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Question - Vous avez décidé de venir en Lozère pour la troisième fois depuis 2002 ; quel est votre attachement avec le monde rural alors que certains prétendent que vous êtes davantage préoccupé par les problèmes urbains ?
Nicolas Sarkozy - C'est vrai que je suis un élu urbain. Mais j'ai toujours maintenu et développé des relations très fortes avec le monde rural.
D'abord, parce que comme élu urbain, je considère que j'ai beaucoup à y apprendre. Je crois dans le « pouvoir vert », autrement dit, je crois que l'agriculture est un secteur stratégique de notre économie. Chaque déplacement est pour moi l'occasion de mieux comprendre les enjeux, d'écouter les acteurs et de réfléchir avec eux aux solutions. Et aussi de leur proposer des perspectives, comme je l'ai fait à Vergezac, en Haute-Loire, il y a quelques semaines.
Ensuite, je suis ministre de l'Aménagement du territoire. Je veux sauver cette grande et belle politique qui consiste à donner leurs chances à tous les territoires, peu importe qu'ils soient ruraux ou très enclavés. Pour cela, je sais qu'il faut se battre pour le maintien de services au public en zone rurale. En venant sur le terrain pour souligner certaines initiatives locales réussies, je veux apporter la preuve que cela est possible et qu'il n'y a jamais de fatalité à la désertification.
Enfin, si je viens aussi souvent dans le monde rural, c'est aussi - il ne faut pas le cacher - parce que j'en partage beaucoup les valeurs, notamment celles de la franchise, de la persévérance et du travail. Dans nos campagnes, les gens sont vrais et j'apprécie toujours d'aller au contact de la France qui se lève tôt.
Question - Le gouvernement supprime des postes de fonctionnaires, ne va-t-on pas assister à une dégradation du service public en milieu rural ?
Nicolas Sarkozy - Je suis résolument opposé à toute suppression d'emplois mécanique et sans considération de leur effet sur des zones rurales fragiles. Je veux rappeler que c'est moi qui ai souhaité que les grandes administrations de l'Etat (les Finances, l'Education nationale, l'Equipement, etc.) et les entreprises publiques (la Poste, la SNCF...) cessent de réorganiser leurs réseaux de manière cloisonnée, car c'était toujours dans les régions les plus dépeuplées que tout fermait en même temps. Lorsque je suis arrivé, nos campagnes - rappelons-nous la Creuse - étaient traumatisées. J'ai donc demandé à tous les Préfets de France de réfléchir à la carte des services au public dans leur département, en partant des besoins exprimés par les habitants et par les élus.
Comprenez-moi bien, je suis convaincu que les services publics doivent évoluer. La raison d'être d'un service public, c'est d'être efficace pour les citoyens et d'offrir le meilleur rapport qualité-prix pour les contribuables. Nous sommes tous à la fois des contribuables et des citoyens et personne ne peut dire aujourd'hui que nos services publics sont tous parfaits ni qu'ils sont tous remarquablement économes.
Mais je veux prendre un engagement absolument clair : toute réforme des services publics ne peut intervenir que pour garantir à tous un service d'une qualité encore supérieure. C'est le principe des « Points Poste » qui sont confiés à des commerces de proximité, ce qui permet d'assurer les mêmes services avec des horaires d'ouverture plus longs. Cela vaut à la ville et a fortiori à la campagne, où nous avons le devoir d'imaginer, d'utiliser les nouvelles technologies et d'inventer les solutions pour garantir la permanence des grands services régaliens.
Plutôt que d'avoir de multiples administrations de l'Etat cherchant tant bien que mal à entretenir des points de contact avec le public, essayons par exemple de jouer la carte de la polyvalence et de la mutualisation des moyens. C'est ce que j'ai voulu faire en créant de nombreux « Relais Services Publics » dans les zones rurales. Là, dans un même lieu, les citoyens ont accès à tous les services, avec des horaires d'ouverture élargis.
Enfin, il ne faudrait pas qu'on oublie que certains services au public, qu'ils soient publics ou privés comme des cabinets médicaux, des pharmacies ou des crèches sont au moins aussi importants pour les zones rurales que la présence de nos grandes administrations. Là encore, il y a beaucoup à faire pour accompagner la création de pôles de santé en zones rurales qui permettent une vraie permanence des soins.
Question - La Lozère est-elle à l'abri de l'insécurité ?
Nicolas Sarkozy - Sur les neuf premiers mois de l'année, la délinquance recule de 8,5% par rapport à la même période de l'année dernière, ce qui n'est pas mauvais. D'ailleurs, dans le classement des départements pour leur criminalité, la Lozère, 94e sur 96, fait figure de département plutôt tranquille.
Il y a dans nos régions rurales et dans nos petites villes comme celles de Lozère une qualité de vie et une douceur de vivre que je veux absolument protéger des violences que nous avons à combattre dans les zones urbaines.
Question - Dans la course à l'élection présidentielle, que craignez-vous le plus ? le PS ou certains membres de l'UMP qui ne semblent pas vouloir vous faciliter la tâche ?
Nicolas Sarkozy - Dans une campagne présidentielle, il faut d'abord rassembler son camp, puis battre son adversaire. Et pour cela, il faut un bon projet et un bon candidat. Chaque chose vient en son temps. Je suis parfaitement serein. Je veux, moi, le rassemblement et je ne doute pas que nous y parviendrons.
Le 16 novembre prochain lors d'un conseil national, nous aurons validé notre projet législatif. Ce sera la base de nos propositions aux Français et pour les prochaines élections législatives.
Pour ce qui est du candidat, il faut savoir que l'UMP innove. Pour la première fois à droite, ce sont les bientôt 300 000 militants de notre formation qui décideront à qui ira le soutien du mouvement. Cela a été décidé à l'unanimité par tous les responsables de l'UMP, il y a plusieurs mois, et cela pose donc une règle claire et incontestable : tous ceux qui se réclament de l'UMP et veulent son soutien pourront se présenter devant les militants.
A l'heure où certains et certaines imaginent des solutions alternatives à la démocratie représentative, je voudrais dire, quant à moi, qu'on n'a jamais rien trouvé de mieux que la démocratie.
Ensuite, le 14 janvier 2007, trois mois avant le premier tour, lors d'un grand congrès, nous désignerons celui qui sera notre candidat. Il sera temps, alors, d'engager le combat avec nos adversaires et de proposer aux Français notre vision de la société.
source http://www.u-m-p.org, le 27 octobre 2006