Texte intégral
Les sports et les loisirs de nature participent au développement des territoires montagnards et sensibilisent aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques qui l'accompagnent.
Les professionnels, associations sportives et équipementiers s'accordent pour dire que les habitudes touristiques ont évoluées : les séjours sont plus courts, avec une demande accrue d'activités familiales et ludiques. En revanche, les pratiques traditionnelles de l'alpinisme sont aujourd'hui globalement en baisse, sauf dans quelques sites « stars » comme le Mont Blanc.
Les Clubs Alpins, m'ont fait part de cette préoccupation : les 127000 sorties et journées d'encadrement enregistrées en 1997 sont progressivement passées à 95000 en 2005. Les 296000 nuitées en 2003 dans leurs 142 refuges ont baissé de 10% en 2005.
Je suis convaincu que ces sports traditionnels en haute montagne sont une remarquable école de la vie, basée sur l'apprentissage, l'effort et l'engagement, et qu'il faut les préserver et les soutenir.
Des synergies à cette fin sont à rechercher entre tous les acteurs de la montagne concernés par le sujet pour pouvoir répondre efficacement aux enjeux du milieu. Il conviendra dans l'avenir de favoriser les logiques de réseau et d'approche commune. Le gouvernement sera attentif aux propositions que pourront développer en particulier les deux principales structures que sont la Fédération française des clubs alpins et de la montagne et la Fédération française de la montagne et de l'escalade. Ces fédérations doivent travailler davantage ensemble, mutualiser les moyens apportés par l'état, renforcer leur représentativité, et clarifier les champs des activités sportives à vocation compétitive et ceux des loisirs sportifs traditionnels avec les questions d'environnement, d'équipements et de refuges qui s'y rattachent.
S'agissant des refuges, un décret d'application de la loi relative au développement des territoires ruraux, destiné à définir les caractéristiques de ces bâtiments, est en cours de rédaction. Je souhaite ici vous dire mon attachement à voir ces éléments d'équipement de la montagne, comme l'indique leur dénomination de « refuge », continuer à jouer, avant tout, leur rôle d'accueil accessible à tous et de base de départ d'activités sportives dans des zones isolées en montagne.
Durant la dernière saison hivernale, un large retentissement médiatique a fait écho au débat parlementaire sur le sujet de l'élargissement de la redevance "ski de fond" à d'autres loisirs de neige dans le projet de loi de ratification du code du tourisme. Mon ministère avait notamment demandé que soit réaffirmé le principe général d'accès libre au milieu naturel, j'entend par là « hors aménagement ». Le texte adopté concilie cet objectif avec la possibilité pour les collectivités qui gèrent des sites nordiques d'apporter toutefois des services contre rémunération, services attendus par certaines catégories de pratiquants.
Cette même saison hivernale a confirmé les bons chiffres de la pratique du ski de piste tant au regard du nombre de journées skieurs qui affiche un chiffre record en progression de 3%, qu'au plan des données encourageantes sur l'accidentologie dans les domaines aménagés, en diminution depuis quelques années.
Ces propos relatifs à la pratique du ski sont pour moi l'occasion de revenir sur trois points sur lesquels j'ai été amené, à prendre des initiatives importantes pour l'exercice de la profession de moniteur de ski.
Il s'agit tout d'abord la formation des moniteurs qui a été adaptée à de nouvelles formes de pratiques par l'école nationale de ski et d'alpinisme dont l'excellence fait bénéficier notre pays d'une renommée incontestée dans ce secteur. J'ai en outre été amené à installer à Grenoble un pôle des métiers de l'encadrement du ski et de l'alpinisme pour harmoniser les politiques de contrôles de l'exercice de cette activité sur notre territoire. La spécificité de ce secteur est telle qu'elle pose avec acuité la nécessité d'avoir une approche partagée et surtout coordonnée entre les services afin d'être plus efficace dans la lutte contre le travail illicite dans ce domaine. Nous avons commencé à en percevoir les tous premiers effets puisque des magistrats ont donné suite à un certain nombre d'opérations. Ces actions doivent nous conduire à trouver un modus operandi commun avec les pays concernés. C'est ce type de travail que nous avons par exemple engagé avec la Russie. Nous devons poursuivre les efforts dans ce sens et je m'y emploierai pour la saison qui s'annonce.
Enfin, avec la collaboration très active des professionnels, nous avons initié, avec le ministère en charge de ces questions, une nouvelle impulsion à l'approche européenne de ce domaine. L'élargissement de l'Union est une formidable chance pour le secteur de la montagne qui ouvre de nouvelle perspectives de développement économique et qui a conduit les professionnels européens de la montagne a engager un travail d'échanges et de collaboration indispensable et très fructueux. Je souhaite que ces échanges et les propositions concrètes qui en résultent constituent des arguments efficaces pour convaincre la Commission européenne sur les deux sujets qu'elle examine actuellement : l'enseignement du canyon et du surf des neiges.
La grande préoccupation de l'hiver a cependant été le nombre d'accidents de montagne en milieu non aménagé. Le Système National d'Observation de la Sécurité en Montagne a recensé, en particulier pour le ski hors piste et le ski de randonnée, 54 décès par avalanches soit 2 fois plus que les années précédentes.
J'avais réuni en mars dernier les membres du Conseil supérieur des sports de montagne concernés par cette situation, afin d'appeler à la responsabilité de chacun. Ainsi pour les vacances de Pâques, mon Ministère s'était associé à l'initiative des professionnels, qui ont délivré, sur un millier de panneaux apposés dans les Ecoles de skis et les bureaux des guides, les conseils et le bulletin de risque d'avalanche de Météo France pour encourager une pratique plus sûre et plus consciente des risques.
Pour la saison hivernale prochaine, je vais renforcer les prérogatives du Système National d'Observation de la Sécurité en Montagne sous l'égide du Conseil Supérieur des Sports de Montagne. Sa mission sera élargie à l'analyse des causes des accidents de montagne et à la diffusion de retours d'expériences. Car, si le milieu de la montagne est par nature exigeant et difficile, le prix à payer en vies humaines reste inacceptable.
Les campagnes nationales de prévention que pilote mon ministère chaque année, hiver comme été, appellent au respect des consignes de sécurité. Elles sont relayées dans les stations où de nombreuses initiatives locales, complémentaires, participent à la réussite de cette dynamique de prévention à laquelle j'attache une attention toute particulière.
Je suis en effet convaincu qu'une évolution des comportements individuels et un vrai sens de l'autonomie de chacun seront les meilleures garanties pour que, d'une part la dimension de la liberté, et d'autre part le principe de gratuité des secours, si chers aux pratiquants de la montagne, puissent être durablement préservés.
Dans ce domaine du secours et de la solidarité montagnarde, mon ministère a signé un accord avec le Ministère des Affaires étrangères pour la mise à disposition d'expertises spécifiques lors d'accidents majeurs dans des massifs étrangers (avalanche, accident d'avion ou tremblement de terre), ou de formation à la gestion de crises de cette nature. Cette collaboration interministérielle a été activée dès cette année pour rechercher, au Népal, les 18 membres d'une expédition française emportés en octobre 2005 par une avalanche himalayenne. Mon Ministère s'est engagé dans ces opérations au côté de la Cellule de soutien de la Direction des Français à l'étranger du Quai d'Orsay. Trois missions, auxquelles ont aussi participé le Peloton de gendarmerie de haute montagne et l'Unité nationale d'identification des victimes de catastrophes, ont permis, au mois de juillet, de rendre l'ensemble des corps des victimes françaises et népalaises à leurs familles. Cette collaboration a été exemplaire, tant entre les différents services de l'Etat qu'avec les compagnies d'assurances pour les financements.
Enfin, je souhaite évoquer une initiative internationale de mon département ministériel, qui vise à renforcer les échanges économiques entre la France et la Chine dans le domaine de la montagne.
Lors de mon déplacement à Pékin en avril dernier, j'avais proposé aux autorités de ce pays la création d'un « Institut franco-chinois du développement et de l'aménagement de la montagne » dans le cadre d'une coopération décentralisée autour des sports de montagne élargie aux dimensions touristiques, économiques et environnementales.
La France est en effet reconnue pour ce savoir faire que nous pouvons utilement promouvoir dans ce pays constitué au 2/3 de montagnes. Les marchés chinois sont parmi les plus dynamiques du moment avec, en particulier, le plus gros volume potentiel mondial en tourisme émetteur.
Ainsi, un plan d'aménagement de stations sportives et touristiques nécessitant l'apport d'un savoir-faire expérimenté pourrait se développer dans la province du Sichuan au bénéfice d'un bassin de population atteignant 200 millions d'habitants, et de touristes potentiels, pour le sud-ouest de la Chine.
J'ai saisi en ce sens Monsieur Michel BOUVARD, Président du Comité du massif des Alpes. Le projet a recueilli l'avis favorable de sa Commission permanente présidée par le Préfet de région, Monsieur Christian FREMONT, et devrait être intégré à la Convention interrégionale du massif des Alpes 2007-2013. Il s'agit d'une mesure visant la valorisation de l'attractivité touristique française et des industries liées à l'économie montagnarde.
L'Institut Montagne sera un relais permanent entre nos deux pays pour promouvoir le tourisme chinois dans nos massifs, pour observer l'évolution de ce marché en Chine, détecter les nouveaux chantiers et mieux introduire et y accompagner nos entreprises. En s'appuyant sur les acteurs de l'ensemble du territoire alpin. Il pourra organiser l'implantation en Chine d'une « station pilote » qui pourra devenir un modèle et une vitrine de nos savoir-faire.
Je souhaiterais pour conclure, souligner que l'apport de la pratique sportive au développement des territoires montagnards doit beaucoup à la qualité des professionnels français de la montagne que sont les moniteurs de ski ou les guides.
C'est la raison pour laquelle il convient absolument de défendre leur formation et prérogatives d'exercice dans cet environnement spécifique qu'est la montagne et ce notamment au niveau communautaire.
Je vous remercie.Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 12 septembre 2006