Texte intégral
Limiter l'arbitraire des grandes entreprises.
Le PDG du groupe PSA Peugeot-Citroën vient d'annoncer la suppression de 10000 emplois pour l'ensemble de son trust. Cela n'a pas vraiment été une surprise pour les travailleurs du groupe, car la direction avait commencé l'opération bien avant cette annonce spectaculaire, en mettant fin à de nombreux contrats d'intérim et en décidant la fermeture complète d'une usine à Ryton, en Angleterre.
Que les suppressions d'emplois concernent surtout les intérimaires et les CDD, comme l'affirme la direction, ou également des CDI, c'est la vie de plusieurs milliers de familles ouvrières qui sera bouleversée, sans parler de la catastrophe que représente pour la région de Ryton la fermeture de l'usine Peugeot et, pour la région concernée de Slovaquie, l'abandon du projet de construction d'une usine et de l'espoir de créations d'emplois.
Et combien de suppressions d'emplois cette décision entraînera-t-elle chez les équipementiers et autres sous-traitants, soumis déjà à une véritable saignée?
Une fois de plus, une grande entreprise a pris, dans le secret de son conseil d'administration, une décision aux conséquences graves pour des milliers de personnes. La raison invoquée est que la marge bénéficiaire de l'entreprise n'est pas aussi élevée que la direction l'espérait. L'argument est d'autant plus révoltant que le trust continue à engranger des profits et que ses actionnaires ne sont pas menacés d'être sur la paille, alors que ceux qu'on met à la porte auront perdu leur gagne-pain.
La direction invoque aussi la nécessité de regagner des parts de marché perdues et, pour le faire, de baisser les prix. Mais il y a bien d'autres moyens de baisser les prix que de jouer avec la peau des travailleurs de l'entreprise. Pourquoi est-ce dans la masse salariale qu'on fait des coupes, et pas dans les dividendes distribués aux actionnaires?
Personne, en dehors des gros actionnaires du groupe, ne sait et personne ne peut savoir en fonction de quoi la décision a été prise et quels autres choix moins dramatiques pour les travailleurs auraient été possibles.
Le trust PSA, après bien d'autres, illustre le problème fondamental du fonctionnement de l'économie. Les conseils d'administration de quelques centaines de grandes entreprises ont plus de poids sur la vie de la société que les dirigeants politiques, y compris le président de la République, pour lesquels on ne vote qu'une fois tous les cinq ans.
C'est en fait une véritable dictature économique qui domine la politique et où une toute petite minorité de possesseurs de capitaux a le droit de tout faire au nom de la recherche du profit: fermer des entreprises, délocaliser, licencier, sans se soucier des conséquences pour la vie sociale, sans même avoir de comptes à rendre à quiconque. Les licenciements, la précarité, le chômage et les bas salaires, tout en découle.
Soumettre les grandes entreprises et les banques au contrôle de toute la population est une nécessité sociale. Il faut que la population ait les moyens de contrôler les grandes entreprises, leur fonctionnement, leurs projets. Il faut qu'elle puisse contrôler les circuits de l'argent, vérifier les choix qui sont faits et en fonction de quoi et au profit de qui. On pourrait alors se rendre compte que les fermetures d'usines, que les licenciements, sont des choix, et qu'un autre choix pourrait être de maintenir les emplois, quitte à répartir le travail. Cela permettrait aussi de constater qu'il est possible d'augmenter les salaires, pour que chacun puisse vivre correctement.
Cela diminuerait les dividendes et freinerait l'enrichissement de ceux qui sont déjà riches. Mais c'est le seul moyen d'empêcher que les travailleurs, qui créent ces richesses et qui subissent l'exploitation, soient les victimes obligées de toute décision motivée par la seule recherche effrénée du profit.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 16 octobre 2006
Ils s'y croient déjà.
Certains patrons se croient déjà revenus au temps du patronat de droit divin! Une caissière d'un supermarché Champion du quartier populaire de La Source, à Orléans, connue et appréciée de la population, vient d'être mise à la porte sans préavis ni indemnité, pour faute grave selon la direction. Elle travaille dans ce supermarché depuis vingt-six ans, depuis l'ouverture du magasin. Il lui est reproché d'avoir fait crédit à des habitants du quartier dans le besoin, érémistes ou chômeurs, qui ne pouvaient payer avant qu'ils touchent leur RMI ou leur allocation chômage.
Crime insupportable pour le gérant du magasin, manifestement couvert par ses supérieurs de cette chaîne de distribution qui, outre Champion, possède Carrefour et bien d'autres enseignes. La famille propriétaire de l'ensemble est une des plus grandes fortunes de France.
De tels licenciements, il y en a bien d'autres dans le pays, chaque jour. Mais cette fois, le licencieur, digne des patrons du XIXe siècle, est tombé sur un os car la population s'est mobilisée en faveur de la caissière. Pour une fois, la presse et la télévision en ont largement parlé. Et il n'est pas dit que l'indignation de la clientèle devant les méthodes de ce supermarché ne finisse pas par lui coûter cher.
Le patronat de la grande distribution s'est bien souvent illustré par ses méthodes d'exploitation particulièrement musclées. Pratiquement au moment même où Champion licenciait à Orléans, on apprenait qu'un autre grand magasin, le Leclerc de Montbéliard, s'était illustré dernièrement en séquestrant ses employés. Il voulait les empêcher de parler aux inspecteurs du travail venus contrôler le magasin en raison des heures supplémentaires impayées et des horaires de travail non respectés.
Mais si ces patrons de la grande distribution se singularisent dans la forme, ils ne se différencient pas des autres sur le fond.
Le comportement de la direction d'Airbus, pourtant dans un secteur de pointe, est tout aussi méprisant vis-à-vis de ses travailleurs. Les dirigeants de cette entreprise et de sa maison-mère, le trust EADS - dont un des patrons est Lagardère, une des vedettes de la grande bourgeoisie française - , ont fait de grossières erreurs de prévision, paraît-il, sur le câblage de ces super-avions que seraient les A380. Résultat, cet avion qui était censé damer le pion à Boeing, son rival dans la concurrence internationale, aura au moins deux ans de retard sur ses premières livraisons.
Et à qui s'apprête-t-on à faire payer les erreurs? Pas au conseil d'administration, pas aux actionnaires! Non, mais aux travailleurs de l'entreprise qui ne sont pour rien dans les erreurs faites mais qui sont menacés d'un plan de réduction des effectifs et, peut-être, de la fermeture de deux sites de production.
À ce qu'il paraît, l'approche des élections pousse l'État, également actionnaire d'EADS, à retarder la décision. Personne ne sait le nombre d'emplois que la direction supprimera, le nombre d'intérimaires dont elle se débarrassera, de sites qu'elle fermera. Elle se contentera, le jour venu, d'annoncer la décision aux travailleurs. Comme l'a fait il y a peu le PDG du trust PSA Peugeot-Citroën en annonçant la suppression de 10000 emplois.
Leurs méthodes peuvent être cyniquement provocatrices ou hypocrites, les patrons s'arrogent le droit de licencier, de fermer des entreprises, de polluer l'environnement, de délocaliser, sans se préoccuper de ce qu'il en coûtera à la société et sans avoir de comptes à rendre à quiconque.
Ils le font tout à fait légalement, sous la protection de l'État et de la justice, en vertu de la propriété privée des entreprises et des banques par une minorité de possesseurs de capitaux.
Contester cette dictature, imposer des limites à ce pouvoir arbitraire, est une nécessité sociale, une nécessité tout simplement humanitaire.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 16 octobre 2006
le camp des travailleurs
C'est en réaffirmant son appartenance à ce camp qu'Arlette Laguiller vient d'annoncer sa candidature à la présidentielle de 2007.
Il faut que dans cette élection soient réellement défendus les intérêts politiques et sociaux du monde du travail. Il faut que soit présente une candidature qui exprime clairement que le grand patronat, la grande bourgeoisie, sont les ennemis directs de toute la population. Une candidature qui exprime pourquoi et comment leur mainmise sur l'économie et la société est la cause des maux principaux dont souffrent la majorité des travailleurs. La pauvreté, la baisse du niveau de vie, la difficulté de plus en plus grande à se loger, à se soigner, sont des dommages uniquement dus à la course au profit. Même la pollution en est un, la pollution de l'air, des eaux, mais aussi ce qu'on respire dans les entreprises, de l'amiante à tous les toxiques, sans même parler des catastrophes industrielles du genre de ce qui s'est produit chez AZF à Toulouse.
Dans ce système économique, la concurrence, la recherche du profit dominent tout: l'habitat, la santé, la production de biens utiles à la vie de tous, les transports. Tout ce qui est nécessaire à une vie normale exige que sa production rapporte beaucoup de profits, sinon on ne le fabrique pas ou on ne le fait pas.
C'est pourquoi on ferme des entreprises, des hôpitaux, des lignes de chemin de fer. Et quand on ne les ferme pas, on les laisse à l'abandon si cela ne rapporte pas un profit suffisant aux actionnaires.
La société, l'État, n'exercent aucun contrôle sur les conseils d'administration des grandes compagnies industrielles et financières. Pire, ceux qui les possèdent peuvent décider librement de la meilleure façon de gagner plus. Pour eux, tant pis si cela pousse à la misère une fraction croissante des salariés! Tant pis pour ceux qui en crèvent!
Alors, il faut bien qu'au moins quelqu'un puisse dire que c'est à ce système-là qu'il faut s'en prendre vraiment. Aucun des grands partis politiques qui peuvent arriver au pouvoir n'a l'intention de s'en prendre à ce système et à ses profiteurs, ni même n'osera le promettre.
Il ne faut pas être dupe des hommes politiques qui tiennent le devant de la scène. Tous autant qu'ils sont, les uns et les autres ne sont que des exécutants, des figurants qui masquent les coulisses où tout se passe en réalité. Avec des mots à peine différents, ils ne font que ce que le grand patronat industriel, commercial ou financier exige ou impose.
C'est pourquoi les travailleurs ne doivent pas se bercer de l'espoir que les élections de 2007 pourraient apporter des changements dans leur vie.
La droite, qui est au pouvoir depuis quatre ans, est répugnante, cynique, menteuse, viscéralement hostile aux pauvres, aux travailleurs et aux classes populaires, hostile à tout ce qui n'est pas sa classe sociale. La chasser du pouvoir, oui, cela ferait plaisir, et espérons qu'elle le sera. Même si, en perdant leurs postes de ministres ou de députés, les hommes politiques de droite ne seraient certainement pas à plaindre sur le plan matériel, en tout cas bien moins qu'un travailleur licencié.
On ne peut pas, évidemment, dans les circonstances actuelles, chasser la droite sans ramener la gauche au pouvoir, cette gauche que les travailleurs connaissent déjà, et pas vraiment en bien. Le Parti Socialiste, au cours des vingt-cinq dernières années, a dirigé le pays plus longtemps que la droite, avec en dernier le gouvernement de Jospin, sans que le sort des travailleurs en ait été amélioré, ni même sa dégradation freinée.
Alors, il ne faudra donc pas ramener, les yeux fermés, la gauche au pouvoir, sans lui demander des comptes.
C'est le sens de la candidature d'Arlette Laguiller, qui permettra au moins à l'électorat populaire de contribuer, par son vote, à chasser si possible la droite, mais en exprimant sa défiance vis-à-vis des dirigeants de la gauche, qui l'ont déjà trompé bien des fois.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 20 octobre 2006
Quand le Medef claque des doigts, le pouvoir accourt!
Laurence Parisot, la présidente de l'organisation patronale Medef, remet ça: elle veut que le licenciement soit "une séparation à l'amiable" comme dans certains divorces. Comme si les travailleurs licenciés et les patrons qui licencient étaient sur un pied d'égalité!
Les lois réglementant le licenciement sont censées compenser, un peu, l'inégalité entre le patron qui a tous les droits et le travailleur isolé qui n'en a aucun.
Les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, ont déjà offert au patronat une multitude de contrats précaires qui permettent aux patrons de contourner la loi. Mais même le peu qui en reste gêne le patronat, qui veut pouvoir licencier quand il veut, comme il veut, sans qu'aucun inspecteur du travail puisse s'en mêler.
C'est presque la même chose pour la durée du travail. Prenant position dans la polémique autour des 35 heures, Parisot déclare cyniquement: "Ce qu'il faut faire, c'est abroger le concept de durée légale du travail." En d'autres termes, c'est aux patrons de définir celle-ci: faire travailler 40 heures et, pourquoi pas, 50 heures et plus, les semaines où cela arrange le patron, et moins, voire pas du tout, quand il n'en a pas besoin.
Sarkozy, en défenseur du grand patronat qu'il est, a aussitôt acquiescé. Et son porte-parole, Fillon, de renchérir: "Les 35 heures étaient une erreur historique", "il faut "libéraliser" les heures supplémentaires". Et, pour plaire au patronat de l'hôtellerie-restauration, la droite se dépêche de faire une loi annulant un jugement du Conseil d'État dont l'effet serait d'introduire les 35 heures dans ce secteur.
Autant dire qu'après la proclamation claire des exigences patronales, la rencontre du 23 octobre entre les dirigeants syndicaux et le Medef apparaissait comme une convocation pour développer les positions patronales. On ne parle même pas de "négociation", mais de "délibération sociale", Parisot expliquant que c'est seulement si cela se passe bien - en clair, si les dirigeants syndicaux se montrent coopératifs - qu'ils auront droit à la négociation.
"Nous, les entreprises, nous voulons plus de souplesse, les syndicats souhaitent davantage de sécurité", annonce Parisot, qui se dit pour une troisième voie conciliant les deux. Comme si on pouvait concilier les intérêts du loup et ceux de l'agneau qu'il s'apprête à dévorer!
Autant dire que, quelle que soit l'étiquette, "délibération", "dialogue" ou "négociation", la potion qui sortira des conciliabules patronat-syndicats sera amère pour les travailleurs. On peut tout au plus espérer que, parmi les organisations syndicales, il s'en trouvera qui auront au moins la dignité de refuser de contresigner les propositions patronales.
Quant aux politiques, la droite veut, comme le patronat, des travailleurs exploitables et corvéables à merci, et qui soient reconnaissants aux patrons de leur offrir des heures supplémentaires pour arrondir leurs salaires.
Du côté du PS, si l'un des candidats veut généraliser les 35 heures et une autre exprime ses réserves, aucun d'entre eux ne se donne la peine de rappeler qu'en contrepartie des 35 heures, le patronat a obtenu la flexibilité, le décompte des heures supplémentaires à l'année, sans parler de compensations financières considérables. À plus forte raison, aucun ne promet de revenir sur ces cadeaux faits au patronat, ce qui fait que, si les 35 heures disparaissent, les patrons pourront garder le beurre et l'argent du beurre.
La "remise à plat" du contrat de travail discutée entre le Medef et les syndicats part des exigences patronales.
Ce n'est pas une telle fausse négociation, mais une explosion sociale, un coup de colère du monde du travail, qui pourrait contraindre le patronat à une "remise à plat" bénéfique aux travailleurs, qui transformerait tous les contrats précaires en contrats à durée indéterminée et qui généraliserait les 35 heures, mais sans flexibilité et sans aucun cadeau au grand patronat.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 27 octobre 2006
Le PDG du groupe PSA Peugeot-Citroën vient d'annoncer la suppression de 10000 emplois pour l'ensemble de son trust. Cela n'a pas vraiment été une surprise pour les travailleurs du groupe, car la direction avait commencé l'opération bien avant cette annonce spectaculaire, en mettant fin à de nombreux contrats d'intérim et en décidant la fermeture complète d'une usine à Ryton, en Angleterre.
Que les suppressions d'emplois concernent surtout les intérimaires et les CDD, comme l'affirme la direction, ou également des CDI, c'est la vie de plusieurs milliers de familles ouvrières qui sera bouleversée, sans parler de la catastrophe que représente pour la région de Ryton la fermeture de l'usine Peugeot et, pour la région concernée de Slovaquie, l'abandon du projet de construction d'une usine et de l'espoir de créations d'emplois.
Et combien de suppressions d'emplois cette décision entraînera-t-elle chez les équipementiers et autres sous-traitants, soumis déjà à une véritable saignée?
Une fois de plus, une grande entreprise a pris, dans le secret de son conseil d'administration, une décision aux conséquences graves pour des milliers de personnes. La raison invoquée est que la marge bénéficiaire de l'entreprise n'est pas aussi élevée que la direction l'espérait. L'argument est d'autant plus révoltant que le trust continue à engranger des profits et que ses actionnaires ne sont pas menacés d'être sur la paille, alors que ceux qu'on met à la porte auront perdu leur gagne-pain.
La direction invoque aussi la nécessité de regagner des parts de marché perdues et, pour le faire, de baisser les prix. Mais il y a bien d'autres moyens de baisser les prix que de jouer avec la peau des travailleurs de l'entreprise. Pourquoi est-ce dans la masse salariale qu'on fait des coupes, et pas dans les dividendes distribués aux actionnaires?
Personne, en dehors des gros actionnaires du groupe, ne sait et personne ne peut savoir en fonction de quoi la décision a été prise et quels autres choix moins dramatiques pour les travailleurs auraient été possibles.
Le trust PSA, après bien d'autres, illustre le problème fondamental du fonctionnement de l'économie. Les conseils d'administration de quelques centaines de grandes entreprises ont plus de poids sur la vie de la société que les dirigeants politiques, y compris le président de la République, pour lesquels on ne vote qu'une fois tous les cinq ans.
C'est en fait une véritable dictature économique qui domine la politique et où une toute petite minorité de possesseurs de capitaux a le droit de tout faire au nom de la recherche du profit: fermer des entreprises, délocaliser, licencier, sans se soucier des conséquences pour la vie sociale, sans même avoir de comptes à rendre à quiconque. Les licenciements, la précarité, le chômage et les bas salaires, tout en découle.
Soumettre les grandes entreprises et les banques au contrôle de toute la population est une nécessité sociale. Il faut que la population ait les moyens de contrôler les grandes entreprises, leur fonctionnement, leurs projets. Il faut qu'elle puisse contrôler les circuits de l'argent, vérifier les choix qui sont faits et en fonction de quoi et au profit de qui. On pourrait alors se rendre compte que les fermetures d'usines, que les licenciements, sont des choix, et qu'un autre choix pourrait être de maintenir les emplois, quitte à répartir le travail. Cela permettrait aussi de constater qu'il est possible d'augmenter les salaires, pour que chacun puisse vivre correctement.
Cela diminuerait les dividendes et freinerait l'enrichissement de ceux qui sont déjà riches. Mais c'est le seul moyen d'empêcher que les travailleurs, qui créent ces richesses et qui subissent l'exploitation, soient les victimes obligées de toute décision motivée par la seule recherche effrénée du profit.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 16 octobre 2006
Ils s'y croient déjà.
Certains patrons se croient déjà revenus au temps du patronat de droit divin! Une caissière d'un supermarché Champion du quartier populaire de La Source, à Orléans, connue et appréciée de la population, vient d'être mise à la porte sans préavis ni indemnité, pour faute grave selon la direction. Elle travaille dans ce supermarché depuis vingt-six ans, depuis l'ouverture du magasin. Il lui est reproché d'avoir fait crédit à des habitants du quartier dans le besoin, érémistes ou chômeurs, qui ne pouvaient payer avant qu'ils touchent leur RMI ou leur allocation chômage.
Crime insupportable pour le gérant du magasin, manifestement couvert par ses supérieurs de cette chaîne de distribution qui, outre Champion, possède Carrefour et bien d'autres enseignes. La famille propriétaire de l'ensemble est une des plus grandes fortunes de France.
De tels licenciements, il y en a bien d'autres dans le pays, chaque jour. Mais cette fois, le licencieur, digne des patrons du XIXe siècle, est tombé sur un os car la population s'est mobilisée en faveur de la caissière. Pour une fois, la presse et la télévision en ont largement parlé. Et il n'est pas dit que l'indignation de la clientèle devant les méthodes de ce supermarché ne finisse pas par lui coûter cher.
Le patronat de la grande distribution s'est bien souvent illustré par ses méthodes d'exploitation particulièrement musclées. Pratiquement au moment même où Champion licenciait à Orléans, on apprenait qu'un autre grand magasin, le Leclerc de Montbéliard, s'était illustré dernièrement en séquestrant ses employés. Il voulait les empêcher de parler aux inspecteurs du travail venus contrôler le magasin en raison des heures supplémentaires impayées et des horaires de travail non respectés.
Mais si ces patrons de la grande distribution se singularisent dans la forme, ils ne se différencient pas des autres sur le fond.
Le comportement de la direction d'Airbus, pourtant dans un secteur de pointe, est tout aussi méprisant vis-à-vis de ses travailleurs. Les dirigeants de cette entreprise et de sa maison-mère, le trust EADS - dont un des patrons est Lagardère, une des vedettes de la grande bourgeoisie française - , ont fait de grossières erreurs de prévision, paraît-il, sur le câblage de ces super-avions que seraient les A380. Résultat, cet avion qui était censé damer le pion à Boeing, son rival dans la concurrence internationale, aura au moins deux ans de retard sur ses premières livraisons.
Et à qui s'apprête-t-on à faire payer les erreurs? Pas au conseil d'administration, pas aux actionnaires! Non, mais aux travailleurs de l'entreprise qui ne sont pour rien dans les erreurs faites mais qui sont menacés d'un plan de réduction des effectifs et, peut-être, de la fermeture de deux sites de production.
À ce qu'il paraît, l'approche des élections pousse l'État, également actionnaire d'EADS, à retarder la décision. Personne ne sait le nombre d'emplois que la direction supprimera, le nombre d'intérimaires dont elle se débarrassera, de sites qu'elle fermera. Elle se contentera, le jour venu, d'annoncer la décision aux travailleurs. Comme l'a fait il y a peu le PDG du trust PSA Peugeot-Citroën en annonçant la suppression de 10000 emplois.
Leurs méthodes peuvent être cyniquement provocatrices ou hypocrites, les patrons s'arrogent le droit de licencier, de fermer des entreprises, de polluer l'environnement, de délocaliser, sans se préoccuper de ce qu'il en coûtera à la société et sans avoir de comptes à rendre à quiconque.
Ils le font tout à fait légalement, sous la protection de l'État et de la justice, en vertu de la propriété privée des entreprises et des banques par une minorité de possesseurs de capitaux.
Contester cette dictature, imposer des limites à ce pouvoir arbitraire, est une nécessité sociale, une nécessité tout simplement humanitaire.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 16 octobre 2006
le camp des travailleurs
C'est en réaffirmant son appartenance à ce camp qu'Arlette Laguiller vient d'annoncer sa candidature à la présidentielle de 2007.
Il faut que dans cette élection soient réellement défendus les intérêts politiques et sociaux du monde du travail. Il faut que soit présente une candidature qui exprime clairement que le grand patronat, la grande bourgeoisie, sont les ennemis directs de toute la population. Une candidature qui exprime pourquoi et comment leur mainmise sur l'économie et la société est la cause des maux principaux dont souffrent la majorité des travailleurs. La pauvreté, la baisse du niveau de vie, la difficulté de plus en plus grande à se loger, à se soigner, sont des dommages uniquement dus à la course au profit. Même la pollution en est un, la pollution de l'air, des eaux, mais aussi ce qu'on respire dans les entreprises, de l'amiante à tous les toxiques, sans même parler des catastrophes industrielles du genre de ce qui s'est produit chez AZF à Toulouse.
Dans ce système économique, la concurrence, la recherche du profit dominent tout: l'habitat, la santé, la production de biens utiles à la vie de tous, les transports. Tout ce qui est nécessaire à une vie normale exige que sa production rapporte beaucoup de profits, sinon on ne le fabrique pas ou on ne le fait pas.
C'est pourquoi on ferme des entreprises, des hôpitaux, des lignes de chemin de fer. Et quand on ne les ferme pas, on les laisse à l'abandon si cela ne rapporte pas un profit suffisant aux actionnaires.
La société, l'État, n'exercent aucun contrôle sur les conseils d'administration des grandes compagnies industrielles et financières. Pire, ceux qui les possèdent peuvent décider librement de la meilleure façon de gagner plus. Pour eux, tant pis si cela pousse à la misère une fraction croissante des salariés! Tant pis pour ceux qui en crèvent!
Alors, il faut bien qu'au moins quelqu'un puisse dire que c'est à ce système-là qu'il faut s'en prendre vraiment. Aucun des grands partis politiques qui peuvent arriver au pouvoir n'a l'intention de s'en prendre à ce système et à ses profiteurs, ni même n'osera le promettre.
Il ne faut pas être dupe des hommes politiques qui tiennent le devant de la scène. Tous autant qu'ils sont, les uns et les autres ne sont que des exécutants, des figurants qui masquent les coulisses où tout se passe en réalité. Avec des mots à peine différents, ils ne font que ce que le grand patronat industriel, commercial ou financier exige ou impose.
C'est pourquoi les travailleurs ne doivent pas se bercer de l'espoir que les élections de 2007 pourraient apporter des changements dans leur vie.
La droite, qui est au pouvoir depuis quatre ans, est répugnante, cynique, menteuse, viscéralement hostile aux pauvres, aux travailleurs et aux classes populaires, hostile à tout ce qui n'est pas sa classe sociale. La chasser du pouvoir, oui, cela ferait plaisir, et espérons qu'elle le sera. Même si, en perdant leurs postes de ministres ou de députés, les hommes politiques de droite ne seraient certainement pas à plaindre sur le plan matériel, en tout cas bien moins qu'un travailleur licencié.
On ne peut pas, évidemment, dans les circonstances actuelles, chasser la droite sans ramener la gauche au pouvoir, cette gauche que les travailleurs connaissent déjà, et pas vraiment en bien. Le Parti Socialiste, au cours des vingt-cinq dernières années, a dirigé le pays plus longtemps que la droite, avec en dernier le gouvernement de Jospin, sans que le sort des travailleurs en ait été amélioré, ni même sa dégradation freinée.
Alors, il ne faudra donc pas ramener, les yeux fermés, la gauche au pouvoir, sans lui demander des comptes.
C'est le sens de la candidature d'Arlette Laguiller, qui permettra au moins à l'électorat populaire de contribuer, par son vote, à chasser si possible la droite, mais en exprimant sa défiance vis-à-vis des dirigeants de la gauche, qui l'ont déjà trompé bien des fois.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 20 octobre 2006
Quand le Medef claque des doigts, le pouvoir accourt!
Laurence Parisot, la présidente de l'organisation patronale Medef, remet ça: elle veut que le licenciement soit "une séparation à l'amiable" comme dans certains divorces. Comme si les travailleurs licenciés et les patrons qui licencient étaient sur un pied d'égalité!
Les lois réglementant le licenciement sont censées compenser, un peu, l'inégalité entre le patron qui a tous les droits et le travailleur isolé qui n'en a aucun.
Les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, ont déjà offert au patronat une multitude de contrats précaires qui permettent aux patrons de contourner la loi. Mais même le peu qui en reste gêne le patronat, qui veut pouvoir licencier quand il veut, comme il veut, sans qu'aucun inspecteur du travail puisse s'en mêler.
C'est presque la même chose pour la durée du travail. Prenant position dans la polémique autour des 35 heures, Parisot déclare cyniquement: "Ce qu'il faut faire, c'est abroger le concept de durée légale du travail." En d'autres termes, c'est aux patrons de définir celle-ci: faire travailler 40 heures et, pourquoi pas, 50 heures et plus, les semaines où cela arrange le patron, et moins, voire pas du tout, quand il n'en a pas besoin.
Sarkozy, en défenseur du grand patronat qu'il est, a aussitôt acquiescé. Et son porte-parole, Fillon, de renchérir: "Les 35 heures étaient une erreur historique", "il faut "libéraliser" les heures supplémentaires". Et, pour plaire au patronat de l'hôtellerie-restauration, la droite se dépêche de faire une loi annulant un jugement du Conseil d'État dont l'effet serait d'introduire les 35 heures dans ce secteur.
Autant dire qu'après la proclamation claire des exigences patronales, la rencontre du 23 octobre entre les dirigeants syndicaux et le Medef apparaissait comme une convocation pour développer les positions patronales. On ne parle même pas de "négociation", mais de "délibération sociale", Parisot expliquant que c'est seulement si cela se passe bien - en clair, si les dirigeants syndicaux se montrent coopératifs - qu'ils auront droit à la négociation.
"Nous, les entreprises, nous voulons plus de souplesse, les syndicats souhaitent davantage de sécurité", annonce Parisot, qui se dit pour une troisième voie conciliant les deux. Comme si on pouvait concilier les intérêts du loup et ceux de l'agneau qu'il s'apprête à dévorer!
Autant dire que, quelle que soit l'étiquette, "délibération", "dialogue" ou "négociation", la potion qui sortira des conciliabules patronat-syndicats sera amère pour les travailleurs. On peut tout au plus espérer que, parmi les organisations syndicales, il s'en trouvera qui auront au moins la dignité de refuser de contresigner les propositions patronales.
Quant aux politiques, la droite veut, comme le patronat, des travailleurs exploitables et corvéables à merci, et qui soient reconnaissants aux patrons de leur offrir des heures supplémentaires pour arrondir leurs salaires.
Du côté du PS, si l'un des candidats veut généraliser les 35 heures et une autre exprime ses réserves, aucun d'entre eux ne se donne la peine de rappeler qu'en contrepartie des 35 heures, le patronat a obtenu la flexibilité, le décompte des heures supplémentaires à l'année, sans parler de compensations financières considérables. À plus forte raison, aucun ne promet de revenir sur ces cadeaux faits au patronat, ce qui fait que, si les 35 heures disparaissent, les patrons pourront garder le beurre et l'argent du beurre.
La "remise à plat" du contrat de travail discutée entre le Medef et les syndicats part des exigences patronales.
Ce n'est pas une telle fausse négociation, mais une explosion sociale, un coup de colère du monde du travail, qui pourrait contraindre le patronat à une "remise à plat" bénéfique aux travailleurs, qui transformerait tous les contrats précaires en contrats à durée indéterminée et qui généraliserait les 35 heures, mais sans flexibilité et sans aucun cadeau au grand patronat.
Source http://www.lutte-ouvrière.org, le 27 octobre 2006