Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur la promotion touristique de l'Outre-mer et plus particulièrement de la Guyane, au Centre commercial Val d'Europe (Marne la Vallée) le 19 octobre 2006.

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Circonstance : Inauguration de la manifestation : « L'Outre-mer, Couleurs de la Guyane » au Centre commercial Val d'Europe (Marne la Vallée) le 19 octobre 2006

Texte intégral

Monsieur le Sous-Préfet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs, Chers Ami(e)s,
C'est une grande satisfaction pour moi de pouvoir inaugurer cette manifestation de promotion de l'image de notre Outre-mer, intitulée « l'Outre-mer, Couleurs de la Guyane », imaginée et organisée par les forces vives du mouvement associatif ultramarin en Île de France, en partenariat avec les responsables du Centre commercial Val d'Europe qui nous accueille dans ses espaces conviviaux et chaleureux.

Si j'ai souhaité être parmi vous aujourd'hui, à l'invitation de mon ami Georges AURORE, Président de l'AMEDOM, l'Association Métropolitaine des Elus Originaires d'Outre-mer, c'est bien sûr en qualité de Ministre délégué au Tourisme mais aussi, et peut-être surtout, en tant qu'originaire moi-même de l'Outre-mer, en tant que guyanais.

Je tiens à le remercier pour cette amicale attention et j'associe, bien-sûr, à ces remerciements, Madame Marie-Claude PATERNE, Présidente de l'ACRAG, l'Association Culturelle des Ressortissants Antillo-guyanais et Madame Henriette SEBELOUE, Présidente de l'UGAG, l'Union des Guyanais et Amis de la Guyane.

Cette manifestation a, je crois, été conçue comme un moment de rencontre et de partage entre un public, les nombreux visiteurs du Centre commercial du Val d'Europe, et des cultures, des paysages, des modes de vie, une mémoire, qui donnent à la France d'aujourd'hui toute sa palette de richesses et de diversité.

Organisée avec le concours de GAÏA Environnement - je salue la présence de Patrick et Philippe BOGDAN, Josué SAINT-PIERRE et de Jean-Claude BEAUJOUR - cette opération s'inscrit également dans le temps du 21ème siècle, qui place la préservation de la nature et de la biodiversité au coeur de la problématique du développement de l'activité humaine.

Plus que jamais, de tels moments sont nécessaires pour nous permettre de faire ou de refaire connaissance avec nous-mêmes, français de toutes origines, habitants tous, à parité, du « village planétaire ».

L'exposition qui a été préparée pour nous par les organisateurs de cet événement doit nous permettre de cheminer autour de ces deux idées :

- la France dans toute la richesse de son patrimoine historique et culturel et toute la diversité des hommes et des femmes qui l'incarne ;

- la France riche de ses terroirs, de ses paysages, de sa nature qu'il faut préserver.
L'outre-mer est pour la France, sous ces deux éclairages, un véritable laboratoire et, vous me pardonnerez ce chauvinisme, la Guyane plus que toute autre région, au sein de cet Outre-mer.
Dans mes fonctions ministérielles, dès mon arrivée, j'ai pu constater la faible visibilité qui était donnée à l'Outre-mer au titre de la promotion de nos destinations touristiques et je me suis très rapidement attaché à y remédier.
Avec Maison de la France, l'organisme dédié à la promotion touristique de notre territoire, nous avons crée le concept de « France des trois océans ».
Ce concept parle de lui même et montre bien l'étendue de notre potentiel de mise en relation avec le monde, avec les peuples, avec les cultures, tout notre potentiel de rayonnement et de communication avec les autres.

Tout ces possibles, la France les tient de son Outre-mer.

Au travers de la Guyane, la France rayonne sur l'Amérique du Sud dont elle fait partie, car contrairement à ce que beaucoup croient, ce n'est pas une île mais bel et bien une partie du nord-ouest du continent sud-américain.

La Guyane, c'est un territoire d'environ 90.000 km², la superficie du Portugal ou du cinquième de la France, qui marque l'extrémité ouest de l'Amazonie et qui, avec ses 7,5 millions d'hectares de forêt dense, constitue le plus grand massif forestier de la France et de l'Europe.

Il s'agit bien évidemment d'une forêt tropicale humide, d'une forêt primaire, véritable creuset de biodiversité, de faune et de flore, qui recèle encore bien des mystères et fait le bonheur des chercheurs qui travaillent à isoler de nouvelles molécules ou à découvrir de nouvelles espèces.

La Guyane c'est aussi le siège d'un secteur de pointe de la technologie européenne avec son port spatial d'où partent les fusées Arianes et bientôt Soyouz et Véga.

En effet, situé à 5° nord de l'équateur, la Guyane jouit d'une situation exceptionnelle et stratégique pour la mise en orbite des satellites géostationnaires de télécommunication.

La Guyane, c'est bientôt une véritable destination touristique et je suis particulièrement vigilant pour débarrasser cette belle région de toutes les idées reçues qui ont altéré son image par le passé et qui encombrent encore trop souvent notre inconscient collectif : les mygales, les serpents venimeux, la moiteur insupportable, l'esclavage, le bagne.

Peut-être tout simplement la peur d'un « inconnu » lointain et inaccessible.

N'est-ce pas aujourd'hui ce qui fait le sel d'une destination touristique ?

L'éco-tourisme n'a-t-il pas vocation à permettre une immersion totale dans un environnement authentique ?

La Guyane offre tout cela et je souhaite que ce qui vous sera montré ici et les quelques mots que j'ai prononcé devant vous, cet après-midi, vous convainque de venir vous rendre compte, sur place, par vous-même, de la réalité de ce territoire, à seulement 7.000 km ou 8 heures d'avion de Paris.

Je vous disais, au début de mon propos, faire ou refaire connaissance avec nous-mêmes grâce à cette rencontre, dans toute notre diversité.

Nous voyons bien, ici, même si nous sommes déjà à 25 km de Paris, dans une ville nouvelle et non plus à proprement parler en banlieue, que nous ne vivons pas toujours en totale harmonie.

Notre société est parfois, comme en novembre dernier, prise d'une fièvre ravageuse et nous tentons d'en trouver les causes pour pouvoir y remédier.
Parmi les causes de ce mal-être que l'on a pu repérer au cours de ce passé récent, il en est deux sur lesquelles je voudrais m'appuyer pour montrer là encore, le rôle éminent que peut jouer l'outre-mer et les ultra-marins au sein de notre société.

Ce sont l'identité nationale et la mémoire collective.

Qu'est-ce qu'aujourd'hui que l'identité française ?

A coup sûr ce n'est plus une identité mono-ethnique, pour ne pas dire blanche, ni une identité mono-culturelle.

Là encore, l'outre-mer peut être considéré comme un laboratoire, puisque historiquement, ce sont des terres de conquête, d'immigration et de métissage.

En Guyane, les amérindiens vivent aux côtés des noirs-marrons issus des esclaves évadés des plantations hollandaises du Surinam, des créoles, des chinois, des mhongs, réfugiés du laos et installés dans les années soixante-dix, des brésiliens, des haïtiens etc.

Je parle là de l'origine géographique ou culturelle de tous ces gens car sur le plan de la nationalité, ce sont, au moins pour de nombreux jeunes, des français comme vous et moi.

Chacun vient à la citoyenneté avec son héritage génétique et culturel et j'aimerais vous dire, au nom de mes amis des associations d'originaires de l'outre-mer, tout l'intérêt que je ressens à une manifestation comme celle-ci, pour aider nos concitoyens à nous découvrir et à nous rencontrer comme leurs compatriotes, leurs semblables.
Trop souvent, en effet, de par la couleur de la peau, un accent ou une façon de prendre la vie, en dépit de leurs qualités intrinsèques, de leurs parcours personnel et professionnel éminents, les originaires d'outre-mer sont confrontés aux discriminations.

Ce sont les frustrations qui fabriquent les révoltes et donc toujours urgent que nous fassions mieux connaissance.

Il est aussi toujours impératif que nous nous souvenions qu'au titre des grand acteurs de notre histoire contemporaine, l'outre-mer n'est pas en reste dans sa contribution à la nation et particulièrement la Guyane qui a donné deux grandes figures de l'après-guerre : Félix EBOUE et Gaston MONNERVILLE.

Je forme donc le voeu que cette exposition nous permette d'offrir, aux nombreux visiteurs qui ne manqueront pas de s'y arrêter, un message d'amitié et de convivialité, au nom de tout ce qui nous rapproche.
Je vous remercie.
source http://www.tourisme.gouv.fr, le 6 novembre 2006