Texte intégral
Q - Pour vous, la « délibération sociale » semble davantage correspondre à l'idée de dresser « un état des lieux » plutôt que de parvenir à un « diagnostic partagé ». Pouvez-vous préciser votre position ?
Jean-Claude Mailly : Parler de diagnostic partagé signifierait que nous allons trouver un accord. Ce serait postuler sur l'existence d'un consensus. Or ce n'est pas le cas. Les groupes de travail devront être contradictoires. Et l'on verra ensuite s'il sera possible de négocier. Chaque organisation va dire de quoi elle veut parler. Nous, par exemple, nous voulons absolument aborder les thèmes des parcours professionnels et des rapports entre donneur d'ordre et sous traitant. Et, s'agissant des contrats de travail, nous voulons discuter du CNE, de l'intérim, du contrat d'usage. Nous ferons un point sur le travail de ces groupes à la fin du premier trimestre 2007.
Q - Est-il possible d'imaginer une sorte de « donnant-donnant » : davantage de sécurité pour les personnes contre plus de flexibilité sur les postes de travail ?
Jean-Claude Mailly : Je ne veux pas entrer dans cette logique-là. Je me souviens de la négociation interprofessionnelle avortée de 2004 sur les restructurations. Nous étions prêts à échanger certaines souplesses contre la création d'un fonds de mutualisation pour les entreprises sous traitantes. Or la partie patronale n'en a jamais voulu. Et il n'est pas question d'accepter ce que Laurence Parisot appelle la "séparabilité" en matière de contrat de travail. Car nous refusons de passer du Code du travail au Code civil. Le salarié n'est pas l'égal de l'employeur, ou alors ce serait non pas une réforme mais une révolution.
Q - La CGT hésite à participer au processus de "délibération sociale". Votre organisation pourrait elle se retirer si la tournure des choses ne vous convient pas ?
Jean-Claude Mailly : FO ne s'interdit rien. Je tiens d'ailleurs à dire que je récuse le terme de délibération sociale qui contient trop de sous entendus. En revanche, je reprends volontiers l'expression désaccord constructif, également avancée par Laurence Parisot.
Q - Pensez-vous qu'en s'emparant du thème de la réforme du marché du travail, les partenaires sociaux vont accroître leur autonomie face au pouvoir politique qui ne pourra plus agir sans tenir compte de l'état d'avancement de vos travaux ?
Jean-Claude Mailly : Non. Pour moi il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Nous n'avons pas attendu la délibération sociale pour savoir nous saisir d'un dossier, parvenir à un accord et, ensuite, le faire reprendre dans une loi. Ce fut le cas, notamment, sur le droit individuel à la formation. La seule réelle nouveauté avec la délibération sociale, c'est que nous allons discuter en amont sans nécessairement négocier.
source http://www.force-ouvriere.fr, le 25 octobre 2006
Jean-Claude Mailly : Parler de diagnostic partagé signifierait que nous allons trouver un accord. Ce serait postuler sur l'existence d'un consensus. Or ce n'est pas le cas. Les groupes de travail devront être contradictoires. Et l'on verra ensuite s'il sera possible de négocier. Chaque organisation va dire de quoi elle veut parler. Nous, par exemple, nous voulons absolument aborder les thèmes des parcours professionnels et des rapports entre donneur d'ordre et sous traitant. Et, s'agissant des contrats de travail, nous voulons discuter du CNE, de l'intérim, du contrat d'usage. Nous ferons un point sur le travail de ces groupes à la fin du premier trimestre 2007.
Q - Est-il possible d'imaginer une sorte de « donnant-donnant » : davantage de sécurité pour les personnes contre plus de flexibilité sur les postes de travail ?
Jean-Claude Mailly : Je ne veux pas entrer dans cette logique-là. Je me souviens de la négociation interprofessionnelle avortée de 2004 sur les restructurations. Nous étions prêts à échanger certaines souplesses contre la création d'un fonds de mutualisation pour les entreprises sous traitantes. Or la partie patronale n'en a jamais voulu. Et il n'est pas question d'accepter ce que Laurence Parisot appelle la "séparabilité" en matière de contrat de travail. Car nous refusons de passer du Code du travail au Code civil. Le salarié n'est pas l'égal de l'employeur, ou alors ce serait non pas une réforme mais une révolution.
Q - La CGT hésite à participer au processus de "délibération sociale". Votre organisation pourrait elle se retirer si la tournure des choses ne vous convient pas ?
Jean-Claude Mailly : FO ne s'interdit rien. Je tiens d'ailleurs à dire que je récuse le terme de délibération sociale qui contient trop de sous entendus. En revanche, je reprends volontiers l'expression désaccord constructif, également avancée par Laurence Parisot.
Q - Pensez-vous qu'en s'emparant du thème de la réforme du marché du travail, les partenaires sociaux vont accroître leur autonomie face au pouvoir politique qui ne pourra plus agir sans tenir compte de l'état d'avancement de vos travaux ?
Jean-Claude Mailly : Non. Pour moi il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Nous n'avons pas attendu la délibération sociale pour savoir nous saisir d'un dossier, parvenir à un accord et, ensuite, le faire reprendre dans une loi. Ce fut le cas, notamment, sur le droit individuel à la formation. La seule réelle nouveauté avec la délibération sociale, c'est que nous allons discuter en amont sans nécessairement négocier.
source http://www.force-ouvriere.fr, le 25 octobre 2006