Texte intégral
Merci beaucoup Monsieur le Ministre et merci à notre interprète de qualité. Je veux commencer par remercier Michael Frendo de son invitation qui me permet d'être à Malte pour ma première visite dans votre pays en tant que ministre déléguée aux Affaires européennes, mais aussi pour ma première visite tout simplement, car malheureusement je n'étais encore jamais venue à Malte. Nous nous connaissons bien et nous nous voyons souvent à Bruxelles, à Madrid ou ailleurs. Il est essentiel d'avoir des contacts directs et de prendre un peu plus le temps d'évoquer les sujets d'intérêt commun. Nous avons commencé de le faire et nous poursuivrons nos conversations tout à l'heure.
Au cours de ce premier entretien, nous avons abordé essentiellement nos relations bilatérales et certaines questions européennes. Je suis très sensible à ce que le ministre a dit sur l'espace méditerranéen et le dialogue que nous devons avoir avec nos partenaires de cet espace méditerranéen. Il y a de grands enjeux, nous les avons évoqués et nous parlerons des questions internationales ce soir.
Il se trouve que ma visite à Malte se déroule le même jour que le Conseil européen informel de Lahti en Finlande. Votre Premier ministre et le président de la République française sont donc réunis. Le président de la République avait eu beaucoup de plaisir à recevoir M. Gonzi le 17 mai dernier. D'une façon générale, nos relations politiques, économiques et culturelles sont excellentes et elles ne demandent qu'à se développer. Nous avons ici une tradition ancienne de relations entre la France et Malte et je disais au ministre qu'il était temps de les revivifier.
Pour ce qui concerne les questions européennes, un certain nombre de sujets très importants sont évoqués en ce moment même au Conseil européen. Je pense, bien sûr, à tout ce qui a trait à la recherche, à l'innovation mais aussi aux questions d'énergie. Il est important que l'Europe développe ces politiques en pensant à son avenir et nous en parlerons certainement ce soir à la lumière de ce qui se sera dit au Conseil européen. D'une façon générale, nous savons qu'il faut développer en Europe des politiques concrètes, des politiques efficaces qui répondent aux attentes des citoyens sur tous ces grands enjeux qu'on appelle l'Europe des résultats ou l'Europe des projets et ce qui se passe à Lahti fait partie de cette réflexion sur l'avenir européen.
Mais comme vous l'a dit Michael Frendo, d'autres sujets européens se présentent devant nous dont la question des migrations également à l'ordre du jour du Conseil européen. Nous en avons longuement parlé cet après-midi.
Je sais que ma visite se déroule à un moment où Malte est confrontée à un redoutable défi, celui de l'immigration illégale qui se traduit par des arrivées en grand nombre et des préoccupations importantes pour Malte. Je veux vous dire qu'elles sont désormais partagées par ses partenaires européens. Par cette visite, j'ai donc voulu, à ce moment précis, témoigner de la solidarité de la France envers Malte. Nous avions témoigné concrètement de notre solidarité par la mise à disposition d'un avion de surveillance maritime dans le cadre de l'opération Frontex à la demande de M. Frendo. Je peux vous dire que nos deux pays partagent la même approche de ces questions. C'est un défi pour l'ensemble de l'Europe et pas seulement pour les pays qui se trouvent en première ligne. Et cette question appelle donc, de la part de l'Union européenne, une réponse qui unisse tous ses membres dans une politique européenne d'immigration que nous souhaitons progressivement mettre sur pied. Nous avons la méthode, c'est celle qui a été développée à Rabat. C'est celle sur laquelle nos huit pays du sud de l'Europe se sont retrouvés il y a quelques jours à Athènes et il y a un peu moins de trois semaines à Madrid. Il est certain qu'on ne réussira à relever ce défi que par une approche équilibrée, une approche globale qui associe nos Etats, les pays de transit et les pays d'origine de l'immigration. Cette approche doit se traduire par un renforcement des contrôles sur les flux migratoires : contrôles physiques mais aussi unification, mutualisation des dispositifs de visas et lutte contre les trafiquants d'êtres humains, comme nous l'a dit Michael Frendo. Mais cette approche doit aussi se traduire par un renforcement des politiques de développement et de co-développement parce que le problème, bien évidemment, ne pourra être sérieusement traité que s'il l'est, aussi et surtout, à la source.
Nous avons une méthode et nous avons des moyens. L'Union européenne a un cadre d'action qui est fixé par le Conseil européen dans le dixième FED, avec des moyens financiers pour aider nos partenaires du continent africain, mais aussi des moyens politiques. Nous souhaitons voir se dérouler un dialogue politique avec un certain nombre de pays pour lesquels ce serait particulièrement nécessaire en ce moment, et nous l'avons évoqué aujourd'hui.
Nous sommes solidaires et activement engagés. Nous souhaitons que l'ensemble de nos partenaires européens le soient également pour mettre maintenant sur pied une véritable réponse européenne. Je vous remercie.
Q - Avez-vous discuté de la question de la sécurité maritime ?
R - Je vous remercie de me poser cette question car elle me permet de rappeler l'attachement de la France à une politique maritime européenne. Je dis l'attachement de la France mais pas seulement l'attachement et je dirais même la vigilance de la France. Nous en parlerons très certainement, mais croyez bien que ce sera dans un esprit d'amitié, de confiance et de coopération. Malte a fait des efforts remarquables et couronnés de succès pour revenir dans les normes européennes, et je vous en félicite. Les Européens ont mis sur pied une politique de sécurité maritime stricte. Si je vous dis que la France est vigilante c'est parce que sa géographie l'expose ; malheureusement, à de nombreuses reprises, nous avons été victimes de catastrophes maritimes et de graves pollutions. Entre Européens, nous travaillons à développer de nouveaux axes pour cette politique, avec de nouvelles directives qui sont en négociation. Nous y sommes très favorables, mais ce que je peux vous dire, c'est que nous menons ces discussions dans le meilleur esprit possible et en saluant, je le fais une nouvelle fois, les efforts qui ont été accomplis par Malte.
Q - Nouvelle question sur les questions de sécurité maritime.
R - Je veux rappeler que j'ai accueilli en France, à Antibes, à la fin du mois de juin, une conférence sur la politique maritime intégrée de l'Union européenne en présence d'un commissaire que vous connaissez bien puisque c'est le commissaire Borg. Nous avons pu discuter, au-delà des simples échanges que nous avions eus informellement, des propositions du livre vert qu'il avait écrit au nom de la Commission. Par ailleurs, nous n'avons qu'un sujet de préoccupation, mais il n'est pas de la compétence du commissaire Borg. En effet, non seulement nous avons eu à subir de graves pollutions maritimes mais il y a eu parfois des contentieux dont la justice a été saisie parce qu'il y avait eu mort d'homme. Il nous semble particulièrement important, bien sûr, que lorsque la justice est saisie, elle puisse se prononcer rapidement et avec suffisamment de sévérité pour que ces décisions soient exemplaires et fassent réfléchir. Je le dis avec prudence et en respect, croyez-le bien, de l'indépendance de la justice, mais l'exemplarité est nécessaire.
Merci beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 octobre 2006