Texte intégral
Malgré les avertissements du Président de la République - parce que pour lui c'est grave - L. Jospin et vous, vous faites passer en force le projet sur la Corse. Pourquoi cette insistance et pourquoi ces risques peut-être pour vous mais aussi pour le pays ?
- "Le Parlement, ce n'est pas un coup de force. Nous avons passé le texte en Conseil des ministres hier et il a été accepté. Maintenant, c'est au Parlement de s'en saisir, il va le faire, il va en débattre. Je respecte le Parlement de la République. Il ne faut pas en avoir peur. Je considère que transmettre ce texte au Parlement, c'est un gage de sérieux et de démocratie."
Dans cinq ans, la finalité de ce que vous êtes en train de faire à gauche, est-ce que c'est la Corse française ou la Corse corse ?
- "C'est la Corse française. La Corse enracinée dans la République, apaisée parce qu'on aura su reconnaître ce qu'elle est - son identité, sa spécificité - et qu'on lui aura donné la chance qu'on n'a pas su lui donner hier. Parce que tout le monde invoque la République mais ce fut échecs sur échecs depuis 25 ans."
Vous vous rendez compte que vous mettez en route un processus qui va conduire ou ne plus exclure l'indépendance de la Corse ?
- "Mais pourquoi dites-vous cela ? Il n'est pas question d'indépendance dans le texte que je présente, pas plus que dans le texte qui pourrait venir en 2004."
On y va étape après étape.
- "Non, nous n'y allons pas, justement ! Il y a ceux qui disaient - y compris les républicains - : "maintenant en Corse, il faut leur donner leur indépendance." J'ai entendu cette thèse. Et puis, il y a ceux qui voulaient terroriser les terroristes ; ceux qui donnaient dans la répression et qui en même temps, manifestement, pratiquaient plutôt les arrangements inavouables clandestinement, ceux avec lesquels nous n'avons pas dialogué. Le processus de Matignon engagé par le Premier ministre se fait dans la totale transparence. Ce n'est pas dans "la combine", comme cela a été dit injustement hier."
Le mot vous a blessé ? Que l'on ai dit à l'Elysée que vous meniez "une gestion de combine" ?
- "Cela n'est pas la vérité, vous le savez bien. C'est tout le contraire. Ceux qui ont pratiqué la combine dans le passé n'ont pas permis à la Corse de s'enraciner dans la République, de s'apaiser et de se développer. Nous, c'est ce que nous cherchons à faire dans la transparence avec les élus du suffrage universel. De surcroît, puis-je vous rappeler ici que la majorité des élus en Corse sont de droite et qu'ils sont d'accord avec le texte que nous proposons."
Quand L. Jospin s'en prend comme hier à des ministres de l'Intérieur de droite et à un Premier ministre, il pense à qui ?
- "D'abord, comme il l'a dit, ils sont de droite. On sait très bien ceux qui ont été aux responsabilités et notamment au ministère de l'Intérieur. On ne va pas donner des noms en pâture. C'est le passé. C'est vraiment le passé."
Mais vous voulez la transparence, il faut que ce soit clair.
- "Les choses sont claires. Les conférences de presse tenues clandestinement en Corse, avec plus ou moins l'aval des gouvernants de l'époque, ne se faisaient effectivement pas dans la transparence. C'était plutôt des arrangements - comme je le disais tout à l'heure - inavouables. Ce n'est pas notre méthode. Nous voulons une Corse à qui on donne sa chance. Je n'aime pas trop tous ceux qui ricanent et méprisent les Corses."
Vous les aimez ?
- "La Corse doit aussi être respectée et responsabilisée à travers ses élus. Le mot "responsabilité" est déterminant dans cette affaire."
Vous parlez du Parlement : Vous comptez - à gauche aussi - sur les élus du Parlement pour corriger au mois de mai, lors du débat, votre projet de loi. Sur quoi vous voudriez ou accepteriez qu'il le corrige ?
- "D'abord j'espère qu'ils n'ont pas à le corriger."
"L'amender", comme dit M. Chirac.
- "Ce texte est conforme à la Constitution. Par ailleurs, il est fidèle au relevé de conclusions de Matignon. Je pense que c'est un texte équilibré qui pourra s'appliquer parce qu'il faut que le droit en Corse mais un droit applicable. J'ai donc confiance dans le Parlement et je puis vous dire que la majorité d'une part, et bien au-delà de la majorité, va soutenir ce texte. Mais il peut, le cas échéant, l'amender. C'est bien le rôle du Parlement."
L'article sur la langue corse, est-ce qu'il peut être supprimé de la loi ?
- "Je ne le souhaite évidemment pas parce qu'il fait partie d'un tout. De surcroît, cette question de la langue corse dont on nous parle beaucoup est sans doute la chose qui pose le moins de problème en Corse. C'est la quasi- unanimité."
Mais c'est celle qui peut vous amener devant le Conseil constitutionnel.
- "Si des parlementaires, après que le Parlement ai travaillé et voté le texte, veulent le déférer au Conseil constitutionnel, c'est leur droit. Je fais confiance au Conseil constitutionnel pour faire son travail de vérification. Mais je ne suis pas inquiet."
Le Gouvernement serait-il prêt, en cas du refus du Conseil constitutionnel, s'il y a un recours, à proposer un autre projet ou alors à renoncer ?
- "Je n'en suis pas là. Je ne veux pas préjuger de cela et de surcroît, j'ai confiance."
Est-ce que vous avez dans vos tiroirs un autre texte ?
- "Nous n'avons pas d'autre texte pour remplacer celui que je présente au Parlement début mai. En revanche, vous savez très bien que dans le processus, il est envisagé à partir de 2004 qu'il y ait un autre texte qui demanderait une révision constitutionnelle. D'où peut-être la confusion sur la constitutionnalité des textes. Mais de celui-là, je n'ai pas à en parler aujourd'hui, je n'ai pas à travailler dessus. C'est une étape ultérieure."
Vous pourriez renoncer ?
- "Non, je crois qu'il ne faut pas renoncer à ce que la Corse soit apaisée et enracinée dans la République."
Le Premier ministre, votre ami Lionel, est entré en campagne municipale à Toulon, Avignon, Nîmes. Il va se rendre dans quatorze villes en quelques jours jusqu'au 9 mars. Pourquoi s'engage-t-il personnellement à fond ?
- "C'est comme tous les Premiers ministres, ils sont aux responsabilités et ils font leur travail et L. Jospin le fait bien. Néanmoins, il est sollicité pour aller soutenir des candidats. C'est un homme politique, c'est un responsable politique et il le fait normalement, directement sur le terrain aux côtés des amis qui le sollicitent, que ce soient des socialistes, des communistes ou des Verts."
A Avignon, M. Jospin a dit : "Moi, je n'envoie pas ma femme." On pourrait aussi lui dire que c'est dommage... Vous croyez que c'est un argument de bon goût ?
- "C'est un propos de campagne. Je vois bien ce à quoi il faisait allusion. Mais il y a une différence entre Mme Jospin et Mme Chirac : Mme Jospin n'est pas élue alors que Mme Chirac est conseillère générale de Corrèze."
Alors ce n'est pas la peine de le dire. On raconte que dans votre arrondissement, le 18ème, la peur est en train de gagner les socialistes depuis que M. Séguin est désormais tête de liste - mais pourquoi riez-vous ?
- "Je n'ai pas ce sentiment."
Mais là vous l'avez contre vous, face à vous.
- "Non justement. J'ai appris que M. Séguin ne voulait plus que Mme Decorte dirige sa liste - la liste sur laquelle il figurait. Maintenant il a décidé de la remplacer par lui-même. Je ne crois pas qu'il soit candidat à la mairie du 18ème. C'est toute la différence avec moi. Avec nous c'est clair : je suis candidat à la mairie du 18ème parce que je suis tête de liste dans le 18ème. B. Delanoë sera deuxième sur ma liste et candidat à la mairie de Paris. Quant à la droite, je ne sais même plus qui fait quoi dans le 18ème."
M. Séguin veut la mairie de Paris, il ne veut pas la mairie du 18ème.
- "Je sais que le 18ème arrondissement ne l'intéresse pas beaucoup. Mais les gens du 18ème arrondissement l'ont parfaitement compris."
Un maire de gauche pour Paris, qu'est-ce que cela signifie pour la gauche ?
- "C'est beaucoup de responsabilités, c'est une remise à plat bien évidemment ; c'est faire en sorte que Paris redevienne la plus belle ville du monde parce qu'aujourd'hui il y a trop d'inégalités entre les arrondissements ; il y a deux mondes dans Paris. Je crois qu'avec B. Delanoë, autour de lui, il nous faudra harmoniser et rendre un Paris plus cohérent sur le plan social, plus harmonieux, avec une meilleure qualité de vie. C'est un immense travail qui nous attend si nous gagnons, ce qui n'est pas fait. Mais quel beau challenge !"
Vous ne dites pas que c'est un point d'appui, un symbole, une arme de dissuasion. C'est tout ça aussi ?
- "Il est clair que si l'alternance arrive à Paris parce que les Parisiens l'auront voulu, il est évident que c'est un formidable challenge, une formidable responsabilité mais aussi quelle chance."
Les réfugiés kurdes ont des sauf-conduits pour huit jours. Est-ce un sursis avant d'être intégrés ou vidés ?
- "Je ne puis en préjuger. J'ai pris la seule voie possible, celle qui permet individuellement à ces femmes et ces hommes de faire une demande d'asile auprès de l'Ofpra. C'est l'organisme habilité à dire oui ou non."
Cela veut dire qu'ils n'auront pas tous forcément le statut de réfugiés politiques ?
- "Tout à fait. Cela dépendra de l'examen au cas par cas de l'Ofpra. En fonction de cela, ils ont des capacités de recours s'ils n'obtenaient pas satisfaction. S'ils obtiennent satisfaction, à ce moment-là, ils auront un statut de réfugiés. Pour l'instant le Gouvernement et moi avons pris la décision de leur permettre - comme tout le monde le souhaitait - de faire cette demande en totale liberté."
Il y a eu quelques hésitations. On n'a pas le temps d'en parler. Je veux savoir pour la suite : si les cousins, les voisins, les copains des 912 Kurdes arrivent à leur tour en France, est-ce qu'ils auront le même accueil ?
- "Il est clair qu'il y a un problème posé par l'immigration clandestine. Il faut combattre les filières, arrêter et sanctionner les passeurs. La France, comme d'autres pays d'Europe - j'avais mon collègue britannique au téléphone hier soir - ne peuvent envisager d'accueillir tous ceux qui, à juste titre ou qui veulent immigrer pour des raisons économiques dans notre pays ou dans nos pays. Il est clair qu'il ne peut pas y avoir un appel d'air à l'immigration clandestine. Il y a une immigration régulière par la porte. Elle est possible en France de manière maîtrisée mais nous continuerons à lutter avec efficacité grâce à la police aux frontières contre l'immigration clandestine et les filières."
M. Pasqua dit que c'est une erreur monumentale, démagogique et irresponsable d'accorder le statut de réfugiés politiques parce que cela va créer cet "appel d'air" dont vous parlez.
- "M. Pasqua a peu l'habitude des propos maîtrisés et une fois de plus, il le démontre."
Attention à ce que cela ne soit pas une réalité.
"On essaye de travailler de manière équilibrée, dans le respect des textes - notamment de la Convention de Genève -, dans le respect de nos textes législatifs et aussi avec humanité. C'est le sens de ce que nous avons fait pour ces 908 personnes."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 23 février 2001)
- "Le Parlement, ce n'est pas un coup de force. Nous avons passé le texte en Conseil des ministres hier et il a été accepté. Maintenant, c'est au Parlement de s'en saisir, il va le faire, il va en débattre. Je respecte le Parlement de la République. Il ne faut pas en avoir peur. Je considère que transmettre ce texte au Parlement, c'est un gage de sérieux et de démocratie."
Dans cinq ans, la finalité de ce que vous êtes en train de faire à gauche, est-ce que c'est la Corse française ou la Corse corse ?
- "C'est la Corse française. La Corse enracinée dans la République, apaisée parce qu'on aura su reconnaître ce qu'elle est - son identité, sa spécificité - et qu'on lui aura donné la chance qu'on n'a pas su lui donner hier. Parce que tout le monde invoque la République mais ce fut échecs sur échecs depuis 25 ans."
Vous vous rendez compte que vous mettez en route un processus qui va conduire ou ne plus exclure l'indépendance de la Corse ?
- "Mais pourquoi dites-vous cela ? Il n'est pas question d'indépendance dans le texte que je présente, pas plus que dans le texte qui pourrait venir en 2004."
On y va étape après étape.
- "Non, nous n'y allons pas, justement ! Il y a ceux qui disaient - y compris les républicains - : "maintenant en Corse, il faut leur donner leur indépendance." J'ai entendu cette thèse. Et puis, il y a ceux qui voulaient terroriser les terroristes ; ceux qui donnaient dans la répression et qui en même temps, manifestement, pratiquaient plutôt les arrangements inavouables clandestinement, ceux avec lesquels nous n'avons pas dialogué. Le processus de Matignon engagé par le Premier ministre se fait dans la totale transparence. Ce n'est pas dans "la combine", comme cela a été dit injustement hier."
Le mot vous a blessé ? Que l'on ai dit à l'Elysée que vous meniez "une gestion de combine" ?
- "Cela n'est pas la vérité, vous le savez bien. C'est tout le contraire. Ceux qui ont pratiqué la combine dans le passé n'ont pas permis à la Corse de s'enraciner dans la République, de s'apaiser et de se développer. Nous, c'est ce que nous cherchons à faire dans la transparence avec les élus du suffrage universel. De surcroît, puis-je vous rappeler ici que la majorité des élus en Corse sont de droite et qu'ils sont d'accord avec le texte que nous proposons."
Quand L. Jospin s'en prend comme hier à des ministres de l'Intérieur de droite et à un Premier ministre, il pense à qui ?
- "D'abord, comme il l'a dit, ils sont de droite. On sait très bien ceux qui ont été aux responsabilités et notamment au ministère de l'Intérieur. On ne va pas donner des noms en pâture. C'est le passé. C'est vraiment le passé."
Mais vous voulez la transparence, il faut que ce soit clair.
- "Les choses sont claires. Les conférences de presse tenues clandestinement en Corse, avec plus ou moins l'aval des gouvernants de l'époque, ne se faisaient effectivement pas dans la transparence. C'était plutôt des arrangements - comme je le disais tout à l'heure - inavouables. Ce n'est pas notre méthode. Nous voulons une Corse à qui on donne sa chance. Je n'aime pas trop tous ceux qui ricanent et méprisent les Corses."
Vous les aimez ?
- "La Corse doit aussi être respectée et responsabilisée à travers ses élus. Le mot "responsabilité" est déterminant dans cette affaire."
Vous parlez du Parlement : Vous comptez - à gauche aussi - sur les élus du Parlement pour corriger au mois de mai, lors du débat, votre projet de loi. Sur quoi vous voudriez ou accepteriez qu'il le corrige ?
- "D'abord j'espère qu'ils n'ont pas à le corriger."
"L'amender", comme dit M. Chirac.
- "Ce texte est conforme à la Constitution. Par ailleurs, il est fidèle au relevé de conclusions de Matignon. Je pense que c'est un texte équilibré qui pourra s'appliquer parce qu'il faut que le droit en Corse mais un droit applicable. J'ai donc confiance dans le Parlement et je puis vous dire que la majorité d'une part, et bien au-delà de la majorité, va soutenir ce texte. Mais il peut, le cas échéant, l'amender. C'est bien le rôle du Parlement."
L'article sur la langue corse, est-ce qu'il peut être supprimé de la loi ?
- "Je ne le souhaite évidemment pas parce qu'il fait partie d'un tout. De surcroît, cette question de la langue corse dont on nous parle beaucoup est sans doute la chose qui pose le moins de problème en Corse. C'est la quasi- unanimité."
Mais c'est celle qui peut vous amener devant le Conseil constitutionnel.
- "Si des parlementaires, après que le Parlement ai travaillé et voté le texte, veulent le déférer au Conseil constitutionnel, c'est leur droit. Je fais confiance au Conseil constitutionnel pour faire son travail de vérification. Mais je ne suis pas inquiet."
Le Gouvernement serait-il prêt, en cas du refus du Conseil constitutionnel, s'il y a un recours, à proposer un autre projet ou alors à renoncer ?
- "Je n'en suis pas là. Je ne veux pas préjuger de cela et de surcroît, j'ai confiance."
Est-ce que vous avez dans vos tiroirs un autre texte ?
- "Nous n'avons pas d'autre texte pour remplacer celui que je présente au Parlement début mai. En revanche, vous savez très bien que dans le processus, il est envisagé à partir de 2004 qu'il y ait un autre texte qui demanderait une révision constitutionnelle. D'où peut-être la confusion sur la constitutionnalité des textes. Mais de celui-là, je n'ai pas à en parler aujourd'hui, je n'ai pas à travailler dessus. C'est une étape ultérieure."
Vous pourriez renoncer ?
- "Non, je crois qu'il ne faut pas renoncer à ce que la Corse soit apaisée et enracinée dans la République."
Le Premier ministre, votre ami Lionel, est entré en campagne municipale à Toulon, Avignon, Nîmes. Il va se rendre dans quatorze villes en quelques jours jusqu'au 9 mars. Pourquoi s'engage-t-il personnellement à fond ?
- "C'est comme tous les Premiers ministres, ils sont aux responsabilités et ils font leur travail et L. Jospin le fait bien. Néanmoins, il est sollicité pour aller soutenir des candidats. C'est un homme politique, c'est un responsable politique et il le fait normalement, directement sur le terrain aux côtés des amis qui le sollicitent, que ce soient des socialistes, des communistes ou des Verts."
A Avignon, M. Jospin a dit : "Moi, je n'envoie pas ma femme." On pourrait aussi lui dire que c'est dommage... Vous croyez que c'est un argument de bon goût ?
- "C'est un propos de campagne. Je vois bien ce à quoi il faisait allusion. Mais il y a une différence entre Mme Jospin et Mme Chirac : Mme Jospin n'est pas élue alors que Mme Chirac est conseillère générale de Corrèze."
Alors ce n'est pas la peine de le dire. On raconte que dans votre arrondissement, le 18ème, la peur est en train de gagner les socialistes depuis que M. Séguin est désormais tête de liste - mais pourquoi riez-vous ?
- "Je n'ai pas ce sentiment."
Mais là vous l'avez contre vous, face à vous.
- "Non justement. J'ai appris que M. Séguin ne voulait plus que Mme Decorte dirige sa liste - la liste sur laquelle il figurait. Maintenant il a décidé de la remplacer par lui-même. Je ne crois pas qu'il soit candidat à la mairie du 18ème. C'est toute la différence avec moi. Avec nous c'est clair : je suis candidat à la mairie du 18ème parce que je suis tête de liste dans le 18ème. B. Delanoë sera deuxième sur ma liste et candidat à la mairie de Paris. Quant à la droite, je ne sais même plus qui fait quoi dans le 18ème."
M. Séguin veut la mairie de Paris, il ne veut pas la mairie du 18ème.
- "Je sais que le 18ème arrondissement ne l'intéresse pas beaucoup. Mais les gens du 18ème arrondissement l'ont parfaitement compris."
Un maire de gauche pour Paris, qu'est-ce que cela signifie pour la gauche ?
- "C'est beaucoup de responsabilités, c'est une remise à plat bien évidemment ; c'est faire en sorte que Paris redevienne la plus belle ville du monde parce qu'aujourd'hui il y a trop d'inégalités entre les arrondissements ; il y a deux mondes dans Paris. Je crois qu'avec B. Delanoë, autour de lui, il nous faudra harmoniser et rendre un Paris plus cohérent sur le plan social, plus harmonieux, avec une meilleure qualité de vie. C'est un immense travail qui nous attend si nous gagnons, ce qui n'est pas fait. Mais quel beau challenge !"
Vous ne dites pas que c'est un point d'appui, un symbole, une arme de dissuasion. C'est tout ça aussi ?
- "Il est clair que si l'alternance arrive à Paris parce que les Parisiens l'auront voulu, il est évident que c'est un formidable challenge, une formidable responsabilité mais aussi quelle chance."
Les réfugiés kurdes ont des sauf-conduits pour huit jours. Est-ce un sursis avant d'être intégrés ou vidés ?
- "Je ne puis en préjuger. J'ai pris la seule voie possible, celle qui permet individuellement à ces femmes et ces hommes de faire une demande d'asile auprès de l'Ofpra. C'est l'organisme habilité à dire oui ou non."
Cela veut dire qu'ils n'auront pas tous forcément le statut de réfugiés politiques ?
- "Tout à fait. Cela dépendra de l'examen au cas par cas de l'Ofpra. En fonction de cela, ils ont des capacités de recours s'ils n'obtenaient pas satisfaction. S'ils obtiennent satisfaction, à ce moment-là, ils auront un statut de réfugiés. Pour l'instant le Gouvernement et moi avons pris la décision de leur permettre - comme tout le monde le souhaitait - de faire cette demande en totale liberté."
Il y a eu quelques hésitations. On n'a pas le temps d'en parler. Je veux savoir pour la suite : si les cousins, les voisins, les copains des 912 Kurdes arrivent à leur tour en France, est-ce qu'ils auront le même accueil ?
- "Il est clair qu'il y a un problème posé par l'immigration clandestine. Il faut combattre les filières, arrêter et sanctionner les passeurs. La France, comme d'autres pays d'Europe - j'avais mon collègue britannique au téléphone hier soir - ne peuvent envisager d'accueillir tous ceux qui, à juste titre ou qui veulent immigrer pour des raisons économiques dans notre pays ou dans nos pays. Il est clair qu'il ne peut pas y avoir un appel d'air à l'immigration clandestine. Il y a une immigration régulière par la porte. Elle est possible en France de manière maîtrisée mais nous continuerons à lutter avec efficacité grâce à la police aux frontières contre l'immigration clandestine et les filières."
M. Pasqua dit que c'est une erreur monumentale, démagogique et irresponsable d'accorder le statut de réfugiés politiques parce que cela va créer cet "appel d'air" dont vous parlez.
- "M. Pasqua a peu l'habitude des propos maîtrisés et une fois de plus, il le démontre."
Attention à ce que cela ne soit pas une réalité.
"On essaye de travailler de manière équilibrée, dans le respect des textes - notamment de la Convention de Genève -, dans le respect de nos textes législatifs et aussi avec humanité. C'est le sens de ce que nous avons fait pour ces 908 personnes."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 23 février 2001)