Texte intégral
Bonjour à tous,
Mon voyage s'inscrit dans la suite de la visite d'Etat du président Chirac, qui a permis d'intégrer la filière agricole au partenariat stratégique global. Je me suis d'abord rendu dans la province du Sichuan, une grande province agricole. J'ai visité une entreprise laitière chinoise, New Hope, puis le siège de Groupama, premier groupe français d'assurance agricole, et première entreprise française à avoir installé son siège à Chengdu. Enfin, 100 ans après sa première ouverture en 1906, j'ai inauguré le nouveau consulat général de France à Chengdu, dont l'ouverture avait été annoncée par le président de la République en 2004 à l'occasion de son voyage dans le Sichuan.
Ici, lundi matin, à Pékin, j'ai inauguré la ferme vini-viticole franco-chinoise de Taishi. C'est un projet exemplaire de coopération franco-chinoise pour la promotion des vins de qualité, et l'un des plus importants efforts en terme de coopération internationale pour le ministère de l'agriculture.
Cette visite a été suivie d'une série d'entretiens politiques l'après midi. Je me suis notamment entretenu avec M. Du Qinglin, ministre de l'Agriculture. Nous avons évoqué les positions de la France et de la Chine à l'OMC, sujet sur lesquels nous avons des intérêts en commun. Nous avons parlé des indications géographiques, un sujet qui intéresse la Chine, des barrières sanitaires et phytosanitaires, et de la coopération technique bilatérale. Dans l'après-midi, j'ai relancé le comité mixte agricole, conformément à notre accord signé en avril 2006. Ce comité ne s'était réuni qu'une fois, et nous avons décidé qu'il se réunirait désormais tous les ans, une fois en France et une fois en Chine. J'ai déjà abordé également ces sujets avec M. Hui Liangyu, vice-Premier ministre chargé des questions agricoles.
Demain j'aurais un entretien important avec le directeur général de l'administration générale de la Supervision de la Qualité, de l'Inspection et de la Quarantaine (AQSIQ), M. Li Changjiang, pour faire le point sur les barrières sanitaires et phytosanitaires dans le cadre des échanges agroalimentaires entre la France et la Chine. Une des questions abordées sera la difficulté à importer des viandes françaises en Chine. Comme vous le savez, la viande de volaille est interdite à l'importation, je rappellerai au directeur que la France est indemne d'influenza aviaire depuis déjà plusieurs mois. Pour la viande de porc, nous nous félicitons de ce que plusieurs abattoirs en France seront bientôt autorisés à exporter vers la Chine. Nous avons des projets encore pour l'exportation d'embryons, ainsi que de kiwis. Nous signerons demain une déclaration commune qui définit les modalités permettant de lever ces obstacles sanitaires et phytosanitaires au cours des prochains mois.
Pour finir, je vous donnerai quelques chiffres qui témoignent de la vigueur des exportations françaises de produits agroalimentaires en Chine : la balance française de l'agroalimentaire en 2006 sera largement supérieure à celle de 2005. D'ici fin 2006, nous nous attendons à ce que nos exportations de vin soient en hausse de 60 %, le cognac de 33 %, et les produits laitiers de 35 %. Quant aux exportateurs chinois, il est remarquable de constater qu'ils étaient 290 exposants sur 5.000 au dernier SIAL (Salon international de l'Alimentation), soit une augmentation de 90 % par rapport à 2004.
Q - Avez-vous évoqué le commerce des céréales ?
R - Les céréales ont effectivement été évoquées par le président Chirac lors de sa récente visite. La Chine a fait savoir au président de la République qu'elle respecterait l'engagement à acheter 500 000 tonnes de blé qu'elle avait prit au printemps 2005 lors de la visite de M. Raffarin. Nous avions, il y a une dizaine d'années, déçu nos clients chinois à cause de problèmes de qualité, mais ces problèmes sont résolus et les céréaliers français n'ont pas de difficultés particulières en Chine.
Q - En dehors des grands contrats étatiques, y a-t-il d'autres perspectives en matière de céréales ?
R - Il existe effectivement des potentialités, notamment de par l'absence sur le marché cette année de grands exportateurs traditionnels touchés par la sécheresse, tels que l'Australie. Nous avons des espoirs aussi sur l'orge de brasserie, car vous savez que les Chinois sont de grands consommateurs de bière.
Je voudrais vous rappeler néanmoins que mes efforts portent cette fois plus particulièrement sur les viandes, et je suis venu avec les présidents des filières bovines et porcines. Je suis également accompagné du numéro 2 du groupe Groupama, qui compte déjà 8.000 clients au Sichuan. Avec une population de 98 millions d'habitant dans cette province, le potentiel est très important en termes d'assurances agricoles. J'ai insisté auprès des autorités chinoises pour que Groupama puisse filialiser sa succursale.
Vous savez, la vente de produits bruts est intéressante, mais en termes de potentialité, le marché chinois des produits transformés est également très important. La France peut notamment s'appuyer sur la présence de grandes surfaces d'enseignes françaises pour développer les exportations de produits transformés, ce qui avait été fait pour accéder aux marchés d'Europe de l'Est.
Q - Qu'en est-il des exportations chinoises en France ?
R - Les exportateurs chinois sont de plus en plus présents, et pas seulement sur les produits spécialisés destinés aux Chinois de France. L'an dernier, les autorités européennes avaient mal géré les importations de pommes chinoises, ce qui a déstabilisé le marché français et a porté préjudice aux producteurs français. Cette année, la France a demandé des contingentements à l'Union européenne. Nous voyons cela comme un encouragement au développement de filières de qualité en France, qui compte des centaines de variétés de pommes.
Q - Quels sont les atouts des vins français en Chine ?
R - D'abord, nous avons une grande diversité de production, en termes de qualité. Les importations chinoises de vins et spiritueux en provenance de France sont en croissance de 60 % et vont atteindre 100 millions de dollars en 2006. Notre part de marché est de l'ordre de 30 %. Je pense que les potentiels du marché chinois sont considérables, et que la Chine peut nous aider à résoudre les crises viticoles en France.
Q - Quelles sont les perspectives pour la ferme vini-viticole de Taishi ?
R - L'idée était, à l'origine, de développer une coopération pour la production, en Chine, de vins de qualité, avec des méthodes françaises, afin de développer le goût des Chinois pour ces vins.
Q - N'est-ce pas une manière de se concurrencer soi même ?
R - Non, car la concurrence est déjà là, les Australiens, les Chiliens, qui exportent beaucoup. L'idée est de développer le goût des consommateurs chinois pour des vins à la française, ce qui ne pourra que stimuler nos exportations. Mais par ailleurs, si l'on considère la taille du marché, nous n'aurons jamais les capacités d'exportation suffisantes, il est donc rationnel de produire sur place, et la filière viticole française l'a bien compris. Nous souhaitons aussi que la ferme puisse devenir un centre de formation et de diffusion des méthodes françaises en Chine.
Q - Quels sont les autres secteurs de coopération agricoles entre la France et la Chine ?
R - Nous souhaitons travailler ensemble dans d'autres secteurs, notamment sur la génétique animale, les embryons, les céréales. Pour nous, cette coopération ne doit pas être seulement entre ministères, techniciens ou chercheurs, mais elle doit être une collaboration entre entreprises, que des entreprises franco-chinoise dans ces domaines puissent se monter et qu'il y ait des partenariats économiques et pas uniquement politiques.
Q - N'y a t-il pas contradiction entre la crise céréalière mondiale et la volonté de la France de développer les bio carburants ?
R - Dans le domaine des biocarburants, une vingtaine d'usines sont en construction en France, qui souhaite être autonome dans ce domaine. Entre 2006 et 2007 la France va doubler sa production de biocarburants, et un objectif a été fixé de 10 % de biocarburant en 2015. Cette production ne se fera pas à partir de céréales, mais de plantes comme le colza ou le maïs. Des terres laissées en jachère seront cultivées à cet effet. La France développe également la chimie verte, pour la fabrication de toutes sortes de composants.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2006
Mon voyage s'inscrit dans la suite de la visite d'Etat du président Chirac, qui a permis d'intégrer la filière agricole au partenariat stratégique global. Je me suis d'abord rendu dans la province du Sichuan, une grande province agricole. J'ai visité une entreprise laitière chinoise, New Hope, puis le siège de Groupama, premier groupe français d'assurance agricole, et première entreprise française à avoir installé son siège à Chengdu. Enfin, 100 ans après sa première ouverture en 1906, j'ai inauguré le nouveau consulat général de France à Chengdu, dont l'ouverture avait été annoncée par le président de la République en 2004 à l'occasion de son voyage dans le Sichuan.
Ici, lundi matin, à Pékin, j'ai inauguré la ferme vini-viticole franco-chinoise de Taishi. C'est un projet exemplaire de coopération franco-chinoise pour la promotion des vins de qualité, et l'un des plus importants efforts en terme de coopération internationale pour le ministère de l'agriculture.
Cette visite a été suivie d'une série d'entretiens politiques l'après midi. Je me suis notamment entretenu avec M. Du Qinglin, ministre de l'Agriculture. Nous avons évoqué les positions de la France et de la Chine à l'OMC, sujet sur lesquels nous avons des intérêts en commun. Nous avons parlé des indications géographiques, un sujet qui intéresse la Chine, des barrières sanitaires et phytosanitaires, et de la coopération technique bilatérale. Dans l'après-midi, j'ai relancé le comité mixte agricole, conformément à notre accord signé en avril 2006. Ce comité ne s'était réuni qu'une fois, et nous avons décidé qu'il se réunirait désormais tous les ans, une fois en France et une fois en Chine. J'ai déjà abordé également ces sujets avec M. Hui Liangyu, vice-Premier ministre chargé des questions agricoles.
Demain j'aurais un entretien important avec le directeur général de l'administration générale de la Supervision de la Qualité, de l'Inspection et de la Quarantaine (AQSIQ), M. Li Changjiang, pour faire le point sur les barrières sanitaires et phytosanitaires dans le cadre des échanges agroalimentaires entre la France et la Chine. Une des questions abordées sera la difficulté à importer des viandes françaises en Chine. Comme vous le savez, la viande de volaille est interdite à l'importation, je rappellerai au directeur que la France est indemne d'influenza aviaire depuis déjà plusieurs mois. Pour la viande de porc, nous nous félicitons de ce que plusieurs abattoirs en France seront bientôt autorisés à exporter vers la Chine. Nous avons des projets encore pour l'exportation d'embryons, ainsi que de kiwis. Nous signerons demain une déclaration commune qui définit les modalités permettant de lever ces obstacles sanitaires et phytosanitaires au cours des prochains mois.
Pour finir, je vous donnerai quelques chiffres qui témoignent de la vigueur des exportations françaises de produits agroalimentaires en Chine : la balance française de l'agroalimentaire en 2006 sera largement supérieure à celle de 2005. D'ici fin 2006, nous nous attendons à ce que nos exportations de vin soient en hausse de 60 %, le cognac de 33 %, et les produits laitiers de 35 %. Quant aux exportateurs chinois, il est remarquable de constater qu'ils étaient 290 exposants sur 5.000 au dernier SIAL (Salon international de l'Alimentation), soit une augmentation de 90 % par rapport à 2004.
Q - Avez-vous évoqué le commerce des céréales ?
R - Les céréales ont effectivement été évoquées par le président Chirac lors de sa récente visite. La Chine a fait savoir au président de la République qu'elle respecterait l'engagement à acheter 500 000 tonnes de blé qu'elle avait prit au printemps 2005 lors de la visite de M. Raffarin. Nous avions, il y a une dizaine d'années, déçu nos clients chinois à cause de problèmes de qualité, mais ces problèmes sont résolus et les céréaliers français n'ont pas de difficultés particulières en Chine.
Q - En dehors des grands contrats étatiques, y a-t-il d'autres perspectives en matière de céréales ?
R - Il existe effectivement des potentialités, notamment de par l'absence sur le marché cette année de grands exportateurs traditionnels touchés par la sécheresse, tels que l'Australie. Nous avons des espoirs aussi sur l'orge de brasserie, car vous savez que les Chinois sont de grands consommateurs de bière.
Je voudrais vous rappeler néanmoins que mes efforts portent cette fois plus particulièrement sur les viandes, et je suis venu avec les présidents des filières bovines et porcines. Je suis également accompagné du numéro 2 du groupe Groupama, qui compte déjà 8.000 clients au Sichuan. Avec une population de 98 millions d'habitant dans cette province, le potentiel est très important en termes d'assurances agricoles. J'ai insisté auprès des autorités chinoises pour que Groupama puisse filialiser sa succursale.
Vous savez, la vente de produits bruts est intéressante, mais en termes de potentialité, le marché chinois des produits transformés est également très important. La France peut notamment s'appuyer sur la présence de grandes surfaces d'enseignes françaises pour développer les exportations de produits transformés, ce qui avait été fait pour accéder aux marchés d'Europe de l'Est.
Q - Qu'en est-il des exportations chinoises en France ?
R - Les exportateurs chinois sont de plus en plus présents, et pas seulement sur les produits spécialisés destinés aux Chinois de France. L'an dernier, les autorités européennes avaient mal géré les importations de pommes chinoises, ce qui a déstabilisé le marché français et a porté préjudice aux producteurs français. Cette année, la France a demandé des contingentements à l'Union européenne. Nous voyons cela comme un encouragement au développement de filières de qualité en France, qui compte des centaines de variétés de pommes.
Q - Quels sont les atouts des vins français en Chine ?
R - D'abord, nous avons une grande diversité de production, en termes de qualité. Les importations chinoises de vins et spiritueux en provenance de France sont en croissance de 60 % et vont atteindre 100 millions de dollars en 2006. Notre part de marché est de l'ordre de 30 %. Je pense que les potentiels du marché chinois sont considérables, et que la Chine peut nous aider à résoudre les crises viticoles en France.
Q - Quelles sont les perspectives pour la ferme vini-viticole de Taishi ?
R - L'idée était, à l'origine, de développer une coopération pour la production, en Chine, de vins de qualité, avec des méthodes françaises, afin de développer le goût des Chinois pour ces vins.
Q - N'est-ce pas une manière de se concurrencer soi même ?
R - Non, car la concurrence est déjà là, les Australiens, les Chiliens, qui exportent beaucoup. L'idée est de développer le goût des consommateurs chinois pour des vins à la française, ce qui ne pourra que stimuler nos exportations. Mais par ailleurs, si l'on considère la taille du marché, nous n'aurons jamais les capacités d'exportation suffisantes, il est donc rationnel de produire sur place, et la filière viticole française l'a bien compris. Nous souhaitons aussi que la ferme puisse devenir un centre de formation et de diffusion des méthodes françaises en Chine.
Q - Quels sont les autres secteurs de coopération agricoles entre la France et la Chine ?
R - Nous souhaitons travailler ensemble dans d'autres secteurs, notamment sur la génétique animale, les embryons, les céréales. Pour nous, cette coopération ne doit pas être seulement entre ministères, techniciens ou chercheurs, mais elle doit être une collaboration entre entreprises, que des entreprises franco-chinoise dans ces domaines puissent se monter et qu'il y ait des partenariats économiques et pas uniquement politiques.
Q - N'y a t-il pas contradiction entre la crise céréalière mondiale et la volonté de la France de développer les bio carburants ?
R - Dans le domaine des biocarburants, une vingtaine d'usines sont en construction en France, qui souhaite être autonome dans ce domaine. Entre 2006 et 2007 la France va doubler sa production de biocarburants, et un objectif a été fixé de 10 % de biocarburant en 2015. Cette production ne se fera pas à partir de céréales, mais de plantes comme le colza ou le maïs. Des terres laissées en jachère seront cultivées à cet effet. La France développe également la chimie verte, pour la fabrication de toutes sortes de composants.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2006