Interview de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, à "Gazeta Wyborcza" le 8 février 1999 et point de presse le 9, notamment sur l'élargissement de l'Union européenne à la Pologne et l'Agenda 2000.

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Circonstance : Voyage en Pologne les 8 et 9 février 1999-entretien avec la presse polonaise à Varsovie le 9 février 1999

Média : Gazeta Wyborcza

Texte intégral

ENTRETIEN AVEC LE QUOTIDIEN POLONAIS "GAZETA WYBORCZA" le 8 février 1999

Q - Pendant un séminaire récemment organisé à Epernay et consacré aux problèmes de l'élargissement de l'UE, des politiciens français éminents ont souligné que la mise au point et le respect au calendrier d'introduction de la monnaie commune ont très nettement concouru au succès de cette entreprise. Personne, par contre, na voulu parler de date d'adhésion de nouveaux membres à l'Union. Ne croyez-vous pas qu'un bon calendrier, là aussi, serait susceptible de contribuer à un succès ?

R - Le calendrier pour l'euro était indicatif - il décrivait les étapes successives nécessaires à la réalisation de certains objectifs. Son application a été retardée de deux ans : le Traité de Maastricht prévoyait en effet l'introduction de l'euro dès 1997. Un bon calendrier - d'accord, mais pour les candidats. Un tel calendrier peut aider à mobiliser les sociétés et les administrations dans les pays candidats à adapter leurs économies aux exigences de l'Union. S'agissant des Quinze, l'élaboration d'un tel calendrier serait tout à fait artificielle, puisqu'il ne résoudra pas les problèmes des pays candidats et pourrait même avoir un rôle démobilisateur par le fait de suggérer que ces pays doivent obligatoirement rejoindre l'Union à une date précise.

Q - La Russie a toujours occupé dans la politique française une place particulière et la Pologne ne la remplacera pas. Cependant, la Russie sombre de plus en plus dans la crise, tandis que la Pologne, grâce à ses progrès économiques et à ses réformes, est devenue depuis un certain temps un marché important, notamment pour les investisseurs français. Cette situation ne devrait-elle pas conduire la France à envisager la Pologne non seulement comme un partenaire commercial, mais également politique - qui devrait être admis aussi rapidement que possible dans une Europe unie ?

R - Je considère votre raisonnement comme légèrement anachronique et datant peut-être de l'époque de la guerre froide. Aujourd'hui, on peut et on doit dire que la France est liée avec la Russie par rapports traditionnellement amicaux, tandis que s'agissant de la Pologne, ces liens sont encore plus anciens : ils sont émotionnels, mais basés également sur un partenariat politique et économique proche. Actuellement, la France n'est pas obligée de faire un choix entre la Pologne et la Russie. La Russie reste un facteur fondamental de l'équilibre international. Nous espérons quelle surmontera sa crise. La France désire l'aider dans cette tâche.
S'agissant de la Pologne, notre intérêt na jamais faibli, il n'y a donc aucune raison de demander qu'il augmente. La perspective claire de l'adhésion rapide de la Pologne à l'Union ne saurait que nous réjouir, également en raison de l'axe Paris-Bonn-Varsovie, qui, suivant la logique du Triangle de Weimar, devrait devenir à l'avenir le moteur de l'intégration européenne.

Q - Et si la situation en Russie se détériorait davantage ? Ne serait-il pas préférable d'aider la Pologne à consolider sa stabilité en la faisant accéder à l'Europe ?

R - Ce n'est pas à cause de la Russie que nous voulons que la Pologne adhère rapidement à l'UE, mais pour elle-même et pour la cohésion de l'Europe.

Q - Vous avez déclaré récemment dans un programme de télévision qu'en Pologne, il y a davantage d'agriculteurs qu'en France et en Allemagne réunies. Cette déclaration témoigne dune certaine méfiance de votre part. Ne croyez-vous pas que ces deux grands pays agricoles - la France et la Pologne - pourraient s'entendre quant à une stratégie commune dans le cadre de l'Union ?

R - Il ny a pas de méfiance. Jai déclaré que les problèmes de l'agriculture revêtaient pour la Pologne une importance particulière dans la perspective de son adhésion à l'Union. D'autre part, la restructuration de l'agriculture est une condition importante de l'adhésion de la Pologne à l'Union. Evidemment, la France et la Pologne sont de grands producteurs agricoles qui, après l'élargissement, agiront non seulement à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur de l'Union. Nous avons un intérêt commun à soutenir une politique agricole qui garantira la compétitivité de la production européenne et la protection de l'emploi dans ce domaine. C'est dans ce sens que vont les propositions de la France concernant l'Agenda 2000 en tentant de garantir la Politique agricole commune des fondements solides pour son avenir. J'ajouterai, ici, que dans le cadre des préparatifs précédant l'entrée de la Pologne dans l'Union, nous désirons développer avec votre pays un dialogue politique approfondi consacrant toutes ces questions./.

ENTRETIEN AVEC LA PRESSE POLONAISE à Varsovie le 9 février 1999

Je suis très satisfait de cette visite qui a en fait duré 24 heures, qui a été extrêmement intense.
C'est ma première visite en Pologne.
Ma visite avait trois objets : faire le point, c'est à dire expliquer, débattre, des réformes internes de l'Union européenne. Montrer comment nous avancions notamment vis-à-vis de rendez-vous très importants comme celui de l'Agenda 2000, de la réforme institutionnelle de l'Union, qui doit absolument, chacun en convient aujourd'hui, prendre place avant le prochain élargissement.
Sur ces deux points, nous avons eu des échanges approfondis. Jai pu dire à quel point nous étions favorables à une conclusion des débats sur l'Agenda 2000 sous la présidence allemande et comment nous entendions y contribuer. C'est une négociation délicate. Sur les réformes institutionnelles, jai rappelé notre volonté que ces réformes soient circonscrites à des problèmes qui sont d'ailleurs désormais bien identifiés : quel format pour la Commission, quel vote à la majorité qualifiée dans l'Union, quelle pondération des voix au sein du Conseil européen. Ces réformes doivent intervenir rapidement. Nous souhaitons quelles puissent aboutir sous la présence française qui aura lieu pendant le deuxième semestre de l'an 2000, présidence qui sera de toute façon une plaque tournante par rapport à la question de l'élargissement. Jai beaucoup insisté sur le fait que quoi qu'il arrive, ces réformes internes de l'Union étaient nécessaires du point de vue de l'Union et quelles ne pouvaient en rien compromettre l'élargissement qui est une démarche volontaire de la part de l'Union européenne.
Deuxième sujet de mes entretiens ici, assurer la Pologne du plein soutien de la France dans sa marche vers l'adhésion à l'Union. La Pologne joue un rôle stratégique dans l'Europe d'aujourd'hui, elle est appelée à jouer un rôle encore plus stratégique dans l'Europe de demain. Nous avons avec nos amis allemands et polonais élaboré ce que l'on appelle le Triangle de Weimar, qui intervient dans des domaines comme la défense ou la culture. Au-delà de ces domaines, qui seront évoqués lors d'un sommet à Nancy le 7 mai prochain, il y a tout une problématique de l'avenir de ce triangle, essentielle pour l'Europe de demain. C'est à travers la ligne Paris-Berlin-Varsovie que l'Europe élargie de demain se structurera.
Jai par ailleurs souhaité contribuer à écarter certains craintes qui pouvaient subsister concernant l'attitude de la France. Nous sommes totalement engagés aux côtés des pays de l'Europe centrale et orientale, et notamment de la Pologne, dans ce processus d'élargissement. Nous le voyons dune façon positive, nous le considérons comme une chance bien entendu pour les pays candidats mais également pour les pays membres. Nous ne sommes en rien réservés, en même temps nous ne sommes en rien des démagogues, nous sommes des réalistes, nous savons qu'il reste beaucoup de démarches à faire, d'avancées à réaliser pour que cet élargissement soit une réussite, ce qui est notre but.
Enfin, le troisième objet de ma visite, dans le contexte du prochain élargissement de l'Union européenne à la Pologne, était d'améliorer encore les relations déjà très fortes qui existent entre la France et la Pologne, à la fois sur le plan bilatéral à travers les domaines économiques, sociaux, culturels, politiques.
Le Premier ministre Lionel Jospin doit effectuer une visite dans votre pays vers la fin de ce semestre, il y tient beaucoup, il ma chargé de le dire.
Il avait déclaré souhaiter venir en Pologne lorsqu'il a rencontré le ministre Geremek l'année dernière. Nous sommes en train de chercher la bonne date. Nul doute que nous allons la trouver. Ce sera le seul voyage que le Premier ministre fera cette année dans un pays candidat.
Au-delà de ces relations bilatérales, il y a tout le travail pour préparer l'adhésion de la Pologne que nous effectuons ensemble au travers de jumelages - notamment institutionnels - dans le domaine agricole, dans la reprise de l'acquis de Schengen, dans l'environnement, dans le domaine des transports, de la justice, pour aller encore plus loin dans le domaine des affaires sociales.
Nous avons fait le point sur ces dossiers, nous avons vu à quel point la Pologne se préparait dune façon approfondie sur ces questions et à quel point la France y participe et entend y participer encore davantage.
Au cours de ce séjour, j'ai rencontre le Premier ministre Buzek, le ministre Geremek, le ministre Balcerowicz, l'ancien Premier ministre Mazowiecki, et jai passé beaucoup de temps avec Jan Kulakowski. J'ai pu apprécier à quel point l'équipe de négociateurs et de négociatrices qu'il avait autour de lui était efficace et bien tenue.

Q - Monsieur le Ministre, le gouvernement polonais a été forcé à plusieurs occasions par des groupes professionnels de s'asseoir à la table de négociations pour négocier des augmentations de prix dans l'agriculture, de salaires dans le domaine de la Santé. Est-ce que ceci inquiète pas les gouvernements au sein de l'Union européenne que le gouvernement d'un futur membre de lUnion cède ainsi aux pressions au lieu peut-être de résister ?

R - Vous comprendrez d'abord que je ne peux pas m'ingérer dans les affaires intérieures d'un pays ami, pour utiliser une formule qui sent la langue de bois, mais qui a tout de même une signification. Les Polonais déterminent librement leur politique, et traitent bien sûr avec les segments de leur population, de leur opinion publique, des milieux professionnels. Ce n'est pas comme cela que se déroulent les négociations d'élargissement, ce sont des négociations au travers desquelles nous vérifions point par point, secteur par secteur, comment la Pologne reprend ce que l'on appelle l'acquis communautaire. Du moment que la Pologne se conforme à l'objectif de la reprise de l'acquis communautaire, c'est à elle de choisir exactement comment elle veut atteindre cet objectif. L'Union européenne n'est pas un modèle uniformisateur, cest un modèle intégrateur, qui accepte en plus les différences entre les nations. Nous faisons tout à fait confiance à nos amis polonais pour résoudre leurs problèmes avec leur propre vision des choses.
Q - Monsieur le Ministre, il existe un consensus sur le point que la réforme financière de l'Union européenne est indispensable pour permettre l'élargissement à l'Est. Or, si les Quinze n'arrivent pas à boucler l'Agenda 2000 en mars, l'élargissement prévu pour le début de la prochaine décennie peut se voir retarder. Ma question est la suivante : la France, en rejetant l'idée du cofinancement partiel de la Politique agricole commune par les pays membres de l'Union européenne, veut-elle retarder l'adoption de l'Agenda 2000. Ainsi veut-elle retarder l'adhésion des pays candidats à l'Union européenne, veut-elle en refusant de tirer moins du budget commun, s'exonérer des dépenses de l'élargissement ?
R - Je me permettrais de marquer un léger désaccord avec la thèse qui sous-tend votre question.
D'abord, dans cette affaire de l'Agenda 2000, la France n'est pas une force négative, mais une force positive : nous faisons des propositions. Vous pourriez parler aussi bien du chèque britannique, dont on nous dit qu'il doit encore être maintenu, alors que sa justification pourrait être discutée. Vous pourriez parler des fonds de cohésion qui ont été créés pour des pays qui sont aujourd'hui dans l'euro. A partir du moment où ils le sont, faut-il qu'ils aient des fonds de cohésion ? On pourrait parler de la résistance de tel autre pays, pour réformer le système de ressources propres, on pourrait discuter de la question des soldes nets que certains veulent corriger...
La France, dans cette affaire-là n'est pas du tout sur la sellette. La France est au contraire le pays qui a reconnu qu'il y avait un problème sur la Politique agricole commune, qui a estimé que la solution proposée de cofinancement n'était pas la bonne, et qui a fait une proposition alternative sur la dégressivité des aides et la substitution de certaines aides par d'autres, qui concernent le développement rural. Ceci d'ailleurs serait une démarche excellente pour la Pologne, parce que c'est tout à fait adapté au type d'agriculture qui est le vôtre, et au type de mutations que vous devez effectuer. Aussi la France n'est dans l'Agenda 2000 ni en position d'accusée ni en position d'empêcheur de tourner en rond. La France veut que l'on aboutisse et elle veut conclure en mars. Je crois que si tous les pays faisaient ce que nous avons fait, c'est-à-dire si chacun admettait qu'il y a des problèmes et faisait des propositions alors on trouverait des solutions. Et la France n'est pas le pays qui refuse de négocier, au contraire c'est un pays qui avance des propositions.
Je souhaite de tout mon cœur et de toute mon énergie que l'on obtienne une solution des l'Agenda 2000 en mars. Ce serait beaucoup plus favorable à l'avenir de nos politiques communautaires. Si d'aventure nous ne concluons pas en mars, cela ne compromettrait pas du tout l'élargissement. Si on concluait en mars 2000, on saurait donc qu'à ce moment-là nous n'aurions pas d'accord sur le prochain paquet financier et tout serait reportée à plus tard. Nous avons devant nous l'année 1999 pour conclure l'Agenda 2000. La volonté absolue de la France, c'est de conclure en mars. Je ne voudrais pas laisser répandre l'idée quà travers des délais sur l'Agenda 2000, on souhaiterait différer l'élargissement. Ce sont deux questions qui sont bien sûr liées, car la réussite de la négociation sur l'Agenda 2000 favorise l'élargissement, mais qui sont aussi distinctes. On peut très bien aller vers l'élargissement avec un éventuel retard sur l'Agenda 2000, qu'encore une fois je ne souhaite pas.

Q - Monsieur le Ministre, hier à Natolin, vous avez expliqué qu'il était prématuré de définir une date pour l'entrée des pays candidats dans l'Union, est-ce que vous avez rencontré une compréhension sur ce point de la part de vos interlocuteurs polonais ?

R - Ce point a été discuté avec chacun de mes interlocuteurs, avec le Premier ministre, avec le ministère des Affaires étrangères, avec le président de la Commission de l'intégration européenne, avec M. Kulakowski, et je crois que sur ce point il n'y a pas d'ambiguïté entre nous. Tout le monde a compris que nous étions favorables à la date que s'était fixée la Pologne comme objectif mobilisateur du 1er janvier 2003, mais aussi que nous estimons qu'il n'était pas forcément, y compris dans l'intérêt des Polonais, que l'Union elle-même se fixe une date butoir. Je pense que cette position a été comprise, vous pouvez interroger M. Kulakowski qui est à côté de moi. Pour nous, c'est l'adhésion le plus tôt possible, dès que possible, c'est-à-dire dès que c'est prêt. Si c'est prêt le 1er janvier 2003, nous ne pourrons mutuellement que nous en féliciter.

Q - Je voudrais savoir ce qui sera le plus difficile à mettre au point dans les réformes institutionnelles et budgétaires. Quelles sont les chances d'accord dici le 5 mars ?

R - Il faut comprendre que l'Agenda 2000 est un tout. A l'intérieur de cet ensemble, on peut distinguer trois éléments : le premier élément, c'est de savoir quel sera le cadre financier pour la réforme de l'Union européenne. Est-ce que nous souhaitons stabiliser la dépense ? En volume ? Ou bien est-ce que nous estimons que telle ou telle dépense est justifiée. A l'intérieur de cette enveloppe, il y a la PAC. Nous sommes prêts à faire des économies dans ce domaine. Et puis il y a les fonds structurels : faire en sorte qu'ils aident véritablement les régions les plus pauvres. Quel volume leur affecter ? Nous souhaitons une stabilisation des dépenses. Nous souhaitons une véritable réforme de la PAC avec des économies, mais sans le cofinancement parce que nous estimons que le cofinancement c'est le démantèlement de la politique commune. Nous voulons une réforme des fonds structurels pour que ceux-ci répondent véritablement à une logique de solidarité et répondent aux véritables besoins des régions les plus pauvres. Pour cela il faut que chacun fasse des efforts, que tout soit sur la table. Si chacun fait des efforts, on devrait y arriver.

Q - Monsieur le Ministre, hier vos agriculteurs ont démoli votre école, l'ENA. Pensez-vous qu'il y ait des ressemblances entre les manifestations des agriculteurs français et polonais ?
R - Les agriculteurs français ont compris depuis longtemps qu'il était plus efficace de manifester à Bruxelles que devant les grilles de nos préfectures. C'est un des grands bénéfices de la PAC ! Vos agriculteurs le découvriront aussi un jour ! Plus sérieusement, je pense que les agriculteurs polonais devraient emprunter aux agriculteurs français ce quils ont de mieux c'est-à-dire leur capacité à développer leur production, à se moderniser, à s'adapter, à bâtir une agriculture qui soit multifonctionnelle, qui soit favorable à l'environnement, qui maintienne l'emploi. Les manifestations ce n'est pas le meilleur produit que nous puissions exporter vers la Pologne !

Q - Est-ce que vous auriez un conseil à donner au gouvernement polonais sur la façon de négocier avec les agriculteurs ?

R - Je n'ai aucun conseil à donner au gouvernement polonais. Je peux juste vous dire que jai rencontré une équipe, des personnalités qui en France ont une grande réputation, M. Geremek, M. Kulakowski, M. Mazowiecki, M. Buzek, sont des figures historiques, amies de la France, une équipe sincèrement européenne, qui font son métier, connaît son travail. Je n'ai pas à m'ingérer dans la politique polonaise. Je connais également la situation de cohabitation qui existe en Pologne. Jai eu l'occasion de rencontrer le président Kwasniewki avec le président Chirac à Strasbourg en 1997. Je souhaite que tous les Polonais tirent ensemble, dans un seul sens, dans le sens de l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne. parce que c'est le sens de l'histoire. L'Union européenne attend la Pologne.

Q - Des discussions vont bientôt démarrer en Pologne sur un projet de loi sur la cinématographie qui tendra à introduire en Pologne un système proche du système français de financement du cinéma. Cela suscite certaines inquiétudes du côté des distributeurs américains. Pourriez-vous nous indiquer si le système français est celui de l'Union européenne ?

R - Je ne vais bien sûr pas me prononcer sur le projet de loi. Il est exact que le système original de financement du cinéma français nous a permis de conserver la principale, si ce n'est la seule, industrie cinématographique indépendante en Europe à un niveau conséquent. Il y a bien sûr des films anglais, italiens. Mais le cinéma français a réussi à relever la tête.
Il me semble qu'il y a là une source d'inspiration pour la Pologne, si elle le souhaite, et pour l'Europe toute entière.
Nous sommes des amis des Américains, nous sommes leurs alliés, nous admirons beaucoup leur dynamisme, nous admirons des pans entiers de leur culture. Personnellement j'aime beaucoup le cinéma américain mais je ne voudrais pas voir que des films américains. Jaime d'ailleurs aussi beaucoup les films polonais. Envisager des mécanismes qui permettent l'indépendance de la production cinématographique de chaque nation est donc une bonne idée mais je me garderais bien de me prononcer sur le projet de loi polonais.Nous en avons parlé avec M. Kulakowski ce matin. Je lai assuré du plein soutien de la France à la démarche de la Pologne dans le cadre de l'Union comme de l'OCDE.

Q - Monsieur le Ministre, vous n'êtes pas un peu étonné de en pas avoir rencontré ici à Varsovie un homologue polonais, ministre pour l'intégration européenne, un secrétaire d'Etat au Comité à l'intégration européenne ?

R - Jai constaté que ce matin M. Kulakowski a organisé une réunion où il y avait six vice-ministres autour de lui. Je suis modestement l'homologue de M. Kulakowski. Vous avez un négociation polonais qui a un rôle interministériel qui paraît correspondre à ce qui est nécessaire. La Pologne réglera elle-même ses problèmes de structures gouvernementales. Pour ce qui est des gouvernements de l'Union européenne et de la Commission, nous n'avons pas de problème à trouver un interlocuteur. Nous en avons un, il est à côté de moi./.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)