Déclaration de M. François Loos, ministre délégué à l'industrie, sur les bénéfices de l'industrie pétrolière, le développement des énergies de substitution au pétrole dont les biocarburants, Paris le 18 octobre 2006.

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Circonstance : Journées du pétrole à Paris le 18 octobre 2006

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord, je voudrais dire à quel point l'année 2006 a été faste pour l'industrie pétrolière et parapétrolière française.
La CGG a entrepris un rapprochement avec le groupe Veritas, grâce auquel il va devenir le numéro un mondial des services sismiques et des équipements géophysiques. Il rejoindra ainsi nos autres leaders mondiaux, nous en avons un certain nombre dans le secteur de l'énergie, ce qui est un signe de l'excellente santé de nos entreprises. Même si la taille ne protège pas de tous les maux, cette opération donne une capacité d'anticipation supplémentaire. Je souhaite donc toute réussite à cette opération.
L'année 2006 a également été une année de changements structurels avec le changement de statut de l'IFP, intervenu cet été, et le renouvellement du conseil d'administration. Le nouveau conseil doit d'ailleurs se réunir la semaine prochaine.
Nos entreprises parapétrolières ont également obtenu de nombreuses distinctions. Après l'attribution du Prix Nobel de chimie à M. Yves Chauvin en 2005 pour ses travaux au sein de l'IFP, je mentionnerai le prix attribué à Doris Engineering lors de la Conférence sur les Technologies de l'Offshore à Houston et celui décerné à la CGG par la Society of Exploration Geophysicists. Je ne peux malheureusement pas citer tous les lauréats. Ces distinctions sont le signe de l'excellence technique de notre secteur parapétrolier.
Enfin, l'industrie parapétrolière française a bénéficié d'un environnement économique particulièrement favorable du fait de la croissance soutenue des investissements dans l'exploration et dans la production, qui à l'échelle mondiale auront augmenté de 25% fin 2006 par rapport à 2005. Peu de secteurs ont la chance de connaître une telle croissance. Nous avons une politique pour le développement des moyennes entreprises en France, et nous souhaitons favoriser les petites entreprises à croissance rapide, les « gazelles ». Dans son ensemble, le secteur du pétrole connaît donc ces dernières années la croissance de nos gazelles !
Bien entendu, des problèmes demeurent. Il y a d'abord celui de la main d'uvre, de la main d'uvre qualifiée. Ce n'est pas spécifique au secteur du pétrole, les artisans connaissent cette difficulté, de même que les PME. J'ai lancé il y a un an une campagne de promotion des métiers de l'industrie et je me réjouis qu'elle ait été transportée dans les classes de troisième par le Ministère de l'Éducation Nationale. Il est important de faire connaître aux jeunes les métiers de l'industrie, et il est important que l'industrie du pétrole en particulier, compte tenu de ses perspectives de développement ait une stratégie dans ce domaine.
Le contexte international dans lequel vos entreprises évoluent est également tendu. Les risques géopolitiques sont élevés et exercent une pression à la hausse sur les prix du pétrole. L'attitude des pays producteurs concernant l'accès à leurs ressources est par ailleurs inquiétante pour le développement de la production à moyen terme. Dans certains pays, comme la Bolivie, on assiste même à des mesures de renationalisation Ce qui vous pousse à aller chercher le pétrole de plus en plus loin, dans des conditions techniques de plus en plus difficiles. J'entends parler de forages à plus de 6000 m de profondeur, de schistes bitumineux, qui au passage, nécessitent pour être extraits de consommer une quantité importante d'énergie, ce qui est difficilement conciliable avec la nécessité de réduire les émissions de CO2.
L'entrée dans l'ère du pétrole durablement cher et l'apparition de tensions autour de l'accès aux ressources nous conduit à renforcer notre politique énergétique selon trois axes :
- les économies d'énergie : nous avons réalisé 1,7% de baisse de l'intensité énergétique finale en 2005, ce qui nous rapproche de notre objectif de 2% par an à partir de 2015, niveau que nous avons atteint au lendemain des chocs pétroliers ; on dispose de nombreux moyens pour encore progresser, notamment les quotas de CO2, et notre industrie est particulièrement performante dans ce domaine ; mais il nous faut aussi porter nos efforts sur l'habitat et les transports, secteurs les moins performants ;
- la diversification de notre bouquet énergétique : la décision de relancer la construction de nouvelles centrales nucléaires a été prise, en application de la loi du 13 juillet 2005 ; les procédures pour l'installation d'un réacteur EPR à Flamanville sont en route ;
- la substitution des produits pétroliers : nous avons une politique ambitieuse en matière de biocarburants que j'avais présentée l'an passé. La loi du 13 juillet 2005 fixe pour objectif d'atteindre 5,75% d'incorporation en valeur énergétique dès 2008, 7 % en 2010 et 10 % en 2015, plus rapidement donc que les objectifs fixés au niveau européen.
Pour atteindre ces objectifs, de nouveaux agréments ont été attribués à l'issue du dernier appel à candidatures. Au total depuis mai 2005, 3,8 millions de tonnes d'agréments nouveaux ont été délivrés dont 2,8 millions de tonnes de biodiesel, 900 000 tonnes d'éthanol et 85 000 tonnes d'ETBE. Outre le développement des usines existantes, 21 usines nouvelles, dont 6 produisant de l'éthanol et 15 du biodiesel, seront construites dans 14 régions. L'investissement pour l'ensemble de ces projets est estimé à plus 1,2 milliard d'euros, le nombre d'emplois créés ou consolidés est estimé à plus de 20.000. Le développement des biocarburants en France est une politique d'emploi, d'aménagement du territoire et d'aide à l'agriculture.
Le développement des biocarburants, c'est également le développement du super ethanol, le E85. Sur la base du rapport que nous a remis Alain Prost, nous allons mobiliser l'ensemble des acteurs pour que la filière E85 devienne rapidement une réalité. Je suis d'ailleurs très heureux de voir la publicité qui entoure cette initiative et le soutien des entreprises pétrolières, qui communiquent aujourd'hui largement sur les biocarburants, à l'instar de Total au salon de l'automobile. Cette politique a bien entendu un coût budgétaire pour l'Etat, mais lorsque les prix du pétrole sont hauts, la compétitivité relative des biocarburants s'améliore et réduit ce coût. S'agissant du E85, nous avons décidé d'appliquer une détaxation sur la partie biocarburants, afin que le prix à la pompe soit incitatif.
Pour résumer, nous avons une politique vertueuse, de long terme, et nous mettons en uvre cette politique, conformément aux orientations de la loi du 13 juillet 2005. Les premières réalisations que j'ai évoquées témoignent de l'engagement du gouvernement à s'inscrire dans cette démarche vertueuse.
Nous portons également ces orientations dans notre discours international.
Nous insistons sur l'importance de la transparence et de la prévisibilité des marchés. Nous faisons des prévisions sur l'électricité en France, afin d'identifier les besoins en investissements dans la production, nous le faisons aussi à l'échelle de plusieurs pays européens, en tenant compte des échanges, c'est un exercice instructif. Conduire cet exercice au niveau international pour le pétrole et le gaz a son importance du fait de l'ampleur des investissements, et des retombées positives qu'il pourrait avoir sur les prix. L'AIE estime que les investissements requis d'ici à 2030 dans le seul secteur du pétrole sont de 2 300 milliards de dollars. L'AIE fait des prévisions, l'OPEP également, mais on peut progresser dans ce domaine.
J'ai également à plusieurs reprises insisté sur l'importance d'une publication plus fréquente des stocks pétroliers européens. On voit bien que les marchés réagissent aux statistiques du marché américain.
Nous insistons également sur l'importance d'un cadre juridique adapté pour les investissements. Il est important que le cadre juridique ne change pas en permanence. Il est par exemple frappant de voir que le cadre juridique en Russie n'est toujours pas défini. Le Parlement russe n'a pas encore adopté le projet de loi correspondant. En France, nous avons peu de ressources mais nous avons un code minier ancien et expérimenté.
Nous sommes également très moteurs dans le domaine de l'efficacité énergétique. La France est en pointe sur le protocole de Kyoto. La France n'étant responsable que de 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, agir seul ne suffit pas. Nous souhaitons donc faire partager cet objectif et nous faisons la promotion des instruments de flexibilité du protocole de Kyoto qui sont bons pour les pays développés, pour les pays en voie de développement, pour les entreprises et pour le climat.
Nous portons également ces orientations au niveau européen et nous souhaitons que l'Europe puisse les relayer dans le cadre de son action internationale. Nous constatons que le Commissaire européen à l'énergie négocie avec de nombreux pays des coopérations énergétiques, ce qui est une très bonne chose car l'Europe est légitime à parler d'une seule voix sur des sujets communs, mais nous sommes très attentifs à ce que les spécificités de chaque pays membre soient prises en compte. Les politiques énergétiques nationales au sein de l'Europe sont en effet très contrastées. La prise en compte de la dimension énergie dans les relations extérieures de l'Union européenne sera d'ailleurs au cur des discussions du conseil européen qui a lieu demain à Lahti (19-20 octobre).
Pour conclure, vous travaillez dans un secteur passionnant, et je vous en félicite.
Je voudrais aussi souligner que par votre recherche, par vos investissements, par vos engagements à l'international vous êtes aussi les acteurs d'une politique de l'énergie.
Je constate que les perspectives économiques pour 2007 et à moyen terme semblent excellentes et je vous souhaite à tous du succès dans vos affaires.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.industrie.gouv.fr, le 23 octobre 2006