Texte intégral
Q - (Sur la fusion GDF - Suez.)
R - La Commission s'apprête à donner son feu vert au projet de fusion entre GDF et Suez. C'est, bien sûr, un sujet de satisfaction pour le gouvernement français qui n'a pas ménagé ses efforts. Cela montre que nous avons joué le jeu et cela montre aussi que nous avions de très bonnes raisons de plaider pour cette opération. Chacun a bien conscience, en Europe, qu'il nous faut des industries solides, qu'il nous faut des grands champions. Nous sommes dans la compétition mondiale et, pour cela, il faut se renforcer et se préparer.
Q - Il y a tout de même encore quelques sujets d'inquiétude par rapport à ça ?
R - Il y a encore quelques étapes à franchir surtout avant que le processus aille jusqu'à son terme. Mais une chose à la fois ; et c'est une étape importante aujourd'hui que je veux saluer de façon positive et sans réserve.
Q - D'avoir empêché l'accord la semaine dernière, c'est un frein dans les négociations pour la directive temps de travail ?
R - Ce n'est pas ainsi que je le présenterais. C'est une négociation qui est longue. Elle a déjà duré plus de deux ans en vue de parvenir à modifier un texte qui est encore plus ancien puisque la directive dont nous entreprenons la révision date de 1993. A l'époque, de façon tout à fait exceptionnelle et temporaire, la Grande-Bretagne avait obtenu une dérogation. Il faut qu'il soit mis fin, un jour ou l'autre, à cette dérogation et que l'Europe ne soit pas une Europe à deux vitesses avec des normes plus protectrices des travailleurs chez les uns et moins protectrices chez les autres. L'objectif de l'action européenne est bien l'harmonisation et le rapprochement de tous et, donc, nous poursuivrons la négociation de cette directive sur le temps de travail. Nous venons d'ailleurs d'évoquer le sujet avec le commissaire Spidla qui répondait aux questions des parlementaires.
La négociation n'est pas facile, en effet, et je ne veux pas le cacher. Mais nous ne pouvons pas envisager qu'il n'y ait pas une perspective de fin de cette dérogation parce que ce n'est pas notre conception de l'Europe, pas seulement notre conception de l'Europe sociale mais notre conception de l'Europe tout court.
Q - L'Allemagne a dit qu'elle n'allait pas le mettre à l'ordre du jour de sa présidence, donc cela a des chances de rebondir à une échéance un peu lointaine ?
R - Plusieurs présidences, c'est vrai, ont essayé de sortir de la difficulté actuelle, où les positions des partenaires ne coïncident pas. La présidence autrichienne avait envisagé, tout à fait à la fin de sa présidence, une initiative qui n'a pas pu aboutir. La présidence finlandaise, avec coeur et courage, s'est attelée au sujet. Nous n'avons pas abouti mais il faudra bien trouver un jour ou l'autre une solution. Si l'Allemagne devait ne pas reprendre ce dossier - je vais le prendre positivement ! - cela donnerait six mois de plus aux partenaires pour négocier et six mois de plus à la Commission pour trouver une solution. Il faudra que l'on mette fin à cette dérogation. Elle est exceptionnelle et elle est maintenant ancienne. Elle ne se justifie plus.
Q - Est-ce que M. Spidla vous a confirmé que la Commission allait poursuivre les 23 pays qui, finalement, de facto, ne respectent pas la directive ancienne ?
R - Non, ce n'est pas ce qu'il a indiqué. C'est une possibilité juridique, chacun le sait bien. Nous sommes plutôt nombreux à être concernés - vous le voyez bien, 23 sur 25 - donc on ne se sent ni isolés, ni fragilisés. Il s'est plutôt attaché à essayer de décrire l'avenir en ne cachant pas les difficultés des négociations en particulier, ce que j'appellerais, l'obstination britannique - si vous me le permettez - à continuer au-delà de ce que nous pensons raisonnable.
Q - La France a fait des propositions de contenu ?
R - Bien sûr, elle a fait des propositions notamment avec la Suède. Il faut que nous puissions programmer la fin de ce système de dérogation parce que l'on ne peut pas, en Europe, faire travailler les gens jusqu'à plus soif ! Ce n'est pas notre conception européenne.
Q - Il n'y a pas d'exceptions ?
R - Dans des secteurs, lorsque c'est autorisé, avec des contrôles extrêmement stricts et des temps de repos. Par exemple, pour les pilotes de Canadair puisqu'ils peuvent travailler de longues heures d'affilée. Il y a dans certaines professions des moments où l'on travaille plus et des moments où on peut avoir moins d'activité.
Q - Que pensez-vous de la traduction du logo du 50ème anniversaire et de sa traduction ?
R - Vous savez, il n'y a rien de plus difficile que de réussir un beau logo, qui exprime 50 ans de construction européenne. Je me suis inquiétée auprès du président de la Commission, M. Barroso, de ce que le premier logo qui nous avait été présenté pour commémorer les 50 ans du Traité de Rome était un logo en anglais. Depuis, les choses ont évolué dans le bon sens : ce logo a été traduit et il est disponible en français, donc on va dire que tout va bien !
Q - Le logo vous plaît ?
R - Chacun est libre de l'apprécier ou non. Personne ne sera obligé de l'utiliser. Ce n'est, de plus, qu'un élément des cérémonies du cinquantième anniversaire du Traité de Rome. Ce que je voudrais, le 25 mars prochain, c'est que l'on regarde vers l'avant plutôt que vers l'arrière et que l'on regarde les 50 prochaines années et pas les 50 dernières. Là, je crois que les choses sont très claires : si nous ne faisons pas l'Europe, si nous n'avons pas l'Europe pour nous aider, notre avenir n'est pas assuré de manière correcte. Soyons très vigilants, réfléchissons et agissons !Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2006