Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur le rôle de la gendarmerie notamment comme garant de la sécurité des Français, à Montluçon le 14 novembre 2006.

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Circonstance : Ouverture des 18èmes rencontres de la Gendarmerie nationale, à Montluçon (Allier) le 14 novembre 2006

Texte intégral


Monsieur le Préfet,
Monsieur le Directeur général,
Messieurs les officiers généraux,
Madame et Messieurs les officiers,
C'est un réel plaisir pour moi de vous retrouver à l'occasion de ces 18èmes rencontres annuelles de la gendarmerie à Montluçon.
Elles sont pour moi l'occasion de saluer une nouvelle fois à travers vous le travail accompli par la gendarmerie pour la sécurité des Français.
Elles sont pour nous l'occasion de souligner, à la lumière des résultats obtenus ces cinq dernières années, le rôle de la gendarmerie dans l'environnement sécuritaire français.
Elles sont enfin l'occasion de tracer des perspectives sur l'avenir de votre institution.
La gendarmerie est une actrice majeure de la sécurité des Français.
Elle est une institution modèle vouée à se diffuser.
La sécurité des Français constitue la mission fondamentale de la gendarmerie.
Historiquement, en France, coexistent deux forces de police distinctes depuis des siècles. Cette spécificité est une garantie de choix pour les diverses autorités d'emploi, pouvoir central, préfets, magistrats.
L'intérêt de disposer d'un tel choix réside dans la possibilité d'utiliser l'une ou l'autre de ces deux institutions que sont la gendarmerie et la police, en fonction des circonstances.
Ces deux forces ont en effet une technicité différente, une culture différente, un emploi différent, qui permettent aux autorités tutélaires d'optimiser à chaque fois leur utilisation.
Elles poursuivent néanmoins un même et unique objectif : la sécurité des Français. Et pour cela, elles doivent travailler ensemble, dans une intelligente coordination.
Depuis 2002, la gendarmerie relève pour emploi du ministère de l'intérieur. Cette nouvelle architecture permet l'optimisation de l'emploi de ces deux forces sur le territoire. Le ministère de la défense demeure quant à lui responsable du recrutement, de l'équipement et des moyens donnés aux gendarmes pour leurs missions.
A ce titre, j'ai tenu à donner aux gendarmes des moyens importants pour l'accomplissement de leurs missions traditionnelles.
La gendarmerie a obtenu ces dernières années d'excellents résultats sur tout le territoire. La délinquance et la criminalité sont en baisse. Le taux d'élucidation des délits et des crimes est en forte croissance, et atteint 40 %.
Les autorités d'emploi se félicitent des résultats obtenus. Nous les devons à votre engagement sans failles pour la sécurité de nos concitoyens.
L'effort a d'abord été porté sur les emplois. Au total, les emplois créés depuis 2002 s'élèvent à 6050. L'année 2007 verra ainsi la création de 950 postes.
Au-delà des créations de postes, nous avons amélioré l'encadrement de la gendarmerie, dans le cadre du PAGRE. J'ai pu constater, à l'occasion de mes déplacements dans vos unités, à quel point l'encadrement des brigades et des unités de recherches par des officiers a été renforcé.
Près de 3 200 emplois nouveaux d'officiers auront ainsi été créés en 4 ans pour renforcer l'encadrement de la gendarmerie.
Les élus et notamment les maires s'en félicitent chaque jour.
Un effort considérable pour les équipements de la gendarmerie a également été réalisé. Des instruments nouveaux ont été mis en place comme le véhicule d'intervention Biotox/Piratox.
Au-delà d'un nombre croissant de gendarmes déployés sur le territoire, au-delà des moyens matériels pour leurs missions, je suis consciente que de la qualité de vie des gendarmes et de leurs familles dépendent leur disponibilité, leur réactivité et leur efficacité.
C'est pourquoi un effort tout particulier a été fait en faveur du logement.
Dans cette optique, nous conduisons depuis mai 2002 une politique immobilière dynamique grâce aux dispositifs innovants prévus par la LOPSI.
8 000 logements auront été livrés depuis 2002, et 11 000 au total le seront à la fin de l'année 2007.
Il nous faut sans cesse progresser dans cette voie, notamment favoriser de nouveaux projets immobiliers en liaison avec les collectivités territoriales.
A Montluçon même, le chantier de la future caserne de la compagnie de gendarmerie départementale débutera en 2008.
Cet effort consenti par la Nation pour ses gendarmes est remarquable, dans le cadre d'un budget de l'Etat très contraint. Il est une reconnaissance légitime du travail qu'ils effectuent dans le cadre de leurs missions traditionnelles.
Au-delà, nous avons préparé la gendarmerie à de nouvelles missions qui répondent aux nouveaux défis lancés à la sécurité des Français.
La gendarmerie est aujourd'hui un acteur central de la lutte contre les menaces que sont le terrorisme et la criminalité organisée transnationale.
* Le terrorisme
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la gendarmerie a renforcé sa coordination avec les armées, dans un souci de meilleures efficacité et cohérence.
En matière de lutte antiterroriste, les exercices communs avec plusieurs unités spécialisées des armées sont devenus plus fréquents.
En témoigne la création récente du groupement d'intervention d'hélicoptères de Villacoublay qui rassemble des capacités des armées de Terre, de l'air et du GIGN.
* La criminalité organisée
En matière de lutte contre la criminalité organisée, la gendarmerie a su parfaitement s'adapter aux nouveaux instruments destinés à venir à bout d'une criminalité dont les ressorts dépassent le cadre territorial de notre pays.
Elle a su travailler en étroite concertation avec les autres acteurs de la sécurité : police et justice.
En témoignent les 22 Groupes d'intervention régionale et les sections de recherches dans le cadre des juridictions interrégionales spécialisées en matière de criminalité organisée.
De même de nouveaux offices centraux ont été créés, pour lutter contre la délinquance itinérante, ou les atteintes à l'environnement et à la santé publique.
Dans ces actions communes la gendarmerie montre son savoir-faire et son excellence. Elle offre ainsi un modèle.
* Le modèle de la gendarmerie est appelé à se diffuser
La gendarmerie est un modèle qui se fonde sur de nombreuses valeurs professionnelles, liées à son essence militaire. Ces valeurs sont la disponibilité, la proximité, et par là même, l'écoute.
Elles font d'elle une force particulière et originale appréciée des Français pour ce qu'elle est mais qui fait aussi des émules à l'étranger.
* Une culture de la concertation
La gendarmerie pratique depuis toujours une politique de la concertation qui s'exprime, vis-à-vis de la population, par une proximité constante, et, vis-à-vis des autres acteurs de la sécurité, par une coopération étroite.
* La proximité
C'est par sa présence au coeur des territoires que la gendarmerie joue un rôle prépondérant en matière de sécurité. Elle doit ses résultats à l'application de principes qui sont le fondement même de sa culture militaire : le respect de l'autre et le renseignement humain.
Vous savez établir et maintenir le dialogue avec la population dans les villes et les villages, mais aussi respecter chacun et en retour susciter le respect.
Vous avez compris que la sécurité des Français passe d'abord par le maintien d'un climat de confiance et de respect, où l'on cesse de voir en un jeune un délinquant, où l'on cesse de ne voir dans les forces de l'ordre que l'instrument d'une répression implacable.
La coopération avec les autres acteurs est également un élément essentiel caractéristique de votre institution.
La gendarmerie est l'élément fédérateur des différents acteurs de la politique de sécurité. Elle a en effet la particularité de relever d'une triple tutelle : intérieur, défense, justice.
Cette triple tutelle garantit une coopération interministérielle optimisée et une cohérence de l'action de l'Etat au sein des territoires.
Or, cette cohérence est indispensable à l'efficacité de notre politique de sécurité.
Elus, magistrats, gendarmes et policiers, éducateurs, acteurs de la prévention, tous doivent en effet être rassemblés dans la lutte contre la criminalité.
Tous doivent être soutenus et incités à travailler ensemble.
Il ne sert à rien d'opposer les différents acteurs de la chaîne de sécurité, ou de stigmatiser telle ou telle institution.
Chacun a son rôle à jouer quand il s'agit de résoudre ensemble les difficultés quand elles surviennent, pour dénouer les crises avant qu'elles ne dégénèrent, rendre la confiance à nos concitoyens et assurer leur cohésion.
Enfin, au-delà de son action sur notre territoire, la gendarmerie est un modèle qui suscite aussi de plus en plus d'intérêt à l'étranger.
Elle suscite de plus en plus l'intérêt de nos partenaires étrangers.
La gendarmerie fait la démonstration de ses savoir-faire au-delà de nos frontières nationales.
Aujourd'hui, entre les OPEX et ses réseaux de coopération, la gendarmerie déploie plus de 1000 militaires à l'étranger.
Depuis que j'ai décidé de la participation d'unités de gendarmerie mobile aux opérations extérieures, vous y jouez un rôle majeur. Cet effort devra être encore accru à l'avenir.
Après l'intervention des forces armées pour éteindre les conflits régionaux, l'action de la gendarmerie pour rétablir l'ordre et éviter que ces conflits ne re-dégénèrent est de plus en plus essentielle.
Ainsi en République démocratique du Congo, l'action des forces de l'ordre a permis de ramener le calme en évitant toute reprise des crises.
Nous avons, vous avez dans ce cadre une responsabilité particulière.
En effet, si nous laissons s'installer crises ou conflits sur le continent africain, alors ce seront des millions de personnes qui viendront frapper aux portes de l'Europe, pour y trouver la paix et la sécurité.
Nous devrons faire face à un afflux massif d'immigrants illégaux. Il est donc de notre devoir d'aider ces pays à construire la paix. C'est un devoir moral. C'est aussi une obligation pour notre sécurité.
La gendarmerie est enfin un modèle qui attire par sa structure, sa culture professionnelle.
C'est sur le modèle de notre gendarmerie que j'ai proposé la création de la FGE.
J'observe avec intérêt que la Belgique et la Pologne, qui avaient renoncé à leur force militaire de gendarmerie, ont remilitarisé une partie de leurs effectifs, pour participer avec nous à la FGE.
J'appuie tout particulièrement la proposition d'un engagement de la FGE au Kosovo, nouvelle preuve du dynamisme de la PESD.
J'appuie enfin la diffusion plus large encore de ce modèle.
La multiplication des zones de crise incite les pays africains à créer des forces de gendarmerie sur le modèle de la nôtre, voire une Force de gendarmerie africaine qui permettra de coordonner enfin les efforts.
Le travail de proximité et d'écoute effectué par les forces de gendarmerie est en effet un espoir de paix pour ces pays.
Nous avons dans la gendarmerie un modèle qui a fait ses preuves.
Je suis convaincue que des rapports que la gendarmerie saura continuer à entretenir avec les armées, la police, les élus, l'autorité judiciaire et les acteurs de la prévention, dépendra en grande partie l'efficacité de son action future.
Les résultats obtenus me permettent de saluer en vous et en chacun des militaires de la gendarmerie que vous représentez ici, des acteurs essentiels de notre politique de sécurité.
C'est une immense responsabilité pour nous tous, pour vous tous, que d'assurer la sécurité de nos concitoyens.
Cette responsabilité, qui est aussi un honneur, nous oblige.
Assurer la sécurité c'est rétablir l'autorité de l'Etat sans sombrer dans l'abîme des excès et de l'arbitraire.
Cela demande de la fermeté et de la sérénité, sans laquelle l'autorité est imposée mais n'est pas acceptée, et donc pas respectée.
Ce sont ces valeurs que vous portez, au service des Français, au service de la France.Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 novembre 2006