales nucléaires. Il y en peut-être qui le veulent mais moi, je peux vous dire, jamais, jamais, je ne permettrai un démantèlement des parcs de centrales nucléaires français. Par ailleurs, le Portugal a voulu faire pareil il y a six mois, en voulant marier Electricité du Portugal et Gaz du Portugal, et la Cour européenne de justice a démontré tout simplement que la création de monopole était impossible et a annulé la décision.
Q- Donc c'était impossible de fusionner EDF et GDF ?
R- Il faut donc trouver une autre solution.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 septembre 2006
R- Non, pas du tout. N. Sarkozy dit les choses qui sont les choses que tout le monde ressent. Il le dit avec ses mots, il le dit avec force, il le dit parce qu'il connaît le sujet, peut-être mieux que beaucoup. Alors, derrière, on utilise, on exploite ses propos. Moi, je l'écoute avec attention, je le connais depuis longtemps et je suis toujours très étonné de voir le décalage entre ce que dit N. Sarkozy, la profondeur de ce qu'il dit, la raison aussi pour laquelle il le dit, parce qu'il le vit tous les jours sur le terrain, dans son action auprès des Français, et puis la façon dont certains veulent déformer ses propos. Mais je crois que, in fine, les Français ne s'y trompent pas. C'est vrai que nous rentrons dans une période qui va être une période électorale, c'est vrai que l'on voit des jeux ici ou là, c'est vrai aussi, et je le dis avec beaucoup de force, nous avons la chance d'avoir avec N. Sarkozy un homme d'Etat qui connaît parfaitement les sujets dont il a la charge et je m'en réjouis tous les jours, et aussi tous les jours de travailler à ses côtés au Gouvernement.
Q- Est-ce que la méthode est la bonne, avec le risque de monter des fonctionnaires les uns contre les autres, les policiers contre les juges ?
R- Je n'ai pas entendu que N. Sarkozy montait les policiers contre les juges.
Q- C'est quand même la thématique de dire que les juges n'envoient pas suffisamment les délinquants en prison.
R- N. Sarkozy n'a fait que révéler - ce n'est pas lui qui le révèle du reste, c'est un certain nombre de personnes, dont les préfets entre autres, en l'occurrence -, n'a fait qu'expliquer aux Français les situations, et puis de discuter ensemble des moyens qu'il convient pour régler la situation du quotidien des Français. C'est quand même, pardon de le dire, le moins que l'on soit en mesure d'attendre d'un ministre chargé de s'intéresser à la sécurité des Français.
Q- On est bien d'accord qu'il met quand même son Gouvernement - il est numéro 2 du Gouvernement - dans une situation délicate, avec J. Chirac qui va devoir, aujourd'hui, soit soutenir les juges soit soutenir son ministre de l'Intérieur.
R- Non, monsieur Cahour. Je le dis, je suis membre du Gouvernement, je le dis : il ne met pas le Gouvernement en situation délicate. Je ne peux pas accepter vos propos. Le président de la République reçoit le premier magistrat de France, c'est normal, ils se voient souvent du reste, c'est la moindre des choses. Mais de grâce, ne rentrons pas dans les petits jeux électoraux et laissons les uns et les autres travailler selon leurs responsabilités. Et in fine, vous savez, les Français verront bien la différence et mesureront les bilans.
[...]
Q- L'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence et cette fusion Suez-GDF aura lieu le 3 octobre, pour vous cela a été un combat au corps à corps avec beaucoup de résistances, notamment du côté de l'UMP. On sait qu'il y a eu beaucoup de discussions, beaucoup de débats, des commissions à l'Assemblée nationale notamment, il y a eu aussi du côté de Suez, l'organisation de déjeuners, parfois de voyages pour le mondial de football à Berlin ; n'y a-t-il pas eu un petit mélange des genres ?
R- Avec F. Loos - qui est mon ministre délégué à l'Industrie, à qui je rends hommage parce qu'il fait dans l'équipe de Bercy un travail remarquable à mes côtés sur ce dossier -, nous avons tout rencontré l'été les parlementaires qui le souhaitaient, notre porte était ouverte, vous faisiez allusion à cela tout à l'heure...
Q- Vous avez même, parait-il, envoyé un SMS pour dire : "si vous voulez me joindre, voilà mon numéro" ; c'est vrai ?
R- Bien sûr, ça c'était à la fin, parce que certains n'avaient pas encore pu venir me voir et donc j'ai voulu que ceux qui avaient des questions...
Q- Vous ont-ils appelé ?
R- Bien sûr, il y en a beaucoup qui m'ont appelé. Ceux qui avaient des questions sur ce projet qui est un projet compliqué et important pour les Françaises et les Français, je l'ai toujours dit ; il fallait absolument avoir un temps pour le débat, et pour le débat démocratique. Cela ça se prépare et donc, on a dialogué, je n'ai pas cherché à convaincre, j'ai voulu instaurer les conditions du dialogue ; ce dialogue est indispensable pour pouvoir avoir un débat serein. On a rencontré 240, 250 députés, en discutant, en les écoutant, du coup en modifiant aussi le texte de loi tel qu'on voulait le présenter.
Q- Qu'est-ce qui leur faisait peur, c'était une hausse des tarifs justement, ils ne se voyaient pas aller ensuite en campagne électorale pour les législatives et que les Français leur disent : "Avec votre projet de loi, les tarifs ont augmenté !" ?
R- Le problème n'est pas de savoir ce qui leur faisait peur ou pas. Le problème c'est que lorsque l'on porte une loi au nom du peuple français, il faut savoir d'une part expliquer pourquoi on la porte et deuxièmement expliquer ce qu'elle change. Et le "pourquoi on la porte", c'est la compréhension de tout ce monde qui change dans le domaine de l'énergie, où tout s'accélère, où les prix du baril de pétrole sont multipliés par deux ou par trois et où il faut donc expliquer pourquoi, expliquer comment on peut faire pour se protéger ; c'est tout le contenu de ce texte. Je crois qu'aujourd'hui, nous avons une véritable majorité sur ce texte parce que les députés de la majorité, les députés UMP ont compris au plus profond d'eux-mêmes que c'était de l'intérêt des Français et de la France de transposer maintenant cette directive et de ne pas d'attendre à demain. De faire en sorte que, maintenant, Gaz de France puisse devenir plus grand pour acheter dans de meilleures conditions son gaz et faire en sorte que les tarifs du gaz soient donc plus bas pour les consommateurs. Ils l'ont compris, on le porte, on se bat. Oui, je suis convaincu que l'on finira par avoir un vote positif sur cette loi et ce sera l'intérêt des Français.
Q- L'intérêt des Français, cela reste à voir... On voit avec les entreprises depuis 2004, pour celles qui ont choisi des prix déréglementés, les prix ont augmenté de 75 % en cinq ans, cela ne fait pas vraiment rêver.
R- Est-ce que l'on peut ne pas faire d'amalgame...
Q- Allez-y, expliquez nous, parce que c'est quand même un chiffre qui revient régulièrement, donc clarifiez le !
R- Là, vous parlez de l'électricité. L'électricité, ce sont deux domaines : il y a d'abord le domaine des consommateurs, et la France est le seul pays à avoir pris une décision - il n'y en a pas d'autre - sur l'électricité pour les consommateurs, le prix n'aura pas le droit, ne pourra pas augmenter plus que l'inflation. Je rappelle que l'inflation en France est de l'ordre de 1,9 %. C'est-à-dire qu'au maximum, l'électricité pour les consommateurs, dans les cinq ans qui viennent, n'aura pas le droit, n'augmentera pas plus que l'inflation, 1,9 % maximum. On a vu, du reste, que cette année, c'était 1,7 %. Et puis, on rediscutera de ça...
Q- Même si je choisis un concurrent de ...
R- ...Cela a été décidé pour EDF aujourd'hui. Cela a été décidé, cela a été acté, c'est informé, tout le monde le sait. Donc, ça c'est la France.
Q- Pour être concret, si je choisis un concurrent d'EDF, là on verra...
R- Les concurrents font ce qu'ils veulent, je parle d'EDF. C'est quand même une décision extrêmement importante pour protéger, précisément, dans le cadre des tarifs régulés. C'est pour cela que je me bats tellement pour que ces tarifs régulés, on puisse les maintenir, parce que c'est très important. Si jamais cette loi n'est pas votée, on ne pourra pas les maintenir. A ce moment là, ce sera un tout et on pourra avoir à ce moment-là des explosions. Deuxièmement, vous faisiez allusion tout à l'heure au tarif pour les entreprises : celles qui ont voulu - elles sont très peu nombreuses - quitter le tarif régulé en 2003 et en 2004, effectivement, quand elles avaient la possibilité de le faire...
Q- Elles n'ont pas fait une très bonne affaire ?
R- Eh bien, elles ont d'abord fait une très bonne affaire pendant les deux premières années, et puis cela a été nettement moindre. Et puis là, comme il y a eu un pic de consommation et un pic de l'énergie pendant l'été, cela a augmenté. Et effectivement, cela a augmenté assez fort pendant quelques mois, donc elles s'en plaignent. Elles veulent pouvoir revenir, on leur propose donc un tarif de transition pour leur permettre de revenir mais le très, très gros des entreprises qui sont précisément restées au tarif régulé - et je me bats pour que l'on puisse le maintenir par la loi, justement, y compris après juillet 2007 - n'ont pas vécu ce phénomène. Donc je me bats pour que l'on puisse avoir, en France, une protection des consommateurs et des entreprises par le biais des tarifs régulés mais aussi que pour les approvisionnements en énergie et en gaz - parce qu'EDF fournit son électricité mais ce n'est pas le cas de GDF -, GDF puisse grandir de façon à ce que plus on est gros, meilleures sont les conditions d'achat et meilleurs sont les prix, in fine, pour le consommateur.
Q- Mais on a deux formidables entreprises en France, on a EDF et GDF, pourquoi ne pas avoir associé les deux plutôt que d'aller chercher Suez pour GDF ?
R- Ceci a vraiment été étudié dans le détail en 2004 par la commission qui avait été créée à l'époque par le Gouvernement de J.-P. Raffarin, qui a été présidée par M. Roulé (phon), qui était une personnalité bien connue de tout le monde. C'était une commission non partisane, une commission dans laquelle des hommes et des femmes, de toutes tendances politique et syndicale, ont siégé et qui a constaté une chose très simple, c'est que notre Europe, notre France, a établi des lois sur la concurrence qui font qu'aujourd'hui, deux monopoles ne peuvent se marier entre eux. Ce qui aurait été le cas, sauf à mettre en oeuvre un démantèlement massif de EDF. Or, démantèlement massif de EDF veut dire...
Q- ...Vous avez la France dans la rue.
R- ...Démantèlement du parc de nos centrales nucléaires. Il y en peut-être qui le veulent mais moi, je peux vous dire, jamais, jamais, je ne permettrai un démantèlement des parcs de centrales nucléaires français. Par ailleurs, le Portugal a voulu faire pareil il y a six mois, en voulant marier Electricité du Portugal et Gaz du Portugal, et la Cour européenne de justice a démontré tout simplement que la création de monopole était impossible et a annulé la décision.
Q- Donc c'était impossible de fusionner EDF et GDF ?
R- Il faut donc trouver une autre solution.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 25 septembre 2006