Point de presse conjoint de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, et de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les relations bilatérales franco-polonaises et les questions européennes, liées à l'élargissement de l'espace Schengen et de l'Union européenne à la Bulgarie et à la Roumanie, Varsovie le 3 novembre 2006.

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Circonstance : Voyage de Ph. Douste-Blazy et de Catherine Colonna en Pologne : point de presse conjoint à l'aéroport de Varsovie le 3 novembre 2006

Texte intégral

Mesdames, Messieurs, nous sommes venus, avec Catherine Colonna, à Varsovie aujourd'hui et permettez-moi de vous dire combien nous sommes heureux de vous voir.
Avant de commencer à faire le point de notre visite bilatérale, je voudrais réagir à l'arrestation du ministre du Logement et des Travaux publics du gouvernement palestinien par l'armée israélienne à Ramallah. Je voudrais dire que je condamne l'arrestation de personnels politiques palestiniens.
Je suis également préoccupé par la poursuite de l'intervention israélienne dans le nord de la bande de Gaza. J'appelle toutes les parties à la retenue et surtout à éviter toute escalade dans la violence. Cette situation rend plus nécessaire encore la reprise du processus de paix que nous appelons de nos voeux et, en particulier, la conférence internationale que le président de la République, Jacques Chirac, a appelée de ses voeux récemment.
Enfin, je voulais aussi me réjouir de la libération du photographe italien enlevé en Afghanistan le 12 octobre. Je me réjouis de cette libération, ce matin même, parce que la liberté de la presse fait partie de ces valeurs qui peuvent être défendues par tous les pays du monde.
Nous avons été reçus pour une réunion bilatérale lors d'un déjeuner de travail avec Mme la ministre des Affaires étrangères, Anna Fotyga. Nous avons ensuite rencontré le Premier ministre, puis le président de la République. Ces rencontres se sont tenues dans le cadre du renforcement des relations entre la Pologne et la France. Nous nous rencontrons régulièrement, que ce soit à Bruxelles, à Paris ou à Varsovie. Nous entretenons aussi une relation trilatérale, comme vous le savez, avec l'Allemagne dans le cadre du Triangle de Weimar. Une rencontre est d'ailleurs prévue prochainement en Sarre.
Les relations franco-polonaises et franco-germano-polonaises sont vraiment pour nous des partenariats fondamentaux, au sein de l'Union européenne élargie, pour garantir à la fois la cohésion mais aussi la poursuite de l'intégration politique et de la construction européenne.
Nous avons abordé aujourd'hui notre relation bilatérale. J'ai fait part à mon homologue de l'importance de voir bientôt aboutir ce projet de baccalauréat commun et de diplômes reconnus dans nos deux pays. Je souhaite que, sur le plan de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche, nous continuions à travailler ensemble. Nous espérons que plusieurs accords pourront être signés au cours des mois qui viennent. Je viens de parler du baccalauréat franco-polonais, je pourrais également parler de la reconnaissance mutuelle des diplômes universitaires et, surtout, de coopération scientifique.
Nous avons passé en revue nos relations économiques et commerciales. J'ai fait part à mon homologue du fait que nous construisons des Airbus, au niveau européen, et que la compagnie Lot va être amenée à renouveler ses avions. Il y a des longs courriers américains et il peut y avoir aussi des moyens courriers, comme l'A320, par exemple, construit à Toulouse et qui est le meilleur des avions comme chacun le sait.
Nous avons également parlé d'énergie. D'abord dans le cadre des relations entre l'Union européenne et la Russie, et puis aussi parce que nous avons la chance, en France, d'avoir un des fleurons technologiques de l'énergie nucléaire civile avec la société Areva. Le Premier ministre, comme le président et mon homologue, ont accepté l'idée de recevoir très prochainement une équipe française. Vous savez qu'un séminaire franco-polonais sera consacré à l'énergie, à Varsovie dès la fin de l'année. Il nous permettra d'insister ensemble sur la nécessité d'une véritable politique européenne de l'énergie, qui garantisse à la fois la sécurité d'approvisionnement mais aussi la compétitivité de nos économies.
Nous avons aussi traité des questions européennes : les institutions - Catherine Colonna a beaucoup parlé de ce sujet -, l'élargissement de l'Union, l'intégration européenne, l'espace Schengen.
Nous souhaitons l'intégration de la Pologne dans l'espace Schengen lorsque les difficultés techniques seront résolues. L'attribution du siège de Frontex à la Pologne a montré toute l'importance que l'Europe attache à la protection de toutes ses frontières extérieures. Il faut construire en Europe un espace de sécurité qui respecte pleinement nos valeurs européennes et qui permette aussi de combattre avec fermeté la criminalité organisée.
Nous avons examiné les principaux enjeux de le politique européenne de voisinage en évoquant l'Ukraine, par exemple, ou la Russie. Nous avons enfin constaté nos convergences sur les grands thèmes de la politique européenne de sécurité et de défense. Je souhaite d'ailleurs saluer l'engagement fort de la Pologne en République démocratique du Congo ou au Liban, où nous avons observé avec satisfaction l'implication de la Pologne dans ces deux régions.
J'ai également pu m'entretenir du grand projet UNITAID de financement innovant de la lutte contre la pauvreté et les grandes pandémies qui affectent les pays en développement. Il s'agit, en particulier, de permettre la baisse du coût des médicaments destinés au pays du Sud à partir des billets d'avions, par exemple, comme en France, ou à partir d'autres expérimentations. A cet égard, j'ai trouvé auprès du Premier ministre une oreille attentive, intéressée, et je voudrais l'en remercier.
Si vous avez des questions, Catherine Colonna et moi-même serions très heureux d'y répondre.
Q - (Question sur le baccalauréat franco-polonais et la reconnaissance mutuelle des diplômes)
R - M. Douste-Blazy - Je crois que cela a pris du retard mais je me permets de dire que s'il y a un problème de revalorisation, il faut le régler. Dans le contexte de globalisation actuelle et dans le processus d'intégration européenne, ce serait une grave erreur de ne pas tout faire pour que les jeunes Polonais et les jeunes Français puissent bénéficier très vite des équivalences nécessaires afin d'intégrer des universités françaises ou polonaises et obtenir ensuite des diplômes universitaires communs.
On ne peut pas être à la fois le premier investisseur étranger dans un pays et ne pas comprendre qu'il faut des collèges, des lycées français, et des diplômes équivalents dans les deux pays. C'est à cet âge là, à 20 ans, que l'on se fait des amis pour la vie et qu'une sorte de fraternelles de ces anciennes équipes universitaires ou des grandes écoles se créent.
R - Mme Colonna - Nous avons beaucoup insisté sur la dimension culturelle et d'éducation de notre relation. En effet, à la clé, il y a la prochaine génération. Je précise que Philippe Douste-Blazy a insisté, dans ce cadre, sur l'attachement qui est le nôtre à ce que tous les pays européens puissent progressivement faire ce que les Européens ont décidé, c'est-à-dire avoir deux langues étrangères apprises au cours de l'enseignement de chacun de nos pays. La France l'a fait il y a quelques années, la plupart de nos partenaires progressent. Nous avons rappelé aujourd'hui à nos amis polonais que c'était important pour l'ensemble de nos pays.
Q - Vous avez parlé de l'élargissement de l'espace Schengen et de la libre circulation des travailleurs en Europe ? Avez-vous aussi parlé de l'ouverture du marché de travail à la Roumanie et à la Bulgarie ? Que compte faire la France ?
R - M. Douste-Blazy - Nous avons déjà travaillé à plusieurs reprises sur ce sujet avec M. Borloo, ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement, et M. Larcher, ministre délégué à l'Emploi, au Travail et à l'Insertion professionnelle des jeunes, pour voir justement dans quelles conditions certains pays, certains métiers, pouvaient intégrer le marché du travail. On comprend vite, en observant le dernier rapport de la Commission européenne expliquant où sont les transferts et les flux de population, que l'affaire du plombier polonais était une supercherie de campagne électorale, tout à fait scandaleuse, pour faire voter "non" au référendum. Tout le monde sait très bien qu'il n'y a pas de problème du plombier polonais en France. La commission européenne a démontré l'importance pour la France de favoriser les investissements et les échanges avec la Pologne.
R - Mme Colonna - Le même dispositif appliqué pour les huit autres pays sera appliqué pour la Bulgarie et la Roumanie. Ce n'est pas une annonce, c'est quelque chose qui est d'ores et déjà connu. C'est la même chose pour l'ensemble de nos nouveaux partenaires : une ouverture progressive et maîtrisée, métier par métier, identifié en pleine concertation avec les partenaires sociaux, avec lesquels cela s'est très très bien passé. C'est un aspect positif et cela correspond aux demandes de nos partenaires.
R - M. Douste-Blazy - Je me souviens que pendant la campagne électorale du référendum, des gens évoquaient une des plus grandes usines Peugeot au monde, l'usine de Slovaquie, en écrivant sur des pancartes : "Peugeot part en Slovaquie et va fermer Sochaux". Eh bien, en réalité, ce type d'usine a fait gagner, in fine, 5 000 emplois en France.
Q - J'aimerais savoir si vous avez évoqué le prochain sommet du Triangle de Weimar et si les perceptions polonaises et françaises coïncident sur ce sujet ?
R - M. Douste-Blazy - Oui nous croyons beaucoup au Triangle de Weimar parce que cela a un sens très fort. Il y a, en effet, des discussions très importantes, comme vous le savez, entre l'Union européenne et la Russie, et entre l'Allemagne, la Pologne et la Russie, concernant les grands projets. Mais peut-être que le Triangle de Weimar, qui regroupe la Pologne, l'Allemagne et la France, permet justement de voir quel sont les intérêts communs de nos pays. Nous sommes donc très attachés au Triangle de Weimar. La chancelière allemande comme d'ailleurs le président Chirac l'ont évoqué dans le cadre de Blaesheim. La date du prochain sommet est fixée au 5 décembre prochain.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2006