Déclaration de M. Christian Estrosi, ministre délégué à l'aménagement du territoire, sur la politique énergétique du gouvernement, l'utilité du développement de l'énergie éolienne pour préserver l'environnement et sur les mesures prises pour y contribuer, Fos-sur-Mer le 13 ocotbre 2006.

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Circonstance : Inauguration du parc éolien de la compagnie nationale du Rhône à Fos-sur-Mer (Bouches du Rhône), le 13 octobre 2006

Texte intégral

Monsieur Christian Fremont, préfet de la région Alpes Provence Côte d'Azur, Préfet des Bouches du Rhône,
Monsieur Michel Vauzelle, président de la région Provence Alpes Côte d'Azur,
Monsieur Bernard Granié, président de Ouest Provence et maire de Fos-sur-Mer,
Monsieur Gérard Mestrallet, président de Suez,
Monsieur Michel Margnes, président-directeur général de la compagnie nationale du Rhône,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames Messieurs,
C'est pour moi un immense plaisir est un grand honneur d'inaugurer, aujourd'hui, avec vous, ce nouveau parc de 4 éoliennes à Fos-sur-Mer. Car cet investissement, et les services qu'il va rendre, ne sont ni ordinaires ni anodins.
Depuis plusieurs milliers d'années, l'homme a appris à composer avec le vent. Les premières représentations de bateaux des temps anciens remontent à 5000 ans avant Jésus-Christ. Le vent était utilisé comme moyen de propulsion. Ce n'est qu'au début du XXe siècle que les navires se sont mécanisés.
Dès l'an 600, l'homme utilise le vent pour produire de l'énergie mécanique. C'est en effet à cette époque que sont apparus les premiers moulins à vent, en Perse, qui étaient destinés à l'irrigation des cultures. Ces moulins étaient constitués d'une éolienne à axe vertical. Signalés dès 870 en Grande-Bretagne, les moulins à vent se sont généralisés en Europe vers le XIIe siècle. Fort curieusement, c'est la généralisation de l'électricité dans les campagnes, qui a entraîné un rapide déclin des moulins à vent au cours du XXe siècle.
Ce n'est que depuis 10 ans, que l'on redécouvre les vertus du vent et des éoliennes afin de produire de l'électricité. Ceci est principalement dû à la prise de conscience du phénomène de réchauffement climatique, qui nous oblige à concevoir une nouvelle approche globale économique prenante en compte l'environnement.
Mardi dernier, j'animais les premières rencontres de l'aménagement du territoire et l'un des éléments qui est ressorti des débats, est que l'on ne peut plus concevoir une politique moderne d'aménagement du territoire, sans que celle-ci ne s'inscrive dans les principes du développement durable. Cette conclusion des débats va même au-delà de ce simple constat : sans une modification radicale de certaines thématiques touchant au développement économique, les objectifs du protocole de Kyoto ne peuvent être respectés.
Agir et investir dans le cadre nouveau de la préservation de l'environnement de notre planète, tel est le nouveau défi que nous devons relever. Dans ce cadre, en qualité de ministre de l'aménagement du territoire, il m'importe d'assurer la compétitivité des territoires, au travers d'un développement économique harmonieux, mettant en valeur leurs richesses patrimoniales, leur savoir-faire parfois ancestral, dans un objectif de durabilité. Je suis donc un écologiste et je le revendique. Par contre, je ne suis pas un écologiste extrémiste, qui exclut bien trop facilement toute idée de progrès, qui systématiquement ne formule jamais de propositions concrètes, voire prend des décisions irresponsables faisant perdre à la France plus d'une décennie comme ce fut le cas pour le transport fluvial.
Vous comprendrez dès lors toute la satisfaction d'inaugurer ce parc éolien, qui n'émet aucun gaz à effet de serre lors de la production d'électricité, et donc s'inscrit parfaitement dans le protocole de Kyoto, et dans les objectifs de l'Union européenne, et dans les orientations de définit par le gouvernement en matière d'énergies renouvelables.
Le protocole de Kyoto nous oblige à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Désormais, nous sommes donc redevables d'une comptabilité de ces émissions, et nous devons développer et mettre en oeuvre des technologies propres au regard de l'environnement.
La Commission européenne a édicté plusieurs directives prévoyant la réduction de gaz à effet de serre, visant expressément six secteurs industriels prioritaires dont celui de la production d'énergie.
En France, la loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique confère une place de premier plan aux énergies renouvelables comme l'hydroélectricité, l'éolien, la biomasse, la géothermie et le solaire. L'objectif de 21 % de la consommation intérieure d'électricité d'origine renouvelable en 2010, va au-delà des recommandations de l'Union européenne qui fixait ce seuil à 12 %.
Que ce soit au niveau international, européen, où national, le développement de la production d'énergie renouvelable est une priorité absolue.
Dans le domaine de l'éolien, et l'exemple d'aujourd'hui nous le prouve, la France rattrape son retard. Ce n'est qu'il y a 10 ans que les toutes premières installations d'éoliennes ont été réalisées. Les cinq premières années, jusqu'en 2000, ont été marquées par une évolution très lente. Ce n'est qu'à partir de 2002, que l'on constate une très forte croissance de l'évolution du parc éolien marquée par des taux de trois chiffres ou proches de trois chiffres. La dynamique du marché français a été plus rapide ces dernières années que dans les autres pays européens. Ceci était attendu contenu du décalage historique avec les autres pays notamment l'Allemagne l'Espagne et le Danemark. Ainsi la France se place au 15e rang mondial et au neuvième rang européen.
Avec l'entrée en service de ces éoliennes de Fos-sur-Mer, la puissance totale installée en service va dépasser les 1000 MW. Les objectifs pour 2007 sont de 2000 à 6000 MW installés. Il a fallu neuf années pour franchir la barre du premier milliard de kilowatt éolien. L'accélération des investissements en la matière devrait nous permettre de réduire fortement ce délai pour franchir la barre du deuxième milliard de kilowatt éolien produit, et engranger par la suite les térawatt.
Si la capacité de production d'électricité en provenance de l'éolien demeure encore modeste par rapport à notre capacité totale de 117 000 MW, nous sommes dans le bon chemin.
Pour aider l'énergie éolienne à se développer, le gouvernement a mis en place des mesures incitatives comme l'obligation et les tarifs d'achat, et les appels d'offres pour la réalisation de fermes éoliennes terrestres et maritimes. Cela veut dire qu'EDF achète l'énergie éolienne à un prix étudié pour assurer une rentabilité suffisante, et permettre la pérennité des énergies renouvelables.
En matière environnementale, les éoliennes font couler beaucoup d'encre sur leur niveau sonore ou leur impact sur les oiseaux ou les chauves-souris.
Grâce aux progrès technologiques, des avancées importantes ont été apportées sur le rayonnement sonore d'une éolienne. De plus le choix de l'emplacement du parc éolien, est un élément déterminant pour limiter l'impact sonore de l'éolienne qui peut alors se fondre parmi d'autres bruits environnants.
Quant à l'impact des éoliennes sur la biodiversité, il convient de signaler la coopération entre la filière éolienne française et la ligue de protection pour les oiseaux qui a développé un référentiel technique national au service des acteurs privés et publics. Cette coopération exemplaire montre que l'on peut développer les parcs éoliens respectueux de l'environnement ainsi que de la biodiversité.
Enfin, dernier impact possible environnemental : il convient de s'assurer que le remède n'est pas pire que le mal. À ce titre, des études constantes montre que les éoliennes produisent 25 fois plus d'énergie que celle consommée pour les construire, les installer, les raccorder au réseau, et les exploiter. C'est donc bien un gain net environnemental qu'offrent les éoliennes.
Le bilan de l'éolien est donc fortement positif. Cependant mon discours serait incomplet, sans préciser les avancées technologiques ou les recherches qui dynamiseront encore le secteur de la production d'énergie propre.
Ainsi entre le premier à aérogénérateur et ceux que nous inaugurons aujourd'hui, l'efficacité a été multipliée par un facteur de 10 000.
De même, l'avenir réside dans les pôles de compétitivité Vous connaissez mon engagement personnel sur ces pôles de compétitivité aux côtés de Nicolas Sarkozy. Je me suis beaucoup investi pour la création de ces pôles.
À ce jour, je constate que 10 pôles de compétitivité orientent leurs recherches dans les domaines de l'énergie, des biotechnologies, et des transports. Nul doute que nous profiterons à l'avenir, dans notre vie quotidienne, des résultats des travaux menés par ces pôles, même si tous les projets -- et ils sont déjà nombreux -- n'aboutissent pas. Nous développons une capacité sans précédent de production d'énergie propre, et d'économie de cette énergie. Dans ces recherches, l'éolien a toute sa place.
Autre apport important de l'éolien : la création d'emplois. On a constaté que chaque nouveau mégawatt installé créait 20 emplois. On peut considérer qu'en 2007, la filière éolienne française aura créé 26 500 nouveaux emplois. L'enjeu de l'énergie éolienne n'est donc pas qu'environnemental, il est aussi économique et social.
Ce site de Fos-sur-Mer a été choisi pour son potentiel intéressant, puisqu'on estime à 3400 heures de vent d'une vitesse moyenne de 50 km heure. L'implantation en façade maritime se justifie par rapport à une dynamique esthétique d'alignement, et par le fait qu'elles sont parallèles au flux migratoire des oiseaux. L'accès au site a été facilité par des voiries existantes spécifiques pour tenir compte de certaines contraintes techniques du projet et notamment de l'encombrement des pales. Enfin, cette réalisation se situe au centre de la zone industrielle de Fos-sur-Mer où la demande en énergie électrique est forte.
Nous avons là, sous nos yeux, l'exemple d'un projet qui a été bien pensé, bien réalisé, dans le souci de la protection de la biodiversité, et qui contribue activement à améliorer notre environnement, et celui que nous laisserons à nos enfants.
Je note donc que remercier tous les acteurs de ce projet qui ont su prendre la décision d'investir pour notre bien commun. M. Mestrallet, je sais que le groupe Suez est particulièrement attentif à développer des processus industriels particulièrement soucieux de l'environnement. M. Margnes, je sais que la compagnie nationale du Rhône est le deuxième producteur d'électricité, et que cette production est à 100 % renouvelable. C'est par l'engagement d'industriels tels que vous, que vous faites vivre l'attractivité et la compétitivité moderne des territoires. Je vous en remercie.Source http://www.interieur.gouv.fr, le 17 octobre 2006