Texte intégral
Q - (Sur la politique de la France vis-à-vis du Liban.)
R - Dans un premier temps, nous avons condamné le Hezbollah, qui avait kidnappé les deux soldats israéliens. Mais la riposte israélienne était disproportionnée. S'agissant du débat sur la force multinationale, le problème venait de ce que les Américains et les Anglais disaient qu'ils n'iraient pas, et que les Français devaient y aller pour continuer le travail. A aucun moment nous n'avons pu accepter cela puisque notre idée depuis le début était d'inscrire notre action dans le respect des valeurs européennes, le respect de la souveraineté du peuple libanais, le respect de l'intégrité territoriale et de l'indépendance nationale.
Notre pays n'avait pas à dire qui était dans son tort ou pas. Tout le travail pour nous, c'était de mettre en place les conditions d'un accord politique pour obtenir un cessez-le-feu durable.
Cet accord prévoit essentiellement le déploiement de l'armée libanaise au Liban-Sud et le retrait des Israéliens, avec l'appui de cette force onusienne, qui n'est pas que française, le retour des personnes déplacées, et, évidemment, la levée du blocus israélien et la mise en place d'un embargo sur les armes.
L'Allemagne a accepté d'assurer une action de formation de la police libanaise, et de contrôle de la frontière syro-libanaise.
Q - (Sur la réaction de l'opinion publique française face aux engagements au Liban, en Afghanistan et en République démocratique du Congo.)
R - Les Français, dans un premier temps, ont suivi notre activité diplomatique et se sont ensuite posé une question : "pour quelle raison le président Chirac n'envoie que 200 soldats ?". Durant quelques jours on a entendu : "la France parle beaucoup sur le plan diplomatique mais peu sur le plan militaire". C'était un faux procès : quand on est chef des armées, comme le président de la République en France, c'est quand même la moindre des choses que de demander quelles seront les garanties de sécurité pour les soldats que vous allez envoyer dans un endroit où un certain nombre d'actions dangereuses devront être menées.
Nous avons donc, en effet, innové. Pour la première fois, le Secrétaire général des Nations unies a accepté l'idée que le commandant de la FINUL - c'est un général français actuellement, ce sera un général italien à partir de février 2007 - rende compte directement au Secrétaire général des Nations unies, qui pourra prendre les décisions.
Je dis cela parce que je me souviens de Srebrenica où vous aviez 2.000 casques bleus à quelques mètres de l'endroit où l'on tuait des femmes et des enfants et il fallait passer par un troisième ou quatrième bureau de l'ONU sans savoir vraiment ce qu'il fallait faire in fine, où il n'y avait même pas de réaction.
L'armée française - je crois que c'est pareil en Allemagne - ne peut pas accepter de n'avoir qu'un drapeau blanc à agiter devant trois voyous qui diraient : "haut les mains" ; ce n'est pas acceptable. Nous avons donc demandé des garanties de sécurité et nous les avons obtenues. C'est vraiment l'essentiel.
Vendredi dernier à Bruxelles, un événement politique majeur a eu lieu autour de la présidence finlandaise : il a été décidé d'envoyer 7.300 soldats européens au Liban afin de constituer la colonne vertébrale de la FINUL renforcée - je ne sais pas si cela a été parfaitement mis en avant dans la presse allemande mais, en tout cas, cela a été très peu mis en avant dans la presse française. C'est le début de l'Europe politique. C'est l'Europe qui a un visage, qui a une volonté de jouer un rôle de stabilisation au Moyen-Orient.
La France va continuer à jouer son rôle, comme l'Allemagne, au Conseil de sécurité et dans l'Union européenne.
Je voudrais vous remercier de votre accueil et du travail que l'on a fait ensemble.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 septembre 2006
R - Dans un premier temps, nous avons condamné le Hezbollah, qui avait kidnappé les deux soldats israéliens. Mais la riposte israélienne était disproportionnée. S'agissant du débat sur la force multinationale, le problème venait de ce que les Américains et les Anglais disaient qu'ils n'iraient pas, et que les Français devaient y aller pour continuer le travail. A aucun moment nous n'avons pu accepter cela puisque notre idée depuis le début était d'inscrire notre action dans le respect des valeurs européennes, le respect de la souveraineté du peuple libanais, le respect de l'intégrité territoriale et de l'indépendance nationale.
Notre pays n'avait pas à dire qui était dans son tort ou pas. Tout le travail pour nous, c'était de mettre en place les conditions d'un accord politique pour obtenir un cessez-le-feu durable.
Cet accord prévoit essentiellement le déploiement de l'armée libanaise au Liban-Sud et le retrait des Israéliens, avec l'appui de cette force onusienne, qui n'est pas que française, le retour des personnes déplacées, et, évidemment, la levée du blocus israélien et la mise en place d'un embargo sur les armes.
L'Allemagne a accepté d'assurer une action de formation de la police libanaise, et de contrôle de la frontière syro-libanaise.
Q - (Sur la réaction de l'opinion publique française face aux engagements au Liban, en Afghanistan et en République démocratique du Congo.)
R - Les Français, dans un premier temps, ont suivi notre activité diplomatique et se sont ensuite posé une question : "pour quelle raison le président Chirac n'envoie que 200 soldats ?". Durant quelques jours on a entendu : "la France parle beaucoup sur le plan diplomatique mais peu sur le plan militaire". C'était un faux procès : quand on est chef des armées, comme le président de la République en France, c'est quand même la moindre des choses que de demander quelles seront les garanties de sécurité pour les soldats que vous allez envoyer dans un endroit où un certain nombre d'actions dangereuses devront être menées.
Nous avons donc, en effet, innové. Pour la première fois, le Secrétaire général des Nations unies a accepté l'idée que le commandant de la FINUL - c'est un général français actuellement, ce sera un général italien à partir de février 2007 - rende compte directement au Secrétaire général des Nations unies, qui pourra prendre les décisions.
Je dis cela parce que je me souviens de Srebrenica où vous aviez 2.000 casques bleus à quelques mètres de l'endroit où l'on tuait des femmes et des enfants et il fallait passer par un troisième ou quatrième bureau de l'ONU sans savoir vraiment ce qu'il fallait faire in fine, où il n'y avait même pas de réaction.
L'armée française - je crois que c'est pareil en Allemagne - ne peut pas accepter de n'avoir qu'un drapeau blanc à agiter devant trois voyous qui diraient : "haut les mains" ; ce n'est pas acceptable. Nous avons donc demandé des garanties de sécurité et nous les avons obtenues. C'est vraiment l'essentiel.
Vendredi dernier à Bruxelles, un événement politique majeur a eu lieu autour de la présidence finlandaise : il a été décidé d'envoyer 7.300 soldats européens au Liban afin de constituer la colonne vertébrale de la FINUL renforcée - je ne sais pas si cela a été parfaitement mis en avant dans la presse allemande mais, en tout cas, cela a été très peu mis en avant dans la presse française. C'est le début de l'Europe politique. C'est l'Europe qui a un visage, qui a une volonté de jouer un rôle de stabilisation au Moyen-Orient.
La France va continuer à jouer son rôle, comme l'Allemagne, au Conseil de sécurité et dans l'Union européenne.
Je voudrais vous remercier de votre accueil et du travail que l'on a fait ensemble.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 septembre 2006