Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur l'évolution des rapports entre parents d'élève et institution scolaire, avec notamment le décret du 28 juillet 2006, le socle commun de connaissances et les espaces numériques du travail (ENT), Paris le 3 octobre 2006.

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Circonstance : Centenaire de la fondation de la PEEP

Texte intégral

Madame la Députée-Maire (17e arrondissement),
Madame la Présidente nationale de la PEEP,
Madame la représentante du Président national de la F.C.P.E.,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui pour célébrer le centenaire de la naissance de l'association des parents d'élèves du lycée Carnot.
C'est pour moi l'occasion de saluer d'abord Madame la députée-maire qui, je le sais, suit avec beaucoup d'attention tout ce qui touche à la scolarité des enfants du 17e arrondissement.
Je voudrais saluer aussi toute l'équipe éducative du lycée Carnot : son proviseur, M. Nicolini, ses professeurs, tous les personnels qui travaillent ici.
Le lycée Carnot a une réputation prestigieuse. Mais M. le proviseur sera d'accord avec moi pour dire que la réputation ne fait pas tout, loin de là. Atteindre l'excellence, cela suppose un travail quotidien de la part de tous !
L'excellence du lycée Carnot, elle est donc d'abord votre oeuvre. Et c'est pourquoi je souhaite rendre hommage à votre travail et à celui des professeurs, qui sont les artisans directs de la réussite des élèves.
Mais les parents eux aussi ont un rôle essentiel à jouer dans la scolarité de leurs enfants.
Et c'est justement cette idée simple et vraie qui a été au principe de la création de la première association de parents d'élèves, ici même, au lycée Carnot, il y a un siècle.
L'impulsion initiale a été donnée par Paul Gallois, médecin humaniste, qui fut le fondateur éclairé et le premier président de l'association des parents d'élèves du lycée Carnot.
En décembre 1905, il dépose les statuts de l'association.
En février 1906, le 19 très exactement, Paul Gallois était reçu par l'un de mes lointains prédécesseurs à l'Education nationale. Il obtenait ainsi une première forme de reconnaissance. Depuis ce 19 février 1906, jusqu'à aujourd'hui, que de chemin parcouru !
Car il faut bien reconnaître que l'Education nationale n'a pas vu tout de suite l'importance et l'intérêt d'une implication forte des parents dans la vie de l'école, directement ou par l'intermédiaire des associations.
On peut même dire qu'une certaine méfiance était de mise et que l'on ne voyait pas d'un très bon oeil ce qui était perçu comme une intrusion douteuse des parents dans l'enceinte du lycée.
Depuis, fort heureusement, les associations de parents d'élèves ont trouvé leur place au sein des établissements.
Le dialogue est constant, à tous les niveaux, entre les parents d'élèves et l'Education nationale : dans les conseils de classe, les conseils d'administration, les conseils départementaux et académiques de l'Education nationale, les instances nationales et, bien sûr, avec moi ou avec mes plus proches collaborateurs.
J'ai d'ailleurs eu le plaisir de rencontrer tout récemment les fédérations de parents pour évoquer avec eux les enjeux et les moyens de l'assouplissement de la carte scolaire.
Preuve que les parents d'élèves ont désormais voix au chapitre, que cette voix est entendue, et que leurs avis sont pris en compte.
A la date du 19 février 1906 que j'évoquais il y a un instant, fait écho une autre date qui marque, cent ans plus tard, une nouvelle avancée : c'est celle du 28 juillet 2006.
J'ai en effet signé ce jour-là le décret qui consolide et garantit de façon définitive le rôle et la place des parents à l'école.
Je veux souligner à ce sujet l'esprit constructif des partenaires sociaux, en particulier la volonté des trois fédérations de parents d'élèves d'aboutir à ce texte qui explicite, pour la première fois dans le code de l'éducation, les droits des parents.
Désormais, l'institution scolaire a le devoir d'inscrire les relations avec les parents parmi ses toutes premières priorités.
C'est une petite révolution, qui n'est pas seulement juridique. Elle se traduit par des dispositions tout à fait concrètes, qui généralisent à tous nos établissements les meilleures pratiques qui existaient dans tel ou tel endroit.
Quelques exemples :
- le premier conseil d'école ou conseil d'administration de collège et de lycée de l'année doit désormais inscrire à son ordre du jour les modalités du dialogue avec les parents ;
- les associations de parents auront droit à des emplacements d'affichage, à la communication de leurs documents et, chaque fois que ce sera possible matériellement, à un local ;
les horaires des réunions tiendront compte des obligations professionnelles des parents.
J'ai tenu à ce que ce décret entre en vigueur dès cette rentrée.
Si les parents sont davantage impliqués dans la vie de l'école, s'ils comprennent mieux son fonctionnement et ses procédures (orientation notamment), alors ils seront plus attentifs à la scolarité de leurs enfants.
Eh bien, je suis convaincu que le décret du 28 juillet sur le rôle et la place des parents nous donne des outils efficaces pour progresser ensemble dans cette voie.
Je sais bien qu'au lycée Carnot, les parents d'élèves suivent de près le parcours de leurs enfants, mais il n'en va pas hélas de même dans tous les établissements.
Je pense en particulier aux établissements de l'éducation prioritaire. Les parents des élèves qui y sont scolarisés ne se sentent pas toujours très proches de notre institution, soit parce qu'ils ont été eux-mêmes en situation d'échec scolaire, soit parce qu'ils sont de nationalité et de langue étrangères.
C'est d'ailleurs pour ceux d'entre eux qui ne maîtrisent pas suffisamment le français que j'ai demandé qu'on prévoie la présence d'un interprète lors des réunions avec les professeurs.
Je veux aussi lancer un appel aux fédérations représentatives pour qu'elles développent leurs actions en direction des réseaux ambition réussite qui accueillent les élèves les plus en difficulté. Toutes les initiatives pour faire participer les parents, pour les aider à assumer leur responsabilité de parent dans l'éducation, sont bienvenues.
Les aides que nous apportons aux fédérations représentatives, en subvention et en personnel, doivent y contribuer.
Pour terminer, je voudrais évoquer deux chantiers en cours qui intéressent au plus haut point les parents :
- la mise en oeuvre du socle commun ;
- et l'apport des nouvelles technologies pour faciliter le lien entre les parents et l'école.
Un mot, d'abord, sur la mise en oeuvre du socle commun.
Vous le savez, le socle commun de connaissances et de compétences a été défini par le décret du 11 juillet ; il a été édité dans un petit livre accessible à tous et intitulé : « Tout ce que nos enfants doivent savoir ».
Il s'impose depuis la rentrée à tous les enseignants. Il va donner lieu à de nouvelles évaluations, cette année en C.E.1, l'année prochaine en C.M.2, puis sa maîtrise sera vérifiée au brevet en 2008.
Il va également donner lieu à une adaptation des programmes.
Comme je l'ai fait pour la lecture, je veux mettre de l'ordre et du bon sens dans l'apprentissage de la grammaire et du calcul à l'école.
Il faut que les exigences à partir du C.P. et jusqu'à la fin de l'école primaire soient claires pour les parents ; il faut que la progression des apprentissages soit bien établie. Il faut, bien sûr, faire la même chose au collège. Je rappelle d'ailleurs que le texte du socle, à la demande unanime du Haut conseil de l'éducation, oblige à faire des leçons systématiques de grammaire.
Je veux surtout que les parents comprennent ce que leurs enfants apprennent. Et pour cela en finir avec les termes ésotériques qui encombrent les programmes !
Deuxième chantier en cours : l'apport des nouvelles technologies pour faciliter le lien entre les parents et l'école.
Je pense notamment à ce formidable outil que constituent les espaces numériques de travail.
Bureau de travail virtuel de l'élève, l'ENT servira également aux parents : à partir de leur ordinateur personnel, ils pourront consulter les notes de leur enfant, les tâches inscrites dans son cahier de texte ; avec l'ENT, les parents pourront aussi se mettre en rapport avec les collectivités locales, qui donneront par exemple des renseignements relatifs à la cantine scolaire, aux transports publics, aux activités sportives, etc.
Le premier volet du plan que j'ai annoncé le 14 septembre, à Poitiers, concerne la généralisation des ENT, en commençant par la création d'un livret scolaire électronique des compétences en langue vivante de chaque élève.
En 2007, tous les collégiens devront en être dotés, et en 2008, il sera étendu aux élèves des écoles.
Mesdames et Messieurs,
Vous le voyez, depuis un siècle, les rapports entre les parents et l'institution scolaire n'ont cessé de se renforcer.
L'école et les parents ont appris à mieux travailler ensemble, et je suis convaincu que c'est pour le bien de tous les jeunes dont nous avons la responsabilité.
Alors je voudrais terminer par un appel très simple en direction de tous les parents d'élèves : votez aux élections de la semaine prochaine, comme le rappellent les grandes affiches que l'on voit à l'entrée du lycée !
Voter est un droit des parents ; c'est aussi l'un de leurs devoirs !
Je souhaite donc de bonnes élections à toutes les associations de parents d'élèves, en vous assurant tous de mon entier dévouement à la réussite de tous les élèves.
Je vous remercie.
Source http://www.education.gouv.fr, le 5 octobre 2006